Dix ans après les attentats de Charlie Hebdo et de Montrouge (Hauts-de-Seine), un hommage est rendu dans la commune ce mercredi 8 janvier à Clarissa Jean-Philippe, tuée par le terroriste Amedy Coulibaly le 8 janvier 2015, alors qu'elle était en patrouille.
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00:00C'est le maire de la ville qui va rappeler les faits.
00:03Monsieur le ministre, mesdames et messieurs les parlementaires,
00:08messieurs les préfets, mesdames et messieurs les élus,
00:12mesdames et messieurs les présidents d'associations,
00:15monsieur le président du consistoire de Paris-Ile-de-France,
00:19mesdames, messieurs,
00:21nous sommes réunis ce matin pour honorer la mémoire de madame Clarissin-Jean-Philippe,
00:26brigadier de police municipale de la ville de Montrouge,
00:30chevalier de la Légion d'honneur, victime du terrorisme islamique
00:34dans l'accomplissement de son devoir le 8 janvier 2015.
00:38La parole est donnée à monsieur Étienne Langereau, maire de Montrouge.
00:57Monsieur le président de la République,
01:01madame la présidente de l'Assemblée nationale,
01:04monsieur le premier ministre,
01:06monsieur le ministre d'Etat, monsieur le ministre,
01:09madame la ministre, mesdames et messieurs les parlementaires,
01:12messieurs les préfets, mesdames et messieurs les élus,
01:15mesdames et messieurs, chers amis,
01:18nous sommes réunis aujourd'hui dans la douleur mais aussi dans l'espoir,
01:23dans la douleur du souvenir de Clarissa-Jean-Philippe,
01:26notre jeune policière municipale tombée ici même à Montrouge
01:31sous les balles d'un terroriste.
01:33Il y a dix ans, le 8 janvier 2015, à seulement 26 ans,
01:38Clarissa a été arrachée à la vie, à sa famille, à ses amis,
01:43à ses collègues, à notre ville.
01:46A travers son sourire et son engagement,
01:49elle incarnait la jeunesse, le dévouement, le courage.
01:54Elle était au service de la République
01:57et c'est pour cela qu'elle a été la cible de cet assassin.
02:01Ce jour est chargé d'une profonde tristesse
02:04et d'une émotion encore intense,
02:07car Clarissa n'était pas seulement une policière municipale,
02:10elle était aussi une fille, une amie, une collègue dévouée.
02:17Je me souviens, je me souviens de l'effroi,
02:20de l'incrédulité qui nous ont saisi ce jour-là.
02:23Comment une telle barbarie pouvait-elle se produire
02:26dans notre ville si paisible et si fraternelle ?
02:30Comment comprendre l'incompréhensible ?
02:33Comment accepter l'inacceptable ?
02:39Je sais que beaucoup d'entre vous ressentent encore cette impuissance,
02:43cette impuissance, cette colère face à la montée du terrorisme islamiste,
02:48face à cette idéologie de haine qui s'attaque à nos valeurs,
02:53à nos modes de vie.
02:58Clarissa a donné sa vie au service de la République,
03:01au service de nous tous.
03:04Son sacrifice est le rappel tragique des dangers
03:07que nos forces de l'ordre affrontent chaque jour
03:10pour protéger nos libertés et notre sécurité.
03:15Je veux à ce moment saluer l'engagement et le courage
03:18de nos agents municipaux qui étaient présents le 8 janvier 2015
03:21sur les lieux du drame, ici même.
03:24Éric Urban, Laurent Janel et Jonathan Berdal.
03:28Et je veux aussi avoir une pensée pour les représentants
03:31de l'École Yagel-Yakov de Montrouge.
03:36Ce souvenir de Clarissa, c'est reconnaître sa détermination
03:39à faire respecter la loi, à défendre la paix.
03:43Elle était, comme tant d'autres agents,
03:46une gardienne silencieuse de notre tranquillité.
03:50Ce devoir de mémoire n'est pas une simple formalité,
03:53il est une promesse, celle de perpétuer ses valeurs
03:57de dévouement, d'intégrité et d'amour de la République.
04:02Pour honorer cette promesse, nous avons choisi de baptiser
04:05aujourd'hui notre hôtel de police du nom de Clarissa Jean-Philippe.
04:10Nous nous y rendrons à l'issue de cette cérémonie
04:13en présence des Montrougiennes et des Montrougiens.
04:18Mesdames et Messieurs, je veux aussi parler d'espoir.
04:21Face à la barbarie, il y a le courage.
04:25Face à la division, il y a l'unité.
04:28Ce souvenir est un acte de résistance.
04:31En nous souvenant de Clarissa, nous affirmons que nous ne cèderons
04:34pas à la peur. Nous devons transmettre
04:37cette mémoire, en parler à nos enfants, rappeler
04:40que derrière chaque uniforme, il y a une vie,
04:43une histoire, une personne qui a choisi de servir les autres.
04:47Nous devons continuer à défendre nos valeurs
04:50et à lutter contre toutes les formes d'extrémisme.
04:55Ici, à Montrouge, nous ne sommes pas résignés.
04:58Nous renforçons notre sécurité, nous déployons
05:01des programmes de prévention, nous encourageons
05:04le dialogue. Et cela, nous allons continuer
05:07à le faire pour construire une société
05:10où chacun se sente en sécurité, respecté
05:13et libre de vivre selon ses convictions.
05:18Les valeurs de liberté, d'égalité,
05:21de fraternité et de laïcité
05:24ne sont pas de simples mots, mais une réalité
05:27quotidienne.
05:31Avant de terminer cet hommage, je voudrais avoir avec vous
05:34une pensée pour la maman de Clarissa qui nous a quittés
05:37il y a quelques semaines, ainsi que pour sa famille
05:40et ses proches.
05:43En ce jour, nous nous inclinons avec respect
05:46et affection devant la mémoire de Clarissa.
05:49Elle restera à jamais dans nos cœurs
05:52comme une lumière qui continue de briller.
05:55Nous ne devons jamais l'oublier.
05:58Vive la République, vive la France
06:01et vive Montrouge.
06:07Merci Monsieur le Maire.
06:10Nous allons procéder à présent au dépôt des gerbes.
06:13J'invite Monsieur Éric Michaud, président de la section
06:16locale du souvenir français et de l'Association nationale
06:19des anciens combattants et amis de la résistance
06:22et Monsieur Georges Touchet, président de la section locale
06:25de la Légion d'honneur à déposer leurs gerbes.
06:33Voilà, après les quelques mots, l'hommage du maire de Montrouge
06:36comme hier en fait, aux commémorations de Charlie Hebdo
06:39dépôt de gerbe, puis il y aura une minute de silence
06:42et la Marseillaise pourclore cette cérémonie
06:45qui se veut très sobre.
06:48Jérôme Moreau, on salue le courage à l'instant
06:51de Clarissa Jean-Philippe, de sa mère aussi
06:54parce qu'avec Charlie Hebdo, avec cette année 2015
06:57terrible, cette série d'attentats, ça a vraiment été une charnière
07:00dans l'accompagnement des proches.
07:03Oui, tout à fait, c'était une charnière dans l'accompagnement
07:06des victimes d'actes de terrorisme et nous avons tout de suite
07:09pris le parti que toute personne impactée par un acte de terrorisme
07:12durant cette année 2015, devait faire l'objet d'un accompagnement
07:15victime plus jamais seule, c'est notre credo.
07:18Et effectivement, en cette année 2015, nous avons été impactés
07:21puisque, entre Charlie Hebdo et aujourd'hui,
07:24c'est 7000 personnes que nous avons suivies
07:27donc c'est pour dire, en fin de compte...
07:30Et la ligne ne s'est pas arrêtée en janvier, s'il vous plaît.
07:33Parce qu'il y a le Bataclan à la fin de l'année, bien sûr.
07:36Et ce qu'on a découvert, c'est une nouvelle doctrine, tout d'abord,
07:39d'accompagnement des victimes de terrorisme et puis ça va engendrer
07:42un certain nombre de lois, avec la création du parquet national antiterrorisme
07:45et de la cour d'assises spécialement composée
07:48dans la direction d'indemnisation des victimes.
07:51Oui, parce que l'accompagnement, c'est de l'argent, c'est aussi un soutien psychologique.
07:54Voilà, c'est ce que j'allais dire. C'est qu'au-delà même des dommages
07:57à intérêts, où on pourra en reparler, mais en tout cas
08:00qui ont été considérablement innovants
08:03pour les victimes, on peut dire que
08:06dès le 8, nous avons été mobilisés par le ministère
08:09de l'Intérieur, que le 12, nous étions
08:12à Montrouge et que le 13,
08:15nous étions avec la famille pour la levée du corps
08:18et le 16, la maman de Clarissa
08:21part par avion
08:24et je voudrais dire qu'effectivement, on parle beaucoup
08:27de l'accompagnement psychologique, mais ça n'a pas été seulement ça.
08:30Ça a été des répercussions physiques énormes pour cette maman
08:33qui n'arrivait plus à marcher et qui a dû être accompagnée par un médecin
08:36pour monter dans l'avion. Avec le sentiment terrible de culpabilité
08:39qu'elle devait ressentir, parce qu'encore une fois, on le disait avec Pauline Revenard,
08:42le lendemain des attentats de Charlie Hebdo, les terroristes courent toujours,
08:45sont en fuite et elle met en garde sa fille
08:48en disant, attention, ils peuvent vouloir s'en prendre à des policiers,
08:51sois prudente.
08:54Je ne sais pas s'il y a eu un sentiment de culpabilité,
08:57il y a eu un sentiment d'effroi, de sidération.
09:00Et nous-mêmes, c'est un événement qu'on a eu du mal à décrypter,
09:03je me souviens parce que nous, on était sur les traces des frères Quachy
09:06et on n'a pas très bien compris ce qui se passait ce matin-là.
09:09Le maire de Paris, Anne Hidalgo, qui à son tour dépose une gerbe de fleurs,
09:12comme hier devant Charlie Hebdo, pour l'hommage
09:15au lieutenant Ahmed Merhabet, devant l'Hyper Cacher
09:18également. L'Hyper Cacher, ce sera la prise d'otage
09:21qui arrive le lendemain. Parce que ce télescope,
09:24les frères Quachy, qui sont en fuite après
09:27avoir commis l'attentat de Charlie Hebdo,
09:30et le surlendemain, il y aura l'Hyper Cacher.
09:33Et c'est le terroriste de l'Hyper Cacher qui croise Clarisse Agent-Philippe.
09:36Est-ce qu'elle était au mauvais endroit au mauvais moment ?
09:39Est-ce qu'il voulait se faire une policière ? C'est ce qu'on avait entendu
09:42dans l'une de ses revendications. C'est possible. L'histoire ne le dira pas
09:45puisqu'on n'a pas pu l'interroger, comme il a été abattu
09:48à l'Hyper Cacher le lendemain. Ce qui est intéressant,
09:51c'est cette géographie de Montrouge. Elle est là pour un accident de la circulation
09:54mais Patrick Sauss me le faisait remarquer. A quelques mètres de là,
09:57il y a une école juive. Est-ce que c'était peut-être un projet d'Amelie Coulibaly ?
10:00Nous ne le saurons pas. Mais en tout cas, elle a croisé
10:03la route de ce terroriste. Armée, qui avait une arme de guerre
10:06et qui lui tire dans le dos. Le plus lâchement possible.
10:09Exactement. D'une balle dans le dos, elle tombe
10:12sur le bitume ici même. On parlait aussi
10:15de l'importance de ces cérémonies pour les morts, évidemment.
10:18L'importance de la mémoire, transmettre cette mémoire,
10:21disait le maire, mais pour les vivants aussi, les proches. Il y a notamment
10:24Jonathan, son ancien coéquipier. Il raconte
10:27la scène. On se croyait dans un film. Il salue
10:30la mémoire de cette jeune femme qui était toujours souriante, sa joie de vivre,
10:33son rayon de soleil. L'accompagnement, là aussi, est indispensable.
10:36Tout à fait. Ne serait-ce que pour continuer à travailler dans ce métier.
10:39Tout à fait. Tout d'abord, pour pouvoir se relever.
10:42Imaginez quelqu'un qui voit
10:45sa collègue tuée sous ses yeux. C'est terrible.
10:48Imaginez toutes ces familles
10:51qui vont être impactées, à qui va falloir annoncer
10:54tout d'abord le décès.
10:57On a quand même fait beaucoup de progrès. On n'a pas été très bons en 2015.
11:00Il faut le dire. Sur l'annonce des décès, aujourd'hui, on a quand même
11:03des nouvelles doctrines. La déléguée interministérielle à l'aide aux victimes
11:06a quand même fait tout un plan et un schéma.
11:09Et l'accompagnement gratuit,
11:12pluridisciplinaire, je le rappelle, par le réseau transvictime,
11:15juridique, psychologique, social et bien d'autres.
11:18Alors que la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, dépose à son tour
11:21une gerbe de fleur. N'est-là la trousse ? C'est cette unité politique
11:24qui tranche. On l'a vu déjà hier, effectivement.
11:27Il y a la mémoire qui prime aujourd'hui.
11:30Oui, et c'est salutaire parce que
11:33trop souvent, à l'occasion
11:36soit de commémorations, soit hélas
11:39d'attentats, on a vu le débat politique reprendre un peu le dessus
11:42avant même la récupération,
11:45avant même que les corps
11:48ne soient froids.
11:51Et là, cette unité tranche aussi avec ce à quoi
11:54on a pu assister de manière plus générale au long des derniers mois,
11:57de chicaillats politiques, d'une classe politique
12:00divisée qui s'arrache sur à peu près l'ensemble
12:03des sujets, dans le désir aussi
12:06des proches, des victimes d'une
12:09commémoration sobre et apolitique.
12:12Se trouve, c'est
12:15la clé de ces images apaisées.
12:18Là, on voit une délégation de députés emmenés par la présidence
12:21de l'Assemblée nationale.
12:24Et c'est ces écharpes
12:27tricolores qui prennent toute leur symbolique.
12:30Avec des élus de différents partis politiques.
12:33C'est important pour les victimes, ces moments.
12:36Et je rappelle quand même qu'il y avait le musée
12:39du mémorial du terrorisme qui avait été suspendu par Michel Bernier.
12:42Qui sera bien maintenu à Asselineau
12:45C'était compliqué quand même.
12:48C'était même scandaleux de le dire.
12:51Moi je le dis en tant que Fédération France Victime.
12:54On est quand même administrateur de ce musée.
12:57D'apprendre par voix de presse qu'il allait s'arrêter
13:00pour des raisons budgétaires, c'était quand même pas normal.
13:03Et voilà justement le chef de l'Etat
13:06avec le maire de Montrouge de Concert. Le chef de l'Etat qui a fait le choix
13:09de venir présider cette cérémonie dix ans après l'attentat.
13:15C'est un souvenir qui est très très fort.
13:18C'est ce qu'on va faire en ce moment.
13:21C'est la première fois que je vais faire la prise de presse
13:24et je vais faire la prise de presse pour un mérite de votre confiance.
13:27Je vais vous parler de cet événement.
13:30Je vais vous parler de ce que j'ai vu et ce que j'ai vu.
13:33C'est ce que j'ai vu.
13:36J'ai pu voir la victime.
13:39Elle avait une tête qui était très modeste.
13:43Le chœur va sonner haut.
13:51Ça flotte.
13:52Au mort !
14:12...
14:42...
15:11...
15:26Allons enfants de l'enfantrie,
15:31Le jour de gloire est arrivé.
15:37Contre nous de la tyrannie,
15:43L'état d'un sanglant élevé.
15:49L'état d'un sanglant élevé.
15:55Entendez-vous dans nos campagnes
16:01Fugir ses féroces soldats.
16:08Ils viennent jusque dans vos bras
16:13Évanger vos filles, vos compagnes.
16:21Vos hommes citoyens,
16:26Fordez vos bataillons.
16:31Marchons, marchons,
16:38Car le soleil tire
16:44Vers le ciel.