Le comédien de 80 ans joue aux côtés de Ludmila Mikael dans la pièce "Le Prix", mise en scène par Tristan Petitgirard, au théâtre Hébertot (17e arrondissement de Paris) du 22 janvier au 30 mars.
Regardez L'invité de 9h40 avec Amandine Bégot du 10 janvier 2025.
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00:00L'invité du 9-10, c'est Pierre Arditi, s'il vous plaît, invité d'RTL Matin, bonjour et bienvenue sur RTL, Pierre Arditi.
00:07Bonjour, mesdames, messieurs.
00:08De retour sur les planches d'une pièce qui s'appelle Le Prix, à partir du 22 janvier au Théâtre Héberteau, à Paris, avec Ludmilla Mikhaël.
00:15Pierre Arditi, je sais que vous en avez marre qu'on vous demande comment vous allez.
00:19Comment je vais ? Voilà.
00:21Ne me demandez pas, ne me demandez pas.
00:23Hier, j'ai été un peu méchant parce que les gens sont très gentils et j'ai d'ailleurs découvert à quel point ils m'aimaient bien.
00:30Je me serais volontiers passé de le découvrir comme ça.
00:32Mais non, ils sont charmants.
00:34Alors après, ils me disent, on est content de vous voir.
00:36Comment ça va ? Oui, alors ça va.
00:38Je ne suis pas mort, je suis vivant, je vais tenir encore un moment.
00:41Mais ça va très bien.
00:43J'ai l'air d'aller mal ?
00:44Non, vous avez l'air en pleine forme.
00:46On parle de cette pièce, Le Prix.
00:48Si vous voulez bien, sinon moi je veux bien parler de poulet ou d'autres choses.
00:52Le poulet avec Cyril Nec.
00:55Vous vous connaissez d'ailleurs bien, vous les deux.
00:57On se connaît, oui.
00:59Cette pièce, ce prix ?
01:01Oui, le prix, c'est le prix Nobel.
01:03Le prix Nobel. Vous apprêtez à recevoir le prix Nobel de chimie.
01:06Prix Nobel de chimie, oui.
01:08C'est une histoire réelle.
01:10C'est tiré d'une histoire réelle.
01:12D'un chimiste qui a eu le prix Nobel, d'ailleurs, en 1946, je crois.
01:15Et qui s'appelle Otto Hahn.
01:17Et qui a travaillé pendant de nombreuses années
01:20avec une femme qui s'appelle, qui s'appelle, qui s'appelait, qui s'appelle
01:24Lise Meitner.
01:26Et qui avait l'inconvénient d'être juive.
01:28Ce qui était un peu ennuyeux à l'époque en Allemagne.
01:30Et donc ils ont travaillé sur la fission nucléaire.
01:33Et l'un et l'autre.
01:35Donc tu es arrivé à s'approcher d'un résultat très très probant.
01:40Et elle lui a fait toucher du doigt, au dernier moment,
01:44une pièce du puzzle qui lui manquait.
01:48Alors l'originalité, si on peut appeler ça comme ça, de cette histoire,
01:53c'est que donc ils ont travaillé ensemble.
01:55Et puis à un moment donné, la situation,
01:57étant ce qu'elle est devenue en Allemagne, sous huit airs,
01:59il l'a fait partir et il l'a mise à l'abri.
02:03Parce que ça commençait à devenir chaud pour elle.
02:06Malheureusement, le problème c'est qu'au bout d'un moment,
02:10il l'a protégée d'un côté, mais il l'a mise de côté par la même occasion.
02:13Donc il va recevoir le prix Nobel, mais il la passe totalement sous silence.
02:17Et de ça, elle veut se venger en fait.
02:20Elle veut régler ses comptes.
02:22Comme on dit dans la pièce, elle veut solder les comptes.
02:25Et une heure avant la remise de ce prix Nobel,
02:27alors qu'il ne s'y attend pas,
02:29elle entre dans la pièce et ils soldent leurs comptes.
02:33Elle solde son compte.
02:35Alors, vous savez comment c'est la promo, il faut dire
02:39mais c'est amusant, c'est machin comme ça.
02:41Ça n'est pas amusant.
02:45Moi, je suis comme un arénais, je ne trompe pas les gens sur la marchandise.
02:48Ça n'est pas amusant, mais c'est passionnant.
02:50Vous la connaissiez cette histoire, vous ou pas ?
02:52Pas du tout. Non, je ne la connaissais pas du tout.
02:54Et d'ailleurs, je suis à peine documenté là-dessus,
02:58parce que moi, ma vie, mon rôle au théâtre,
03:01c'est finalement d'imaginer plutôt que de...
03:04Dans ces cas-là, comme disait Frank Capra,
03:06si vous avez un message à faire se passer,
03:08adressez-vous à la Poste.
03:12On fait tout ce qu'on veut.
03:13Donc, l'histoire est passionnante.
03:15Elle vous fait réfléchir aussi, beaucoup.
03:17Ça fait beaucoup réfléchir.
03:18Ça fait en particulier beaucoup réfléchir sur cette société
03:21qui alors était encore une société d'hommes,
03:24faite par des hommes pour des hommes.
03:26Et cette femme qui était juive, elle a été mise de côté,
03:28entre autres, parce qu'elle était juive
03:30et surtout parce qu'elle était une femme.
03:32À cette époque-là, je regarde Ségolène Royal dans les yeux,
03:36que je trouve magnifique d'ailleurs.
03:38Non, mais c'est vrai, elle est magnifique.
03:40Il y a des gens qui ont du bol.
03:41Ils vieillissent pas, c'est formidable.
03:43Après, il y a des gens à côté qui ont l'air d'avoir 92 ans.
03:45Moi, par exemple.
03:46Oui, mais vous allez bien.
03:47Mais je vais très bien pour toi.
03:48Non, mais c'est horrible.
03:49C'est extrêmement pétillant.
03:51En plus, vous donnez envie d'aller voir la con.
03:53Non, mais honnêtement, la confrontation,
03:55elle est passionnante.
03:57Ce n'est pas du tout...
03:58Ce n'est pas pesant.
04:00Ça navigue dans des zones très différentes,
04:02parfois très aiguës, parfois très bouleversantes d'ailleurs.
04:05Et c'est absolument passionnant.
04:07Absolument passionnant.
04:08On ne se tape pas sur le bide toutes les dix minutes.
04:10Quand on se tape sur le bide, je viens chez vous
04:12et je vous dis qu'on va se taper sur le bide.
04:14Là, on va avoir autre chose.
04:16On va être passionnés par ce rap.
04:18C'est une pièce de couple.
04:20Avec Ludmilla Miquel.
04:22Avec Ludmilla Miquel, avec laquelle je rêvais de jouer.
04:25Nous rêvions de jouer mutuellement ensemble.
04:27Voilà, c'est en train de se faire.
04:29C'est passionnant.
04:31Et puis, c'est effectivement tiré d'une histoire vraie.
04:33Après, il y a là-dedans,
04:34le boulot de l'auteur,
04:36Cyril Jelly, qui est un très bel auteur.
04:38Et de la mise en scène de mon petit copain,
04:40Tristan Petit-Gérard.
04:42Encore une fois, je ne peux pas dire autre chose.
04:44On a commencé à parler dessus.
04:46Il faut aller la voir maintenant.
04:48Il faut aller la voir parce que, franchement,
04:50le peu de monde qui est venu comme ça,
04:52très peu s'il fait partie des comme ça,
04:54ils sont restés comme ça.
04:55Ils ont regardé ça, ça les a.
04:56Ils ont dit, mais c'est extraordinaire.
04:58Comment c'est possible ?
04:59Voilà, c'est comme ça.
05:00Dans la pièce, vous êtes Otto Hahn.
05:02Vous avez donc reçu le prix Nobel.
05:04Dans la vie aussi, vous avez reçu des prix.
05:05César, Molière.
05:06Ça représente quoi pour vous, les prix ?
05:08C'est important en tant qu'homme, en tant qu'acteur ?
05:11Écoutez, il y a deux catégories de gens.
05:13Il y a des gens qui
05:15balaient d'un revers de la main
05:17les médailles ou les récompenses.
05:19Et moi, je ne les balais pas d'un revers de main.
05:21Je suis absolument ravi de les recevoir,
05:23a fortiori dans la mesure où ces récompenses
05:25sont des récompenses qui sont remises par
05:27la famille de travail.
05:29Donc ça veut dire
05:31bienvenue à la maison.
05:33Donc ça me fait plaisir.
05:35Et puis ce sera une pierre pour la soif
05:37quand tout cela sera un peu parti.
05:39Si tant est que ça parte, d'ailleurs,
05:41on va voir, j'en sais rien.
05:43Vous avez besoin d'être rassuré ?
05:45Plus besoin, Pierre Arditi ?
05:47Bien sûr que si.
05:48Les gens qui n'ont plus besoin d'être rassurés
05:50sont des gens qui ne...
05:51Ça ne sert à rien de vivre.
05:53Si on ne se pose plus de questions sur soi-même,
05:55si on ne sait plus d'où on vient,
05:57où on va, est-ce qu'on peut encore faire
05:59sur cette Terre ?
06:01Je ne vois pas très bien l'intérêt.
06:03S'il faut s'asseoir dans un transat et attendre la mort,
06:05franchement, je ne vois pas l'intérêt de l'histoire.
06:07Non, au contraire.
06:09Et d'ailleurs, plus on avance dans le temps,
06:11c'est-à-dire plus on vieillit,
06:13plus, au fond, les choses semblent passionnantes
06:15parce qu'elles s'éloignent.
06:17Et donc forcément, si vous me lancez sur ce sujet,
06:19on est foutu, parce que ça ne va pas être gai.
06:21Moi, maintenant, je commence à avoir
06:23un âge respectable.
06:25Je suis beaucoup plus curieux
06:27et je me remets beaucoup plus en question
06:29que je le faisais quand j'avais 30 ou 40 ans de moins.
06:31C'est plus...
06:33Oui, c'est plus passionnant.
06:35Ça m'intéresse plus.
06:37La politique continue de m'intéresser.
06:39Ah oui, la politique, toujours.
06:41Je préférerais être un homme
06:43qui n'est pas irresponsable du temps
06:45dans lequel il vit.
06:47Et alors, qu'est-ce que vous dites de ce qui se passe, là ?
06:49C'est une belle formule, ça.
06:51Vous dites du mal.
06:53Vous censurez Bayrou, vous, la semaine prochaine ?
06:55Sûrement pas. Non, non, je dis du mal.
06:57On est en train de dire, à propos de Macron,
06:59non, il ne doit pas démissionner,
07:01il doit changer de politique. On peut être d'accord, là-dessus.
07:03Parce qu'on préférerait que cette politique...
07:05Moi, j'ai toujours pensé que cette politique-là,
07:07elle devait bifurquer vers la gauche.
07:09Le monde connaît ma sensibilité politique.
07:11Vous êtes toujours de gauche, vous ?
07:13Écoutez, jusqu'à preuve du contraire,
07:15oui, mais pas n'importe laquelle.
07:17Et alors, quelle gauche ?
07:19Une gauche que j'ai connue, à laquelle...
07:21Une gauche humaniste, oui, qui veut faire du bien aux gens.
07:23C'est-à-dire qu'une gauche social-démocrate.
07:25On a l'impression que c'est une insulte, maintenant,
07:27d'être social-démocrate, mais ce n'est pas une insulte.
07:29Ce n'est pas une insulte d'être social
07:31et ce n'est pas une insulte d'être démocrate.
07:33Après, je ne citerai personne,
07:35il y a une série de...
07:39Il y a une tendance qui ne me convient pas.
07:41Non, pas la France insoumise, par exemple.
07:43Je ne suis pas emballé.
07:45Je suis emballé à l'intérieur, d'ailleurs.
07:47Là, il y a des gens
07:49qui sont estimables aussi.
07:53Mais la tournure que ça prend, là, maintenant,
07:55à un moment donné, c'est toujours pareil.
07:57Qu'est-ce qu'on fait avec la politique ?
07:59C'est une chose grave.
08:01Ça décide de la vie et de la mort des gens.
08:03On ne peut pas regarder ça comme ça.
08:05C'est pas n'importe quoi.
08:07C'est plus compliqué que le théâtre.
08:09Vous savez, Pierre Arditi, je vous regarde, je vous écoute,
08:11je vous aime, il faut quand même le dire.
08:13Ce serait très angoissant, cette histoire.
08:15Et je me dis que,
08:17vraiment, vous imitez très bien Laurent Gérard.
08:19Oh !
08:21C'est lui qui m'imite très bien.
08:23Écoutez ça.
08:25Tous les matins, à 9h moins 5, votre journaliste Thomas Soto
08:27parle de moi. Il m'attend.
08:29Cet homme m'attend. Il me cherche.
08:31Cet homme me guette. Cet homme souffre.
08:33Cet homme a mal.
08:35Vous savez, Pierre Arditi,
08:37que quasiment tous les matins, effectivement,
08:39Thomas dit à Laurent,
08:41mais alors, et Pierre Arditi, il est où ?
08:43Je vais lui demander du fric, maintenant.
08:45Je vais partir.
08:47On va tourner ensemble.
08:49C'est gai, c'est gai.
08:53Encore une fois,
08:55je vais venir aussi pour ça,
08:57franchement, je serais heureux que les gens viennent,
08:59ce qui apparemment va être le cas, visiblement,
09:01en tout cas pour le moment,
09:03parce que l'histoire vaut vraiment la peine.
09:05Tout ce studio va venir ensemble.
09:07Outre le fait qu'il y ait en plus
09:09des choses comme ça,
09:11qui est quand même que
09:13cette femme
09:15passe dans l'anonymat
09:17parce qu'elle est une femme.
09:19Elle est une femme, donc.
09:21Elle a d'ailleurs été de côté
09:23parce qu'elle a été nommée plusieurs fois.
09:25Elle n'a jamais rien eu.
09:27Il y a eu beaucoup de femmes qui ont été volées,
09:29au niveau du Nobel ?
09:31Les hommes mettaient leur nom.
09:33La Tour Eiffel n'aurait jamais existé sans une femme.
09:35C'est une femme mathématicienne
09:37qui a fait tous les calculs de la Tour Eiffel.
09:39Donc la Tour Eiffel devrait porter son nom aussi ?
09:41Oui.
09:43D'ailleurs, on ne sait même pas
09:45s'il n'y a pas de son nom.
09:47C'est la preuve.
09:49Et même en littérature.
09:51Il y a aussi de la jalousie dans cette pièce.
09:53Il y a de la jalousie dans cette pièce aussi
09:55entre les deux personnages.
09:57La jalousie et l'envie.
09:59La jalousie, c'est éviter que l'autre
10:01ne vous ravisse ce que vous avez,
10:03ou ce que vous aimez.
10:05Par exemple, ma compagne,
10:07je pourrais être jaloux si elle avait un amant.
10:09Tandis que l'envie,
10:11c'est désirer ce qu'a l'autre.
10:13Ce n'est pas la même chose.
10:15Une femme de l'argent du génie...
10:17Un prix !