Capucine Coudrier, autrice du compte Instagram « Ovaires the rainbow », raconte son expérience de victimes de violences conjugales quand elle avait entre 15 et 18 ans.
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00:00Pour moi, la victime de violences conjugales, c'était une femme adulte, mariée, qui a des enfants
00:04et qui se prend des gifles par son mari quand elle rentre chez elle le soir.
00:08Mais en fait, on ne me sensibilisait pas sur ce qui pouvait me concerner à mon âge.
00:12Moi, j'ai vécu des violences conjugales avec mon premier copain quand j'étais ado,
00:16de 15 à 18 ans, quand j'étais au lycée en fait.
00:19On avait tous les deux le même âge.
00:21C'était des violences à la fois psychologiques, physiques et sexuelles.
00:25Au tout début de la relation, ça se passait très bien.
00:27Il me disait que j'étais la femme de sa vie, qu'il ferait tout pour moi, etc.
00:32Les violences, elles ont vraiment commencé progressivement.
00:35Ça a commencé surtout par la jalousie.
00:37Il voulait tout le temps savoir ce que je faisais, où j'étais, avec qui, etc.
00:42Très vite, il a commencé à mettre des sortes de limites sur ce que j'avais le droit ou pas de faire.
00:46Et au fur et à mesure, c'est sûr qu'il y a eu d'autres violences qui se sont développées petit à petit.
00:51Les violences physiques, par exemple.
00:54Dans mon cas, ça pouvait être me serrer très fort le bras,
00:57me pincer, me pousser, me bousculer, jeter des objets aussi.
01:02Dans mon imaginaire, les violences conjugales physiques,
01:05c'était des coups de poing, des gifles, des coups de pied.
01:09Et du coup, je me disais que moi, ce que je vivais,
01:11ce n'était pas assez violent pour que ce soit considéré comme des violences.
01:14Au niveau de la sexualité, ça a été comme le reste.
01:17C'est-à-dire qu'au départ, ça se passait bien.
01:19Et en fait, c'est vraiment au fur et à mesure,
01:21si moi, je ne voulais pas avoir un rapport ou si je ne voulais pas faire quelque chose ou quoi que ce soit,
01:25du coup, il allait insister.
01:27Il allait me faire du chantage.
01:29Il allait me manipuler pour obtenir ce qu'il voulait.
01:31Il allait me punir.
01:33Il allait me forcer.
01:34Je savais très bien ce que c'étaient les agressions sexuelles et les viols.
01:37Mais sauf que pour moi, ça ne pouvait pas se passer dans un couple.
01:40Il y avait vraiment le cliché de le viol, c'est quelqu'un que tu ne connais pas,
01:45qui va t'agresser en soirée ou dans la rue, etc.
01:48Pour moi, ça ne pouvait pas être ton copain, la personne avec qui tu partages ta vie
01:53parce que je me disais que c'est la personne avec qui je suis censée me sentir la plus en sécurité.
01:58Ce qui a fait que vraiment, j'ai réussi à partir, c'est qu'il m'a trompée,
02:02même si techniquement, c'était moins grave que tout ce qu'il avait pu me faire auparavant.
02:05C'est vraiment ça qui m'a permis de me dire, OK, là, maintenant, je le quitte.
02:09Je me suis beaucoup posée la question de la plainte ou pas.
02:12Mais finalement, j'ai quand même décidé de le faire.
02:14Et en fait, ma motivation principale, ça a vraiment été de me dire,
02:18si jamais il recommence avec d'autres femmes et qu'ensuite, elle porte plainte,
02:22au moins, il y aura ma plainte aussi.
02:23Et du coup, ça pourra peut-être appuyer leurs propos.
02:25Il y a vraiment un gros problème sur la manière dont on sensibilise aux violences conjugales
02:30parce qu'on parle beaucoup des violences conjugales chez les adultes.
02:34Et c'est tant mieux.
02:35Mais du coup, on néglige complètement les jeunes adultes et les adolescents.
02:40Donc, il y a vraiment un gros travail à faire sur le sujet.
02:43Moi, j'essaie de le faire un peu en en parlant sur mes réseaux sociaux
02:45et en intervenant dans des établissements scolaires.
02:48Clairement, les conséquences des violences conjugales,
02:51ce n'est pas juste pendant la relation, c'est vraiment longtemps après.
02:56Moi, j'étais complètement traumatisée que je ne savais pas qui j'étais,
02:59que je devais vivre avec le stress post-traumatique,
03:02les cauchemars en flashback toutes les nuits.
03:05Et puis, ce sentiment de culpabilité et de honte qui met quand même beaucoup de temps à partir.
03:10Mais ce n'est pas quelque chose qui va nous poursuivre toute notre vie.
03:13C'est important de montrer qu'on peut avoir été victime de violences
03:16et que pour autant, on peut être une personne très heureuse,
03:19très épanouie et vivre sa meilleure vie.
03:23Donc voilà, pour moi, c'est important de terminer là-dessus.