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00:00Dès votre réveil, ici, matin.
00:03Il est 7h44, on n'en a pas encore fini avec l'épidémie de grippe, avec des hospitalisations
00:08toujours en hausse, comme le nombre de décès dans notre région.
00:11Face à cette affluence inhabituelle, comment s'organisent les hôpitaux de la région ?
00:15Stéphanie Perdon, on fait le point avec le professeur Alain Bonin, médecin et président
00:19de la commission médicale au CHU de Dijon.
00:21Bonjour Alain Bonin.
00:22Bonjour.
00:23Tout d'abord, comment s'est passé ce week-end au CHU de Dijon ? Quelle est la situation
00:28à l'instant T ? Sachant qu'on le disait, le pic de l'épidémie n'est pas encore passé.
00:32Non, le pic d'épidémie n'est pas passé, on l'attend au niveau national dans le courant
00:36de la semaine, mais ce week-end au CHU de Dijon a été, je dirais, un week-end habituel
00:43du mois de janvier.
00:44Une situation d'activité intense, mais parfaitement maîtrisée, et en tout cas sans surcroît
00:51d'activité liée à la grippe durant ce week-end.
00:53Mais le surcroît d'activité, vous l'avez connu, évidemment, le week-end le plus chargé,
00:59ça reste ce premier week-end de début janvier ?
01:01Tout à fait.
01:02Le week-end du 4 au 5 janvier, et je dirais toute la semaine du 6 janvier, ont été une
01:08période de très forte activité au CHU, au service des urgences, dans l'ensemble des
01:16services de l'établissement liés à la présence de patients grippés, effectivement.
01:20Et donc, j'imagine, d'inquiétude et donc de décisions à prendre, de réorganisation,
01:25vous avez décidé justement d'ouvrir une unité d'hospitalisation supplémentaire,
01:29ça veut dire quoi ? Des lits en plus ? Où et dans quels services ?
01:32Alors tout à fait, face à ce genre de situation, il y a le service des urgences qui est sous
01:37tension, mais également l'ensemble des unités de soins de l'hôpital qui doivent accueillir
01:42les patients en post-urgence.
01:44Et donc, nous avons en 72 heures ouvert 31 lits supplémentaires, dont une unité de
01:5112 lits, qui est une unité que nous avons créée dès nouveau, et que nous avons armée
01:57en personnel infirmier, en personnel médicaux, pour recevoir des patients grippés.
02:01Et donc, cette unité, on l'a installée dans l'hôpital de jour de gynécologie obstétrique,
02:07qui est une unité de chirurgie, dont on a pu déporter, décaler une partie des activités,
02:12et donc on a dédié cette unité de 12 lits à la prise en charge de patients grippés.
02:17Une unité supplémentaire, ça veut dire du personnel supplémentaire, on sait que côté
02:21effectif c'est compliqué, c'est tendu là aussi, vous avez trouvé le personnel ?
02:26Tout à fait, on a trouvé le personnel, parce qu'il faut bien le dire, il y a dans cet
02:31hôpital un sens des responsabilités, et un sens de l'engagement collectif auprès
02:36des patients, de tous les personnels, qui est absolument remarquable, et quand on demande
02:40au personnel, en période de crise, et bien les personnels répondent, qu'il s'agit des
02:45personnels médicaux, non médicaux, des aides-soignantes, et donc ils sont volontaires pour venir travailler
02:50en plus.
02:51Justement, ces personnels, comment vont-ils ? Ils sont, on imagine, un peu essorés, non ?
02:55Alors, les personnels sont fatigués, c'est une bonne remarque, parce que ce travail qu'ils
03:00font, encore une fois, ils le font en plus de leurs horaires de travail habituels, et
03:06donc ça ne peut pas durer trop longtemps, et c'est la raison pour laquelle ces lits
03:09supplémentaires qu'on ouvre, on veille à ce que cette ouverture soit une ouverture qui
03:14soit raisonnablement limitée dans le temps.
03:16Ça veut dire que cette unité d'hospitalisation est toujours opérationnelle, elle est toujours
03:19nécessaire ?
03:20Tout à fait, on a décidé de maintenir son ouverture encore au minimum cette semaine,
03:25et puis vous savez, ce genre de choses, on le gère au jour le jour, et on a une cellule
03:30interne au CHU où, chaque jour, en fonction de la situation, on évalue la réponse à
03:35apporter et on prend les décisions.
03:36Ici Bourgogne, à 7h48, en direct à la radio, à la télé et sur l'appli ICI, on est avec
03:41Alain Bonin, médecin et président de la commission médicale au CHU de Dijon.
03:45Cette épidémie de grippe, on l'a dit, elle est très virulente, c'est assez inédit.
03:49Pour qu'on comprenne, ça veut dire plusieurs souches, ça veut dire aussi des pics qui se
03:53succèdent, c'est ça ?
03:54Alors, c'est une épidémie qui est particulièrement intense cette année dans la sévérité de
04:02la grippe chez les patients, dans toutes les classes d'âge, chez les personnes âgées
04:06mais également chez les enfants, chez les petits, donc une épidémie qui est sévère,
04:12et c'est ce qui explique en grande partie cet afflux de patients puisque davantage de
04:17patients par rapport aux autres années ont besoin d'être hospitalisés.
04:21Quand vous dites plus de patients, quel est l'ordre à peu près ? Combien en plus ?
04:27Oh, probablement entre 5 et 10 patients de plus par jour, ce qui est quelque chose qui
04:31est tout à fait significatif quand on raisonne en termes de besoin de lits dans l'hôpital.
04:37L'autre conséquence, c'est le nombre de décès qui est en hausse partout en France
04:42mais plus particulièrement dans notre région.
04:44Bourgogne, Franche-Comté, pourquoi ?
04:47Alors, écoutez, le pourquoi n'est pas facile à analyser à chaud mais on peut raisonnablement
04:53penser que nous sommes dans une région dont la population est comparativement plus âgée
04:58que le reste de la France et vous savez que la grippe frappe plus durement les personnes
05:03âgées et c'est possiblement un élément d'explication.
05:05Alors, vous craignez un nombre de décès dus à cette épidémie, est-ce qu'on a peur
05:11que le bilan à l'issue soit encore plus important que celui actuellement ?
05:15Possiblement, possiblement, vous savez la grippe chaque année est responsable d'environ
05:2110 à 20 000 décès dans notre pays au total, on verra à l'arrivée mais il est fort probable
05:28que cette année le bilan soit plus sévère.
05:31En clair, on entendait ce matin dans nos journaux que les pharmacies reçoivent encore et toujours
05:37de nombreux patients qui disent bon finalement je me suis pas fait vacciner, je vais le faire,
05:41il est encore temps ?
05:42Il est encore temps, je crois qu'officiellement la date qui avait été définie pour la campagne
05:46de vaccination allait jusqu'à la fin du mois de janvier, donc il est encore temps
05:51et moi j'invite vraiment tous les citoyens qui sont éligibles à se faire vacciner.
05:56Est-ce que le faible taux de couverture vaccinale justement de la grippe cette année explique
06:01en partie le nombre de décès plus important ?
06:04C'est probablement un des éléments d'explication, on est au niveau national, on n'est qu'à
06:09un taux de couverture d'environ 35% de toutes les personnes qui sont éligibles, c'est moins
06:15que l'an passé et c'est probablement un des éléments d'explication.
06:18Le dernier mot très brièvement, il y a un tiers des hôpitaux français qui ont connu
06:20de graves incidents liés à des surtentions avec cette grippe, c'est le cas ici au CHU
06:26de Dijon ?
06:27La tension a été forte mais fort heureusement et comme je vous l'ai dit, en ouvrant 31
06:32supplémentaires en 72 heures, nous avons été capables de faire face et on a pu le
06:38faire en accueillant les patients grippés mais en évitant de déprogrammer de façon
06:47significative l'ensemble de nos autres activités puisqu'en période de crise, il y a tous
06:51les autres malades dont il faut également s'occuper.
06:53Merci beaucoup Alain Bonin, je rappelle que vous êtes médecin-président de la commission
06:56médicale au CHU de Dijon, vous étiez notre invité ce matin à ICI Bourgogne.

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