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00:00Emmanuelle Ducrot, c'est à vous sur Europe 1. Bonjour Emmanuelle.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04La Cour des comptes s'inquiète, nos hôpitaux en effet n'ont aucune défense immunitaire sérieuse face aux cyberattaques.
00:11Mais dans un rapport publié vendredi, la Cour des comptes se fait du mouron.
00:14Alors elle se fait du mouron à sa façon, avec sa calculatrice.
00:17Elle estime que la France n'a pas assez bordé son programme de renforcement de la cybersécurité dans les hôpitaux.
00:23Il avait été lancé en 2023 après une vague de cyberattaques particulièrement dommageables.
00:28Il prévoyait un financement de 750 millions d'euros sur 5 ans, entre 2023 et 2027.
00:34Ça c'est la théorie, parce que l'engagement financier n'est assuré que jusqu'à la fin de l'année 2024.
00:39N'était assuré jusqu'à la fin de l'année 2024.
00:41On a dépensé 225 millions d'euros et c'est fini pour l'instant.
00:44Et ça n'est vraiment pas suffisant.
00:45Et est-ce que c'est grave docteur ?
00:47Mais oui, parce que nos hôpitaux sont vulnérables, pour deux raisons.
00:50D'abord parce qu'ils ont des architectures informatiques extrêmement compliquées avec de nombreux intervenants.
00:55Et ça, ça veut dire que la première cause d'infection des systèmes,
00:58c'est-à-dire l'erreur humaine ou le manque de vigilance, est démultipliée.
01:01Et puis les systèmes informatiques des hôpitaux sont vieux.
01:0520% des postes de travail dans les hôpitaux publics ont un système d'exploitation hors de maintenance ou obsolète.
01:12Oui, des vieux Windows d'il y a 20 ans.
01:14Et pire, un quart des équipements de réseau ne peuvent plus être mis à jour ou réparés en cas de panne.
01:19En cas d'attaque, on a toutes les peines du monde à faire tourner les sauvegardes et les plans de continuité.
01:24Donc on imagine que ce sont des proies de choix pour les bandits de l'informatique.
01:27L'Agence Nationale en charge de la Sécurité Informatique, notre ANSI, a compté elle aussi.
01:3210% des attaques informatiques en France concernent les hôpitaux.
01:35Entre 2022 et 2024, 32 d'entre eux ont fait l'objet d'une cyberattaque d'un type particulier par rançongiciel.
01:44Rançongiciel, ça veut dire que des pirates capturent les données du système et ne les rendent, théoriquement,
01:48que contre une grosse somme d'argent.
01:50Dernières attaques en date, armes entières et cannes.
01:53Ça veut dire qu'on peut se retrouver avec des données privées, des données de santé, notamment donc sensibles dans la nature.
01:57Oui, c'est arrivé fin novembre avec celle d'un groupe de cliniques d'Ile-de-France mises aux enchères par des escrocs.
02:02Mais ça n'est vraiment pas le pire.
02:04La Cour des Comptes dresse un panorama des conséquences des attaques informatiques sur la prise en charge des patients.
02:10Des services temporairement fermés, le plus souvent les urgences,
02:14des opérations reportées, des admissions réduites,
02:17des activités clés mises à l'arrêt.
02:19La stérilisation du matériel, le stockage des données de radiothérapie.
02:24Parfois aussi, l'impossibilité d'accéder aux dossiers des patients.
02:27Tout ça peut avoir des conséquences qui font froid dans le dos, des pertes de chances ou, plus grave,
02:32la Cour des Comptes rapporte qu'en 2023, 68 patients ont été potentiellement mis en danger par une cyberattaque.
02:39Une personne a même failli perdre la vie pour cette raison.
02:42Alors clairement, s'il y a des économies à faire en France, ce n'est pas sur ce poste qu'il faut les faire.
02:47La sécurité est une priorité, même quand elle est informatique.
02:50Donc merci beaucoup Emmanuel Ducroix, signature Europe 1, 8h52.