La motion de censure, déposée mardi à l’initiative de La France insoumise et rejointe par les écologistes et communistes, a été rejetée jeudi 16 janvier à l'Assemblée nationale. Elle n'a réuni que 131 voix, loin des 289 voix nécessaires pour renverser le Premier ministre. Au total, seuls 8 députés socialistes ont voté la motion de censure.
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00:00Votre choix du 20h BFM Anne Charlène, c'est de revenir sur ce qui s'est passé hier à l'Assemblée Nationale.
00:06Le gouvernement, on le rappelle, a échappé à une motion de censure, notamment grâce au Parti Socialiste.
00:12Qu'est-ce que ça implique pour la suite ? Ça veut dire que ça y est, ce Parlement a enfin une majorité ?
00:18Alors en effet, vous savez qu'on a beaucoup parlé de la majorité introuvable depuis le mois de juillet, et bien on l'a trouvée.
00:25Alors je vais revenir un petit peu sur ce qui se jouait hier, parce qu'il y avait une véritable théâtralisation, une grande tension.
00:31C'était la 150e motion de censure. Alors la motion de censure, c'est vraiment une danse macabre.
00:36C'est l'Assemblée Nationale qui renverse son gouvernement, et pourtant, en réalité, sous la Ve République, ça a souvent été très symbolique.
00:43Le Premier ministre pouvait s'asseoir sur une très grande majorité, et donc quand on vote la motion de censure, on s'oppose un peu symboliquement.
00:51En période de majorité relative, c'est quand même toujours un petit peu plus... On va dire, ça peut faire craindre quelque chose au Premier ministre,
00:58mais celle-ci, elle était de l'ordre du purement symbolique, mais elle était importante quand même. Pourquoi ?
01:03Parce que c'est pas une motion de censure qui fait suite à une demande de confiance du Premier ministre, il n'avait rien demandé.
01:09Ça n'est pas une motion de censure à la suite d'un article 49 alinéa 3 sur un texte comme l'a fait Michel Barnier,
01:14donc on ne peut pas reprocher au gouvernement d'aller chercher quoi que ce soit, c'est une motion de défiance en quelque sorte.
01:19C'est-à-dire que le groupe LFI s'épanouit assez bien dans un storytelling qui consiste à dire que ce gouvernement est illégitime, et c'était la démonstration hier.
01:30La question de savoir si le PS participait ou non à cette démarche d'illégitimité, elle était cardinale, parce que ça nous permettait de savoir si oui ou non,
01:38le PS pouvait compter dans ce fameux bloc central autour de certains textes, voter en faveur, pourquoi pas, d'éléments sociaux,
01:46et le PS a donc fait ce décrochage. Alors à mon sens, il y a deux conséquences immédiates à cela.
01:51La première, c'est qu'on en a terminé avec un discours, qui était celui du NFP en groupe, qui consistait à dire qu'on a gagné l'élection et tout gouvernement ne pourra pas être légitime à nos yeux.
02:03En décrochant du groupe LFI, le groupe PS met fin à cet argument qui, au fond, était politiquement très instable et constitutionnellement très inexact,
02:12parce que sans majorité, on ne peut pas estimer avoir gagné les élections. Il fallait élargir la bâche et le PS légitime.
02:19Donc un nouveau discours qui n'arrange évidemment pas les partenaires de LFI, d'où un très grand élément autour de la trahison.
02:29On va voir des tweets qui sont sortis aujourd'hui autour, justement, de cet isolement du PS d'une histoire racontée.
02:40Manuel Bompard nous dit justement qu'on va essayer de mesurer, dans l'hypothèse d'un retour des électeurs, comment on va lâcher complètement le groupe PS.
02:51Donc le cartel électoral qui était celui du Nouveau Front populaire est définitivement mort hier.
02:56Alors le très triscore, très à la mode avec le nu triscore de Sébastien Deslogues, qui nous dit en quelque sorte que le PS a trahi l'accord électoral.
03:07Et donc il y a cette idée de se dire qu'on a en plus trahi un discours autour du programme du NFP comme une solution ultime.
03:14Deuxième conséquence, et pas la moindre, on en a parlé depuis le début, c'est la majorité.
03:19Parce que, qu'on se le dise, ce n'est pas la Ve République, c'est n'importe quel type de décision qui ne peut pas être prise sans majorité.
03:27Admettons qu'on décide quelque chose tous les trois, eh bien c'est la majorité qui décidera.
03:31Et c'est comme ça partout.
03:32Alice contre double, c'est vrai, mais parce que c'est Alice.
03:37Donc cette majorité, on l'a trouvée, on l'a trouvée autour finalement d'un bloc central, mais jusqu'où ?
03:42Parce que c'est ça les deux écueils, c'est est-ce que cette majorité, c'est une majorité purement négative ?
03:47Parce qu'on a entendu parler d'accord de non-censure, mais ça ne veut pas dire grand-chose à part le fait que ce gouvernement tient tant que le PS estime qu'il a des résultats.
03:56Et ça, c'est le deuxième point, c'est est-ce que ce n'est pas finalement une motion de censure qui s'est jouée un peu en deux temps hier ?
04:02C'est-à-dire oui aujourd'hui, mais sur le budget, sur la réforme des retraites.
04:07Si on ne va pas assez loin, eh bien finalement ce PS pourrait être en quelque sorte l'indicateur qui va faire basculer les choses.
04:14Donc on est dans une majorité relative, négative, mais on est dans une majorité quand même.
04:18Et donc l'autre enseignement, c'est que le Premier ministre, d'une certaine manière, a gagné un peu de temps.
04:24Il a gagné du temps et surtout la possibilité de dérouler la nouvelle donne, la nouvelle méthode.
04:30C'était le J1 aujourd'hui, avec justement cette réforme des retraites qui se passe sous la forme d'un conclave.
04:37Et alors, on a parlé du conclave, mais en fait on a un nouveau mot aujourd'hui, c'est celui de la machine à café.
04:42On écoute François Bayrou.
04:44Je crois qu'on trouve autant de solutions autour de la machine à café qu'autour de la table de négociation.
04:51Et cette idée qu'ils vont partager des mois et des mois de travail en commun, pour moi c'est une idée fructueuse.
04:59Peut-être je me trompe, peut-être nous sommes trop optimistes ou trop idéalistes.
05:05Mais vous voyez bien l'état dans lequel on est, état de blocage général.
05:11Alors il y a deux éléments qui sont importants dans cette nouvelle méthode.
05:15Il n'a pas complètement tort sur la machine à café.
05:17On arrive à discuter, les déjeuners de famille, on connaît tous cette idée de dépasser nos clivages.
05:23Et c'est ça que nous dit François Bayrou cet après-midi.
05:27Deux éléments, la transparence.
05:29Déjà, on a remarqué à quel point ce Premier ministre était attaché à cette idée de chiffre, un peu de l'anti-Trumpisme en quelque sorte.
05:35C'est-à-dire une vérité qui va dépolitiser en se disant, si on est tous d'accord sur les chiffres, on va forcément arriver à être d'accord.
05:41C'est donc l'idée de la recherche du consensus.
05:44Et puis le deuxième élément de cette méthode, c'est cette idée de se dire qu'on est forcément dans quelque chose
05:52où on dépasse les clivages et où on est obligé de s'entendre.
05:56Alors moi j'ai envie de dire, comme on peut y arriver dans la vie quotidienne,
06:00on sait qu'à la buvette de l'Assemblée nationale par exemple, et même au café à côté qui s'appelle le Bourbon,
06:06où beaucoup de lois en réalité ont été ficelées, on y arrive.
06:10Alors pourquoi pas essayer cette méthode de la politique de la machine à café, on va voir ce que ça donne.
06:14On verra ce que ça donne dans les prochaines semaines et prochains mois.
06:18Merci beaucoup Anne Charleine.