L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 5 Septembre 2024)
Retrouvez toutes les chroniques de Patrick Cohen sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'édito politique Patrick Cohen, votre édito ce matin, éloge du compromis.
00:04C'est un discours vieux de 36 ans qui résonne drôlement et que reproduit cette semaine
00:08le un hebdo.
00:09Le chef de gouvernement socialiste qui monte à la tribune de l'Assemblée est alors
00:12le premier de la Vème République à ne pas disposer de majorité absolue.
00:16Et dans sa déclaration de politique générale, il en appelle aux centristes, communistes,
00:21libéraux ou gaullistes « Avec ceux qui sauront être ouverts, lance-t-il, nos différences
00:26s'accorderont sans que nul n'ait besoin de renoncer à ce qu'il est, car nos priorités
00:30ne sont pas celles d'une moitié de la France contre l'autre moitié ». C'est Michel
00:35Rocard qui, le 29 juin 1988, rêve ainsi d'une société du compromis et qui d'ailleurs
00:40en parle comme d'une utopie.
00:41Je rêve d'un pays où l'on se parle à nouveau, je rêve d'une politique où l'on
00:46soit attentif à ce qui est dit plutôt qu'à qui le dit.
00:49Et le discours avait marqué ! Mais n'avait eu aucun effet.
00:52Puis recours au 49-3 en trois ans, échec sans surprise d'une société politique qui
00:57par tradition exalte la radicalité, le tout ou rien, c'est eux ou nous à prendre ou
01:02à laisser le courage de l'homme ou de la femme sans concession, ce qui étrangement
01:06éloigne la politique de la vraie vie.
01:08Que voulez-vous dire Patrick ? La vie quotidienne, la vie en société, la vie de famille serait
01:12infernale sans les compromis que nous faisons naturellement, à chaque instant, ne plus
01:17ou moins bonne grâce, en tenant compte des désirs et des intérêts des autres, conjoints,
01:20amis, voisins, collègues de travail, cela vaut pour vos repas en commun, pour la radio
01:24que vous écoutez, les séries que vous regardez, le chien à sortir, la vaisselle sale au fond
01:28de l'évier.
01:29Pour la durée de cette chronique, la vie n'est faite que de compromis ou d'engueulades
01:34permanentes, ce qui peut être un choix de vie, on en connaît, ou un objectif politique.
01:38Si dans le but de conquérir le pouvoir ou de renverser votre intérêt et de créer
01:42du conflit, du désordre, de saboter tout ce qui pourrait marcher, au nom du tout ou
01:46rien et de la pureté de vos idées, alors il vous faut refuser dialogue et compromis
01:51plutôt que le rejet des idéologies, l'idéologie du rejet.
01:54Et c'est ce qui explique le blocage politique actuel ?
01:57Oui, refus à tous les étages, celui d'Emmanuel Macron, devoir démolir sa réforme des retraites,
02:02celui de la gauche qui menace de censure automatique tout gouvernement qui ne serait pas composé
02:06de NFP et dirigé par Lucie Castex et qui affirme avec le socialiste Olivier Faure que
02:11la nomination de Bernard Cazeneuve constituerait, je le cite, « une forme d'anomalie ». Conséquence
02:17de cette intransigeance ou de ce sectarisme, c'est le Rassemblement National qui est maître
02:21du jeu, avec un pouvoir de vie ou de mort sur les premiers ministres potentiels.
02:24Xavier Bertrand, donc, c'est non, il a eu le culot de battre aux élections Marine
02:28Le Pen puis Sébastien Chenu, et il est méchant avec le RN.
02:32Bernard Cazeneuve, c'est non aussi, il est de gauche, censure assurée, impasse et casse
02:36départ à l'Élysée, conséquence invraisemblable si une partie de la gauche ne donne pas des
02:40signes d'ouverture, la situation ne pourra conduire qu'à la désignation d'un premier
02:45ministre RN compatible, soit l'inverse du vote majoritaire du 7 juillet.
02:50Un détail biographique pour finir en 88, quand Rocard est nommé premier ministre,
02:54Olivier Faure a 20 ans, il est jeune rocardien.