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François Bayrou qui brille par sa conscience historique, mais pas par sa modestie, sait que son destin politique s’écrira aujourd’hui et que l’histoire ne repasse pas les plats.

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Transcription
00:00L'édito politique Patrick Cohen à l'Assemblée Nationale, le moment Bayrou !
00:05François Bayrou qui brille par sa conscience historique mais pas par sa modestie sait que son destin politique s'écrira aujourd'hui
00:13et que l'histoire ne repasse pas les plats. C'est le jour J, celui qu'il a attendu pendant tant d'années, passé à annoncer l'avènement du centre
00:18et la consécration du compromis, à réclamer pas seulement le consensus mais l'obligation de recherche du consensus
00:25sans pouvoir passer aux travaux pratiques, nous y voilà. Savait-il que le chemin de négociation serait aussi tortueux ?
00:31Que satisfaire la gauche sans rompre avec la droite serait aussi périlleux ? Sans doute, ce discours-là, cela fait 40 ans qu'il y pense,
00:38disait hier le député modem Richard Ramos.
00:40Est-ce que c'est un gage de succès ?
00:43Non, hier soir, rien n'était gagné et un négociateur socialiste se désolait d'imaginer en cas d'échec la mise en scène du triomphe de Jean-Luc Mélenchon
00:51ridiculisant ses renégats d'UPS, assez naïfs pour croire que le macronisme viendrait à récipiscence.
00:57Mais au moins, quelle que soit l'issue, François Bayrou et Olivier Faure auront essayé.
01:01Ils ont fait de la politique et pas de manière déshonorante, pas pour un plat de lentilles, comme l'a dit Mélenchon,
01:07car les socialistes ne réclament rien pour eux-mêmes, ils ne veulent pas de ministère, ni aucun poste.
01:12Ils se battent pour une victoire politique qui, pour la première fois depuis longtemps, donnerait le sentiment à de nombreux Français
01:20que leur vote a été pris en compte.
01:22Là, vous parlez, Patrick, de la renégociation, de la réforme des retraites.
01:26Oui, on peut se lamenter d'un retour en arrière économiquement insensé, on peut refaire indéfiniment le débat sur les retraites.
01:32La réalité politique est là. Contre le recul de l'âge de départ à 64 ans, il y a une majorité incontestable, à l'Assemblée, comme dans l'opinion,
01:42environ les deux tiers des députés et les deux tiers des Français, restés assis sur le couvercle pendant que la marmite continue de bouillir,
01:48ne peut amener que des désagréments.
01:50La réouverture du chantier, accompagnée d'un gel ou d'une suspension, donnerait sûrement quelque bouffée d'erreur aux macronistes qui ont durement bataillé pour cette réforme,
01:59qui l'ont fait sans démagogie et en en payant le prix politique.
02:02Elle susciterait les hurlements de la droite LR, mais sans conséquence, qui imagine Wauquiez voter la censure avec Mélenchon,
02:09et avec la plus grande hypocrisie, quand on se souvient des coûteuses concessions que la LR avait arrachées à Elisabeth Borne,
02:15du mutisme de Laurent Wauquiez et de la dérobade, le jour du vote, d'une trentaine de députés LR, la moitié du groupe qui avait contraint le gouvernement au 49-3.
02:24Posture politique en réalité sans importance, car dans la crise insoluble où le pays s'enfonce, avec ce Rubik's Cube qui est devenu le paysage politique,
02:32où toutes les combinaisons semblent vouées à l'échec ou à la défiance, la mise sur pose de la réforme, avec mission donnée aux partenaires sociaux de s'accorder sur une alternative,
02:42pourrait représenter une sorte de point d'équilibre, accepté à la fois au Parlement, au gouvernement et chez les Français.
02:49Bref, un moment démocratique, ce qui n'arrive pas si souvent.

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