Les partenaires sociaux ont été reçus ce vendredi par François Bayrou au ministère du travail pour démarrer "le conclave" sur la réforme des retraites, qui ne commencera réellement que dans "quelques semaines", après la mission de chiffrage de la Cour des comptes sur le financement du système.
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00:00— C'était une réunion très intéressante et, de mon point de vue, très encourageante. Parce que toutes les organisations qui sont là...
00:11Il faut noter que moins de 72 heures après l'annonce de cette démarche, toutes les organisations étaient là,
00:21organisations syndicales, organisations patronales, de l'agriculture aussi. Toutes les organisations étaient là.
00:30Et toutes ont dit qu'elles venaient pour aboutir à quelque chose. Aucune d'entre elles ne pense que ça va être facile, et moi non plus.
00:39Je sais à quel point les obstacles sont nombreux et paraissent infranchissables. Mais j'ai la conviction que cet effort que nous partageons
00:53peut déboucher sur quelque chose qui sera positif et encourageant. J'ai été frappé, très frappé, il y a un participant,
01:01un représentant d'organisation très habitué à ces débats, parce que c'était sa dernière participation. Il va passer la main à la tête de son organisation.
01:12Et il a dit « Est-ce que vous connaissez un autre pays dans lequel les partenaires sociaux se voient reconnaître une responsabilité aussi importante ? ».
01:24J'ajoute que ça s'est fait. J'ai trouvé. Je suis pas familier de ces négociations. Je pense depuis longtemps qu'elles ont un grand avenir,
01:36parce que ça permet de sortir de l'affrontement perpétuel que sont les débats politiques. Mais j'ai été très frappé du caractère volontaire
01:50que toutes les organisations ont rappelé, manifesté sur la possibilité de trouver un avenir. Comme vous savez, j'ai demandé à la Cour des comptes
02:03et M. Moscovici, le premier président de la Cour des comptes que j'ai rencontré hier, va conduire lui-même le bilan.
02:11Et il présentera ce bilan du système des retraites le 19 février. Mais cette période ne va pas être perdue, puisque j'ai demandé que
02:28toutes les organisations puissent présenter les questions qui se posent à elles, les sujets qu'ils exigent qu'on voit traités,
02:38et même commencer à formuler des pistes de proposition. Après, nous aurons 3 mois pour arriver à la fin mai à un constat des possibilités
02:52de progrès total, partiel que nous rencontrerons.
02:56— Pourquoi inclure en effet pas les ministres et les retraites du public, alors que tous les partenaires sociaux disent qu'il y a déjà
03:03— D'abord, vous vous trompez. Ce n'est pas vrai que tous les partenaires sociaux s'y opposent. Mais je pense que la question de la retraite,
03:13elle touche à la fois le privé et la fonction publique. Et comme un des participants l'a remarqué, il arrive aussi que des salariés soient
03:23une partie de leur vie dans le privé, une partie de leur vie dans le public. Et donc on peut pas séparer. J'ai expliqué souvent sur une chose
03:34très très précise les entreprises privées, leurs dirigeants comme leurs salariés. Évidemment, leurs enfants vont à l'école publique.
03:46Vous savez qu'en France, la presque totalité du système scolaire est publique. Les maîtres sont payés par la fonction publique.
03:55Tout le monde, quand il a un problème de santé, va à l'hôpital. L'hôpital, c'est du public. Et donc dire « Il y a d'un côté les uns et de l'autre les autres
04:05et on veut pas avoir la moindre discussion sur ce point », ça n'est pas juste. Je pense que la question du système de retraite est une question générale
04:14de la société française, de chacun d'entre nous, de chaque famille et aussi de l'ensemble de la société. Et c'est pourquoi c'est un problème
04:24tellement crucial. Et c'est pourquoi c'est tellement important d'entrer dans une démarche nouvelle, inédite, pour essayer de progresser.
04:34— M. le Premier ministre, vous avez été un ardent défenseur de la retraite par points. Est-ce qu'elle est encore d'actualité aujourd'hui
04:41— Eh bien c'est exactement ce que chacune des organisations va pouvoir préfigurer. Quelques-unes autour de la table ont expliqué qu'ils demeuraient
04:52partisans de la retraite par points. Et mon avis à moi est que c'est la solution qui un jour s'imposera. Alors je la défends depuis longtemps,
05:02sans avoir réussi à convaincre. Mais peut-être, les organisations qui vont être autour de la table vont-elles se convaincre elles-mêmes
05:11qu'un jour, cette solution, qui est beaucoup plus souple, qui est beaucoup plus à la carte, s'imposera.
05:18— Est-ce que vous considérez que c'est une première victoire, M. le Premier ministre ?
05:22— Non, je parle pas de victoire, parce que la victoire, ça veut dire « je réussis à imposer quelque chose ». Je pense qu'il est inimaginable
05:31que ce problème si important pour la société française se résolve uniquement par l'épreuve de force. Je ne crois pas ça.
05:40Je ne crois pas que des problèmes difficiles ne se règlent que par l'épreuve de force, la victoire des uns sur les autres,
05:52la soumission des uns aux autres. Parce que si c'est par l'épreuve de force et si ça vient du sommet, il n'y a que deux solutions.
06:00Ou bien vous vous soumettez ou bien vous vous révoltez. Et moi, je crois qu'il y a une démarche beaucoup plus constructive
06:07et beaucoup plus intéressante, beaucoup plus nouvelle. Je suis pas le premier à la défendre. Jacques Delors, hier,
06:12défendait exactement la même vision. Je pense qu'on peut progresser ensemble. Je pense qu'on peut trouver des réponses
06:25peut-être même qu'on n'avait jamais imaginées. Et dans cette démarche nouvelle qui est que les délégations vont vivre ensemble
06:34jusqu'au bout du dispositif, jusqu'au bout de négociations. Parce que je crois qu'on... Vous allez me trouver naïf ou idéaliste.
06:43Je crois qu'on trouve autant de solutions autour de la machine à café qu'autour de la table de négociation. Et cette idée
06:51qu'ils vont partager des mois et des mois de travail en commun, pour moi, c'est une idée fructueuse. Peut-être, je me trompe,
06:59peut-être, nous sommes trop optimistes ou trop idéalistes. Mais vous voyez bien l'état dans lequel on est. État de blocage général.
07:10On est un pays qui n'a pas de budget. On est un pays qui n'a pas de majorité. On est un pays dans lequel les uns ne cessent de s'affronter
07:19aux autres, y compris violemment par des invectives et des injures. Mais on peut pas en rester là, parce que pendant ce temps,
07:26le monde nous assiège. La Chine – j'ai dit hier – a dépassé... Écoutez bien le chiffre. A dépassé en décembre 1 000 milliards de dollars,
07:41d'euros, d'excédents commerciaux, de bénéfices commerciaux. Si nous rendons pas compte que notre Europe, qui a tellement de mal à équilibrer,
07:55risque d'être en situation de domination... Et si vous voyez pas ce qu'il se passe aux États-Unis, le président sortant des États-Unis
08:08a dit hier qu'on était sur le point de voir une oligarchie prendre le contrôle des États-Unis, état le plus puissant du monde.
08:18Et par la technologie, la recherche, l'industrie, le commerce et le dollar devenir surpuissants. Et nous, qui portons un héritage aussi précieux...
08:33Moi, en tout cas, je n'ai aucune intention d'accepter que tous ensemble, nous baissions les bras. Donc il faut trouver des voies nouvelles.
08:41Ces voies nouvelles, elles ne peuvent être que positives, parce qu'il faut rendre de l'espoir au pays. Et cette première rencontre,
08:47elle est dans ce sens-là. — Est-ce que vous fixez une date de déploiement, M. Péréniste ?
08:51— J'ai dit la fin mai. Mais si les organisations décident qu'il leur faut quelques jours de plus, c'est eux qui choisiront.
09:03Je fais confiance. Je sais qu'il y a des gens qui n'y croient pas. Je fais confiance à la responsabilité du dialogue social,
09:11qui est une autre forme de préparer l'avenir que l'affrontement politique.
09:16— Sophie Linné parlait à votre place il y a quelques minutes de désaccord d'ampleur. Est-ce que ça vous inquiète sur la suite ?
09:22— Si vous connaissez une situation humaine dans laquelle on trouve un accord sans être parti d'un désaccord, présentez-le à moi,
09:31parce que ça, ça veut dire qu'il n'y a pas besoin de négociation, il n'y a pas besoin de travailler, il n'y a pas besoin de chercher.
09:36Moi, je crois que tout ça est normal et naturel. Et je prends à témoin les ministres qui sont autour de moi.
09:45Il y a probablement des désaccords. Mais le contexte, le climat n'était pas au désaccord. Le climat était à réfléchir ensemble et travailler ensemble.