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00:00Europe 1, Pascal Praud et vous. 018203921 pour Réagir avec Pascal Praud, Jérôme est avec nous en ligne.
00:07Jérôme, je le remercie. Alors je précise que Jérôme ne s'appelle pas Jérôme, nous sommes d'accord.
00:13Tout à fait, il intervient sous anonymat.
00:15Donc il faut le dire d'abord, il faut toujours dire à l'auditeur la réalité.
00:20Mais Jérôme, j'ai le droit de dire sa profession.
00:22Tout à fait.
00:23Donc Jérôme est policier, mais effectivement il préfère témoigner dans les conditions que je viens de vous dire.
00:31Ce qui est intéressant, c'est d'évoquer effectivement les chiffres de Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur.
00:41Bilan de la nuit du 31 décembre 1984, véhicules incendiés, 420 interpellations, il y a eu des tirs de mortiers qui ont visé des forces de sécurité.
00:49Le ministre parle d'un ensauvagement incarné par des lâches.
00:53Bien sûr que c'est un ensauvagement, mais ce n'est pas que cela.
00:55Des voyous qui s'en prennent au bien des Français souvent modestes, une violence gratuite et endimique.
01:00Est-ce que vous étiez sur le terrain Jérôme, dans la nuit du 31 décembre ?
01:05Bien d'abord, bonjour à tous et meilleurs voeux pour cette nouvelle année.
01:08Alors cette année, j'ai eu la chance de ne pas être de service pour la nuit du 31 décembre.
01:12C'est une des rares fois dans ma longue carrière où je ne l'étais pas.
01:15Mais j'ai suivi ça quasiment en direct, parce que j'avais mon téléphone professionnel.
01:19Et donc j'avais, au fur et à mesure de la nuit, tout ce qui s'y passait.
01:22Donc malheureusement, moi ce que je constate, c'est que les années s'enchaînent.
01:27Les chiffres sont peu ou prou les mêmes tous les ans sur le nombre de véhicules volés.
01:31C'est-à-dire on est entre 900 et 1000 véhicules volés.
01:34Volés ou brûlés ?
01:35Brûlés, pardon. Brûlés, c'est un abus de ma part.
01:37Mais c'est une situation que les forces de police subissent tous les ans.
01:41Puisque ça n'évolue pas ni en mieux ni en pire.
01:44Mais c'est terrible et c'est une situation dans laquelle on s'habitue en plus.
01:48Parce que ça fait 20 ans que ça dure.
01:4920 ans qu'on a des véhicules brûlés systématiquement toutes les nuits de 31.
01:53Toutes les nuits de 31 décembre, les forces de police, gendarmerie sont prises à partie.
01:57Alors aussi bien dans les grandes villes que dans les villes de moyenne importance.
02:00En zone gendarmerie, on a la même situation.
02:03Et c'est un phénomène qui est quasiment unique en France.
02:06On a très peu de pays européens qui sont touchés autant que ne l'est la France.
02:09Donc il y a quelque chose à gratter là-dessus, à ce niveau-là.
02:12On sent qu'il y a quand même une défiance de l'autorité.
02:15Puisque quand on vient s'affronter aux forces de police avec des tirs dans Mortier,
02:18c'est fait pour blesser volontairement des gens.
02:21Donc il y a quand même une défiance de l'autorité et une envie de blesser qui est prégnante.
02:25Donc ça, ça pose question aussi.
02:27Et puis c'est quand même un phénomène qu'on n'arrive pas à endiguer.
02:29Alors moi, je me rappelle il y a quelques années, on avait une compétition sur Strasbourg,
02:32entre les quartiers, pour savoir qui brûlait le plus de véhicules
02:35et qui allait passer sur TF1 le lendemain, le 1er janvier
02:38ou qui passerait sur des chaînes de moindre importance.
02:41Donc on en est rendu à ce niveau-là.
02:43Alors même si on a des fois des escroqueries à l'assurance sur les véhicules brûlés,
02:46c'est une infime partie.
02:47Et le reste, c'est vraiment uniquement en termes de délétance que ça se suscite.