Catherine Vautrin, ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles, était l’invitée de #LaGrandeInterview de Romain Desarbres dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00La grande interview, c'est News Europe 1. Bonjour Catherine Vautrin, merci d'être avec nous ce matin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles de France.
00:11Comme tous les matins, on va balayer toute l'actualité, je voulais évidemment qu'on commence par les retraites.
00:15Les négociations sur la réforme des retraites penchent à gauche. Pour se mettre bien avec le Parti Socialiste qui voterait alors le budget,
00:23le gouvernement pourrait annuler ou suspendre la réforme des retraites. J'utilise bien le conditionnel.
00:28On a les moyens financiers de revenir sur la réforme des retraites, Catherine Vautrin ?
00:31D'abord, je crois qu'il est important d'être vigilant sur les termes que l'on emploie parce que vous dites annuler, suspendre.
00:40Aujourd'hui, la discussion qui a lieu est une discussion avec l'ensemble des groupes politiques de l'Assemblée nationale.
00:47Donc je rencontre l'ensemble des groupes, ceux qui, effectivement, représentent la gauche, ceux qui représentent le Bloc central.
00:54Je vais rencontrer chacun des groupes et j'ai évidemment également invité le Rassemblement national, 11 millions de Français,
01:00pour écouter chacun, discuter avec les uns et les autres, de façon à d'abord entendre quelles sont les demandes de ces différents groupes,
01:08pour ensuite chercher ce qui pourrait être le plus petit dénominateur.
01:13Mais la petite musique qu'on entend, c'est que la négociation penche à gauche et que vous écoutez les doléances des socialistes.
01:20Pour être très clair, j'écoute tout le monde et c'est normal. Quand vous êtes au gouvernement, vous écoutez celles et ceux qui représentent le plus grand ensemble des Français.
01:28Ensuite, nous discuterons avec, évidemment, le Premier ministre, le Président de la République, pour déterminer quelles seront les évolutions potentielles et possibles.
01:37Mais annuler la réforme des retraites ou la suspendre, on va dire, ce qui peut revenir au même, c'est une possibilité ce matin ?
01:43Le terme d'annulation...
01:45Suspension.
01:47Je n'emploierai aucun de ces deux termes parce que nous n'en sommes pas encore là dans la discussion.
01:52Nous travaillons, nous regardons ce qui est possible ou ce qui ne l'est pas.
01:55Vous savez que cette réforme, elle a des dates et notamment au mois de janvier, nous sommes au mois de janvier,
02:01les personnes qui ont 62 ans et 3 mois sont ceux qui peuvent, au moment où nous nous parlons, partir pour cela.
02:10Par définition, rien ne changera.
02:12On pourrait revenir à un départ à 62 ou pourquoi pas 63 ans ?
02:17Écoutez, pour l'instant, nous ne sommes pas encore... Sur quel âge ? Ce que je vous dis, c'est qu'au moment où je vous parle,
02:23les personnes de 62 ans et 3 mois, qui étaient ceux qui étaient concernés au mois de janvier, la situation n'a pas changé.
02:29La discussion est ouverte, elle se tiendra toute la journée d'aujourd'hui encore.
02:33Vous le savez, le discours de politique générale du Premier ministre est attendu mardi.
02:38J'ose dire que jusqu'à lundi soir, chacun travaille pour trouver, je le répète, le plus petit dénominateur commun car il est important.
02:47Vous parlez de la gauche, moi je parle de l'ensemble des groupes.
02:50Annuler la réforme des retraites, ça ne coûterait pas très cher, dit la numéro 1 de la CGT.
02:54Vous l'avez certainement entendu, Sophie Binet. Qu'est-ce que vous lui répondez ce matin ?
02:57Moi, je dis quand même qu'il y a un sujet important qui est celui de l'évolution de notre démographie.
03:04Et nous savons tous qu'au moment où la réforme a été faite, un des points les plus importants était le nombre d'actifs par rapport au nombre de retraités.
03:15Au moment où nous nous parlons, nous avons 1,7 actifs pour une personne retraitée.
03:21Et nous savons qu'en 2030, pour être très précise, nous aurons plus de personnes de plus de 65 ans que de jeunes de moins de 15 ans.
03:30Ce qui veut dire que notre pays est un pays qui vieillit durablement avec un nombre de naissances qui a baissé.
03:37Et que nous aurons de toute manière à travailler sur le sujet du virage démographique du pays.
03:43C'est un sujet que je veux travailler avec l'ensemble des ministères du pôle dont j'ai la responsabilité.
03:49Parce que ce sujet démographique, je le répète, il commence à la naissance et il va jusqu'à la fin de la vie.
03:55C'est un enjeu majeur pour la France actuellement.
03:57Catherine Votrain, au sujet du budget, Edouard Philippe s'est dit prêt à accepter un effort budgétaire un peu moindre
04:04si ça permet de débloquer la situation politique et de revenir un peu plus de stabilité.
04:10Vous partagez ce point de vue ?
04:11Vous savez, déjà, il y a un esprit de responsabilité.
04:13Il faut qu'on se rappelle que la censure du mois de décembre a de toute manière un coût.
04:18Elle a un coût parce qu'à partir du moment où les mesures envisagées ne sont pas appliquées,
04:23puisque je rappelle que nous vivons au moment où nous nous parlons, sans projet de loi de finances, nous sommes le 10 janvier,
04:29nous vivons sans projet de loi de financement de la sécurité sociale,
04:33et donc des mesures qui avaient été envisagées pour améliorer la situation financière du pays ne sont pas entrées en vigueur.
04:41Et à la base, on est dans cette situation à cause de la censure aussi, mais à cause de la dissolution à la base.
04:46Non, mais le sujet, concrètement, matériellement, c'est la censure.
04:50C'est quand même quelque chose de tout à fait particulier que de commencer une année sans budget, ni pour la sécurité sociale, ni pour le pays.
04:59Et ça, il faut que les Français le sachent.
05:01Je donne un exemple très précis.
05:03Vous savez que j'ai la responsabilité avec Yannick Noderre de la santé, par exemple.
05:07Au moment où nous nous parlons, l'objectif national des dépenses d'assurance maladie n'est pas arrêté puisque le texte de loi n'est pas voté.
05:15Ce qui veut dire que la tarification des hôpitaux, pour être très concrète, la campagne de tarification n'a pas démarré.
05:21Donc, vous le voyez, il y a des sujets financiers qui, de toute façon, sont dans un premier temps le coût de la censure,
05:27dans un deuxième temps, la réflexion, avec quand même un sujet qui est celui de la dette du pays, que chacun connaît, qui est à 3 300 milliards d'euros.
05:37Dans des périodes comme celle que l'on vit, il y a le concours Lippin des propositions.
05:41Selon l'opinion, Bercy a mis sur la table, pour séduire la gauche, une taxe sur les très gros patrimoines. Vous l'accepteriez ?
05:48Écoutez, moi, aujourd'hui, je n'ai pas connaissance de projet arrêté.
05:52Mais sur le principe, ça vous choquerait ou pas ?
05:54Écoutez, tout dépend des contours. Moi, je ne vais pas comme ça dire oui, oui, c'est génial.
05:58Je pense que nous sommes le pays qui a la plus forte fiscalité au monde.
06:02Derrière, regardons quels sont les éléments qui cela concernent, parce qu'on a un deuxième point qui est très important.
06:10C'est évidemment une situation comme celle-ci, qui a des conséquences très importantes sur la consommation.
06:16Beaucoup de nos concitoyens, nous sommes en période de vœux. Vous savez, moi, je reste une élue locale.
06:20Qu'est-ce que j'entends ? J'étais hier soir dans ma bonne ville de Reims pour les vœux du maire.
06:24Qu'est-ce que j'entendais ? Stabilité. Je n'ai jamais autant entendu ce mot.
06:29Ce qui veut dire que, quelque part, trouver les voies et les moyens d'une situation budgétaire comprise par chacun, partagée par tous, qui génère de la stabilité,
06:37c'est peut-être une capacité à retrouver un peu de croissance, parce que nos concitoyens pourraient commencer à reconsommer, ce qui est un élément important.
06:44Catherine Vautrin, ministre du Travail et de la Santé, invitée de la grande interview CNews Europe 1 ce matin.
06:49Sur le front de l'emploi, le ciel s'assombrit. Quels sont les chiffres que vous voyez pour 2025 ? Combien de pertes nettes d'emploi cette année ?
06:57Un peu tôt pour le dire, mais nous revenons à un niveau de plans sociaux extrêmement important.
07:03La seule bonne nouvelle dans cet horizon, c'est qu'en parallèle, nous continuons à avoir la création d'emplois.
07:10On a des cycles industriels préoccupants, je pense notamment au secteur…
07:14On en perd plus qu'on en crée, mais on en crée toujours.
07:16On en crée toujours et il y a des secteurs qui, évidemment, nous interpellent.
07:19Je pense à celui de l'automobile, pour être très concrète, et notamment le passage du thermique à l'électrique génère des conséquences très importantes.
07:26Importance y compris sur le territoire. La réponse à ça, qu'est-ce que c'est ?
07:30C'est l'Organisation de France Travail que je veux mettre en avant.
07:33L'accompagnement des personnes pour préparer leur reconversion, les former pour derrière les aider à rebondir.
07:40Catherine Vautrin, l'objectif d'Emmanuel Macron du plein emploi en 2027, donc dans deux ans, il est atteignable ou il faut l'oublier ?
07:47Il ne faut jamais oublier des objectifs positifs, mais il est difficile pour autant.
07:52Il faut rester mobilisé, d'où, je le répète, l'accompagnement, la formation.
07:56Et deux sujets, le taux d'emploi des jeunes, qui est faible, et le taux d'emploi des seniors, qui nous ramène à votre première question.
08:03Plus nous augmentons le taux d'emploi des personnes, je dirais, sur 58-62, si je prends les barrières actuelles, plus nous réglerons le sujet de finances publiques.
08:13L'épidémie de grippe, vous êtes ministre de la Santé, vous avez la santé dans vos responsabilités.
08:19L'épidémie de grippe, combien d'hôpitaux ont-ils déclenché ce matin le plan blanc ?
08:23Alors, moi, j'ai des chiffres. Hier soir, pour être tout à fait honnête, j'étais à plus d'une centaine d'hôpitaux.
08:29Maintenant, le plan blanc, qu'est-ce que ça veut dire ?
08:32C'est une mobilisation de nos hôpitaux pour gérer les urgences de façon à être en capacité de répondre aux attentes.
08:41Et tout de suite, un message pour les auditeurs que je salue particulièrement, en rappelant deux choses.
08:47La première, ce sont les gestes barrières.
08:50En d'autres termes, j'ai quelques symptômes, je mets un masque, je me lave les mains et je suis vigilant.
08:55La deuxième, c'est évidemment la vaccination.
08:58Aujourd'hui, nous sommes en fin de campagne.
09:01Il n'est pas trop tard ?
09:02La campagne a démarré le 15 octobre.
09:05Celles et ceux qui ne sont pas encore vaccinés ont intérêt à le faire.
09:09Maintenant, en général, on termine les campagnes fin janvier.
09:11C'est dire que celles et ceux qui se feront vacciner maintenant sont en retard.
09:14Mais il vaut mieux encore aller se faire vacciner.
09:16Moi, j'appelle vraiment à ce sujet.
09:18Et je le dis pourquoi.
09:19Parce que quand on regarde les arrivées aux urgences et notamment les cas de complications,
09:24ce sont pour plus de 70 % des gens qui ne sont pas vaccinés et qui sont des gens éligibles,
09:32c'est-à-dire des gens de plus de 75 ans, qui sont des gens qui ont reçu des bons pour aller se faire vacciner.
09:37Puisque vous savez que dans notre pays, toute personne de plus de 65 ans, toute personne atteinte de maladies chroniques,
09:43les femmes enceintes sont des personnes éligibles à une vaccination,
09:46qui est une vaccination totalement gratuite et que nous incitons fortement parce que c'est une mesure de prévention.
09:51Catherine Vautrin, est-ce que la situation tendue dans les hôpitaux a un impact sur les chances de survie des malades ?
09:57Alors aujourd'hui, la situation des hôpitaux est une situation qui est une situation maîtrisée.
10:02Une organisation qui permet d'accompagner nos concitoyens et notamment celles et ceux qui ont des complications.
10:09Mais je répète quand même que la meilleure solution pour éviter la complication, c'est la vaccination.
10:14Vaccination et gestes barrières.
10:16Selon un sondage CSA pour Europe 1, CNews et le JDD, 87% des Français estiment que la sécurité doit être une priorité pour le nouveau gouvernement.
10:25Je vous en parle parce que 12 personnels de la clinique privée Pays de Savoie à Annemas ont été agressés par deux frères, dont l'un se faisait soigner.
10:33Le personnel a exercé son droit de retrait, les urgences vont rouvrir lundi.
10:36Des agressions dans les hôpitaux, il y en a quasiment quotidiennement.
10:40Ça se multiplie, est-ce que ça vous inquiète ?
10:43Ça m'inquiète, je voudrais d'abord dire toute ma solidarité aux agents de l'hôpital d'Annemas, à l'ensemble des agents des services des urgences partout en France.
10:54C'est aussi une des raisons pour lesquelles nous travaillons sur les services des urgences, pour les organiser, pour mieux les fluidifier, pour éviter ces sujets.
11:02Mais c'est absolument inacceptable et ce type d'action doit faire l'objet de sanctions et je connais l'engagement du ministre de la Justice sur le sujet.
11:10Je voulais vous entendre également sur l'influenceur algérien qui a été arrêté à Montpellier pour des propos très violents sur les réseaux sociaux,
11:16qui a été expulsé vers l'Algérie. L'Algérie a dit non, on n'en veut pas, on l'interdit de territoire.
11:21Résultat des courses, il est revenu en France, il est dans un crat au Menil-Amelot près de l'aéroport de Roissy.
11:28Ça résume bien notre incapacité à maîtriser notre immigration ?
11:31C'est clairement un sujet, y compris dans les relations internationales.
11:35Maintenant, je pense que ça fait partie des attentes de nos concitoyens que la capacité de répondre sur ces sujets et de respect des valeurs de la République est également le sujet des réseaux sociaux.
11:48Moi, je fais partie de celles et ceux qui considèrent que les réseaux sociaux sont malheureusement un des canaux utilisés par nos concitoyens
11:57et qui sont des canaux qui, mal utilisés, peuvent atteindre notre cohésion sociale et je pense que là-dessus, il y a une vraie vigilance.
12:04C'est trop facile derrière des réseaux sociaux d'insulter les gens dans un anonymat qui, un, est une preuve de lâcheté et qui, deux, est inacceptable.
12:13C'est Bruno Retailleau qui a donné le go pour expulser cet individu.
12:18Bruno Retailleau qui veut interdire le port du voile dans les universités et pour les accompagnatrices de sorties scolaires.
12:24Vous le disiez à l'instant, vous êtes avant tout, j'allais dire avant d'être ministre, une élue locale à Reims.
12:30Vous êtes favorable, vous, à l'interdiction du port du voile islamique dans les universités et lors des sorties scolaires pour les maires accompagnatrices.
12:36Écoutez, moi, ça fait partie des sujets sur lesquels il faut probablement qu'on discute.
12:40Moi, je me souviens très bien de la discussion qu'on avait eue sur les différents signes ostentatoires qui nécessitaient qu'on soit vigilant.
12:48Après, je pense que toute la nécessité est de trouver un équilibre entre le respect des convictions des uns et les valeurs de la République.
13:00Pour moi, le numéro un, c'est le respect des valeurs de la République.
13:02Donc, les maires accompagnatrices doivent retirer leur voile ?
13:05Elles peuvent mettre des foulards.
13:07C'est-à-dire ? Quelle est la différence ?
13:09Vous avez des choix avec des signes qui sont moins ostentatoires que d'autres.
13:14Donc, un petit foulard, ça vous irait ?
13:16Un petit foulard, ça peut tout à fait respecter les convictions des uns et les valeurs de la République des autres.
13:21Tout est dans la nuance. Je pense que là-dessus, moins on aura d'attitudes provocatrices, mieux on se portera.
13:27Je pense que c'est ça qu'attendent nos concitoyens.
13:30Catherine Vautrin, est-ce que vous avez été choquée par les rassemblements de joie après la mort de Jean-Marie Le Pen ?
13:35Alors, je pense que la mort d'un homme mérite le respect.
13:40Et donc, à partir de là, on ne peut pas se réjouir de la mort d'un homme.
13:45Après, je ne suis pas du tout dans une logique qui serait une logique de réhabilitation ou autre.
13:52Chacun a son idée sur un personnage public.
13:56Mais un personnage public est avant tout quelqu'un qui a une famille, qui a des proches.
14:02Et le moment du deuil est un moment de respect.
14:05Brigitte Macron, et ça sera ma dernière question, dit que son mari, président de la République, Emmanuel Macron,
14:09est extrêmement blessé par tout ce qui se dit sur lui.
14:12Vous qui voyez souvent le président de la République, est-ce que vous le sentez blessé ?
14:16Et qu'est-ce que vous pensez de cette phrase de sa femme ?
14:19Je pense que le président de la République est élu démocratiquement, d'une part,
14:25qu'on n'a pas une fonction comme celle-ci sans être particulièrement engagé,
14:3124 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an,
14:35et qu'au-delà des convictions politiques de chacun, il y a le respect d'un homme, de son engagement,
14:41et il y a le respect de ce qu'il représente vis-à-vis de la République.
14:44Et donc moi, je redis mon soutien au président de la République,
14:47et je dis que le débat politique gagnerait à être plus respectueux de chacun des individus,
14:52parce que, je le répète, derrière chaque femme, chaque homme politique,
14:56il y a la personne en elle-même, sa famille, ses proches.
15:00Mesurons effectivement les propos.
15:02Je n'ai jamais été une adepte ni de l'invective, ni du non-respect.
15:07Cela ne fait pas avancer le débat, et c'est extrêmement dangereux pour notre démocratie.
15:12Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles,
15:16était avec nous ce matin sur CNews et sur Europe 1.
15:18Merci Madame la Ministre, bonne journée.
15:20Merci, bonne journée à tous.
15:21A bientôt.