• il y a 21 heures

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00:00Et nous sommes dans ce studio avec Régis Le Saumier, grand porteur et auteur de l'ouvrage
00:03Qui est le Diable, l'Autre ou l'Occident ?
00:06Gabrielle Cluzel est avec nous évidemment, bonsoir, rédactrice en chef du site Boulevard Voltaire
00:11et éditorialiste et Nathan Devers qu'on a entendu, écrivain et philosophe.
00:16D'abord, peut-être un mot quand même sur ce qui va se passer aux Etats-Unis
00:18parce que ça va avoir forcément des conséquences sur nous.
00:22Parce que là, Donald Trump qui revient à la Maison Blanche,
00:25qui revient avec ce succès entre guillemets, avec ce cessez-le-fou qui a été décroché entre Israël et la Ramasse,
00:31Donald Trump y est pour quelque chose peut-être Régis Le Saumier, c'est sûr ?
00:34Donald Trump incontestablement a pesé de tout son poids pour,
00:39et il l'avait promis, les otages soient libérés.
00:43Alors tous les otages ne seront pas libérés pour son investiture, c'est ce qu'il avait demandé.
00:48Mais le processus est en cours, le deal a été conclu.
00:53Il avait promis également d'arrêter la guerre en Ukraine en 24 heures chrono.
00:57Ça, c'est pas encore fait, ça.
00:59C'est peut-être un petit peu compliqué.
01:00Mais en tout cas, il commence avec une victoire.
01:04En fait, si vous voulez, son idée pour moi, c'était, dans l'histoire américaine,
01:09de marquer les esprits un peu à la manière dont Ronald Reagan avait marqué les esprits
01:14le premier jour de son investiture, quelques heures seulement après qu'il ait juré sur la Bible.
01:20C'est le moment où un président devient président.
01:23Eh bien, les otages à l'époque américains en Iran avaient été libérés.
01:28Donc ça avait été fait de Ronald Reagan, celui qui libère les otages,
01:32à la différence de son prédécesseur Jimmy Carter, qui était l'homme de l'affaiblissement de l'Amérique,
01:37et un président dont l'héritage est resté un petit peu en demi-teinte.
01:43Là, c'est ce que Donald Trump essaye de faire.
01:47Alors, on voit bien Joe Biden aussi et Antony Blinken un petit peu dire,
01:52attendez, ce n'est pas Donald Trump qui a fait ça.
01:56On a travaillé avec des équipes de Donald Trump, en particulier Steve Wilcoff,
02:01qui était l'envoyé de Donald Trump au Moyen-Orient.
02:05Ce qui est intéressant d'ailleurs, c'est que Steve Wilcoff est un magnat de l'immobilier,
02:10donc c'est quelqu'un qui n'est pas tout à fait un diplomate vétéran comme Antony Blinken.
02:15On est déjà dans l'ère Trump, on est plus proche de l'art du deal,
02:19selon la formule du titre du livre de Donald Trump, que dans l'Orient compliqué et les diplomates.
02:27Mais visiblement ça a fonctionné, ça a fonctionné pourquoi ?
02:30Et je conclurai là-dessus, parce que Donald Trump fait peur.
02:33Donald Trump arrive avec un capital électoral, avec une victoire fracassante,
02:38il a emporté la Chambre, il a emporté le Sénat, il a tous les pouvoirs.
02:44Et vis-à-vis de ses adversaires, même les plus acharnés adversaires de l'Amérique,
02:50en particulier l'Iran, l'Iran a fait déjà des concessions.
02:54Le président iranien a dit qu'il était prêt à rencontrer Donald Trump,
02:57et l'Iran a, comment on va dire, ajourné les frappes qu'il avait promis de faire sur Israël,
03:03suite à celles qui avaient été faites par Israël le 26 octobre dernier.
03:06Donc on sent que déjà, on arrive dans une ère nouvelle,
03:13dans laquelle l'effet Trump se fait sentir.
03:17Sur Poutine et sur Zelensky, on voit qu'il y a aussi des...
03:21Quand Poutine a dit que Trump était un homme courageux
03:24à la suite de son comportement après son tentative d'assassinat,
03:28donc il y a de part et d'autre des déclarations de bonnes intentions,
03:31et puis chez Zelensky une manière de dire, oui oui, on va travailler avec Donald Trump aussi,
03:35parce que chacun veut se faire bien voir, quelque part.
03:38Et c'est en effet des choses extrêmement positives,
03:41et c'est vraiment le début d'une ère nouvelle, et tout va changer.
03:45C'est le début d'une ère nouvelle, tout va changer.
03:47Gabrielle Cluzel, c'est intéressant parce que Régis Le Saumier le dit,
03:50Sarah Knafo le dit, elle disait en substance,
03:52ça va nous contraindre, nous, Français et qui plus est Européens,
03:56à bouger les lignes, vous y croyez ?
04:00Je pense que ça va changer la donne, ça c'est évident, durablement.
04:04Après, Donald Trump, encore une fois, même s'il peut séduire une partie de la droite,
04:09ou même toute la droite, par son discours extrêmement fort,
04:13qui est comparé à chez nous, tous les discours trépuisillanimes en matière d'immigration,
04:19c'est tout à fait séduisant pour la droite.
04:22Néanmoins, il peut être aussi inquiétant,
04:24parce qu'il a été élu par les Etats-Unis pour faire la politique des Etats-Unis.
04:27Et je dois vous rappeler que nous ne sommes pas Américains.
04:30Et de ce fait, ce n'est pas les intérêts français qu'il va défendre.
04:33Donc ça, il faut quand même le garder bien à l'esprit.
04:36Et donc, je crois qu'il a appelé ça choc et stupeur.
04:40On a toujours l'impression que c'est l'inspecteur Harry qui a été élu quand même.
04:45Choc et stupeur, c'est fort !
04:47Choc et stupeur !
04:49Et bien, il y a par exemple les droits de douane.
04:52Mais ce que je trouve intéressant dans ce que disait Sarah Knafo,
04:55c'est que finalement, cette hégémonie américaine,
04:58ou cette façon de nous écraser par certains côtés,
05:01elle existe depuis bien longtemps.
05:03Là, ce que l'on voit, c'est que c'est fait carte sur table.
05:06Et ça, c'est évident.
05:07Après, pour le reste, pour la partie internationale,
05:09qui je crois nous intéresse aussi.
05:10Vous savez, quand on dit, pour faire la paix,
05:12le vieux proverbe prépare la guerre.
05:14Eh bien, lui, il est un peu comme ces vieux professeurs,
05:18il y a une légende derrière.
05:19On dit, oh là là, il est un peu fou,
05:21il est capable de punir, de donner des punitions incroyables.
05:26Donc, tiens-toi Caro !
05:27Et je crois que c'est cette idée-là à l'international.
05:30C'est-à-dire qu'on se dit,
05:31il est capable de tellement de choses
05:34qu'il vaut mieux qu'on fasse gaffe.
05:36Mais maintenant, vous l'avez dit en citant son livre,
05:38c'est aussi un homme du compromis finalement,
05:40en tant que chef d'entreprise.
05:42Vous voyez, c'est un de gros chefs d'entreprise,
05:44mais néanmoins, c'est ça, il fait du deal.
05:48Et donc, c'est pas non plus exterminator.
05:51Il a plusieurs facettes dans son personnage,
05:55et je trouve ça extrêmement intéressant.
05:56Moi, je vais être très attentive à son discours,
05:59parce que les discours, c'est extrêmement important.
06:01Un discours d'investiture.
06:02Exactement.
06:03Et comme c'est un homme qui est quand même dans le verbe,
06:05il sait que le verbe, à soi, c'est la légende.
06:07C'est un chôman.
06:08C'est un homme de médias.
06:10On se souvient de la phrase de Kennedy,
06:12vous savez, pour son investiture,
06:14ne pense pas ce que ton pays peut faire pour toi,
06:17mais pense à ce que toi, tu peux faire pour ton pays.
06:20Enfin, il y a des phrases qui sont restées dans l'histoire.
06:22Ça s'appelle des punchlines.
06:24Et là, en anglais, c'est normal.
06:26Voilà, exactement.
06:27On doit s'y attendre, Régis Le Sommet, à des punchlines.
06:29C'est vrai que le discours d'investiture va être très attendu et très écouté.
06:32Mais il ne faut jamais oublier que Donald Trump est un New-Yorkais.
06:35Un New-Yorkais inné avec le média quasiment.
06:38C'est instinctif.
06:39C'est quelque chose, la mise en scène,
06:41la façon de se vendre.
06:43Et Donald Trump a toujours été comme ça.
06:45C'est un milliardaire qui a fait fortune.
06:46On ne va pas revenir sur sa carrière,
06:48mais si vous voulez, il a appliqué ça à la politique.
06:50Et cette notion, effectivement, de l'entrepreneuriat,
06:52est très importante, parce que c'est quelque chose
06:54qui ne fait pas peur aux Américains.
06:56C'est l'une des raisons qui ont fait son succès.
06:58Vous savez, il a joué dans la fameuse série The Apprentice,
07:01qui ont persuadé les Américains que Donald Trump était un bon businessman.
07:06Alors qu'en réalité, ce qu'il avait fait était un peu en demi-teinte.
07:09Il a été à deux doigts de la banqueroute plusieurs fois.
07:11Ce n'était pas un excellent businessman,
07:13mais cette téléréalité, en 2016, l'a propulsé.
07:16Parce que pour les Américains, avoir un chef d'entreprise
07:19à la tête des Etats-Unis et qui gouverne leur pays
07:21comme une entreprise, ça ne choque personne.
07:24On n'est pas tout à fait dans la même culture politique que chez nous.
07:27Et il y a des choses qu'on va découvrir.
07:29Et puis, il y a quelque chose aussi
07:31qui est très important chez Trump.
07:37C'est cette culture de la survie.
07:39C'est ce qu'il a démontré à travers...
07:41Il a quand même échappé à trois tentatives d'attentat.
07:43Donc là aussi, on peut penser qu'un homme
07:45qui a vu la mort en face,
07:47qui a été blessé,
07:49et ça a été vraiment une fraction de quelques millimètres
07:51qui lui ont permis que cette balle
07:53ne pénètre pas sa tête
07:55et qu'il ne meure pas,
07:57fait que je pense que c'est quelqu'un qui, quelque part,
07:59a mûri aussi beaucoup par rapport à la précédente
08:01mandature où on le trouvait excessif.
08:03Je le trouve moins excessif.
08:05Parfois, il peut partir
08:07dans les sourds.
08:09Mais en moyenne,
08:11je le trouve très, très
08:13méthodique cette fois-ci.
08:15Par contre, il a décidé de changer les choses.
08:17Il a décidé de s'attaquer à l'État profond.
08:19Il a pris des gens qui sont parfois des outsiders,
08:21qui ont été des outsiders, Robert Kennedy Junior,
08:23Tulsi Gabbard, par exemple,
08:25qui sont des gens, et même à la tête
08:27de la CIA, il va mettre des gens qui sont
08:29atypiques. Plus, on va le dire,
08:31plus loyaux que
08:33jugés sur leurs compétences.
08:35Mais on verra ce que cette équipe donnera.
08:37En tout cas, elle a envie de transformer l'Amérique avec
08:39le grand chef d'orchestre aussi, Elon Musk,
08:41qui va veiller à la dépense.
08:43Et là, ça va être redoutable.
08:45On verra les conséquences chez nous. Avant de vous entendre,
08:47c'est juste qu'on écoute ce que pensent les Français de Donald Trump.
08:49Regardez, écoutez.
09:17D'avancée sociale ?
09:19Nous, Français, est-ce qu'on devrait s'inquiéter ?
09:21Économiquement, oui. Il veut surtaxer
09:23ceux qui l'intéressent
09:25et libéraliser ceux qui lui rapportent.
09:27C'est le pognon d'abord.
09:29La France, elle n'arrivera pas à être forte devant lui ?
09:31Il faut savoir lui dire merde.
09:33Est-ce qu'on a les politiques pour ?
09:35Est-ce qu'on a les politiques pour ? Je ne sais pas, Nathan Devers,
09:37pour tenir tête à Donald Trump.
09:39C'est compliqué. Impossible même.
09:41Non ? En tant que Français.
09:43Je ne sais pas ce que Emmanuel Macron peut faire contre Donald Trump.
09:45Sur ce point,
09:47j'étais d'accord avec Sarah Knafo et avec vous.
09:49En fait,
09:51le retrait américain de l'Europe
09:53ne date pas de Donald Trump.
09:55D'abord, il renvoie à toute une tradition isolationniste
09:57très ancrée dans l'histoire des Etats-Unis.
09:59Mais même, il a été enclenché au XXIe siècle
10:01par Barack Obama,
10:03qui, un, ne s'est pas particulièrement intéressé à l'Europe,
10:05préférant plutôt
10:07l'Asie du Sud-Est.
10:09Et deuxièmement, au moment de la guerre en Syrie,
10:11qui avait lâché notamment
10:13François Hollande
10:15en décidant de ne pas faire les fameuses frappes
10:17qu'il devait faire en Syrie
10:19parce que la ligne rouge avait été dépassée.
10:21Et finalement, l'Europe, à ce moment-là,
10:23n'a pas pris acte du fait que
10:25avant même l'arrivée au pouvoir de Donald Trump,
10:27les Américains n'étaient pas fiables.
10:29Et que de toutes les manières, ce n'était pas sain
10:31de construire, fiables ou pas, l'Europe
10:33comme un bloc politique
10:35qui est atlantisé et qui dépend
10:37des Etats-Unis.
10:39Et en cela, il peut y avoir la possibilité
10:41d'un rebond européen maintenant.
10:43En plus, avec la réélection de Donald Trump,
10:45ça aurait peut-être déjà dû arriver en 2016.
10:47Mais de se dire fondamentalement qu'on ne doit pas dépendre des Etats-Unis.
10:49Alors maintenant, juste sur la cérémonie de demain.
10:51Moi, je vais la regarder avec beaucoup d'attention.
10:53Je me souviens que j'avais regardé avec
10:55fascination celle d'il y a huit ans
10:57où Donald Trump était arrivé.
10:59Il y avait tout l'establishment
11:01démocrate et républicain.
11:03Et lui, il était arrivé en disant qu'il allait assainir
11:05le marais contre
11:07les élites complètement pourries
11:09et il pensait qu'à elle, il allait être le candidat
11:11du peuple. On se souvient aussi des images
11:13d'il y a quatre ans, son départ de la Maison Blanche
11:15sur cette base, dans une époque où tout
11:17le monde le disait mort. Enfin, toute l'Amérique
11:19le disait mort.
11:21Et puis l'histoire de l'envahissement du Capitole aussi qui n'avait pas aidé. Pardon.
11:23Mais je ne dis pas ça pour le défendre.
11:25Moi, je suis très critique vis-à-vis de lui. Mais je pense que c'était
11:27une énorme erreur de la gauche démocrate
11:29que d'avoir réagi
11:31à sa figure politique
11:33par de l'arrogance, par une sorte de
11:35suffisance, comme ça, dès le début, dès 2016.
11:37De dire ce type-là, c'est un abruti,
11:39il ne fera jamais rien, il n'avancera pas
11:41et puis ensuite, il y a quatre ans,
11:43il finira en prison, c'est impossible qu'il revienne.
11:45Et la conclusion, comme vous l'avez
11:47dit, c'est que Donald Trump, il a une capacité
11:49de survie, quoi qu'on dise,
11:51qui est absolument incroyable et qui est due à plusieurs
11:53paramètres. Je pense qu'il y a un paramètre
11:55qui est central, c'est que Donald Trump
11:57a théorisé et mis en pratique
11:59le fait de n'avoir aucune distinction
12:01entre sa parole privée et sa parole publique.
12:03Et ça, voyez-vous, ça fait que...
12:05D'ailleurs, c'est la définition même du populisme.
12:07C'est la définition du populisme.
12:09C'est de dire contre les élites de la démocratie
12:11représentative, qui s'expriment
12:13d'une certaine manière, par exemple à la radio,
12:15et qui, quand l'émission va s'arrêter,
12:17les mêmes politiques vont dire autre chose.
12:19Moi, je suis le même. Je crois, d'ailleurs,
12:21que c'est très dangereux comme mutation, mais c'est un autre
12:23débat. Mais en tout cas...
12:25D'être honnête, de ne pas faire de bois, c'est dangereux ?
12:27De vouloir supprimer en individu
12:29toute complexité,
12:31toute densité,
12:33qui sont normalement le propre de la représentation.
12:35Dès lors que vous demandez à quelqu'un
12:37d'être systématiquement toujours le même,
12:39il va se mettre à épouser
12:41les pulsions de ce qu'il s'imagine être le peuple.
12:43Et je crois que c'est demander à l'homme politique
12:45de ne pas avoir une certaine forme de grandeur d'âme.
12:47Mais Barack Obama, et je reviens juste là-dessus,
12:49il avait précisément, et lui au mauvais sens
12:51du terme, un peu un clivage.
12:53En apparence, c'était le type super cool,
12:55sympathique, que tout le monde adorait en Europe.
12:57Et on se souvient, par exemple, que dans ses mémoires,
12:59la manière dont il parlait de Nicolas Sarkozy
13:01avec même des phrases un peu racistes,
13:03parce qu'il disait de son nez, etc.
13:07Je crois que ce genre de clivage
13:09a quand même contribué à ringardiser
13:11la plupart des gens qui s'opposaient
13:13à Donald Trump, et que ce sera une grande énigme
13:15et aporie pour la gauche américaine
13:17de se reconstruire dans les prochaines années.
13:19Avant de vous entendre, Régis Le Sommier, 20h45,
13:21presque, sur Europe 1.
13:23Europe 1, soir, week-end.
13:2519h21, Pascal Bellator du Paris.
13:27Donald Trump, effectivement,
13:29il n'y a pas de filtre quand il parle.
13:31Peut-être que vous vouliez réagir.
13:33Vous vouliez réagir, je ne sais pas.
13:35Gabriel, peut-être ?
13:37Très vite,
13:39ce qui m'a frappé,
13:41ce que j'avais entendu de la bouche d'Éric Zemmour,
13:43c'est que dans la conversation qu'il avait eue avec Donald Trump,
13:45Donald Trump lui avait dit, au-delà de ce qu'a expliqué
13:47Sarah Knafo, ou en tout cas, il l'a dit d'une autre façon,
13:49c'est qu'il lui avait dit
13:51qu'il ne faut jamais s'excuser.
13:53Et en fait, je crois que
13:55aujourd'hui, c'est quelque chose
13:57que la droite,
13:59elle devrait s'en souvenir.
14:01Parce que, si à chaque fois,
14:03vous avez un magistère au-dessus de vous,
14:05qui vous dit, oh là là, c'est pas bien, il me tape sur la tête,
14:07tu as quand même dit quelque chose d'un peu excessif,
14:09et que vous êtes là à demander pardon, à faire repentance,
14:11eh bien, en réalité,
14:13vous devenez illisible.
14:15Lui, Donald Trump,
14:17il ne s'excuse jamais.
14:19Et cette règle-là, je crois qu'elle lui a permis
14:21d'arriver aux élites. Et puis, le deuxième point qui me semble
14:23intéressant, c'est qu'Emmanuel Macron,
14:25il parle d'un arc réactionnaire,
14:27s'agissant de
14:29Donald Trump et d'Elon Musk,
14:31contre un arc progressiste.
14:33Mais en fait, aujourd'hui, l'arc progressiste
14:35antiparche, c'est un arc progressiste
14:37sociétal. Parce que s'il y a un homme de
14:39progrès, c'est bien Elon Musk,
14:41mais qui envoie ses fusées,
14:43le progrès au sens scientifique
14:45où on l'entendait autrefois, c'est Elon Musk.
14:47Et donc, Donald Trump,
14:49Emmanuel Macron, je le trouve complètement contradictoire
14:51dans son propos. Il ne connaît
14:53plus que le progrès sociétal.
14:55J'imagine qu'il faudrait
14:57vous évoquer tout à l'heure
14:59le danger que représente Donald Trump
15:01pour l'Europe et finalement
15:03comment il va secouer le
15:05cocotier, on va dire. Moi, j'ai été très surpris
15:07j'ai fait l'été dernier
15:09un voyage, un reportage
15:11en Hongrie.
15:13Je suis allé observer,
15:15discuter avec l'appareil
15:17conservateur hongrois,
15:19qui est vraiment le
15:21pilier du conservatisme, on va dire
15:23en Europe, à quel
15:25point les Etats-Unis sont
15:27présents là-bas,
15:29à quel point les conservateurs
15:31type MAGA,
15:33Make America Great Again, ont depuis
15:35longtemps des liens avec ces pays,
15:37à quel point aussi ils sont
15:39persona grata en Italie chez
15:41Giorgia Meloni, et à quel point
15:43ils observent l'Europe
15:45de façon quasiment à susciter
15:47ou en tout cas à alimenter ou à
15:49encourager tous les mouvements
15:51qui vont vers une reprise
15:53de la souveraineté migratoire
15:55des pays,
15:57en allant évidemment
15:59contre l'Union Européenne
16:01en tant que telle, et on voit
16:03bien ce qu'est en train de faire
16:05Elon Musk avec l'Angleterre,
16:07en mettant la pression
16:09sur Keir Starmer,
16:11également sur Emmanuel Macron.
16:13On sent bien qu'il y a
16:15une volonté, je dirais,
16:17de s'attaquer,
16:19de détruire
16:21l'Union Européenne, mais en tout cas
16:23philosophiquement de s'y opposer
16:25et de susciter chez les pays
16:27une volonté de reprendre leur souveraineté.
16:29Et le modèle
16:31que Donald Trump va essayer d'imprimer
16:33en montrant qu'il va le faire chez lui,
16:35c'est justement la réduction de l'immigration.
16:37Alors ils ont promis
16:39un certain nombre de décrets,
16:41notamment des premières expulsions
16:43à Chicago,
16:45il y a un plan qui est mis en place
16:47on day one, le premier jour,
16:49et on va voir comment ça va s'articuler,
16:51mais une chose est claire, c'est que
16:53pendant sa précédente mandature,
16:55l'immigration clandestine aux Etats-Unis,
16:57c'était 400 000 personnes par an,
16:59quand Joe Biden est arrivé,
17:01tout de suite c'est monté à 2 millions par an.
17:03Donc si vous voulez, il y avait déjà
17:05un effet Donald Trump, quand il menaçait
17:07de faire le mur, vous savez, il y a
17:09les paroles et il y a les actes,
17:11mais les paroles parfois suffisent pour dissuader
17:13les migrants en se disant
17:15on ne va peut-être pas aller aux Etats-Unis parce qu'on n'y sera pas
17:17les bienvenus. Avec Joe Biden,
17:19ça a été l'inverse total, ça a été
17:21les frontières open borders,
17:23ça a été Kamala Harris
17:25qui était censée tenter
17:27de faire des accords
17:29avec les pays d'origine d'immigration
17:31et qui a échoué complètement,
17:33donc bref, les Etats-Unis étaient
17:35devenus une sorte de panier percé
17:37et Donald Trump va insuffler
17:39évidemment une politique dans ce sens
17:41et pour l'Europe, ça va devenir un modèle
17:43donc là, oui, le populisme
17:45c'est effectivement
17:47le populisme, c'est effectivement
17:49une philosophie,
17:51une manière de voir la politique
17:53mais évidemment qu'en Europe
17:55ça va être regardé et ça ne va pas
17:57du tout dans le sens ni d'Emmanuel Macron
17:59ni d'Ursula Van der Leyen
18:01évidemment.
18:03Oui, c'est vrai qu'effectivement ça va secouer le cocotier
18:05Nathan Devers.
18:07C'est vrai que ça va être observé, est-ce que
18:09nous allons emboîter le pas
18:11aux Etats-Unis, notamment sur la question migratoire ?
18:13Oui, bien sûr, et je pense que c'est le point
18:15majeur en fait, c'est-à-dire que
18:17qu'il puisse y avoir, qu'il y ait
18:19des divergences économiques, d'intérêts
18:21entre les Etats-Unis, tel ou tel pays européen,
18:23c'est une évidence absolue, mais plus fondamentalement
18:25comme vous l'avez dit, il y a une opposition
18:27une sorte d'affrontement politique
18:29entre deux
18:31conceptions de la démocratie,
18:33celle qu'incarne notamment Donald Trump,
18:35il n'est pas le seul sur la planète, et celle
18:37qu'incarne les progressistes européens, et quand on parle de progressistes
18:39pas au sens technologique, mais au sens
18:41sociétal. La première conception
18:43c'est d'estimer que la démocratie
18:45c'est la volonté générale, et ça c'est la conception
18:47vraiment trumpienne, ça veut dire, si vous avez
18:49une majorité de citoyens qui est pour ceci ou pour cela
18:51ça doit faire force de loi
18:53et donc précisément, vous pouvez à partir
18:55de là estimer que le droit à l'avortement
18:57on recule si les citoyens sont pour reculer là-dessus.
18:59Et la deuxième conception,
19:01celle qui est pour l'instant encore dominante en Union Européenne
19:03c'est d'estimer qu'avant la volonté générale
19:05ce qui fait la démocratie
19:07c'est la séparation des pouvoirs, c'est l'état de droit
19:09et c'est donc le primat des droits
19:11individuels inaliénables.
19:13Et que par exemple, même si vous avez
19:1580% de français qui étaient pour supprimer
19:17l'avortement, ou pour établir la peine de mort
19:19ou pour ceci ou pour cela,
19:21vous ne pouvez pas y toucher.
19:23Et cet affrontement, et évidemment la question des minorités
19:25est centrale, parce que si vous êtes dans cette
19:27deuxième lecture, vous estimez que les minorités
19:29leurs droits doivent être respectés
19:31et posés comme ça de manière absolue.
19:33Et je crois que vraiment, c'est cette guerre
19:35qui est une guerre avant tout philosophique, une guerre idéologique
19:37profonde, qui est au coeur
19:39de tous les affrontements
19:41et de toutes les ingérences qu'il peut y avoir
19:43du côté d'Elon Musk ou de Donald Trump
19:45en Angleterre, en Hongrie, ailleurs
19:47et en Allemagne. Alice Weidel a interviewé
19:49par Elon Musk lui-même.
19:51On sent bien qu'il y a une volonté de
19:53mise en orbite de l'AFD en Allemagne
19:55qui est une composante évidemment qui va se rapprocher
19:57du courant conservateur.
19:59Mais du reste, pour se défendre,
20:01de ce danger économique, la seule façon
20:03de se défendre
20:05de la façon de faire nouvelle,
20:07c'est d'adopter la même.
20:09Si vous voulez, c'est de
20:11lever le pont-levis, et bien c'est la hearse.
20:13Sinon, ça ne fonctionnera pas.
20:15Si nous, nous restons
20:17sans réaction et que nous continuons avec
20:19notre mode de penser d'avant
20:21face à Donald Trump, naturellement
20:23nous adopterons
20:25le même genre de fonctionnement, sinon nous serons
20:27morts, évidemment. Ça paraît évident.
20:29Moi, ce qui me frappe quand même, c'est que...
20:31Je voudrais revenir là-dessus parce que
20:33je trouve quand même très partuf
20:35toutes ces déclarations sur
20:37Elon Musk, cette grande internationale
20:39réactionnaire qui sera en train de se monter
20:41de l'AFD aux Etats-Unis, en passant
20:43par Mélanie, etc. Mais on ne va pas
20:45se mentir quand même. Si Elon Musk,
20:47il avait été progressiste
20:49au sens sociétal, du terme,
20:51mais tout le monde s'en serait foutu.
20:53Mais largement.
20:55Tout le monde s'en est foutu de Georges Soros pendant des années.
20:57Et tout ce qui s'est passé sur Facebook,
20:59cette censure, on nous en parlait la semaine dernière,
21:01sur laquelle on n'avait aucune prise.
21:03Mais tout le monde trouvait ça génial.
21:05Donc, si vous voulez, il y a un moment,
21:07il faut sortir de ça.
21:09Tout ce qui indispose
21:11aujourd'hui ce que l'on appelle
21:13communément nos élites,
21:15c'est que ça ne va plus dans leur sens.
21:17Sinon, c'était le mode de fonctionnement
21:19tout à fait inverse
21:21qui était en place.
21:23Si je peux me permettre, par exemple, imaginons
21:25s'il y avait une sorte
21:27d'internationale de droite
21:29très conservatrice,
21:31en Europe, en Occident, moi ça ne me dérangerait pas.
21:33Je trouverais ça logique que les partis de droite
21:35fassent alliance, par exemple sur la question migratoire
21:37ou sur d'autres questions. Ce n'est pas du tout ça pour moi
21:39le sujet.
21:41Le sujet c'est qu'ils s'attaquent à une certaine forme de conception,
21:43pour moi, de la démocratie. Et que là, on n'est pas
21:45dans la même chose. Si c'était juste un homme
21:47de droite qui mène des combats de droite et qui
21:49essaie d'avoir une influence à droite,
21:51en soi, ce n'est pas un sujet.
21:53Reagan était dans cette perspective.
21:55Là, par exemple, on parle beaucoup de la montée de l'antisémitisme
21:57en Europe
21:59et en France.
22:01Elon Musk a plusieurs reprises, ces dernières années,
22:03sur Twitter, il a fait des tweets, vous pouvez vérifier,
22:05pour soutenir tous les gens
22:07qui, en France, étaient condamnés pour antisémitisme
22:09et avaient leur compte Twitter
22:11qui se faisait fermer par antisémitisme. Des antisémites français,
22:13je ne parle pas d'antisémites américains, par exemple.
22:15On pourrait prendre la question
22:17d'autres minorités. Les trans,
22:19quand Donald Trump est réélu,
22:21vous pouvez vérifier, j'en suis absolument
22:23certain, je l'ai revérifié hier
22:25et ce week-end, sur les trans,
22:27par exemple. Donald Trump arrive en pouvoir,
22:29qui fait tout de suite des déclarations sur les trans, dans l'armée,
22:31je ne sais quoi, etc. Donc là, vous n'êtes pas
22:33sur une question droite ou gauche, et que la droite
22:35ou la gauche puissent exister, s'affronter
22:37et que la droite existe, je veux dire, c'est tout à fait normal
22:39et sain dans une démocratie. Je ne crois pas qu'on puisse accuser Donald Trump
22:41ni Elon Musk d'être antisémite
22:43par contre, sur ce point-là.
22:45Ce que je veux dire est factuel.
22:47C'est peut-être sa différence avec Donald Trump,
22:49qui est un libertarien. Donc, étant libertarien,
22:51il pousse l'excès à l'excès,
22:53justement, la liberté d'expression.
22:55Jusqu'à peut-être cautionner des gens qui ont vu
22:57leur compte supprimé. Je pense que c'est plutôt
22:59dans ce niveau-là qu'une caution
23:01de l'antisémitisme.
23:03Je ne crois pas.
23:05Troisième exemple qu'on peut quand même montrer.
23:07Et l'ambassadeur d'Israël en France était là tout à l'heure
23:09et a acté à l'antenne
23:11que Donald Trump était bien un allié d'Israël.
23:13Je ne vois pas comment vous pouvez être antisémite.
23:15Vous, vous n'y croyez pas. Je vous jure que l'ambassadeur d'Israël
23:17a eu des phrases antisémites, explicitement antisémites,
23:19publiquement antisémites, en disant
23:21dans un lobby
23:23juif en 2015, en disant
23:25je sais pourquoi vous n'allez pas me voter pour moi
23:27parce que je veux pas de votre argent pourri, je cite littéralement.
23:29Il a eu des phrases antisémites. Ensuite, il est devenu
23:31allié d'Israël. On verra comment ça se finira.
23:33On ne peut pas dire qu'il est devenu
23:35allié d'Israël. Donald Trump
23:37a été l'architecte
23:39du retour de l'ambassade d'Israël,
23:41du déplacement de l'ambassade
23:43américaine à Jérusalem.
23:45Ce qui est une caution, je dirais,
23:47qui était au cœur d'Israël.
23:49C'est celui qui a mis sur les fonds
23:51baptismaux, grâce à son gendre
23:53Jared Kushner, les accords d'Abraham
23:55qui ont permis à certains pays
23:57arabes de nouer des liens avec
23:59Israël, c'est-à-dire une sorte de normalisation
24:01d'Israël. Et d'ailleurs, je pense qu'il va
24:03réutiliser cette base des accords d'Abraham
24:05pour essayer justement
24:07de concrétiser, d'aller plus loin,
24:09évidemment, avec la question des Palestiniens
24:11qui étaient peut-être moins importantes
24:13et trop peu importantes
24:15dans les précédents accords d'Abraham.
24:17On ne peut pas dire que
24:19Donald Trump, ayant fait ça,
24:21soit peut-être le meilleur
24:23allié d'Israël, peut-être.
24:25C'est marrant parce que vous le dites
24:27depuis deux jours, Nathan.
24:29Donald Trump n'est pas un allié d'Israël.
24:31Il n'a pas d'allié.
24:33Quand il a lâché les Kurdes
24:35qui ont combattu l'État islamique,
24:37c'était ses alliés, et il les a
24:39lâchés, totalement lâchés.
24:41C'est l'Europe qui est plutôt venue en soutien,
24:43et notamment Emmanuel Macron à ce moment-là.
24:45Bien sûr, mais il y a d'autres faits.
24:47On verra, mais je ne suis pas sûr
24:49que les alliances avec Donald Trump soient
24:51forcément...
24:53Sur la question de l'antisémitisme,
24:55je ne suis pas au courant de ce dossier-là,
24:57donc ça vous appartient, mais que
24:59Elon Musk n'ait pas supprimé
25:01le compte Twitter de tel ou tel cinglé,
25:03c'est possible, j'en sais rien, je vous l'accorde,
25:05je ne sais pas. Néanmoins, qui a fait
25:07aujourd'hui la promotion du nouvel
25:09antisémitisme, qui aujourd'hui,
25:11pardon, s'étend sur tout l'Occident,
25:13c'est quand même
25:15ceux qui ont favorisé
25:17l'immigration, qui a été le cheval de Troie
25:19de cet antisémitisme.
25:21On ne va quand même pas se mentir sur ces sujets-là.
25:23Moi, je veux bien qu'on dise tel zinzin,
25:25complètement cinglé, antisémite, sans doute dangereux
25:27à un titre personnel,
25:29n'a pas vu son compte
25:31Twitter supprimé par Elon Musk, mais à côté
25:33du système
25:35antisémite, finalement, qui n'était pas
25:37recherché peut-être à la base par les promoteurs,
25:39mais qui en est en tout cas le résultat,
25:41je trouve que c'est tout à fait
25:43peanuts. Interrogeons-nous sur les
25:45raisons de l'antisémitisme aujourd'hui en Occident.
25:47Tous ceux qui ont favorisé
25:49les mouvements migratoires, qui ont
25:51interdit ceux qui s'y opposaient de
25:53parler, notamment sur Facebook.
25:55Moi, je vais vous raconter, sur Boulevard Voltaire,
25:57je me suis souvenu, on avait été
25:59censurés parce qu'il y avait le mot identitaire sur un
26:01titre. Vous savez, il ne fallait pas parler.
26:03On se le disait à la rédaction,
26:05il ne faut plus mettre identitaire
26:07sur un titre, sinon l'article
26:09va sauter, il va être supprimé.
26:11Le mot identitaire, c'était l'époque où les identitaires
26:13mettaient des...
26:15Et que l'article du reste soit positif ou négatif.
26:17Je ne sais pas, il y avait un algorithme qui supprimait
26:19les articles sur les identitaires.
26:21D'ailleurs, impossible de
26:23faire le moindre recours. Vous écriviez.
26:25Et là,
26:27elle était où la gauche bonne conscience
26:29sur ces sujets-là ?
26:31Elle était nulle part.
26:33Malheureusement,
26:35c'est fini, ça s'est passé extrêmement vite.
26:37C'est très dommage.
26:39Je ne peux pas vous montrer
26:41la une du Time, je la montre à ceux qui
26:43regardent Europe 1 sur les réseaux sociaux.
26:45Je la décris à ceux qui nous écoutent.
26:47Le Time, qui met une photo
26:49de Donald Trump, donc à la Maison Blanche,
26:51il se bac et il dégage
26:53un peu tout ce qu'il y a à côté de lui.
26:55Tout ce qu'il y a déjà sur son bureau, il fait table rase.
26:57Du passé, faisons table rase.
26:59Excellente une.
27:01On vous le conseille, allez la voir sur les réseaux sociaux.
27:03Une nouvelle ère commence.
27:05Merci beaucoup en tout cas.
27:07Gabriel Fusel, Nathan Devers d'avoir été
27:09avec nous.

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