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"Un enfant de CM1 sur deux a déjà vu des images p0rn0graphiques".

Obligatoire depuis une loi de 2001, l'Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVRAS) n'est dans les faits pas appliquée par manque de formations, de moyens...

Lolita Rivé, professeure des écoles et journaliste, sensibilise à l'importance de l'EVRAS pour le développement des enfants et la prévention autour des agressions sexuelles.

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Transcription
00:00Un enfant de CM1 sur 2 qui a déjà vu des images pornographiques,
00:02évidemment qu'il faut en parler avec eux.
00:04Les détracteurs de l'éducation à la sexualité
00:06veulent protéger les enfants de cet enseignement,
00:08que ce n'est pas adapté à eux.
00:09Mais si vraiment les enfants les intéressaient,
00:11ils feraient des grandes campagnes contre les violences sexuelles
00:13qui touchent un enfant sur dix.
00:16En fait, l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle,
00:19ce qu'on appelle ÉVRAS,
00:20c'est obligatoire depuis 2001, depuis une loi.
00:22Mais dans les faits, ce n'est pas du tout appliqué.
00:24La plupart des jeunes n'en bénéficient pas.
00:26Cette loi n'est pas du tout appliquée pour plusieurs raisons.
00:29La première raison, c'est que les profs ne sont pas formés
00:31à aborder ces sujets-là avec les enfants.
00:33La deuxième explication, c'est parce qu'on manque de moyens.
00:35Il n'y a pas de temps alloué dans les emplois du temps
00:38et donc, il n'y a pas de moment précis où il faut faire ça.
00:41Donc, ça dépend vraiment que des profs
00:42et de leur bonne volonté à le faire.
00:44La dernière raison, c'est aussi parce qu'il y a un gros tabou
00:46autour de ces sujets-là et notamment autour du sujet de la sexualité.
00:49On estime que dire « vulve et pénis » à un enfant,
00:52c'est quelque chose de pornographique
00:53et c'est plaquer une sexualité adulte sur des enfants.
00:56Alors que ce n'est pas du tout le cas, ce sont des termes scientifiques
00:58et le but, c'est d'apprendre aux enfants à connaître leur corps
01:01et son fonctionnement pour les aider à se protéger.
01:03Ce qui peut bloquer aussi, c'est de remettre en question
01:06la toute-puissance parentale et de dire qu'en fait,
01:08les enfants ont le droit de dire non, même à leurs parents.
01:10Que les enfants ont le droit de ne pas faire de bisous à leur famille
01:13s'ils ont envie et que parfois, les parents ont tort.
01:15Notamment quand ils sont violents ou maltraitants avec les enfants
01:19et qu'il faut informer les enfants sur leur droit à se défendre
01:22et à ne pas se laisser faire.
01:23Et ça, ça peut bloquer dans certaines familles.
01:25L'association Parents et Féministes a lancé une tribune
01:28pour défendre l'éducation et la vie affective relationnelle et sexuelle.
01:31Parce que cet enseignement l'a subi énormément de désinformation
01:35des milieux conservateurs et de l'extrême droite.
01:36Ces gens-là restent une minorité, mais une minorité qui fait beaucoup de bruit.
01:40Donc qui va beaucoup communiquer sur les réseaux sociaux,
01:42qui va lancer des fausses informations qui vont faire effet boule de neige.
01:46Il y a aussi des éditorialistes qui vont raconter n'importe quoi sur les chaînes d'infos.
01:49Donc par exemple, le parti d'Éric Zemmour va financer une association de parents vigilants
01:54et va les envoyer tracter devant les écoles
01:56pour répandre leurs fausses idées sur ce que c'est l'éducation sexuelle
01:59et faire croire qu'on nuit aux enfants, qu'on leur fait du mal.
02:01Ce que ces gens racontent, c'est que l'éducation et la vie affective relationnelle et sexuelle,
02:05elle n'est pas adaptée aux enfants, qu'elle les traumatise,
02:07qu'on aborde des sujets qui ne sont pas du tout de leur âge.
02:10Qu'on parle de fellation et de cunnilingus à des enfants de primaire.
02:13Qu'on essaye de transformer tous les petits garçons en petites filles et vice versa.
02:16Qu'il y a un lobby LGBT qui veut faire de tous les enfants des homos ou des trans.
02:21Ils racontent aussi qu'on se substitue aux parents,
02:23que c'est aux parents d'aborder ces sujets-là avec les enfants, pas à l'école.
02:26Évidemment qu'on ne parle pas de sexualité adulte à des enfants, jamais, ça n'a pas de sens.
02:31En revanche, on va nommer leur partie du corps.
02:33Parce que nommer le corps d'un enfant, lui expliquer que c'est l'intimité,
02:37qu'on n'a pas le droit de le toucher, c'est le protéger contre les violences sexuelles.
02:40On sait aussi qu'il y a un enfant de CM1 sur 2 qui a déjà vu des images pornographiques.
02:43Évidemment qu'il faut en parler avec eux pour leur permettre de dire ce qu'ils ont vu
02:47et les protéger aussi de ces images qui peuvent les traumatiser pour le coup.
02:50Évidemment qu'il n'y a aucun lobby LGBT qui veut transformer tous les enfants en personnes LGBT.
02:55En revanche, il y a des enfants LGBT qui existent et qui sont dans les écoles
02:59et qui subissent des violences.
03:00On sait que les enfants LGBT ont 5 à 7 fois plus de chances de faire une tentative de suicide.
03:04Donc il faut leur parler à ces enfants.
03:06Mais il faut aussi parler à ceux qui les harcèlent, qui les violentent,
03:08pour leur dire que c'est interdit, que ça ne doit pas avoir lieu.
03:11Et sur la substitution aux parents,
03:13personne n'interdit aux parents d'aborder ces questions avec les enfants.
03:16L'idée c'est de coéduquer, donc c'est que les parents abordent ces sujets et qu'on le fasse aussi.
03:20On ne peut pas laisser les enfants être informés en fonction de leur famille.
03:23En fait, si un enfant grandit dans une famille où son consentement n'est pas respecté
03:27et où il subit des violences,
03:28il a le droit d'être informé et protégé comme les autres enfants.
03:31Et c'est à ça que sert l'école.
03:32Concernant cette fameuse théorie du genre,
03:34alors la théorie du genre n'existe pas.
03:36La seule chose qu'on apprend aux enfants,
03:37c'est qu'en fait le genre, c'est une construction sociale.
03:40On va naître avec des parties génitales qui vont définir notre sexe biologique,
03:43mais qui ne vont pas définir notre genre,
03:45qui on est, comment on se sent, si on se sent plus fille, plus garçon, aucun des deux.
03:49Donc nous, ce qu'on dit aux enfants, c'est qu'ils peuvent être qui ils veulent
03:51et qu'on va les aimer comme ils sont, les accepter comme ils sont
03:54et qu'ils ont le droit d'être.
03:55Et que pour ça, ils ne doivent pas vivre de violence, de discrimination, de harcèlement.
03:59On va aussi nous rétorquer que l'école, c'est fait pour apprendre à lire et à écrire
04:02et ce n'est pas fait pour apprendre ça.
04:03Donc oui, je vous confirme, à l'école, on apprend à lire et à écrire,
04:06c'est même ce qu'on fait la majorité du temps.
04:07Mais les enfants qui vivent des violences à l'école ou dans leur famille,
04:11ils ne sont pas disponibles pour apprendre.
04:13Donc il faut d'abord les aider à aller bien,
04:15à mettre des mots sur ce qu'ils ressentent, sur ce qu'ils vivent,
04:17à les protéger des violences.
04:18Et là, ils peuvent apprendre à lire, à écrire et l'histoire et la géo.
04:22Cet enseignement, il est essentiel parce qu'aujourd'hui,
04:24les chiffres qui concernent les violences subies par les enfants, ils sont effarants.
04:28On a quand même un viol ou une agression sexuelle d'enfant toutes les trois minutes.
04:32Donc il y a 160 000 enfants chaque année qui sont concernés.
04:34Ça fait trois enfants par classe.
04:36Et cet enseignement, il permet d'informer les enfants sur leurs droits.
04:39Donc il les aide à parler, à se confier
04:42pour qu'on les aide à sortir de ces situations-là.

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