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00:00Europe 1, matin, week-end. 6h-9h, Léna Hickmonier.
00:03Europe 1, 8h15, c'est l'heure d'accueillir l'invité d'Europe 1, matin, week-end.
00:07Et ce matin, Léna Hickmonier, 10 ans, presque jour pour jour, après l'attentat contre Charlie Hebdo.
00:12Vous recevez celui qui a très bien connu l'une des victimes, T-News.
00:15Il s'agit du journaliste et écrivain Guy Konopniki.
00:17Et oui, on s'en souvient tous, le 7 janvier 2015, les Frères Kouachi décimaient la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo,
00:24nous privant de Cabu, de Wolinski, de Chartres, de T-News, vous l'avez dit, ou encore de Bernard Maris.
00:29Bonjour, Guy Konopniki.
00:31Bonjour.
00:31Alors, vous faites partie des Orphelins, parce que ces dessinateurs, vous les connaissiez, c'était même des copains.
00:37Est-ce que vous vous souvenez, j'imagine que oui, de ce que vous faisiez lorsque vous avez appris la nouvelle ?
00:42Oui, je m'en souviens très bien, parce que la veille, mardi, qui était un mardi,
00:49c'était le bouclage de Marianne, T-News était là, c'était le premier bouclage de l'année,
00:54donc il y avait du champagne dans les gobelets et la galette des rois.
00:59On plaisantait, on était ensemble, on avait les projets.
01:04Et puis, le lendemain matin, je travaillais avec un éditeur de chez Gallibard, de la série Noire,
01:16et je me souviens parce qu'on était dans un café à côté des éditions Gallibard,
01:22et dans le café, on n'avait pas d'informations, et je repars en voiture, je suis désolé, je circulais en voiture,
01:28et je repars en voiture, la radio, et là, j'entends la nouvelle, et j'entends les noms de trois personnes que je connais bien à ce moment-là,
01:40puisqu'ils annoncent Volinsky, Cabu et Charbin. Ce sont les trois premiers annoncés.
01:47Et on va, alors évidemment je vais à la Marianne, on va travailler, on va refaire le numéro qu'on avait bouclé la veille, évidemment,
01:55et on va être pendant des heures sans nouvelles des deux collaborateurs communs que nous avions, qui étaient Tignous et Bernard Maris.
02:06Ils sont des séries Twitter. Bernard Maris, on l'a su à la toute fin, parce qu'il était transporté, il était criblé de balles, bon.
02:17Et c'était terrible, c'était absolument terrible, parce que je les connaissais tous, j'échangeais avec Volinsky, avec Cabu depuis très longtemps, avec Honoré, Honoré.
02:33Honoré, on l'oublie toujours, mais Honoré était un merveilleux dessinateur.
02:39Topor me l'avait présenté dans une revue qui s'appelait Le Fouparle, dans les années 70, et il y avait un type qui dessinait à la carte à gratter, qui faisait les choses.
02:54Et on se souvient de ses dessins, dans Charlie, dans le Canal Enchaîné, dans des tas de journaux, dans Globe d'ailleurs,
03:00c'est un autre endroit où j'ai été avec Honoré, avec Tignous, pour moi c'est toute une vie de journaliste que je rencontre dans mon livre.
03:08C'est tout une vie, c'est toute une vie, moi je ne sais pas dessiner, c'est une infirmité, je raconte ça.
03:16C'est Tignous qui devait illustrer justement les ouvrages.
03:19Et voilà, et j'avais imaginé un ouvrage un peu drôle, je ne sais pas dessiner, donc le contrepoint était je ne sais pas écrire, par Tignous, on en parlait, on en parlait la veille.
03:32Et on voulait se fixer un planning, enfin le travail comme on le fait toujours.
03:37Et puis voilà, je me suis même dit on se reparle après Angoulême, parce qu'il était invité du festival de la bande dessinée Angoulême, où il aura eu un hommage funèbre, voilà.
03:50C'était terrible pour moi, ma vie a basculé ce jour-là, c'est-à-dire...
03:56On l'entend quand vous en parlez.
03:59J'ai perdu des amis, proches, des gens avec qui je travaillais, et puis Charlie était, depuis sa création, à la suite de l'interdiction d'Hara-Kiri pour cause de bal tragique à Colombay,
04:18Charlie était une référence, Charlie était un emblème générationnel, un lieu de liberté, un lieu d'anticonformisme absolu, un lieu pionnier sur l'écologie, sur des tas de choses.
04:35Sur la lutte contre le racisme, Charlie était le journal emblématique, et quand j'entends aujourd'hui des gens qui reprennent le mot de la propagande iranienne, ils étaient devenus islamophobes, c'est répugnant !
04:51Oui parce que justement, c'est bien le terrorisme islamiste qui a voulu faire taire Charlie Hebdo, ça a provoqué une sidération dans le pays, on s'en souvient, 4 millions de personnes dans les rues.
05:00Est-ce que vous pensez, Guillaume Pnicki, qu'aujourd'hui, si une telle tragédie se reproduisait, nous serions tous Charlie ? Ou est-ce que la France a changé également entre temps ?
05:08Alors, nous sommes victimes d'une propagande relayant l'islamisme, une propagande intensive menée par des députés, nous avons l'apologie du terrorisme s'agissant du Hamas et du Hezbollah,
05:26une justification permanente, alors ça avait déjà commencé, moi j'ai écrit en 2000 un livre qui s'appelait La Faute des Juifs, et j'ai terminé ce livre, en 2001 il paraît, quand je le termine je suis obligé de reprendre tout le début parce qu'il y a le 11 septembre.
05:44Et donc, il y avait déjà cette propagande, et malgré cette propagande, les français sont sortis dans la rue défendre la liberté, la république, la laïcité.
05:56Aujourd'hui, il y a un groupe de députés et ses ramifications qui combattent ouvertement la laïcité, qui veulent abroger la loi interdisant les signes religieux dans l'école publique, qui défendent la baïa, qui sont...
06:17Vous savez quand même, deux professeurs qui ont été assassinés, et on sort du procès Samuel Paty quand on s'aperçoit des complicités, parents d'élèves, la lâcheté d'une partie des collègues, de l'administration, alors je pense que la masse des français sortirait à manifester parce que les français sont attachés à la liberté, les français sont attachés à la laïcité,
06:47à la manière dont, dans cette république, on a vécu ensemble, avec des religions différentes, à la condition qu'aucune n'impose sa loi, voilà.
06:56On sent une fracture, néanmoins, chez les plus jeunes, Guy Conopny, qui ont du mal avec les notions de laïcité, alors certains jeunes, évidemment, je ne les mets pas tous dans le même panier, mais on sent quand on voit des sondages que la laïcité, finalement, à l'école, ils sont moins attachés que d'autres générations.
07:13Évidemment, il y a une dégradation chez les plus jeunes, on sait aussi par des sondages que même chez les jeunes enseignants, il y en a une proportion qui n'ont pas envie de défendre la laïcité, c'est-à-dire que les assassinats de Samuel Paty et Dominique Bernard ont créé un effet, c'est-à-dire un effet de peur, en disant voilà, en plus ils sont mal payés, pour ce prix-là, on ne va pas aller se faire trouver la pauvre, voilà.
07:43Il y a un vrai problème, il y a une peur, oui oui.
07:45Et on a l'occasion d'en parler avec vous aujourd'hui, Guy Conopny, je vais quand même rappeler votre ouvrage parce que le temps file et que malheureusement on doit déjà se quitter, Je ne sais pas dessiner, il faut l'acheter, il faut l'offrir aux plus jeunes, c'est un récit très poignant, évidemment, de ces événements du 7 janvier à Charlie Hebdo, mais pas que, il y a une réflexion également, comme vous venez de le faire, sur la société d'aujourd'hui, ça sort le 9 janvier, donc vous avez fait le plaisir de venir en parler un petit peu en avance,
08:12et on vous en remercie.

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