• il y a 17 heures

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00:00Bienvenue au Coeur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:08Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la gendarmerie nationale ?
00:18Je m'appelle Jan Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:27Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:42L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls, les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:59Dans la grande station-service sur l'autoroute principale, les nuits se suivent, longues, froides.
01:10Je suis pompiste de nuit, je travaille d'arrache-pied et je suis un garçon plutôt serviable.
01:16Enfin, c'est du moins ce que pense de moi mon patron, le vieux Dubrovski.
01:21Le vieux Dubrovski ressemblait à tous les patrons que j'avais eus jusqu'ici.
01:25Ce n'était pas trop désagréable de travailler pour lui si on était un peu futés.
01:30Voyez ?
01:32Un après-midi, il nous remit les enveloppes qui contenaient nos primes.
01:36Oui, il lui arrivait de nous donner un petit bonus de temps en temps, trois, quatre fois par an.
01:41Cette fameuse après-midi, les employés se plaignirent de l'insuffisance flagrante du contenu de leurs enveloppes.
01:49Même Dubrovski avait l'air gêné.
01:52Il donnait l'impression de vouloir s'excuser.
01:55C'était si drôle que j'ai failli leur éclater de rire au nez.
02:00Quelquefois, il m'invitait aussi à dîner avec les autres gars de la station-service.
02:06Alors il nous déballait son histoire de grande et heureuse famille,
02:10avec une fâcheuse tendance à nous filer de grandes claques dans le dos,
02:14en appelant tout le monde fiston.
02:17Il allait même jusqu'à nous faire miroiter des participations au bénéfice,
02:21profitant sournoisement de la naïveté ambiante.
02:26Je le regardais faire son numéro.
02:29À l'écouter, on l'aurait cru sincère.
02:32Mais moi, j'étais pas dupe.
02:35La station-service se trouve à environ un demi-mille sur l'autoroute principale,
02:41suffisamment proche pour bénéficier d'une partie de la clientèle locale
02:46et suffisamment éloignée pour attirer les voyageurs de commerce et les touristes.
02:52De huit heures du soir à quatre heures du matin, je pompe de l'essence,
02:56je verse de l'huile et je lave les pare-brises.
02:59Ça n'arrête pas de défiler.
03:02Comme toujours, je me suis rapidement mis au courant du boulot.
03:07Et le vieux Dubrovski ne se doute pas une seconde que,
03:10depuis les quelques mois que je travaille pour lui,
03:13j'ai déjà trouvé les moyens de lui soutirer une jolie part du gâteau.
03:19Je dois dire que je suis très fort pour ça.
03:23La plupart du temps, j'arrive toujours quelques minutes avant huit heures.
03:26Comme ça, je suis avec le responsable de la station
03:29quand il relève le compteur des pompes et établit l'inventaire des bidons d'huile.
03:34Et toutes les nuits, c'est la même routine.
03:37On échange des petits regards complices pour se dire que tout est en ordre.
03:42Peu de mots.
03:44C'est par ce biais que j'instaure la confiance.
03:47Ensuite, j'attends qu'il prélève toute la recette,
03:50excepté la monnaie et les dix billets de un dollar
03:53qui servent de fond de caisse à l'ouverture.
03:56Puis, le responsable met le tout dans une enveloppe
03:59qu'il glisse dans le coffre du vieux Dubrovski au travers d'une fente.
04:04Lorsque l'argent disparaît dans la fente,
04:07alors je prends mon service officiellement.
04:10Pourtant, quelquefois, un des gars reste plus tard
04:13pour bricoler sur sa voiture ou tenir compagnie.
04:17Et c'est là que tout devient beaucoup plus délicat.
04:23En général, ils ne traînent pas trop longtemps,
04:26comme si le fait de rester seul avec moi les mettait en danger de mort.
04:31Enfin, quand il n'y a plus personne, que la station est sous mon unique protection,
04:37je vais dans l'atelier,
04:40je m'unis d'un tournevis long et mince
04:44et j'entreprends mon véritable plan d'attaque.
04:48Je frôle les pompes à essence,
04:51je caresse leur métal froid jusqu'à la vitre,
04:54je glisse rapidement ma main derrière les plaques
04:57et, d'un petit geste qui demande une grande précision,
05:01je décale chaque compteur de cent litres en arrière.
05:06Je vous l'ai dit, je suis très fort pour ça.
05:11Et les huit pompes de la station se laissent posséder de la même manière.
05:15Ça fait à peu près 800 litres d'essence de gagné chaque soir.
05:20C'est un bon truc.
05:22Mais ce n'est pas ma seule combine.
05:24Ah non, il y a aussi les bidons d'huile.
05:27Je dois avouer que ça ne me procure pas le même plaisir que les pompes,
05:31mais ça peut rapporter pas mal quand on est un garçon souriant comme moi.
05:37Je ne prends jamais plus de deux douzaines de bidons d'huile de premier choix.
05:41Des bidons vides, bien sûr,
05:43et je les remplis d'une huile ordinaire que je récupère sur une barrique
05:47planquée de l'autre côté de la station.
05:49Après quoi, je les range sur le présentoir derrière les bidons d'huile supérieurs
05:54pour les repérer sans problème.
05:56Évidemment, c'est bien moins excitant que mon petit trafic sur les pompes à essence.
06:02Il faut dire que j'ai très peu de temps pour mettre en plan le dispositif.
06:06Il ne faut jamais que je perde de vue qu'un client pourrait surgir.
06:12Pour peaufiner mon installation,
06:15je vais chercher dans le coffre de ma voiture une caisse de bouchons de réservoir.
06:21Vous savez, des simples bouchons d'essence.
06:25Je dépose la caisse tout près de la cabine comme si elle avait toujours été là.
06:30Je n'ai pas besoin de la cacher.
06:32Et vous allez voir que les clients n'y voient que du feu.
06:37À présent, je suis fin prêt.
06:41Le vieux Dubrovski ne peut pas savoir à quel point je jubile
06:45à l'idée de travailler à 75% pour lui et à 25% pour moi.
06:50C'est ça que j'appelle faire des affaires, moi.
06:54Et je suis très fort pour ça.
06:59J'avoue que les clients ne sont pas trop difficiles non plus.
07:04Surtout les clientes.
07:06Mon truc marche particulièrement bien avec les femmes.
07:09Tenez, quand j'envoie une arrivée, toute pomponnée, dans sa jolie voiture,
07:13je me frotte les mains.
07:15Je sais qu'elles adorent qu'on s'occupe d'elles,
07:18alors je ne manque jamais de leur faire le pare-brise.
07:22Pendant que je m'applique à la tâche,
07:24elles restent le cul bien au chaud dans leur bagnole à se refaire une beauté.
07:28Elles ne peuvent pas voir le compteur quand je verse un petit peu moins d'essence
07:31ou quand je leur fais payer plus que la somme enregistrée.
07:34Je suis rapide pour remettre les cadrans à zéro
07:37tout en les remerciant de mon plus beau sourire.
07:41Et presque tous les jours,
07:43il y a bien une vingtaine de bonnes femmes qui roulent pour moi
07:46et qui me permettent d'arrondir mes fins de mois.
07:50Je sais séduire quand il le faut.
07:54Et ça me va.
07:57Bien sûr, ça ne peut pas continuer comme ça indéfiniment.
08:01Il y a énormément de pertes dans l'essence, c'est évident.
08:05Mais là, je prends des risques.
08:08Tôt ou tard, soit le vieux Dubrovski, soit le responsable du secteur
08:12vont bien finir par se rendre compte qu'ils se font avoir.
08:15J'ai toujours eu un sixième sens pour ce genre d'histoire.
08:21Quand, pour la première fois, je les ai vus sonder les réservoirs
08:25avec une longue jauge graduée avant qu'on vienne nous livrer,
08:29j'ai décampé en ville en quatrième vitesse.
08:32Mais tant que ça dure, je ramasse gros.
08:37Tout est si bien organisé.
08:40Pendant que je lave la piste à grand dos et que je fais place nette,
08:44j'ai un petit peu de temps pour estimer combien j'ai gagné
08:47sur le dos du vieux Dubrovski et des paumées qui viennent toutes les nuits
08:51et qui repartent blousés.
08:54Aussi souvent que je le peux, je leur fourgue à bon prix l'huile de second choix.
08:59J'ai une astuce qui consiste à garder un doigt sur la jauge
09:03de manière à ce qu'elle ne puisse s'enfoncer jusqu'au bout.
09:06Je peux ainsi leur faire croire qu'il manque un peu d'huile dans leur moteur.
09:09Ensuite, si je ne suis pas surveillé de trop près,
09:12je mets au point mon regard le plus sincère
09:15et j'arrive même à leur vendre un bidon vide.
09:19Mon flair ne me trompe jamais.
09:22D'habitude, je réserve cette combine aux clients qui se précipitent aux toilettes
09:25aussitôt leurs voitures arrêtées.
09:28Pourtant, ce qui m'amuse le plus,
09:31c'est de me faire un peu de frais grâce aux bouchons de réservoir.
09:36Bon, il n'y a pas tellement d'argent à en tirer vu de l'extérieur,
09:39sur le nombre.
09:42Et comme ils se font tous avoir, les clous comme les types biens,
09:45je m'en sors.
09:48Il n'y a pas de petit bénéfice, n'est-ce pas ?
09:51Et je suis très fort pour ça.
09:58Jusqu'où ira ce pompiste indélicat
10:01pour exploiter son patron et manipuler les clients ?
10:05De quelle magouille est-il encore capable ?
10:08Qu'est-ce passerait-il si, un jour,
10:11des individus sans scrupules venaient à déjouer son stratagème ?
10:15C'est ce que vous découvrirez dans quelques instants.
10:26Le pompiste de la station-service travaillait depuis quelques mois
10:29pour le vieux Dubrovski.
10:32En vérité, il s'était organisé un petit business très privé
10:36et les bonus de son patron paraissaient bien maigres
10:39en comparaison de ses nombreux larcins.
10:42Surtout quand certaines voitures s'arrêtaient dans le coin.
10:50Lorsqu'une de ses voitures de luxe, immatriculées dans un autre état,
10:53se range le long des pompes à essence,
10:56j'examine furtivement la tête du conducteur.
11:00En deux temps, trois mouvements, je repère son genre,
11:03s'il est seul, et puis ses chaussures.
11:06Ah oui, oui, j'ai oublié de vous dire, j'ai une sale manie,
11:09je regarde les godasses.
11:12Important, les godasses, parce qu'il y a des clients
11:15qui nous la jouent grande frime avec leur belle bagnole,
11:18mais quand tu vois les godasses, t'as tout compris.
11:21J'ai mis longtemps, moi, à saisir ce détail,
11:24mais maintenant, je passe direct de la tête au pied.
11:27Celui-là, il a du fric, c'est sûr.
11:30Celui-là, il n'en a pas.
11:33Avec tous ces indices, ma tête gamberge vite.
11:36Je glisse alors le bouchon de son réservoir
11:39dans une poche de ma salopette.
11:42Au travers de la vitre arrière, je fixe attentivement sa nuque
11:45qui n'a pas bougé. Je m'avance vers lui d'un pas assuré
11:48et je lui joue le premier acte de ma petite comédie
11:51que j'improvise suivant le type.
11:54Dites-moi, monsieur, vous avez remarqué
11:57que votre consommation d'essence est anormale?
12:00Comment ça? Répondent-ils toujours.
12:03Vous est-il déjà arrivé, jeune homme, de rencontrer quelqu'un
12:06de satisfait de sa consommation d'essence?
12:09En y réfléchissant, maintenant que vous me le dites,
12:12j'ai bien l'impression que vous avez raison.
12:15Exactement ce que j'avais prévu.
12:18Et avec la même assurance, je dis...
12:21Eh bien, monsieur, à la dernière station où vous êtes arrêté,
12:24vous avez probablement oublié de remettre votre bouchon.
12:27C'est pas étonnant que vous ayez perdu de l'essence.
12:30Je parierais que vous en avez bien perdu 5 ou 6 litres sur 20 ou 30 000.
12:33Vous avez même dû en gaspiller pas mal chaque fois que vous accélériez.
12:36Il réfléchit et d'un air inquiet me demande...
12:39Pourriez-vous me vendre un autre bouchon, jeune homme?
12:42Oh, je suis désolé, monsieur.
12:45On n'en a plus en stock ici.
12:48Mais attendez, je pourrais peut-être vous en céder un d'occasion.
12:52Je me dirige alors d'un parapluie vers la caisse où se trouvent mes bouchons.
12:55Je fouille jusqu'à ce que j'en trouve un qui convienne
12:58et je le visse à fond, après avoir fait le plein.
13:03Qu'ils aient un vieux taco ou une bagnole de luxe,
13:06ils mordent tous à l'homme son.
13:09La plupart du temps, d'ailleurs, on me donne non seulement 2 dollars pour le bouchon,
13:12mais aussi un pourboire généreux en plus.
13:15Dès que la voiture est hors de vue,
13:18je sors le bouchon de ma poche et je le mets de côté dans la caisse avec les autres.
13:21Il me servira sûrement un jour pour un autre pigeon.
13:26Mon travail se passe toujours comme ça.
13:29Je pompe de l'essence, je verse de l'huile,
13:32je nettoie les parts brisées, je vends des bouchons.
13:36Le vieux Dubrovski me voit parfois m'affairer bien plus que les autres employés.
13:39Pourquoi pas, hein?
13:42Ça m'est égal de travailler dur.
13:45Je suis seul maître à bord,
13:48c'est comme si j'étais mon propre patron dans ma propre station.
13:54Au petit matin, vers les 2 ou 3 heures,
13:57quand il y a moins à faire,
14:00je m'active encore plus pour parfaire mon petit dispositif.
14:04Le vieux Dubrovski ne se doute pas de quoi je suis vraiment capable.
14:10Un matin de bonne heure, alors que j'arrosais la piste,
14:14deux jeunes gars sont arrivés en voiture.
14:17En levant la tête, j'ai vu tout de suite qu'ils étaient différents
14:20des clients que j'avais eus jusqu'ici.
14:23Ils avaient l'air de vrais sauvages,
14:26et avec leurs cheveux qui tombaient sur les épaules,
14:29on aurait dit des hippies.
14:32Ils avaient une vieille décapotable esquintée,
14:35les pare-chocs défoncés et un tuyau d'échappement qui faisait un bout comme enfer.
14:38Les gars étaient assis et faisaient ronfler leur moteur
14:41en me demandant que je laisse mon tuyau d'arrosage
14:44et que je me dirige vers leur voiture.
14:47Je connaissais bien ce genre-là.
14:50Ils voulaient sans doute un dollar ou deux d'essence,
14:53et il n'y avait sûrement pas moyen de les rouler.
14:56« Deux dollars d'ordinaire ! » a fait le gosse assis au volant.
14:59« Vérifiez aussi l'huile ! » a lancé son copain avec un sourire ironique.
15:05J'ai levé le capot et j'ai donné un coup de chiffon à la jauge.
15:08J'avais aucune raison d'essayer de tricher sur le niveau.
15:11J'ai donc pris la mesure avec exactitude,
15:14et puis je l'ai montrée au gamin.
15:17« Il vous en reste un peu plus des trois quarts ! »
15:20Pendant que je replaçais la jauge,
15:23j'ai entendu rire un des deux gars,
15:26mais j'avoue que je n'y ai pas prêté attention.
15:29J'ai fermé le capot, je suis passé à l'arrière de la voiture
15:32et j'ai commencé à verser deux dollars d'essence.
15:38Le jeune gars ne quittait pas le compteur du regard
15:41pour s'assurer que je lui en donnais bien jusqu'à la dernière goutte.
15:44Je m'apprêtais à raccrocher le tuyau sur la pompe
15:47quand je me suis aperçu que plusieurs bidons d'huile,
15:50les bons, manquaient.
15:53Il n'était pas possible que je me trompe.
15:56On voyait même quelques-uns des vieux bidons
15:59que j'avais remplis avec de l'huile ordinaire
16:02et que je dissimulais toujours derrière.
16:05La décapotable avait dû voler les bidons d'huile
16:08pendant que j'étais penché sous le capot de la voiture.
16:11Le tuyau d'essence en main,
16:14je fais le tour de la guimbarde
16:17et je me suis approché du gars qui était au volant
16:20et je me suis mis à tapoter l'aile du véhicule
16:23avec le bout de mon tuyau.
16:26« L'huile ! » que je lui ai dit.
16:29« Remettez-la où qu'elle était ! »
16:33Son copain me fixa en me défiant du regard.
16:36« Remets les bidons à leur place ! »
16:39que je dis une nouvelle fois.
16:42Le gosse au volant cracha avec désinvolture
16:45en me frôlant de près.
16:48L'autre me souffla à la figure sa fumée de cigarette.
16:51Ils se comportaient tous les deux comme si je n'étais pas là.
16:54En les regardant, je me disais
16:57« Qu'est-ce que je peux détester
17:00les gens qui se croient plus intelligents que les autres ? »
17:03Je veux dire par là que je les méprise vraiment.
17:06Alors je me suis mis en colère.
17:09« Pour la dernière fois, remets les bidons à leur place ! »
17:14Les deux gosses m'ont dévisagé
17:17et celui qui était au volant a dit à son copain
17:20« Viens, allons-y, on va y filer une bonne correction
17:23à ce mec qui se permet des allusions déplaisantes. »
17:26Au moment où ils allaient ouvrir les portes de la voiture,
17:29de ma main droite, j'ai pointé le tuyau d'essence
17:32sur le siège avant et j'ai appuyé sur le piston.
17:35Aussitôt, un liquide orange a jailli, aspergeant les deux gosses.
17:38Celui de droite a poussé un hurlement de surprise
17:41et sa cigarette est tombée de sa bouche ouverte
17:44provoquant une gerbe d'étincelles.
17:47Et la voiture s'est enflammée instantanément.
17:50Je m'en suis tiré de justesse avec les sourcils brûlés.
17:53Et les deux gosses, ben ils sont morts là où ils étaient assis
17:56avec la meilleure huile planquée sous leur siège.
17:59Et puis, il y a eu l'inévitable ballet
18:02des sirènes et des gyrophares,
18:05des uniformes de la police et des blouses blanches des ambulanciers.
18:08Les photographes se sont bousculés pour prendre des photos
18:11sur tous les angles possibles et imaginables
18:14pendant qu'on glissait les deux corps carbonisés
18:17dans des sacs plastiques.
18:20J'ai raconté aux policiers comment c'était arrivé.
18:23Les gosses avaient volé de l'huile et s'étaient foutus de moi.
18:26Ils m'avaient rendu tellement furieux quand je leur avais demandé
18:29de me rendre les bidons volés que je les avais inondés
18:32en pressant par inadvertance sur le pistolet du tuyau d'essence.
18:35Bien sûr, c'était un terrible et regrettable accident
18:38qu'une cigarette les ait transformés
18:41en véritables torches vivantes.
18:44Personne ne douta de ma version.
18:47Les flics me dirent que j'aurais probablement
18:51à me présenter au commissariat.
18:54Et ils me laissèrent tranquille.
18:58Le vieux Dubrovski arriva à la station à ce moment-là
19:01et je lui racontais ce qui s'était produit.
19:04« Ah, s'il y a une chose que je hais foncièrement,
19:07M. Dubrovski, c'est bien le vol et les voleurs.
19:10Moi aussi, mon garçon.
19:13Pendant que tu répondais aux questions des policiers,
19:16j'ai trouvé que tu m'as volé dans ton tiroir.
19:19Et je me souviens, tout d'un coup,
19:22que je n'avais pas eu le temps de faire disparaître
19:25le petit magot que j'avais ramassé la nuit dernière.
19:28Je levais les yeux sur le vieux Dubrovski
19:31et, pour la première fois depuis que je travaillais à la station,
19:34il n'avait pas l'air ridicule.
19:37Je lui donnais de l'élan à son gros point
19:40et puis, pouf,
19:43je n'ai plus rien vu du tout.
19:46J'en pris connaissance grâce à un type
19:49qui avait pris la relève de Dubrovski
19:52et qui m'aspergeait copieusement d'eau
19:55alors que j'étais étendu sur la piste.
19:58« Le vieux te conseille de foutre le camp ! »
20:01qu'il me dit.
20:04Et il ponctuait ses paroles en me balançant
20:07des coups de pied dans les côtes avec ses grosses godasses.
20:10Alors je suis parti.
20:13Quelle poisse !
20:16Je n'avais pas encore épuisé la moitié des ressources
20:19de la station Dubrovski
20:22et ces deux petits crétins de hippies
20:25qui étaient venus pour me voler mes bidons
20:28et qui m'avaient fichu ma combine en l'air.
20:31Quelle jeunesse !
20:43Sous-titrage Société Radio-Canada

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