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Ce 7 janvier 2025 marque le dixième anniversaire de l'attentat meurtrier de Charlie Hebdo. 17 personnes avaient été tuées. Un sondage Ifop sur les Français et la liberté d'expression interroge. 76% considèrent la liberté d'expression comme un droit fondamental,. Mais le sondage souligne également une fracture générationnelle : 32% des jeunes de moins de 35 ans soutiennent qu'on ne peut pas dire et caricaturer n'importe quoi sous couvert de liberté d'expression, contre seulement 21 % des 35-64 ans. 

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00:00M. Croissant d'Eau en commémore aujourd'hui les victimes de l'attentat de Charlie Hebdo, c'était il y a dix ans, et un sondage IFOP réalisé pour l'hebdomadaire montre un fossé.
00:09Un fossé entre les générations à propos de la liberté d'expression, c'est inquiétant.
00:13Oui, alors dans ce sondage j'ai quand même une bonne nouvelle, et je vais commencer par ça, c'est que dans une société qu'on dit fracturée, crispée comme la nôtre,
00:19l'attachement des Français à la liberté d'expression, il progresse. 76% d'entre eux estiment qu'elle est un droit fondamental et que la liberté de caricature en fait partie.
00:27Et puis 62% se disent favorables au droit de critiquer de manière outrageante une croyance, un symbole ou un dogme religieux, c'est ce qu'on appelle le droit au blasphème.
00:36L'inquiétude, vous le disiez Christophe, c'est ce fossé qui se dessine entre les générations, puisque un tiers des jeunes de moins de 35 ans soutient l'idée qu'on ne peut pas dire ou caricaturer n'importe quoi sous couvert de liberté d'expression.
00:4731% des 18-24 ans considèrent par exemple que Charlie Hebdo n'aurait pas dû publier les caricatures de Norvay en 2006.
00:53Mais comment l'expliquer ?
00:55Alors c'est difficile de le faire sans passer pour un vieux con, mais c'est pas grave, je vais tenter.
00:58On vit une époque de grande confusion où se mêlent pertes des repères, absence de culture générale, inversion des valeurs, montée de l'individualisme.
01:06Vous savez, pour rappeler d'ailleurs que si nos libertés publiques garantissent nos libertés individuelles, la liberté de chacun ne peut pas empiéter sur la liberté de tous.
01:14On est aussi à une époque de repli identitaire, d'assignation identitaire, c'est-à-dire on oblige les gens à choisir leur camp.
01:20Il y a la culture de l'intimidation, de l'effacement et puis le grand bazar des réseaux sociaux dont les algorithmes donnent l'avantage à celui qui parle le plus fort
01:28ou qui donne l'impression que tout se vaut, c'est ce qu'on appelle le relativisme. Si tout est important, puis rien n'est important.
01:33Comment y remédier ?
01:35Trois choses, mais il y a du boulot. La première, c'est une mobilisation collective. On dit souvent c'est l'école.
01:38Oui, l'école doit faire son rôle, mais pas seulement. Les politiques, les médias, nous, les parents, vous n'attendez pas des profs qui apprennent à vos enfants ce que c'est que la liberté.
01:46Ce devrait être la même chose pour la liberté d'expression ou la laïcité par exemple.
01:49Deuxième chose, lucidité. Ça veut dire que comprendre que derrière ces remises en cause de la liberté d'expression ou de la laïcité, il n'y a pas seulement de la naïveté,
01:56mais il y a bien un combat qui est mené par des forces obscurantistes. Hier, c'était plus souvent les intégristes catholiques.
02:01Aujourd'hui, c'est les fondamentalistes islamistes. Il faut le dire.
02:04Et puis la troisième chose, c'est de la clarté et de la pédagogie.
02:06Rappelez peut-être à tous ces jeunes que le droit au blasphème, c'est un vieux combat hérité des Lumières, à une époque où l'Église,
02:11elle se targuait de vouloir non seulement gouverner les consciences, mais aussi régenter l'ordre social.
02:16Qui voudrait de ça aujourd'hui ? Rappelez que c'est la Révolution française, puis ensuite la loi fondatrice de la Troisième République sur la liberté de la presse
02:23qui a consacré ce droit au blasphème, que les débats furent vifs à l'époque, mais qu'enfin on a tranché, c'était il y a plus de 150 ans.
02:29Il faut aussi rassurer ces jeunes en expliquant qu'en France, on peut critiquer les religions, mais qu'on ne peut pas s'en prendre aux croyants.
02:35C'est interdit par la loi. Et puis enfin, rappelez inlassablement que la laïcité n'est pas une loi de répression ni d'oppression, comme on l'entend parfois,
02:42mais bien une loi de liberté, c'est-à-dire d'émancipation.
02:44Dire que la République ne reconnaît aucun culte, c'est refuser qu'il y ait une religion d'État, c'est une première bonne chose,
02:50et puis refuser qu'il y ait une religion au-dessus d'une autre, et que la laïcité garantit à chacun d'entre nous la liberté de croire ou de ne pas croire,
02:58ce qui n'est pas le cas dans tous les pays du monde, et enfin que la laïcité à la française n'a jamais occasionné ni meurtre ni massacre, contrairement aux religions.
03:05Merci Mathieu.

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