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Stéphane Guillon joue dans "Inconnu à cette adresse" au théâtre Antoine à Paris, et publie un nouvel ouvrage, "Fini de rire".
Regardez L'invité de 9h40 avec Amandine Bégot du 21 janvier 2025.

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Transcription
00:00L'invité du 9-10
00:02Stéphane Guillon est l'invité d'RTL matin. Bonjour Stéphane Guillon, un homme, un livre, fini de rire, une autobiographie publiée chez Albin Michel et puis une pièce de théâtre
00:11puisque vous serez à partir de demain de retour au théâtre Antoine à Paris dans Inconnu à cette adresse et cette fois avec Pascal Elbé, n'est-ce pas ?
00:19C'est un classique cette pièce tirée du livre de Cressman Taylor, on avait d'ailleurs reçu Jean-Pierre Daroussin ici qui nous en avait parlé,
00:25la correspondance entre deux vieux amis, Max, Pascal Elbé qui est un juif américain installé à San Francisco et Martin, Stéphane Guillon, c'est vous,
00:33à l'heure de la montée du nazisme et vous, vous allez être sensible aux sirènes allemandes on va dire.
00:39Au national-socialisme, oui, mon personnage va être sous emprise au fur et à mesure des correspondances et commettre l'irréparable au bout de, oui.
00:51Ça vous plaît de jouer le méchant ? Vous auriez pu jouer l'autre rôle ou pas ?
00:55Bien sûr, mais c'est intéressant parce qu'en vérité c'est pas vraiment un méchant, c'est quelqu'un qui va être sensible à une idéologie et qui va devenir monstrueux,
01:09mais au départ c'est un personnage ordinaire, sympathique, des bon airs.
01:13C'est presque Monsieur Tout-le-Monde au départ ?
01:15C'est Monsieur Tout-le-Monde.
01:16C'est ça qui est effrayant ?
01:17Oui, c'est cette bascule qui est effrayante et c'est ça qui sidère le public au fur et à mesure des correspondances.
01:23Mais si vous jouez un méchant d'entrée, il n'y a plus de pièce.
01:26Oui, mais on voit quand même ce qui est effrayant et ce qui, pardon, parfois, moi je suis allé la voir il n'y a pas très longtemps.
01:31Je sais.
01:32Avec Daroussin.
01:33Je vous ai vu dans la salle.
01:34Non, c'est pas vrai.
01:35Parce que vous êtes beaucoup trop concentré pour ça.
01:38Merci.
01:39C'est une pièce en plus qui prend vraiment aux tripes et on sort, on est mal à l'aise.
01:43C'est un spectacle, c'est une pièce incroyable, un texte incroyable.
01:46On se dit mais...
01:47Je vais vous dire ce que je me suis dit.
01:48Je me suis dit, voilà, j'aurais vu cette pièce il y a 30 ans, je me suis dit, dis donc, quand même, quelle page d'histoire.
01:52Et là, je la vois aujourd'hui et je me dis, mais est-ce qu'on n'est pas en train de replonger dans ce genre de choses ?
01:57Vous pensez qu'il faut que je me fasse soigner ou pas ?
01:59Non, non, non.
02:00Malheureusement, cette pièce a de plus en plus de résonance.
02:03C'est moi qui l'ai jouée il y a 14 ans.
02:04Mais d'ailleurs, avec Pascal Elbé, c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a dans la salle une communion, des réactions qui sont bien plus fortes.
02:12Et je pense que c'est lié aux événements du 7 octobre.
02:17Merci.
02:18Et oui, malheureusement, la pièce est de plus en plus d'actualité.
02:24On l'a encore vue cette nuit avec ce geste tout à fait ravissant de notre camarade Elon Musk.
02:31Oui, où tout d'un coup, on se dit qu'il y a une banalisation des thèses d'extrême droite
02:36qui fait que cette pièce est d'une terrible actualité.
02:41Et notre grande fierté à Jean-Marc Dumonté, à moi-même et à toute l'équipe,
02:45Jean-Marc est le producteur du spectacle, c'est qu'il y a des scolaires chaque soir dans la salle.
02:50C'est rare au théâtre d'avoir aussi cette dimension didactique,
02:56c'est-à-dire à la fois un grand texte et à la fois un texte qui dit quelque chose.
03:00Est-ce que ce n'est pas ça justement la meilleure façon de combattre ce genre d'idée ?
03:04Ah si, pour moi c'est une...
03:05Expliquer ?
03:06Oui, c'est expliquer, c'est dire que finalement il y a des résonances aujourd'hui
03:11avec des gens qui sont au pouvoir, qui sont aux affaires.
03:15Parce que Martin, c'est l'ignorance qui le...
03:16Enfin, en partie en tout cas, c'est l'ignorance qui le plonge aussi là-dedans.
03:19Mais c'est toujours l'ignorance qui plonge les gens dans les extrêmes.
03:23C'est le manque de culture, c'est le manque de mémoire.
03:26Ça c'est l'excuse de départ, parce qu'après il devient un salaud parfait, Martin.
03:29Il balance tout le monde, il abandonne complètement son pote.
03:33Oui, mais vous savez, il y a ce livre de Robert Merle,
03:36La mort est mon métier, qui est aussi quelqu'un d'ordinaire, de banal
03:40et qui va devenir un des chefs, un des tortionnaires nazis
03:44les plus cruels, les plus monstrueux.
03:49Ce qui est intéressant encore une fois, pour revenir au début de la discussion,
03:52c'est un personnage banal qui verse dans l'horreur.
03:56Vous connaissez la chanson de Goldman, Si j'étais né en 1917 à Leidenstadt ?
03:59Oui.
04:00On saura jamais ce qu'on a vraiment dans nos cœurs, etc.
04:02Est-ce que vous savez, vous ?
04:04Est-ce que vous seriez un résistant ? Est-ce qu'on peut le savoir, ça ?
04:08Question piège, Stéphane.
04:09Non, non, pas question piège.
04:11Pas question piège, parce que mon oncle a...
04:13C'est facile de dire, moi je serai du bon camp, je suis du bon côté, etc.
04:17Non, mais vous savez, moi ma famille est corse, du côté de ma mère,
04:21et je sais que sur l'île, on a protégé les juifs.
04:25L'île des Justes.
04:26C'est-à-dire qu'ils n'ont donné aucun juif.
04:29Je suis assez fier de cette partie de ma famille.
04:34Par contre, du côté de mon père...
04:40Non, mais c'est vrai que mon oncle a écrit un bouquin sur la famille, etc.
04:46Et ce qu'il a dit, une fois qu'il a écrit cet ouvrage, il a dit
04:50il n'y a pas eu de collabos dans la famille, j'étais soulagé.
04:53Et j'ai trouvé cette phrase forte, finalement.
04:57Après, quelle aurait été mon attitude ?
05:00Je pense le savoir, mais je ne vais pas avoir la prétention de le dire.
05:04C'est pas mal ça, non ?
05:05Je pense le savoir, mais...
05:07Merci.
05:08J'essaye qu'Alex m'encourage un peu, en tant qu'ancien d'Inter.
05:12Ce serait sympathique.
05:14On y vient.
05:15Oui, on y vient.
05:16Merci, merci beaucoup.
05:17C'est un guillemot qu'on connaît et que les auditeurs connaissent et aiment,
05:20avec votre humour noir parfois acide.
05:22Est-ce que vous avez des regrets, aujourd'hui, Stéphane Guillon ?
05:24De ?
05:25Je ne sais pas, d'être parfois allé trop loin.
05:27Mais trop méchant avec certains.
05:29Vous dites dans le livre.
05:31Je le dis dans le livre, mais oui, j'ai parfois eu des regrets,
05:35des portraits qu'aujourd'hui je n'écrirai plus.
05:39Parce que les temps ont changé ? Parce que vous avez changé ?
05:42Parce que j'ai changé.
05:46Oui, ma façon de voir les choses, mon humour a évolué au fil du temps.
05:51Et puis parce que je ne suis plus un perdreau de l'année.
05:54C'est vrai qu'il y a des...
05:56Je trouve, si vous voulez, pour résumer, qu'un humoriste n'est pas là,
06:01ni pour faire de la peine, ni pour blesser les gens.
06:04Ce n'est pas notre rôle.
06:05Que notre rôle...
06:06Écoute bien ce que je suis en train de te dire.
06:07Prends des notes, s'il te plaît.
06:09Je trouve ça fou que ça vienne de toi.
06:10Oui, mais bon, si on ne change pas, ça ne sert à rien, finalement,
06:14si on n'évolue pas.
06:17Aujourd'hui, oui, il y a des papiers que je n'écrirai plus,
06:21mais il y en a certains que j'écrirai encore.
06:23À qui vous présenteriez des excuses ?
06:26J'ai présenté des excuses.
06:28J'ai présenté des excuses à Michel Delpech.
06:32Parce que j'avais fait un papier assez indigne,
06:35où je me moquais du fait qu'à un moment donné dans sa carrière,
06:39il avait été un peu has-been, un peu sur le côté.
06:41Et comme moi aussi, j'ai été has-been à un moment donné,
06:44et un peu sur le côté.
06:45Non, ce que je veux dire par là, c'est que je trouvais que
06:48l'angle du papier était un peu facile, un peu veul,
06:51et que finalement, dans des carrières,
06:53on a tous des moments de chute.
06:56Mais ça, c'est des choses que vous finissez par comprendre
06:58avec le temps.
06:59Pardon pour cette phrase longue.
07:01Je m'en suis rendu compte au milieu,
07:03et je ne pouvais pas m'arrêter au milieu.
07:05J'ai été forcé d'aller jusqu'au milieu.
07:07Stéphane Guillon, moi je me suis toujours posé une question.
07:09Est-ce que Thierry Hardisson, qui aimait bien régler ses comptes,
07:11se servait de vous un peu pour allumer ?
07:13Il vous disait, tiens, va sur lui, allume celle-là.
07:15Est-ce que ça pouvait se passer comme ça ?
07:17Oui, mais c'est le jeu, comme Stéphane Berne,
07:20que je salue fraternellement, l'a fait aussi.
07:23J'étais un peu la caution.
07:25Ça faisait partie du truc.
07:28C'est le contrat. Peut-être pas dit, mais...
07:31Ouais, mais Berne le faisait avec beaucoup d'humour.
07:36Il était malin. Il me disait, vas-y, vas-y.
07:39Et puis derrière, il jouait les...
07:41Il était dans son rôle, son personnage d'outré.
07:44Vous n'avez pas le droit de dire ça.
07:46Alors qu'en coulisse, il m'avait dit, vas-y, dis ça.
07:48On parlait du théâtre.
07:50Est-ce que vous avez encore envie de faire rire Stéphane Guillon ?
07:53Ouais, bien sûr.
07:55Mais le livre est très drôle.
07:57Ça ne vous a pas échappé.
07:59Très tendre, très drôle.
08:01J'essaie de faire ma promo.
08:03Oui, mais par exemple, ce moment que je relate,
08:07qui est un moment où j'ai eu envie d'arrêter tout,
08:12parce que je n'étais pas bien,
08:14c'est paradoxalement, je pense, le moment le plus drôle du livre.
08:19C'est-à-dire que tous les moments du livre qui sont durs,
08:22et il y a des moments durs dans ce livre,
08:24j'ai eu à cœur, qui est le contrepoint,
08:26qui est toujours le rire.
08:27Ce que je définis comme mon humour juif.
08:29C'est rire de ses errements, de ses turpitudes,
08:34de ses souffrances, de soi-même.
08:37Et c'est également là que vous êtes extrêmement touchant dans ce bouquin.
08:40On apprend aussi qu'à 8 ans, vous avez éclairci vos cheveux par amour.
08:43Oui, parce que...
08:45Pour ressembler à Claude François.
08:47Cette émission avait plutôt bien démarré.
08:50Je me suis dit, tiens...
08:52Et puis on a lu votre livre.
08:54Vous vouliez être Claude François ?
08:56Non, c'est-à-dire que je suis tombé amoureux d'une fille qui était Claudette.
08:59Elisabeth.
09:01Et qui m'a demandé si je pouvais être son Clo-Clo.
09:04Et pendant tout un été, j'avais aimé Claudette.
09:07J'ai appris le répertoire de Claude.
09:09Et je me suis décoloré les cheveux.
09:11Et ne comptez pas sur moi...
09:13Vous allez vouloir lui chanter !
09:15Non, parce que là, je vous connais par cœur.
09:18Je vous écoute tous les matins.
09:19Donc non, je ne chanterai pas Claude François à l'antenne.
09:21Bon, vous serez donc sur les planches du Théâtre Antoine à partir de demain.
09:24Retour sur les planches.
09:26Et après alors, c'est quoi l'étape d'après ?
09:28Armandine, est-ce que vous avez envie de faire rire ?
09:30Est-ce qu'on vous retrouvera en one-man par exemple ?
09:32Oui, mais pas tout de suite.
09:33Ce livre pourrait être un one-man show ?
09:35Oui, mais j'y pense.
09:37J'y pense de faire de ce livre un spectacle.
09:41Est-ce que vous êtes heureux Stéphane Guillon ?
09:44En ce moment ?
09:45Dans la vie et en ce moment ?
09:47Oui, en ce moment je suis très...
09:48On en parlait avec mon camarade Visorek.
09:51En ce moment, je suis très heureux.
09:53Je suis bien.
09:55Je suis serein.
09:56Je fais ce qui me plaît.
09:58Voilà.
09:59Non.
10:00Et bien tant mieux.
10:01Merci.

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