E. Lévy : "Je revendique le droit de dire que je n’aime pas le hijab sans être traitée de raciste"

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04– Elisabeth Lévy, bonjour.

00:06– Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.

00:07– Nous sommes jeudi, Elisabeth Lévy, Françoise Degoy sont réunies.

00:11Oui, Bruno Rotailleau veut interdire le voile à l'université

00:15dans les sorties scolaires des mères,

00:18puisque vous n'aimez pas que j'emploie le mot maman,

00:21des mères accompagnatrices.

00:23– En fait il voudrait surtout que le Parlement l'interdise,

00:27ce qui n'est pas franchement d'actualité je crois.

00:29Et le gouvernement n'a évidemment pas l'intention non plus

00:33de se saisir de cette patate brûlante.

00:36Les présidents d'universités s'en comptent,

00:38la gauche médiatico-insoumise crie à l'islamophobie,

00:42accusation dont soit dite en passant,

00:44elle devrait avoir la pudeur de s'abstenir,

00:47car maintenant on sait qu'elle peut tuer.

00:49Mais enfin bon, cette interdiction n'arrivera pas,

00:52évidemment pas maintenant.

00:53Mais pourtant, au-delà de ça,

00:56l'idée de Bruno Retailleau repose quand même un débat essentiel,

01:00un débat auquel on essaye tout le temps d'échapper.

01:03Dans un monde paisible ou normal,

01:05je voulais choisir le terme où les mœurs françaises règneraient,

01:08où l'islam comme toutes les cultures minoritaires

01:11accepterait de s'adapter à la culture aux mœurs majoritaires.

01:15– Et à la loi de la République.

01:16– Et surtout, oui, évidemment à la loi, ça va s'en dire,

01:20vous avez raison de l'ajouter.

01:21Mais aussi de se cantonner, ce qui va avec ce que vous dites Jean-Jacques,

01:24à la sphère religieuse, je trouverais les propositions de Bruno Retailleau

01:29assez peut-être inutiles et je m'y opposerais.

01:32Alors pour l'école, pourquoi ?

01:34Pour l'université, pourquoi ?

01:35Parce que l'argument qu'on emploie,

01:37juste raison pour interdire le voile,

01:39les signes religieux à l'école,

01:41c'est qu'il faut laisser aux jeunes conscience

01:43la possibilité de faire l'apprentissage de la liberté.

01:46Mais pour l'université, évidemment,

01:48il est réversible puisque ce sont des adultes.

01:50Alors qu'on empêche les prières dans les couloirs de l'université,

01:54ça somme quand même le minimum, cher François.

01:57Et pour les mères voilées,

01:59c'est vrai qu'elles veulent participer à la vie de l'école,

02:02ce qui est plutôt un bon signe.

02:03Et surtout, d'une manière générale,

02:06il est toujours préférable, quand on le peut,

02:08de dénoncer peut-être des phénomènes,

02:10mais sans blesser les individus.

02:12Par exemple, moi je dénonce l'immigration,

02:14mais je ne veux pas m'en prendre particulièrement,

02:16spécifiquement à des immigrés.

02:19Et même s'agissant du voile islamique,

02:21pour lequel j'ai assez peu de sympathie,

02:22mon premier réflexe, ce serait donc de n'interdire qu'avec la main qui tremble.

02:28– Alors pourquoi faudrait-il faire une exception ?

02:30– Eh bien, parce que Emmanuel Macron vous dirait que nous sommes en guerre,

02:35mais je vais le dire autrement,

02:37nous sommes confrontés à l'expansion d'un islam identitaire politique et radical,

02:41donc qui n'est pas l'islam religion,

02:43qui entend contrôler la société musulmane en France,

02:47mais aussi changer la France.

02:49Selon Bruno Retailleau, ça c'était dans le Parisien,

02:51les frères musulmans ont une stratégie de conquête clande,

02:54qui vise à s'infiltrer dans tous les secteurs,

02:57cultuel, culturel, sportif, social, municipal, on en a souvent parlé.

03:01Or, le voile, donc les jeunes filles,

03:03le voile c'est une arme privilégiée de cette conquête,

03:06un moyen de nous tester.

03:08Je vous rappelle, au passage quand même,

03:09que c'est un signe de la soumission de la femme,

03:12de l'assujettissement des iraniennes,

03:14et c'est aussi l'uniforme de nos ennemis, des djihadistes,

03:18de ceux qui nous attaquent,

03:19qui ont tué les gars de Charlie.

03:23Alors vous allez me dire que, pour beaucoup,

03:26c'est simplement une question religieuse,

03:28une question de foi, ça ne nous regarde pas.

03:30Oui, certes, sans doute,

03:32mais comment distinguer le voile religieux du voile politique,

03:35le voile français du voile djihadiste ?

03:37Alors moi je dirais que quand même,

03:39il faut rappeler une chose,

03:40c'est pour ça que la proposition de Bruno Retailleau a de l'intérêt,

03:43c'est que la France a le droit collectivement de fixer des limites,

03:47de décider quelles sont les différences que nous acceptons

03:50et celles que nous n'acceptons pas.

03:52Par exemple, nous avons interdit la burqa,

03:54ça ne gêne personne, je crois, enfin pas grand monde.

03:56Et pendant que nous ergotons, tortillons et droits de l'homme isons,

04:00et bien les frères musulmans, eux, utilisent en permanence

04:03notre tolérance, nos droits de l'homme, nos libertés contre nous.

04:06Alors moi j'aimerais dire à mes compatriotes musulmanes,

04:08celles qui aiment leur pays, il y en a beaucoup,

04:10que Paris vaut bien un coulard,

04:12mais puisque je le sais,

04:14il n'y a pas de majorité ni à l'Assemblée Nationale,

04:16ni dans le pays, d'ailleurs je crois,

04:18je m'en désole, pour étendre l'interdiction,

04:21je m'incline, mais alors, je veux bien, d'accord,

04:23j'accepte, ok, le voile,

04:25mais alors je revendique le droit de proclamer

04:27que je n'aime pas le hijab,

04:29sans être traité de raciste.

04:31Et d'ailleurs moi je ne traite jamais Elisabeth Lévy de raciste,

04:35parce qu'elle est toujours, contrairement à d'autres,

04:37elle est très subtile et elle est extrêmement fondée

04:39dans ses arguments.

04:41Ah bah beaucoup de gens, c'est bon,

04:43vous ne lisez pas Twitter,

04:45mais en même temps, qui est accusé ?

04:47Nobody.

04:49Pour tout vous dire, il y a une chose qui s'est passée

04:51avec Twitter qui, avant,

04:53quand on se faisait accuser dans le monde,

04:55parfois d'ailleurs,

04:57ce n'était pas mon cas, je n'étais pas assez importante à cette époque,

04:59eh bien, ça pouvait vraiment,

05:02vous nuire.

05:04Honnêtement, moi je ne me rappelle pas

05:06que qui que ce soit ait cessé de m'adresser la parole,

05:08parce que quelqu'un avait dit

05:10des horreurs sur moi sur Twitter.

05:12Ça n'a aucune espèce de conséquence.

05:14Non mais moi, ce que j'aime, c'est la fatalité

05:16de votre édito en disant, de toute façon,

05:18ça ne sert à rien, je sais que ça n'arrivera pas,

05:20mais je continuerai à dire que je suis contre le voile,

05:22etc.

05:24Il faut rappeler juste

05:26qu'il y a un combat à mener.

05:28Non mais je suis d'accord avec vous, il y a un combat à mener

05:30contre le frérisme, ça me paraît tout à fait évident.

05:32Ensuite, la question des accompagnateurs, moi ça m'ennuie

05:34que Bruno Retailleau, si vous voulez,

05:36se ressaisisse à nouveau de ce sujet

05:38qui est un sujet presque de communication,

05:40mais de communication politique.

05:42On rentre évidemment

05:44dans ce moment où ça va être la bagarre

05:46entre Darmanin, j'espère qu'on va atterrir

05:48sur une stabilité politique,

05:50peut-être enfin avec un budget,

05:52avec des choses lâchées à la gauche

05:54sur les retraites, et donc on va assister

05:56à ce qu'on a dit, c'est-à-dire,

05:58les trois vont monter à l'échelle des perroquets

06:00pour être celui qui a la plus grosse voix.

06:02– C'est-à-dire les trois ?

06:04– Les trois anciens premiers ministres,

06:06vous avez Gérald Darmanin, vous avez Bruno Retailleau

06:08et vous avez Manuel Valls.

06:10Ils font profil bas parce qu'on ne sait pas

06:12combien de temps ils vont durer,

06:14mais là ça va commencer, donc on va avoir

06:16cette surenchère, moi je mets la proposition

06:18de Bruno Retailleau dans le cadre

06:20de cette surenchère, je ne suis pas du tout

06:22d'accord avec l'idée d'interdire,

06:24mais là où je suis d'accord, Elisabeth,

06:26je suis d'accord avec vous sur l'offensive

06:28politique des fréristes, mais elle ne passe pas

06:30par les mamas qui accompagnent à mon avis.

06:32– Je veux juste dire,

06:34il me semble, on est au moment

06:36où on fait cette célébration

06:38des 10 ans, et ce qu'on doit

06:40réaliser maintenant, c'est que pendant 10 ans

06:42non seulement, nous n'avons pas

06:44avancé, mais nous avons reculé,

06:46nous avons fait des grandes proclamations

06:48et il est temps, comme le dit Sophia Aram

06:50par exemple, d'arrêter,

06:52moi j'ai toujours dit, mes concitoyens

06:54musulmans sont adultes,

06:56ils sont capables d'entendre, un, des critiques,

06:58deux, des demandes.

07:00Excusez-moi, vous connaissez

07:02tous l'histoire de Napoléon et des Juifs,

07:04on leur a demandé des concessions,

07:06et donc,

07:08il est temps de parler

07:10ce langage-là, de dire, les clubs sportifs

07:12c'est pas possible, à l'hôpital

07:14tu m'enquiquines pas pour avoir un médecin

07:16comme ci ou un médecin comme là, il faut

07:18maintenant dire que nous n'acceptons

07:20pas des choses, alors malheureusement,

07:22quand tu fais ça, parce qu'il faut

07:24le faire maintenant avec force, effectivement

07:26on risque de blesser des individus,

07:28mais de toute façon, on discute

07:30en fait en théorie, moi je dis juste qu'il faut

07:32mener le combat, ça ne se fera pas

07:34sur cette affaire de merguez.

07:36Je voudrais qu'on mène le combat sur

07:38le financement des mosquées, je voudrais qu'on mène un combat

07:40encore plus difficile sur les prêcheurs,

07:42nous savons, ils sont identifiés,

07:44il faut mener ce combat, je suis d'accord,

07:46autant je suis sévère avec Sophia Aram,

07:48parce que dans la baston avec Émeric Caron,

07:50qui est grotesque, et j'ai déjà dit

07:52tout le mal que je pensais de son attitude,

07:54j'ai trouvé que c'était idiot de la part de

07:56Sophia Aram, de le traiter d'about,

07:58on sait tous très bien que c'est un chef de gaie,

08:00c'était débile complètement, par contre,

08:02moi ça ne m'a pas du tout fait marrer,

08:04parce que ça ne crée aucune valeur,

08:06par contre là où elle a raison,

08:08c'est ce qu'elle a dit hier,

08:10elle a raison de dire qu'on ne peut pas considérer

08:12qu'il y a une catégorie qui ne peut pas être secouée,

08:14qui est fragilisée, qui est la catégorie

08:16des musulmans de France. Les musulmans de France

08:18sont des adultes, je suis d'accord

08:20avec vous, ce sont des adultes.

08:22Merci mesdames, et nous parlerons

08:24tout à l'heure, évidemment,

08:26d'Elon Musk et de Zuckerberg,

08:28juste après

08:30la pub,

08:32et ensuite nous aurons Benjamin Gleize

08:34qui viendra avec nous, nous rejoindre.

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