Libération a publié ses Top Culture 2024. Films, séries et albums, quelles sont les œuvres qui ont marqué l'année ? On en parle avec Olivier Lamm, chef adjoint du service Culture, et Marie Klock, journaliste au service Culture.
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00:00:00On va parler de vos films, vos séries et vos albums préférés de l'année.
00:00:04Et oui, car c'est le moment d'établir le top culture de l'année 2024.
00:00:08Alors, on va surtout revenir sur ce qui nous a marqué, ému, touché cette année
00:00:12parmi tout ce qu'on a regardé et écouté.
00:00:14Et puis, on verra aussi ce que ça nous raconte de l'état des industries,
00:00:17du cinéma, des séries et de la musique.
00:00:19On va parler de tout cela avec Olivier Lame et Marie Cloch,
00:00:22représentants du Service Culture de Libération.
00:00:24Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, un petit préambule,
00:00:28peut-être au sujet des tops qui ont été publiés sur le site de Libération.
00:00:32Comment est-ce qu'on constitue ce genre de classement ?
00:00:34Olivier, peut-être pour commencer.
00:00:37C'est relativement démocratique dans le sens où on demande l'avis
00:00:40des différentes personnes qui écrivent pour les différents services,
00:00:44services sur les différents champs au sein du Service Culture.
00:00:48Chacun a été en gros sommé de donner une liste de ses films préférés,
00:00:53une extenso, on va dire.
00:00:55Les années passées, on était à 23, à 24.
00:00:58Cette année, on a décidé de s'en tenir à 10 objets culturels,
00:01:04autant films, albums ou séries.
00:01:08Et ensuite, on recoupe et on compte,
00:01:13de manière plus ou moins mathématique, ce qui ressort.
00:01:18Et ensuite, on fait une sorte de réunion
00:01:23où on regarde les différentes choses qu'on a et on essaie quand même
00:01:25d'établir quelque chose qui, éditorialement, est intéressant
00:01:28et sort un petit peu, on va dire, du tout mathématique.
00:01:31On peut se permettre de mettre en avant des films dont on estime
00:01:33qu'ils n'ont pas été suffisamment choisis par les différents collaborateurs
00:01:37pour établir une liste qui, éditorialement, fait sens
00:01:41par rapport à l'année qu'on a passée et puis aussi à l'histoire
00:01:45qu'on veut raconter avec ce top parce qu'on pourrait y revenir.
00:01:48Pour nous, un top, ce n'est pas les 10 meilleurs films,
00:01:50c'est les 10 films qu'on a envie de mettre en avant,
00:01:51qui pour nous racontent l'année.
00:01:53Un top, c'est en soi absurde,
00:01:55puisqu'il n'y a pas de raison qu'une oeuvre soit meilleure qu'une autre.
00:01:58On va dire objectivement, c'est vraiment un travail.
00:02:02S'il y a notre travail éditorial et aux choses qu'on souhaite mettre en avant,
00:02:04éventuellement les choses plus fragiles qu'on souhaite mettre en avant
00:02:07par rapport à des choses qui ont été plus massives,
00:02:09mieux représentées dans les médias, mieux mises en avant, y compris par nous.
00:02:13Encore une fois, je raconte une histoire,
00:02:16quelque chose de journalistiquement un peu cohérent.
00:02:19Est-ce qu'il y a parfois, Marie, des tensions au sein du service
00:02:22Culture de Libération, quand l'heure d'établir le top de l'année arrive ?
00:02:27Il y a eu des blessures,
00:02:30l'établissement du top musique a été assez violent.
00:02:34C'est bien que ça reste entre nous.
00:02:35Non, mais des tensions.
00:02:39Je pense que les débats ont été assez virulents.
00:02:44Traditionnellement, ils ont lieu dans les canapés de la tisanerie.
00:02:48Donc, on établissait un triangle avec Olivier Lame, Lello, Jimmy Battista
00:02:56et moi qui étions présents ce jour-là.
00:02:58Et bon, le ton a pu se hausser à certains instants,
00:03:04mais collégialement.
00:03:06Il y a eu des moqueries, il y a des disques qui n'ont pas été,
00:03:10qui ont finalement été boutés hors du top, alors qu'honnêtement,
00:03:13mathématiquement, ils avaient toutes les raisons d'y être.
00:03:15C'est la troisième fois que tu emploies le mot mathématiquement.
00:03:18Je n'ai jamais entendu aussi souvent ce mot au sein du service culture.
00:03:23Alors que ce n'est pas du tout comme ça que ça se passe.
00:03:25Enfin, c'est vraiment au décibel mètre.
00:03:28Ce n'est pas du tout mathématique ce qui se passe.
00:03:31On a quand même essayé de garder un peu les différents coups de cœur
00:03:33des uns et des autres, même s'il y en avait qui sortaient tellement de nulle part.
00:03:38C'était tellement hors sol par rapport aux choses
00:03:41dont on avait parlé dans l'année.
00:03:42Je précise quand même que l'on fait un petit travail quand même,
00:03:44on se relie et on se, voilà, on reparcourt quand même
00:03:48tout ce qu'on a publié pendant l'année, les choses qu'on a mises en avant, etc.
00:03:52On va dire la seule condition ciné-quanone pour être présent dans ce top,
00:03:55c'est d'avoir été évoqué au moins une fois dans le journal
00:03:57en format long, en format court.
00:03:59Il y a des moments où on a des coups de cœur énormes sur des disques
00:04:01et puis on se rend compte six mois plus tard que finalement,
00:04:04on ne tient pas plus que ça à forcément les mettre en avant.
00:04:06Et puis, on s'est dit là vraiment cette année qu'on se fichait un peu
00:04:10d'être vraiment représentatif par rapport justement
00:04:14aux choix qu'on avait établis.
00:04:15Juste éventuellement, aller chercher un petit peu au fin fond des pages,
00:04:20notamment les pages qu'on publie tous les vendredis,
00:04:22qui sont la page chronique musique.
00:04:24Des fois, on parle de disques qu'on adore en très peu de signes.
00:04:27C'est la seule manière vraiment de suivre l'actualité musicale
00:04:30de manière suffisamment régulière, de manière à donner un peu une image
00:04:34de l'énorme production de la pléthore de disques qui paraissent chaque semaine
00:04:39et d'aller chercher des disques qu'on a éventuellement traités en 900 signes.
00:04:42Et puis là, tout d'un coup, de les remettre en avant
00:04:45tout simplement parce qu'on avait envie d'avoir un top
00:04:47qui soit à peu près équilibré, suffisamment personnel,
00:04:52puis qui raconte encore une fois quelque chose de ce qu'a été l'année
00:04:56notamment musique du service culture.
00:04:58C'est un petit peu plus consensuel, si je peux dire, en cinéma.
00:05:01En tout cas pour moi, pour avoir participé, on va dire au choix éditorial
00:05:05des trois séries musique et cinéma,
00:05:09dans le sens où on essaye vraiment que les avis et les coups de coeur
00:05:12de chacun soient représentés.
00:05:14En cinéma, c'est vraiment très...
00:05:15On fait ça avec Didier Perron, Sandra Manana, c'est quand même un travail
00:05:18très sérieux.
00:05:20Et pour les séries, on fait ça avec Marius Chapuis.
00:05:22Et pareil, j'avais demandé à Théo Ripton, à Clélia Cohen, à Léos Ressanto
00:05:27vraiment de faire remonter les choses qui pour eux étaient vraiment importantes.
00:05:33Et puis, on a essayé de mettre les choses à plat et on a arrivé à quelque chose.
00:05:36Et là, on s'est permis d'aller chercher une série dont on n'avait pas parlé.
00:05:40Et c'était une manière de rattraper ce raté, en fait.
00:05:46Alors le tchat, comme d'habitude, je relaie évidemment vos questions
00:05:49quand vous les écrivez, je les relaie à nos deux invités.
00:05:52Et aussi, pour vous dire là, dans nos discussions sur les tops de l'année,
00:05:55on va commencer dans quelques instants avec le top album,
00:05:58donc plutôt chapitre musique.
00:06:00Donc n'hésitez pas déjà dans le tchat à nous relayer vos tops de l'année.
00:06:04On va aussi parler des tops des lecteurs de Libération
00:06:07qu'on en a déjà reçus, dont on a un petit peu parlé.
00:06:10Donc n'hésitez pas dans le tchat à déjà nous relayer ça.
00:06:11Mais j'ai encore une question sur l'établissement, la confection en tout cas
00:06:15de ces tops. Tout à l'heure, en préparant un petit peu ce stream, Olivier,
00:06:18je te disais, en tout cas, je te demandais, est-ce qu'un top,
00:06:22quand on l'établit à Libération, est-ce qu'on peut dire que c'est un travail subjectif ?
00:06:27Et je te répondais que la critique n'est jamais subjective.
00:06:31C'est pour ça que je voulais en parler aussi en ouvrant ce stream.
00:06:33Oui, alors le travail critique, je rappelle toujours un peu pour moi
00:06:37ce qui est la base, c'est que la critique, c'est pas une opinion.
00:06:39La critique, c'est un mélange.
00:06:41Évidemment, il y a une part de subjectif dans les choix et dans les sensibilités
00:06:44de chacun pour aller déterminer ce qui fait qu'un objet
00:06:48à nos yeux importe ou n'importe pas et éventuellement est concluant ou pas du tout.
00:06:54J'utilise des mots vraiment à dessein très centristes.
00:06:59Mais il y a une grande part aussi d'analyse,
00:07:03de théorie, j'ai envie de dire d'expertise.
00:07:05Et c'est pour ça qu'on s'est amusés aussi dans l'introduction du Top Music
00:07:09à rappeler que notre top ne pouvait pas être le même que celui
00:07:13de qui que ce soit sur la Terre, puisqu'il était par définition arbitraire.
00:07:17Je préfère le mot d'arbitraire parce que l'arbitraire, c'est vraiment un choix.
00:07:19Encore une fois, on va chercher dix objets.
00:07:22C'est minuscule par rapport à la pléthore de musiques
00:07:26qui est créée chaque année et distribuée, surtout maintenant avec Internet,
00:07:30les plateformes de streaming indépendantes ou qui appartiennent à des multinationales.
00:07:34Tout ça mélangé, c'est absolument monstrueux.
00:07:36Donc, évidemment que c'est du chirping, comme on dit en anglais,
00:07:40c'est vraiment aller chercher des petites choses et
00:07:43essayer de se frayer un chemin qui nous semble cohérent, mais qui, encore une fois,
00:07:51comment dire, bénéficie.
00:07:54C'est une manière pour nous de décider avec, mais j'ai envie de manière presque
00:07:59scientifique, je peux dire, mathématiques, sciences, de ce qui est important.
00:08:04Et ça, on l'établit avec, encore une fois, nos expériences.
00:08:08Et aussi parce que toute l'année, on baigne dedans.
00:08:10C'est à dire que nous, moi, je reçois à peu près trois, quatre cents
00:08:15liens d'écoute de musique par semaine.
00:08:17Je n'écoute pas tout, évidemment.
00:08:18Une grande partie de mon travail, de mon temps libre, j'en ai pas beaucoup.
00:08:24Je l'utilise vraiment à aller gratter à droite, à gauche
00:08:27tous les labels, les artistes, etc.
00:08:30Cliquer de lien en lien.
00:08:31J'aime bien citer Jean Dénel Beauvalais, ancien des Arocs.
00:08:34Lui qui parle de ses quêtes, il se met un casque sur les oreilles et puis il part.
00:08:39Ça, on n'arrête jamais de le faire.
00:08:42Évidemment, on retourne sur les choses qu'on connaît déjà
00:08:44et puis on suit les liens, les conseils des gens qu'on aime, etc.
00:08:49Et on essaye d'aller trouver un peu les choses qui sont importantes.
00:08:52Et puis après, évidemment, on fait remonter comme à la pêche des choses.
00:08:56Et ça, j'ose imaginer que ça participe quand même et que ça fait
00:09:0025 ans que je fais ce métier.
00:09:02Ça participe d'une sorte d'expertise qui nous permet, je crois, de repérer les choses.
00:09:06Encore une fois, ça n'annule absolument pas les goûts des uns et des autres.
00:09:10Ça n'a pas vocation à remplacer ou à s'imposer comme quelque chose qui serait.
00:09:15Par contre, ça peut éventuellement, d'un point de vue journalistique,
00:09:18informer les gens sur ce qu'un collectif de journalistes,
00:09:23on va dire avec une certaine expérience, peut présenter
00:09:26comme étant la musique qui importe à un moment T.
00:09:29Tu veux rajouter quelque chose ?
00:09:31Oui, non, mais c'est que juste pour le truc de la subjectivité,
00:09:37je comprends comment la distance qu'on peut prendre avec ce
00:09:41qu'on peut vouloir prendre avec ce terme.
00:09:42Après, c'est vrai qu'il y a un truc où la géométrie qui est la nôtre,
00:09:45les individus qu'on est font que ce top, il a cette tête là aussi.
00:09:50C'est qu'il y a un truc où, certes, il y a une addition d'expertise.
00:09:55Je veux quelque part, mais il y a un truc qui fait que les lots,
00:10:00je reconnais les lots dans le choix de cet album là.
00:10:03Je reconnais Didier dans le choix de cet album là.
00:10:06Il y a un truc, il y a un truc qui je trouve, il y a des personnes derrière.
00:10:10C'est pas juste des gens, des experts qui ont trouvé la formule mathématique
00:10:15parfaite pour.
00:10:16C'est là où c'est un peu subjectif, quand même un petit peu.
00:10:19Non, je dis juste moi, par exemple,
00:10:22on va dire à 80% de la musique que j'écoute, c'est de la musique électronique.
00:10:26Il y en a très peu dans ce top, ce qui prouve bien que
00:10:28et je suis censé quand même, d'une manière ou d'une autre,
00:10:31chapoter un peu ce truc là.
00:10:32Mais pour moi, ça ne servirait à rien d'imposer un disque d'ambiante
00:10:35ou je ne sais pas quoi que j'ai, que j'ai adoré cette année,
00:10:40parce que pour moi, ça doit représenter le travail de l'équipe
00:10:45qui a été fait sur ces douze derniers mois.
00:10:47Et donc, c'est à peu près ça.
00:10:49Voilà typiquement l'album de The Cure,
00:10:52qui est que moi, j'ai écouté une première fois chez Universal en me disant
00:10:56voilà, et deux semaines après, je me rendais compte que je l'écoutais en boucle
00:10:59et que ce disque allait marquer quelque chose de mon année.
00:11:02Et ça, je ne pouvais pas aller contre ça.
00:11:05Donc, évidemment, là, il y a une part de subjectivité, mais j'ai envie de dire
00:11:08que l'émotion que j'ai éprouvée, j'avais des outils pour l'analyser
00:11:12d'une manière journalistique.
00:11:14Critique, il y a des supporters dans le tchat,
00:11:18notamment des supporters de Charlie XX.
00:11:21Puisqu'avec le top album, je dis Bratt,
00:11:24Magdalena Bay tous les jours, Iseult, Colleen Stetson.
00:11:28Ma question, du coup, pour vous est la suivante.
00:11:30De qu'est ce qui ressort du top album des lecteurs de Libération ?
00:11:36Je tiens à préciser que Bratt n'était pas dans le top parce qu'on s'est mis
00:11:39d'accord avec, notamment avec Lello qui aime aussi énormément cet artiste,
00:11:43que ce n'était finalement pas un grand disque.
00:11:45En revanche, j'ai consacré une partie, un texte à part sur l'année Charlie XX.
00:11:50C'est une artiste que l'on suit depuis quasiment le tout début de sa carrière,
00:11:55vraiment sa première mixtape aux alentours de 2010.
00:11:59Et l'avoir enfin accédé à ce statut de pop star,
00:12:03c'est un moment absolument formidable.
00:12:05Et dans l'absolu, il y a un tiers d'albums que je trouve absolument incroyable.
00:12:10Qu'est ce qu'on peut dire d'autre ?
00:12:11Il n'y a quasiment que des disques, je peux faire la liste,
00:12:14quasiment que des disques qu'on a mis en avant un peu beaucoup.
00:12:18Romance de Fontaine Dessay, l'album de Billy Eilish,
00:12:21Hit Me Harder Not Soft, sur lequel tu avais écrit de manière assez positive.
00:12:24Donc l'album de The Cure, Songs of a Lost World, l'album de Kendrick Lamar,
00:12:28le Bratt de Charlie XX, la Symphonie des éclairs de Zaout Sagazan.
00:12:32Il me semble qu'il est paru l'année dernière, mais je crois que c'est une édition de luxe.
00:12:35Là, pour le coup, on ne serait pas forcément d'accord,
00:12:37mais elle a été pas mal mise en avant dans le journal.
00:12:41Pas forcément par le service culture.
00:12:42Le Monsan, de l'album de Clara Zul Luciani.
00:12:45Moi, je n'ai pas été très tendre avec ce disque parce que je l'ai trouvé un peu
00:12:50un peu terne.
00:12:50Voilà. Justice, on n'est pas tout à fait d'accord avec Marie qui adore,
00:12:54pour elle, c'est, je crois, leur meilleur album depuis le premier.
00:12:57C'est le meilleur album du monde, le meilleur album du monde, le premier.
00:13:01Donc ça, c'est le top lecteur aussi.
00:13:02Ouais, je suis en train, je ne sais pas si j'ai été clair.
00:13:04Oui, pardon, là, je le lis le top, les lecteurs de libération,
00:13:06les dix premiers albums, les dix premiers albums qui ont été publiés.
00:13:09Le White God de Nick Cave, qui est un excellent disque
00:13:11qu'on n'a pas mis dans le top, mais on lui a consacré trois pages d'entretien.
00:13:14Et les Ouzouds de Philippe Catherine, qui pour moi,
00:13:15ils sont meilleurs depuis les créatures.
00:13:17Donc ça, je suis complètement d'accord.
00:13:18Et Marie, l'album, l'adore aussi.
00:13:20Qu'est ce qu'on veut dire d'autre sur ce top qui est incroyablement consensuel?
00:13:23Vous êtes vraiment des, vous êtes des bérouistes, mais c'est incroyable.
00:13:26Non, je déconne, tout ça est très cohérent.
00:13:29Peut être, peut être juste en marge de, en marge du truc des tops,
00:13:34peut être juste préciser parce qu'on y faisait allusion à l'instant sur,
00:13:37par rapport à Bratt, c'est à dire qu'en fait, juste pour, en fait,
00:13:41pour c'est une forme de contrebalancer ou de compléter le truc du top
00:13:45dont on parlait à l'instant, c'est que l'autre chose qu'on a fait
00:13:48à laquelle on a accordé exactement autant de place,
00:13:50c'est qu'on a accordé aussi une page à, pour le coup, un truc
00:13:55qu'on pourrait qualifier d'un, c'est encore la question de la subjectivité,
00:13:58mais c'est des trucs où on s'exprimait chacun à la première personne
00:14:02et où chacun a pioché quelque chose qui, à la fois,
00:14:06est une sorte de coup de cœur personnel, mais qui dit quelque chose aussi
00:14:10à travers ce truc très personnel sur l'année passée.
00:14:12Donc toi, tu as écrit sur Bratt.
00:14:15Moi, j'ai fait un truc sur un concert qui m'a vachement ému de Mathieu Bogart,
00:14:19et qui dit aussi quelque chose de, enfin, voilà, c'est en fait,
00:14:23on a complété le top par quelque chose d'un peu
00:14:27personnel et subjectif.
00:14:29Et oui, je voulais aussi préciser un truc.
00:14:31Une des raisons aussi pour lesquelles l'album de Charlie XX
00:14:34n'est pas dans ce top, c'est qu'on savait.
00:14:35Elle n'est pas dans le top de l'Ibé.
00:14:36De l'Ibé, c'est qu'elle était absolument dans tous les tops
00:14:40de tous les médias qu'on peut lire.
00:14:42Donc, on s'est dit bon, on n'est pas obligé.
00:14:44L'idée, ce n'est pas de revendiquer que l'Ibé aime Charlie XX.
00:14:48Je pense qu'on l'a déjà suffisamment prouvé à travers toutes les critiques
00:14:51qu'on a faites et toutes les tentatives avortées d'interview
00:14:54qu'on a fait avec elle.
00:14:56Et c'était qui les grands artistes attendus aussi sur cette année 2024 là ?
00:15:01Dont les albums étaient particulièrement attendus,
00:15:03les superstars aussi un petit peu.
00:15:05Tu veux dire attendus avant leur sortie ?
00:15:07Oui, ouais.
00:15:11Taylor Swift, j'ose le dire.
00:15:12Ouais, je crois que c'était un des disques.
00:15:15Mais pourtant, qui ne ressort pas du coup dans le top album,
00:15:17ni des lecteurs de l'Ibé.
00:15:18Moi, j'ai une théorie là-dessus, c'est qu'en réalité,
00:15:20personne n'aime Taylor Swift.
00:15:22Pas une personne sur la Terre.
00:15:23Donc, évidemment, ce n'est pas dans le top.
00:15:25Non, j'ai fait défiler...
00:15:28Non, elle arrive assez tôt quand même.
00:15:30Elle arrive assez tôt après.
00:15:32Taylor Swift, c'est-à-dire que nos lecteurs,
00:15:35on a encore du travail à faire en fait.
00:15:37C'est bien, tu vois, il y a des lecteurs qui sont fans de Taylor Swift.
00:15:40Je crois que son album, il arrive en 14e ou 15e position
00:15:45juste après Julien Doré.
00:15:46Voilà, ça, c'est encore le grand...
00:15:48Qu'est-ce qui s'est passé, quoi ?
00:15:49Qu'est-ce qui vous arrive ?
00:15:52Tu as une explication ?
00:15:53Je pense que les gens ont eu ta critique
00:15:55et se sont dit qu'ils allaient le venger.
00:15:56Voilà.
00:15:57Encore une fois, on n'a pas de détestation d'aucun artiste.
00:16:02On essaie de monter, qu'il y ait des choses, etc.
00:16:04Ce qui nous a principalement dérangé avec Taylor Swift,
00:16:08outre sa musique qui est vraiment un bac d'eau de vaisselle tiède,
00:16:13c'est l'incroyable, l'omniprésence hallucinante.
00:16:16Les Américains parlent de monoculture.
00:16:17C'est vrai qu'il s'est passé un truc absolument hallucinant cette année.
00:16:21Ça nous a intéressés, évidemment, d'essayer de comprendre
00:16:23pourquoi on y a consacré un événement.
00:16:25On a fait six pages, sept pages.
00:16:27J'essaie de comprendre, de revenir un peu en détail
00:16:30sur les raisons de ce succès absolument ahurissant.
00:16:32Moi, dans les grands disques attendus pop américains de l'année,
00:16:36je préférais évidemment mettre en avant l'album de Beyoncé.
00:16:39J'ai essayé vaguement, j'ai évoqué la possibilité qu'il puisse être dans ce top
00:16:43parce que par ailleurs, on a beaucoup écrit sur le retour de la country
00:16:46à la fois dans la culture américaine et au-delà,
00:16:52mais aussi dans sa forme, son bon état créatif particulier.
00:17:00On a beaucoup écrit là-dessus.
00:17:02L'Elo a notamment fait un papier très intéressant sur la manière dont,
00:17:05politiquement, les choses avaient beaucoup changé.
00:17:08Et moi, l'album de Beyoncé, je pense que c'est son meilleur album
00:17:11et il m'a vraiment beaucoup convaincu, beaucoup fait voyager.
00:17:19C'est un disque que j'ai continué à écouter quasiment depuis qu'il est sorti.
00:17:24Mais en même temps, Beyoncé n'a pas vraiment besoin d'être dans un top de libération.
00:17:27Enfin, besoin.
00:17:28On ne fait pas ça que pour ça, mais voilà.
00:17:31Dans le tchat, on nous dit, Libé m'a fait découvrir Paranoid London cette année.
00:17:36Je ne connaissais pas moins.
00:17:37Alors oui, c'est un groupe de duo électronique.
00:17:40Non, ce n'est pas un duo, je ne suis plus bref, un londonien, comme son nom l'indique.
00:17:44Mais ça, pour le coup, c'est dans les pages du week-end.
00:17:46Je ne vais pas rentrer dans le détail, mais en gros,
00:17:48ce n'est pas le service culture qui s'occupe des pages du week-end.
00:17:50Voilà, c'est leur choix, mais c'est un bon groupe.
00:17:54On nous dit aussi, je pense que Eminem était aussi très attendu.
00:17:58Grosse déception.
00:18:00Est-ce que vous avez eu l'occasion d'écouter cet album ?
00:18:03On a fait une critique.
00:18:03Marie a fait une critique.
00:18:04Je te passe le micro, du coup.
00:18:06J'ai complètement oublié cet album.
00:18:09Non, mais c'est aussi intéressant.
00:18:12C'est-à-dire que ça fait partie des trucs qui arrivent.
00:18:14En fait, on écrit une fois par semaine sur un, deux, voire trois albums chacun.
00:18:21Et il y a ce phénomène, mais je pense même dans d'autres champs,
00:18:27que la quantité de choses qu'on ingère fait qu'il y a des choses qui restent accrochées.
00:18:31Il y a des choses qui vraiment nous traversent.
00:18:33Et à la fin de l'année, on va dire en fait, cet album-là, il m'a accompagné.
00:18:37T'en as qui ont une durée de vie plus longue.
00:18:39Il y a d'autres sur lesquels tu écris, sur le moment, t'es convaincu.
00:18:44Et puis, en fait, deux semaines plus tard, tu l'as déjà oublié.
00:18:47L'album d'Eminem, en l'occurrence, je me souviens l'avoir écouté.
00:18:52Je ne me souviens pas avoir écrit dessus, et pourtant, j'ai écrit dessus.
00:18:58Donc, c'est un album qui, malheureusement, ne m'a pas marqué.
00:19:02Personne.
00:19:03Est-ce que quelqu'un a été marqué par l'album d'Eminem ?
00:19:06Manifestez-vous.
00:19:07L'angle pendu dans le chat a une très bonne remarque slash question.
00:19:13Il commence par une question, comment vous faites la part entre votre travail de découverte
00:19:17et votre travail d'accompagnement critique des grands phénomènes ?
00:19:19Et il poursuit en disant, je dis ça parce que j'ai un peu de frustration par rapport
00:19:23au côté découverte.
00:19:24Le côté commentaire sur Cure, Beyoncé, Taylor Swift, Catherine m'intéresse moins, même
00:19:28si c'est important.
00:19:29De là à dire que Catherine a fait son meilleur album depuis Les Créatures, je ne comprends
00:19:32pas.
00:19:33Il a fait de sacrés trucs depuis.
00:19:35Pour revenir sur le début de la question, les découvertes, je pense que si vous nous
00:19:43lisez L'Angle Pendu, vous pouvez constater que régulièrement, on met en avant et on
00:19:48consacre de longs papiers à des artistes qui sont assez peu médiatisés ailleurs.
00:19:54Ça, pour le coup, on n'a absolument pas de problème avec le fait de consacrer.
00:19:58Et ça, c'est pas seulement en musique, mais c'est aussi en art, c'est en théâtre, c'est
00:20:02en danse.
00:20:03C'est en cinéma, c'est en série.
00:20:07On met en avant avec exactement la même ampleur et le même intérêt, des choses qui peuvent
00:20:17être beaucoup moins médiatisées, beaucoup moins populaires, mais qu'on estime être
00:20:22très importantes.
00:20:23Ça, ça peut se vérifier toutes les semaines.
00:20:25Alors évidemment, ce n'est pas forcément ce qui est le plus en avant sur le site, parce
00:20:30qu'on a aussi un rapport à l'audience qui est obligé.
00:20:34Mais par exemple, il y a deux semaines, j'ai publié un papier de 4 pages sur The Shovel
00:20:39Dance Collective, qui est un groupe de musique traditionnelle londonien que j'ai été voir
00:20:43à Londres, etc. et qui a eu une place sur la ligne du journal, etc.
00:20:47On a vraiment mis beaucoup en avant, alors que c'est un groupe qui est quasiment autoproduit
00:20:51parce que j'avais le sentiment qu'il se passait quelque chose.
00:20:54J'ai pris le train, j'étais à Londres, j'ai passé du temps avec eux et on leur
00:20:57a consacré 4 pages.
00:20:58Donc ça, on le fait quand même assez régulièrement, pas autant qu'on voudrait.
00:21:02Et par ailleurs, on estime, et je pense que c'est une bonne chose, que quand il y a un
00:21:06objet très mainstream, très grand public qui arrive, il va intéresser beaucoup de
00:21:10monde.
00:21:11Et c'est aussi notre travail, notre devoir de critique que d'y consacrer du temps, éventuellement
00:21:16essayer de consacrer, de rencontrer les artistes qu'on estime que l'oeuvre qu'ils présentent
00:21:20est importante.
00:21:21Malheureusement, c'est de moins en moins possible dans la musique.
00:21:23Il se trouve qu'il y a toute une époque où on pouvait rencontrer les Bob Dylan, les
00:21:27Les Kanye West, etc.
00:21:29Et qu'aujourd'hui, ces gens-là ont quasiment complètement fermé la porte, ce qui reste
00:21:33une problématique.
00:21:34Ils ont plus besoin de la presse écrite.
00:21:37Et puis, de toute façon, il y a les réseaux sociaux, donc énormément d'artistes, de
00:21:42musiques estiment qu'ils n'ont plus besoin de parler aux journalistes.
00:21:45Pour le coup, il y a plus de compagnonnage.
00:21:47On connaît les liens que pouvaient entretenir certains critiques avec certains cinéastes,
00:21:55avec certains musiciens, etc.
00:21:57David Bowie, jusqu'à sa mort, c'est quelqu'un qui a énormément parlé à la presse.
00:21:59Et aujourd'hui, c'est très compliqué d'avoir accès aux artistes, ce qui est un vrai sujet.
00:22:05Mais en tout cas, ce n'est pas pour ça qu'on ne leur consacre pas de la place.
00:22:07Il y a des risques aussi, parfois, par exemple, de critiquer un album envers une critique
00:22:12négative et après, derrière, d'avoir des portes qui se ferment de cet artiste-là ou
00:22:16d'artistes du même label parce qu'on aura été trop durs avec un artiste ?
00:22:20Là, non.
00:22:21On peut parler vraiment à un tout petit niveau, mais vraiment, encore une fois, on a tellement
00:22:28peu accès aujourd'hui, notamment à cause des intermédiaires, je ne vais pas rentrer
00:22:31dans les détails, mais on a tellement peu accès aux artistes que la question ne se
00:22:36pose pas.
00:22:37La plupart des artistes, en vérité, ne prennent pas du tout en bras du fait qu'on puisse
00:22:42faire une critique négative d'eux.
00:22:43Je ne suis pas sûr que...
00:22:46Oui, certains, pardon.
00:22:49En tout cas, les grands artistes s'en fichent, voire même sont plutôt piqués quand on
00:22:56les critique négativement, mais bon, on essaie d'être cohérents, on parle quand même
00:22:59aux artistes qu'on aime et dont on aime les disques, c'est quand même la condition
00:23:03ciné-quanone avant d'aller faire un entretien, c'est d'écouter le disque en amont et établir,
00:23:10c'est de décider si ou non ça vaut le coup d'aller lui parler, on ne va pas aller faire
00:23:14l'entretien d'un cinéaste, d'un musicien, d'un artiste si on ne trouve que le dernier
00:23:19truc qu'il a fait a aucun intérêt.
00:23:20Quels ont été, respectivement, vous, vos albums de l'année ? Vos albums préférés
00:23:26cette année en 2024 ? Marie, peut-être pour commencer ?
00:23:29Ah, c'est vrai qu'il fallait préparer cette question.
00:23:31Ah oui ?
00:23:32Mais merde !
00:23:33Tu ne t'es pas préparée, aïe !
00:23:34Non, non, non, je ne suis pas prête, je ne suis absolument pas prête, c'est-à-dire
00:23:37que...
00:23:38Où ta révélation de l'année, ta plus belle surprise de l'année peut-être ? Ce qui
00:23:42te vient le plus...
00:23:43Je ne sais pas, si je fais le troll, je dis Philippe Lavigne, qui a été...
00:23:48Olivier est d'accord avec moi ! Philippe Lavigne, qui est un professeur de lettres, je crois,
00:24:01à la retraite, qui a sorti un album cet été sur Bandcamp, dont j'ai fait la critique.
00:24:06C'était Langue Pendue tout à l'heure, qui disait, on parle un petit peu trop de Beyoncé,
00:24:11j'invite Langue Pendue à revenir un petit peu sur nos chroniques hebdomadaires et sur
00:24:15les machins qu'on déterre tous des tréfonds de Bandcamp, par exemple, qui est une plateforme
00:24:22de streaming qui n'est ni Spotify ni Deezer, qui est une petite plateforme qui rend beaucoup
00:24:29plus service aux artistes.
00:24:30Philippe Lavigne a composé un album entier de reprises de classiques de la chanson française,
00:24:37comme La Danse des Canards, des choses comme ça.
00:24:40Quelqu'un dans le chat nous demande s'il s'agit de la fusion de Catherine et d'Avril Lavigne.
00:24:43Alors, c'est pas loin, je pense que d'Avril Lavigne, il a l'implantation capillaire et
00:24:51de Philippe Catherine, l'organe vocal.
00:24:53On est un peu dans ce style-là.
00:24:56Et donc, il a fait ses reprises de La Danse des Canards, par exemple, en décalant toujours
00:25:02une syllabe du texte sur la note de musique correspondante, c'est-à-dire que ça rend
00:25:06fou.
00:25:07C'est à la fois complètement insupportable parce que la syllabe n'est jamais sur la
00:25:11bonne note et c'est de la drogue gratuite, c'est incroyable.
00:25:16Donc, est-ce qu'on va pas dire que ce serait mon album de l'année ? Voilà, on va dire
00:25:22Philippe Lavigne.
00:25:23Et un album comme ça, par exemple, comment est-ce qu'il parvient à vos oreilles ? Est-ce
00:25:26que ça, c'est de la découverte ou est-ce que c'est assez circulé pour que ça arrive
00:25:34jusqu'à vos oreilles ? Comment ça se passe, la découverte d'un album comme celui-ci,
00:25:36par exemple ?
00:25:37J'aimerais m'en souvenir, mais ça, ça fait partie des trucs où, en fait, passer
00:25:41des heures, ça se passe beaucoup.
00:25:44En fait, pour le genre, j'aime beaucoup découvrir des tout petits trucs, des albums
00:25:49comme ça, improbables, qui ont été écoutés par quatre personnes mais qui peuvent avoir
00:25:55un intérêt.
00:25:56Bon, là, en l'occurrence, c'est un peu extrême, j'exagère un petit peu, mais c'est
00:26:00souvent par capilarité, c'est-à-dire qu'en fait, je suis beaucoup d'artistes ou de petits
00:26:05musiciens ou de petits groupes ou de tout petits labels et machin va parler de trucs,
00:26:12qui parle de trucs et en fait, par ricochet, c'est beaucoup un tissu comme ça, une sorte
00:26:18de toile d'araignée un petit peu obscure que je ne sais plus quel fil j'ai tiré ce
00:26:23jour-là quand je suis tombée sur Philippe Lavigne, mais j'étais très contente de
00:26:26pouvoir en parler dans l'EB.
00:26:28Olivier, toi, quel a été ton album préféré, ton album de l'année ?
00:26:32Je vais avoir beaucoup de mal à en choisir un, je vais citer une artiste que j'aime
00:26:36beaucoup qui est Guatemala Tech, qui s'appelle Mabe Frati, elle vit à Mexico depuis 7-8
00:26:42ans, je crois, elle est violoncelliste, chanteuse, elle est assez productive, elle a fait, je
00:26:48crois, deux albums cette année, elle a un groupe avec son compagnon et cet album qui
00:26:53s'appelle Sentir que nos abbesses est vraiment un très très très beau disque, c'est assez
00:26:59difficile à décrire, c'est des chansons assez progressives, on va dire, dans une tradition
00:27:04qui découlerait notamment par exemple des chansons de Robert Wyatt en Angleterre, mais
00:27:10aussi elle a quelque chose d'extrêmement sud-américain, qui est très mexicain aussi
00:27:16et en même temps très lyrique, elle a une manière de chanter qui est assez belle, j'avais
00:27:19fait son portrait et je l'avais interviewé il y a quelques temps à la veille d'un concert
00:27:23qu'elle a fait à Paris dans le cadre du Pitchfork Festival et peut-être qu'on va
00:27:28dire dans un doublon hispanophone, je vais citer, ouais j'en fais deux, mais c'est pour
00:27:33rattraper le tien, voilà, du coup je suis obligé de le dire maintenant, j'ai fait
00:27:40le teasing, Nino Delce, canto de lo gitano, je sais plus exactement quel est le titre,
00:27:49qui est le troisième disque de la trilogie de Nino Delce qui est un chanteur de flamenco,
00:27:53originaire de Valence, qui est dans une création extrêmement libre parce qu'il peut autant
00:28:00faire de la musique électronique très abstraite que d'interpréter des chansons flamenco
00:28:11très anciennes, de manière très épurée, juste guitare-voix, et là qu'elle sorti
00:28:15un album absolument splendide il y a quelques semaines, voilà, je crois que c'est les
00:28:18deux disques avec lesquels j'ai le plus vécu cette année, si je fais exception des
00:28:24vieilleries.
00:28:25Dans le chat, préparez-vous à nous sortir vos films préférés de l'année, on va
00:28:30bientôt y arriver, tu voulais répondre ?
00:28:33Oui, non, c'est juste, comme on est sur les mathématiques, ce soir j'estime que j'ai
00:28:37droit à un deuxième album, je ne serai pas longue, mais Myriam Gendron, je pense que
00:28:44c'est quelqu'un qui m'a accompagnée toute cette année, dans tout type de moments,
00:28:51c'est une chanteuse folk montréalaise, que j'ai eu la chance de voir en concert
00:28:56deux fois, et j'ai rarement vu, en fait j'ai rarement vu un concert dans lequel
00:29:02une salle entière était muette, mais quasiment même, entre les morceaux il y avait des applaudissements,
00:29:08et c'est tout, tu entendais les mouches voler pendant le concert, ce qui est assez rare
00:29:13dans un lieu comme le Badaboom, nos spectateurs ne sont peut-être pas tous parisiens, mais
00:29:18le Badaboom c'est quand même une salle qui est plutôt un environnement club, que
00:29:23je connais très bruyant habituellement, et là, je n'ai jamais vu le Badaboom aussi
00:29:27calme, les gens pleuraient en silence, c'était très très beau.
00:29:30D'ailleurs tu parlais d'une artiste montréalaise, mais moi je voulais aussi que vous me parliez
00:29:34d'une réélation canadienne, dont vous m'avez un petit peu parlé tout à l'heure,
00:29:38de Cyndy Lee, puisque vous m'expliquiez tout à l'heure, c'était assez intéressant
00:29:40la liaison entre l'album de Tyler Swift et l'album de Cyndy Lee.
00:29:47Oui, alors ces deux disques qui ont été, on va dire relativement, très remarqués
00:29:50par la critique, peut-être pas autant par le public, évidemment Cyndy Lee qui est une
00:29:54artiste, ça va être compliqué de la genrer, parce que c'était un musicien à la base
00:30:00qui jouait dans un groupe qui s'appelait Women et Queer, mais qui a un alter-ego drag
00:30:07qui s'appelle donc Cyndy Lee, donc quand elle fait de la musique, il faut la gérer
00:30:12en femme, et donc qui a sorti un album absolument incroyable, entièrement enregistré quasiment
00:30:19seul avec un amibateur autoproduit, puis quasiment autodistribué par le biais d'un vieux site,
00:30:29d'un vieil hébergeur que tout le monde a oublié de l'internet 1.0 qui s'appelle
00:30:34Geocities, que tout le monde a découvert sur YouTube en réalité, puisque l'artiste
00:30:38avait mis aussi son disque en flux comme ça, un seul fichier de deux heures sur internet,
00:30:44et ça a suffit en fait pour faire une espèce de bouche à oreille assez hallucinant, puisque
00:30:52ça a même traîné de poudre, l'album s'appelle Diamond Jubilee, ce qui est je pense un hommage,
00:30:56c'est les 75 ans du rock'n'roll, et on traverse comme ça 75 ans de musique, mais c'est un
00:30:59disque aussi dont le côté nostalgique est complètement lié à la névrose de son créateur,
00:31:06et c'est un disque qui contient deux heures de musique, exactement comme l'album de Taylor Swift
00:31:11qui est sorti cette année, mais qui pour le coup n'a bénéficié d'aucune espèce de machinerie
00:31:18monstrueuse, d'un mainstream totalement conquérant. Pour donner un exemple, Taylor Swift, pour occuper
00:31:25le terrain, elle a je pense réédité son album avec des chansons supplémentaires, des poches
00:31:29différentes, trois, quatre, cinq fois, ce qui lui a permis effectivement d'être de caracolé comme ça,
00:31:36en pole position de tous les tops, de toutes les plateformes de streaming, et de gagner énormément
00:31:40d'argent, tout ça évidemment avec un déroulé, on va dire marketing extrêmement bien rodé,
00:31:47et tout d'un coup ces deux heures de musique déboulées de nulle part, quasiment, même si
00:31:53Cyndi Lee est quand même un artiste identifié par les gens qui aiment l'indie rock, moi m'a redonné
00:31:58tout d'un coup de l'espoir qu'il pouvait y avoir une alternative, parce que bon, c'est une époque où
00:32:02on va dire, il y avait le mainstream, et puis à côté de ça, il y avait la culture alternative,
00:32:07il y avait suffisamment de, comment dire, la culture alternative était suffisamment puissante
00:32:14pour en fait fédérer suffisamment de personnes, pour créer un vrai monde parallèle, économiquement
00:32:18viable. Les plateformes de streaming et internet ont fait voler tout ça en éclats, ce qui fait
00:32:22qu'aujourd'hui tout est extrêmement balkanisé, les gens qui, notamment le public de la
00:32:26musique, chacun écoute un peu la musique, fait un peu sa popote dans son coin, et on a
00:32:31complètement perdu un peu ce circuit alternatif, etc. Et malgré ce côté complètement, j'ai envie
00:32:40de dire, apocalyptique, on va dire, du champ économique de l'industrie musicale indépendante,
00:32:46et bien il peut quelqu'un aujourd'hui, par la grâce en fait de la technologie, puisqu'aujourd'hui
00:32:50on peut passer directement en fait de l'album de Taylor Swift à l'album de Cyndi Lee avec le
00:32:56même appareil, fait qu'un disque de Cyndi Lee peut culturellement être aussi important qu'un
00:33:01album de Taylor Swift, pour une minorité de personnes, mais ça c'est très important, et
00:33:05évidemment le disque a été numéro 1 de Pitchfork, et ça raconte quand même quelque chose, et je
00:33:10pense que c'est le frémissement de quelque chose qui pourrait revenir dans les années à venir,
00:33:14c'est à savoir d'une vraie culture alternative à la monoculture du mainstream impérialiste
00:33:20américain anglo-saxon, etc. Même si évidemment les choses sont plus complexes, parce qu'aujourd'hui
00:33:24on écoute beaucoup de musique en espagnol, en arabe, et tout ça est évidemment très positif.
00:33:28Passons au cinéma peut-être, avec plusieurs remarques. Jougraphe nous dit que ses deux
00:33:34films préférés cette année sont Venom et The Last Dance. J'ai également pas pu voir Here de Robert
00:33:42Zemeckis, mais ça m'a l'air fort plaisant. Ou encore pour moi cette année c'est Romance,
00:33:46Imaginal Disks et GNX. Ah oui donc là on reparle aussi des albums de l'année. Gemello de Angelica
00:33:52Garcia. Est-ce qu'il y a des choses que j'ai citées sur lesquelles vous voulez rebondir ? Venom,
00:33:58grand film, très très grand film. Here de Robert Zemeckis, je me suis roulé par terre pour qu'il
00:34:09soit dans le top des films de fin d'année, mais il y en était deux à l'avoir vu, et Sandra
00:34:14Onana pour ne pas la citer a détesté, donc le film ne s'est pas retrouvé dans le top. Par ailleurs,
00:34:18c'est un truc très particulier parce que c'est Robert Zemeckis qui autrefois était un réalisateur
00:34:22de blockbusters. Les gens le connaissent pour Retour vers le futur, etc. Mais qui est aussi un
00:34:27expérimentateur de formes et de technologies. Il a toujours été à la pointe un peu depuis Roger
00:34:33Abit jusqu'à Contact, etc. Et là il a fait un film assez effectivement fascinant puisque c'est un
00:34:37plan unique d'1h40 avec des percées comme ça et un morphing à peu près permanent et des voyages
00:34:44dans le temps à peu près permanents qui racontent l'histoire d'un seul lieu depuis, on va dire,
00:34:50situé évidemment en Amérique du Nord, sur la côte Est, depuis les dinosaures jusqu'à nos jours,
00:34:59et notamment à travers le biais d'une seule famille à la fois qui a vécu les décennies
00:35:06d'émancipation depuis l'immédiate après-guerre en 45 jusqu'aux années 90, l'émancipation mais
00:35:13aussi l'enfermement dans une petite ville américaine, le capitalisme, etc. Raconté avec
00:35:18une forme absolument incroyable. Désolé Jules Graff, je n'avais pas compris que c'était le
00:35:25titre complet, Venom the Last Dance. Désolé Jules Graff, merci pour la précision. Je ne me souviens
00:35:29plus que ça s'appelait comme ça. C'est Sandra Onana aussi qui l'a vu. Elle a adoré. C'est son
00:35:34film de l'année. Je vois aussi dans le chat qu'on salue un film qui est revenu, si je ne m'abuse,
00:35:40dans le top de lecteur libé. C'est Emilia Perez, J-Reaper 16, qui nous dit que c'est peut-être le
00:35:45film qui mélange correctement le monde du musical et du cinéma thriller et donc j'ai envie de dire
00:35:50top film 2024. Il ressort aussi dans le top lecteur libé, c'est bien ça ? Absolument. En première
00:35:56position, il est en numéro un. Il n'est pas dans le top parce que pour la simple et bonne raison,
00:36:03plusieurs personnes au service l'ont détesté ou pas aimé. C'est assez complexe. Sandra Onana
00:36:13avait écrit dessus à Cannes. Pour tout dire, je suis parti avant la fin du film à 8 heures du
00:36:18matin à Cannes et je n'ai pas vu la toute dernière scène. On avait fait une critique assez négative et
00:36:25puis Luc Chessel l'a revu à Paris et on a fait une critique plutôt positive. On a été assez partagé
00:36:32sur le film. Je ne vais pas revenir en détail sur ce que j'en ai pensé, sur ce qu'en ont pensé les
00:36:36collègues. En tout cas, il n'y avait pas de consensus du tout sur ce film de Jacques Audiard.
00:36:42D'ailleurs, sur le top des lecteurs libés sur les films, qu'est-ce qu'il en ressort peut-être
00:36:47dans les grandes lignes ? Je peux lire les titres. Par ordre de nombre de votes. Ensuite,
00:36:54les graines du figuier sauvage de Mohamed Rasouloff. En fanfare, je me souviens un peu du cinéaste film
00:37:02que nous n'avons pas critiqué parce qu'on a oublié d'aller le voir. Didier Perron l'a vu et je sais
00:37:06que ça lui a pas mal plu. Je dis ça s'il nous regarde. Salutations, il est en vacances. Le
00:37:11conte de Montecristo. La zone d'intérêt, le film de Jonathan Glaser qui a aussi énormément partagé
00:37:18la rédaction. Moi, c'est un film qui m'a quand même beaucoup impressionné. Anora de Sean Baker,
00:37:24la palme d'or à Cannes qu'on est beaucoup à avoir adoré, Marie y compris. L'histoire de
00:37:30Suleyman qu'on a fait un autre événement avec un retien de l'acteur principal. Un film qui aurait
00:37:37pu tout à fait se retrouver dans le top 10, mais il se trouve qu'on n'était pas suffisamment heureux
00:37:41à l'avoir vu. Miséricorde d'Alain Giraudy qui est dans notre top, qui est un très grand film.
00:37:45The Substance, un film qui a beaucoup partagé. Camille Nevers, on a fait son film de l'année.
00:37:49Moi, j'ai trouvé ça totalement lamentable. On a un rapport très compliqué avec Denis Villeneuve
00:38:00au journal. Je ne peux pas en dire plus là. C'est moi qui avais écrit sur le film. Dans la catégorie
00:38:08des blockbusters, ce n'est pas vraiment ce que je retiens de cette année. Pour tout dire, j'avais
00:38:12oublié que le film était sorti en 2024. Tu veux dire quelque chose ? Non, mais après, moi, je
00:38:19trouve intéressant en tant qu'observatrice à quel point les trucs peuvent cliver très fort. Les
00:38:26critiques cinéma, je n'ai pas le sentiment qu'on vive ça aussi fort dans la musique, de façon aussi
00:38:34radicale. Tu as un album adoré et détesté par quelqu'un d'autre ? Oui, parce que j'ai l'impression
00:38:42notamment que ce soit sur, par exemple, The Substance, tu avais des sentiments très très
00:38:50forts à Cannes, je me souviens. Et à l'inverse, j'ai énormément ri par exemple. C'est amusant dans
00:38:58ce genre de cas de figure à Cannes, quand c'est des premières, d'échanger à chaud avec les gens
00:39:03qui sortent des salles. Parce que ça nous arrive souvent d'être à deux, voire à trois, avoir vu
00:39:08le même film. Moi, encore une fois, je ne suis pas critique. J'étais là pour faire des portraits,
00:39:12mais je vois les films en même temps que les critiques. Je trouve ça hyper intéressant de les
00:39:16voir sortir et puis de cueillir leur sève à chaud comme ça et de voir que les avis sont parfois pas
00:39:22encore formés et qu'il peut y avoir des avis très tranchés et que des gens pas sûrs se mettent à
00:39:28s'aligner. Il y a une espèce de polarisation comme ça qui se passe, où l'avis se forme en en parlant
00:39:34avec autrui en sortant de la salle. Non, mais après, ce qui est chouette avec le cinéma, c'est
00:39:40qu'on a ce sommelier. Les films sortent chaque semaine et l'événement culturel se crée de
00:39:46facto, de lui même, puisque les films nous arrivent en même temps sur les salles de cinéma. Après,
00:39:51évidemment, il y a des légers décalages quand on les voit dans les festivals comme à Cannes. Mais
00:39:55donc, ça fait un rendez-vous critique, si j'ai envie de dire. Donc, les gens discutent du film
00:39:59à peu près au même moment. Et ça, c'est quand même quelque chose qui est précieux, qui n'est
00:40:04pas aussi suivi, évidemment, sur la musique, puisqu'en plus, aujourd'hui, les disques sortent
00:40:08en même temps. Mais on n'a jamais vraiment eu en France cette tradition du disque qui fait
00:40:15parler au-delà, on va dire, d'un cercle de gens qui sont passionnés de musique, comme c'est le
00:40:19cas, par exemple, au Royaume-Uni, où la musique continue à créer une espèce de discussion,
00:40:24comme on dit, j'ai assez un horrible anglicisme, je crois, en tout cas, de conversation un petit
00:40:29peu dans les cafés, je ne sais pas, dans les pubs ou à la machine à café. Là, ça reste encore le
00:40:35cas avec le cinéma et je trouve que c'est chouette, évidemment, de s'insérer là-dedans. Il y a eu
00:40:41des grands moments, il y a eu des événements culturels, par exemple, je pense évidemment à
00:40:44Megalopolis de Francis Ford Coppola, qui est un film que, par ailleurs, presque personne n'a été
00:40:49voir. Moi, le film m'avait beaucoup décontenancé à Cannes, je l'ai revu à Paris, je l'ai trouvé
00:40:56quand même relativement incroyable. Donc, voilà, c'est aussi intéressant de voir qu'un avis peut
00:41:02rester un petit peu, comment dire, élastique et souple pour se modifier, même si c'est bien
00:41:09aussi, je pense, de pouvoir se mettre en colère contre des films ou s'emballer totalement au-delà
00:41:14du raisonnable. Évidemment, l'amour qu'on a pour une oeuvre d'art ou l'estime qu'on a pour une
00:41:19oeuvre d'art est faite pour être nourrie par la passion. Et je contredit totalement ce que j'ai
00:41:29dit tout à l'heure sur le subjectif et les mathématiques. Il y a une remarque très intéressante
00:41:35dans le chat sur The Substance qui nous dit « C'est fascinant, la majorité des critiques
00:41:39femmes ont eu un avis au pire favorable, mais leur compère masculin le déteste sans nuance,
00:41:43moi compris. » Et je crois que ce serait intéressant de se demander pourquoi.
00:41:46Je vais juste dire que c'est Sandra Houdana qui a écrit dessus à Cannes et qu'elle n'avait pas
00:41:51aimé le film. Voilà, moi, du coup, je viens de la démonstration. Et puis, c'est pas à moi de parler,
00:41:56voilà, je peux pas. Non, alors, on parle beaucoup de Sandra Houdana et à la place de Sandra Houdana,
00:42:04oui, elle est là. Viens, Sandra, viens, viens si t'es une femme. Non, mais parce que je me
00:42:10souviens justement d'en avoir parlé avec elle. Et en fait, je crois que vous l'avez vu à la
00:42:14même séance et tu l'as tellement détesté que ta détestation a déteint sur Sandra. Et quand
00:42:20j'en ai reparlé après avec Sandra, oui, oui, quand j'en ai reparlé après avec Sandra et que moi,
00:42:24j'ai ri comme une bossue, disons-le, elle m'a dit qu'elle s'était un peu sentie coupable de
00:42:32s'être amusée à certains moments. Et puis qu'en fait, tu l'as manipulé. Voilà, c'est ça qui se
00:42:38passe. En fait, je peux juste peut être dire un truc. Je pense que le cinéma d'horreur, le cinéma
00:42:44gore, le cinéma, le splatter, effectivement, pendant longtemps appartenu à des garçons
00:42:50boutonneux qui estimaient que c'était leur champ, leur champ réservé. Je pense que c'est plus ça
00:42:56qui a indigné une certaine cinéphilie adepte de cinéma bis, etc. Parce qu'évidemment, le film
00:43:02ne s'en réfère pas seulement à Stanley Kubrick, mais aussi beaucoup à certains films type
00:43:07Réanimator, etc. Je ne suis pas un grand spécialiste de tout ça, mais je pense qu'effectivement,
00:43:11il y a peut être un peu de misogynie qui a pu s'exprimer dans le rejet du film. Par ailleurs,
00:43:18c'est un film très explicatif, très assez redondant, assez, je pense, ambitieux. J'allais
00:43:25dire prétentieux, mais peut être que ça aussi, c'est misogyne de le dire. Je le dis sans ironie,
00:43:31parce que je peux totalement reconnaître cette chose là. Et je pense que c'est plus ça que le
00:43:39message du film qui aurait déplu. Parce qu'en vérité, le message du film sur l'indécence
00:43:44de Hollywood, du marché du cinéma, son rejet du décor qu'ils ont dépassé, soit disant date de
00:43:54péremption, etc. Je pense que tout le monde, y compris les affreux cinéphiles boutonneux,
00:43:59les chauves et laids, s'accordent pour penser que c'est une indécence. On n'a pas d'un côté
00:44:07forcément les fans de cinéma d'horreur toxique et de l'autre côté, les féministes. Je pense que
00:44:12c'est plus compliqué que ça. Mais je peux tout à fait admettre que dans le rejet du film,
00:44:17il y a quelque chose de... Enfin, je ne sais pas. Pas le rejet du film, peu importe, mais le rejet
00:44:20du film. Je pense vraiment qu'il y a le fait que ce soit réalisé par une femme, évidemment,
00:44:26a pu vraiment déplaire à certains fans de ce genre de cinéma qui, par ailleurs, peut estimer
00:44:35quand même le fait que le film, qui est un vrai film d'horreur, soit présenté à Cannes en sélection
00:44:39officielle, peut quand même participer à l'idée qu'il y aura une sorte de gentrification du cinéma
00:44:45d'horreur, de ce cinéma-là qui appartenait quand même à la marge, à l'underground, etc. Il y a des
00:44:51gens qui peuvent se sentir dépossédés de ça et je pense que c'est aussi quelque chose qui peut
00:44:55se discuter. Est-ce que vous avez vu le film The Sweet East ? On nous en parle à notre chat,
00:45:01qui nous dit, peut-être pas le meilleur de 2024, mais je n'arrête pas de penser à ce film qui,
00:45:06avec son air de sale gosse bancale, ramène un peu de subversion dans le cinéma américain
00:45:09indépendant. Moi, j'adore ce film. J'avais fait d'ailleurs une interview de Sean Patrick
00:45:16Williams, le cinéaste, et de sa comédienne, je suis désolé, son nom m'échappe, où on l'a vu à
00:45:23Cannes, c'était pas cette année, c'était l'année précédente, si je dis pas de bêtises. Il est
00:45:28sorti très tôt en début d'année, donc il est peut-être un peu sorti de notre esprit. Par exemple,
00:45:31on n'était pas tout à fait d'accord tous sur le film. Il se trouve que Sean Patrick Williams fait
00:45:34partie d'une nouvelle génération de cinéastes indépendants américains qui nous passionnent.
00:45:38Il y a dix jours, on a publié une interview d'Elisabeth Franck-Dumas de deux cinéastes,
00:45:42Tyler Taormina et Carsten Lund, qui ont beaucoup travaillé ensemble, l'un étant le chef opérateur
00:45:50de l'autre et qui ont sorti tous les deux, deux films. L'un qui s'appelle, le film de Tyler
00:45:56Taormina, le titre va m'échapper, Christmas in, bref. Merci, Christmas at Miller's Point,
00:46:05qui est sorti il y a une dizaine de jours. Et l'autre qui sort le 1er janvier, qui s'appelle
00:46:10If Us, qui est un film sur une équipe de baseball, enfin amateur, qui se retrouve pour la
00:46:14dernière fois sur un terrain de baseball, qui va être détruit pour être remplacé par une école,
00:46:17qui est un film que j'ai absolument adoré, et que cette génération-là de cinéastes indépendants
00:46:22qui produisent des films qui ne sont pas montrés dans le cinéma de leur propre pays, moi ça produit
00:46:27un truc que je trouve absolument passionnant. Donc c'est des cinéastes qu'on suit de très près,
00:46:31et The Sweeties, c'était un super film, vraiment. Pas un grand film, un petit film, un super film.
00:46:36On nous parle aussi dans le chat du dernier film de Radu Jude, mais après quelqu'un lui répond en
00:46:42disant que c'est sorti l'année dernière. Absolument. Je sais plus ce qu'on en avait pensé,
00:46:48je me sens que c'est Camille Novert qui avait écrit dessus. Est-ce que l'une des grosses surprises de
00:46:56l'année en cinéma, mais je crois qu'il ne ressort pas dans ce top des lecteurs, c'est le film d'Arthus,
00:47:00un petit truc en plus, qui a fait énormément d'entrées, plus de 10 millions d'entrées,
00:47:04il me semble. Est-ce que c'est la plus grosse surprise du cinéma français cette année ?
00:47:09Oui, mathématiquement, on peut dire que c'est une surprise. C'est un film qui a réécouté et qui a
00:47:17rapporté énormément. Non, mais régulièrement, toutes les X années, il y a un film comme ça,
00:47:23un petit film un peu un outsider, un sleeper hit, comme on dit aux Etats-Unis. Voilà un film qui
00:47:28arrive à rassembler une sorte d'engouement populaire autour de valeurs assez positives.
00:47:35Souvent des films avec des personnes en situation de handicap. C'est déjà arrivé, je me souviens du
00:47:428e jour, un film belge qui avait fait un énorme succès aussi. Je ne sais pas vraiment comment on
00:47:49peut l'expliquer, il y a un côté film là-dedans qui plaît aux gens. Après, c'est un genre de
00:47:53cinéma, la comédie française, sur lequel on écrit assez peu, déjà parce qu'on est personnels,
00:47:57dans les séances de projection. Quand il y en a, c'est une tradition en France de ne pas montrer
00:48:05ces films-là à la presse. Par ailleurs, ce sont des films qui sont rarement surprenants, c'est un
00:48:10peu nos... Ah oui, quand tu dis on, c'est pas Libération ? Non, c'est notamment Libération.
00:48:16Et c'est vrai que c'est un... Ceux qui sont un peu méchants, quoi. C'est-à-dire, je pense que
00:48:21d'autres médias n'auront moins de mal à accéder à des projets de ce genre de films. Quand il y en
00:48:27a. Mais en tout cas, c'est un film qui est... Pour être honnête, on était complètement passé à
00:48:31côté de sa sortie, parce qu'encore une fois, petit film, petite comédie, réalisée et mettant
00:48:37en avant un humoriste, c'est pas beaucoup des films qu'on traite. Pas par snobisme, c'est juste
00:48:41parce qu'on a énormément de choses à traiter et que d'une manière générale, on a une culture,
00:48:45on va dire, critique animée, qui constitue quand même... On va plus se traiter, on va dire,
00:48:53d'un petit documentaire qui sort dans une seule salle, mais qui nous a beaucoup intéressé pour
00:48:57essayer de faire parler de ce qu'on parle de ce film et de mettre en avant le travail de l'art,
00:49:03ou du cinéaste, que d'une comédie qui, de toute façon, va se retrouver par défaut sur cinq ou
00:49:09six cents écrans. Il se trouve que celui-là, au départ, était un petit film. Franchement,
00:49:12on l'avait même pas identifié avant qu'il sorte. C'est un peu pareil pour Enfant Phare,
00:49:15d'ailleurs. Il y a eu beaucoup de remarques aussi dans le chat. Désolé si j'en ai raté
00:49:20certaines. N'hésitez pas à me remettre vos questions ou certains films dont vous vouliez
00:49:24parler ou relayer dans le chat si jamais je les ai ratés. Là, pour terminer un peu nos discussions,
00:49:29on va peut-être se pencher un petit peu sur les séries de l'année 2024. Je me dois d'entamer
00:49:34cette discussion sur les séries 2024 par la série qui fait parler actuellement. C'est la série
00:49:38Squid Game qui est sortie ce matin. Une critique a été faite aussi dans Libération. Est-ce que tu
00:49:47peux nous en dire deux mots, toi, Olivier, sur cette critique de Libération, juste dans les
00:49:51grandes lignes, parce que ce n'est pas toi qui l'as écrite. Non, c'est Léo Solesanto qui a
00:49:55regardé quatre épisodes pour nous. Il n'a pas eu accès à toute la saison en un mot. Ça se passe
00:50:00comme ça habituellement quand on doit critiquer une série. Ça dépend des séries. C'est assez rare
00:50:04qu'on ait tous les épisodes, il faut dire la vérité. Des fois, on est obligé d'écrire une
00:50:07critique sur une série dont on a vu un seul épisode. C'est vraiment pas une bonne idée. Il se
00:50:13trouve qu'il y a des grosses attentes sur certaines séries. Dans le cadre de Squid Game, c'est la
00:50:19saison 2. La saison a remonté il y a plusieurs années. On sait le phénomène culturel, voire au-delà
00:50:24que ça a été. Évidemment, on se devait de l'avoir en armée autant que faire se peut et d'écrire
00:50:29dessus. Elle n'est pas très positive. D'après ce que j'ai lu dans les critiques plutôt anglo-saxonnes,
00:50:33la saison 2 se fait plutôt déchirer. Pour autant, on a un super reportage de notre
00:50:44correspondant à Séoul sur la manière dont la série a un peu traumatisé et bouleversé toute
00:50:51l'industrie de l'audiovisuel en Corée du Sud, qui est un des rares lieux dans le monde où ils ont
00:50:57un système de financement qui est à peu près similaire au nôtre, comme le CNZ. C'est-à-dire
00:51:02que c'est les entrées en salles qui financent tout le cinéma. Et évidemment, l'arrivée de Netflix,
00:51:07qui est un acteur un petit peu disruptif, comme l'a utilisé notre président. Ça vient un petit
00:51:15peu mettre du dawa là-dedans, mais ce n'est pas inintéressant. Le chat, vous pouvez nous dire
00:51:21quelles ont été vos séries préférées cette année. Peut-être que vous pouvez, Olivier et Marie,
00:51:27nous dire un petit mot sur ce qui ressort des séries de nos lecteurs cette année ?
00:51:31Tu veux dire la liste ?
00:51:34Je suis plus proche, en tout cas, en termes de ce que j'ai vu. Là, je suis la personne la plus
00:51:43incompétente possible pour commenter ce champ. Je ne regarde quasiment pas de séries. Mais j'en
00:51:50ai vu trois du top lecteur. J'en ai vu zéro du top libé. Qu'est-ce que ça dit de nous ?
00:51:56La première, par exemple, elle est dans le top libé, il me semble, non ?
00:52:01Mais je ne l'ai pas vue. Là, c'est totalement subjectif. Je te propose de la lire et de la
00:52:10commenter, parce que tu pourrais ajouter des commentaires et ça, c'est super.
00:52:13Alors, je vais lire votre liste. Hippocrate, qui est aussi dans le top. La Messias,
00:52:18qui est une série espagnole remarquable qu'on avait découvert à Cérémonia, qui est également
00:52:23dans le top. Ripley, l'adaptation de Patricia Smith, de noir et blanc, chic, Netflix, qui n'est
00:52:30pas dans le top. Une Petite Reine qui aurait pu y être, on n'était pas tout à fait d'accord sur
00:52:33la série, qui aurait dû y être. Ce qui est franchement une série bien meilleure que tout
00:52:36le camp qu'il y a eu autour. Samuel, formidable, qui est dans le top, série entièrement dessinée,
00:52:43écrite, jouée, réalisée par une seule, par une artiste française. Qu'on a reçue ici. Absolument,
00:52:50oui. Émilie Tronche, sur Arte, que vous pouvez voir intégralement, gratuitement sur YouTube.
00:52:59La série documentaire sur DJ Mehdi, sur laquelle a écrit Marie, dont on a dit le plus grand nom,
00:53:04qui n'est pas dans le top, mais qui aurait totalement pu y être. Disclaimer, la série
00:53:07d'Alfonso Cuaron sur Apple TV+, qui selon moi est un chef d'oeuvre. La Fièvre, série qui a beaucoup
00:53:16fait parler, produite par Canal+, notamment pour son réalisme. Il se trouve que depuis la
00:53:20dissolution, cette série est complètement passée, elle était tellement dépassée par la réalité que
00:53:26du coup, tout ce qu'elle avait un peu de brûlant, on va dire, c'est un petit peu, ça fait un peu
00:53:33shit, mais en fait, c'est quand même une série intéressante. C'est une série qui mélange,
00:53:39comme dire, qui aborde tellement de sujets brûlants de notre époque qu'elle ne peut
00:53:45pas nous intéresser. Après, est-ce qu'elle est réussie ou pas réussie, sur la fenêtre d'Overton,
00:53:50par exemple, qui ne cesse de s'ouvrir vers le pire, voilà, c'est pas inintéressant. Arcane,
00:53:55donc série Netflix sur laquelle on n'a jamais écrit, c'est peut-être une erreur. Moi, il se
00:54:00trouve que, voilà, il n'y a absolument rien dans l'aspect de la série, niveau fait qu'elle est
00:54:07tirée d'un jeu vidéo extrêmement populaire, etc., qui m'a fait me dire, cette chose-là est pour nous.
00:54:12J'avoue que je ne l'ai toujours pas regardée, mais j'ai l'impression quand même que, on va dire,
00:54:15dans un certain milieu, c'est une série qui est vraiment reconnue comme étant d'extrême,
00:54:20de très grande qualité. Et Silo, donc la série d'Apple TV+, série adaptée d'une série de livres
00:54:27de science-fiction. Moi, j'avais adoré la première saison. Je me suis un peu empêtré dans la deuxième,
00:54:32il faudrait que je la termine, mais elle aurait pu y être aussi. J'avais adoré la première saison,
00:54:35donc, série avec l'actrice Sarah Ferguson. Qu'est-ce que je peux dire ? Je peux peut-être
00:54:42parler un petit peu des séries qui ne sont pas... On a parlé pas mal de séries qui n'étaient pas
00:54:48la première saison cette année, parce que c'est important de faire le suivi des séries,
00:54:52pas seulement de parler des séries qui se lancent ou des mini-séries, voilà, qui sont toujours des
00:54:56événements culturels, beaucoup plus faciles à aborder par la critique. Mais une série, c'est sur
00:54:59le tandem aussi, c'est important de le rappeler. Donc il y a Curb Your Enthusiasm, qui s'est terminée
00:55:04après 23 ans, je crois. C'était sa 13e saison, série du très grand Larry David. La Mesias, donc
00:55:11la série espagnole de Javier, c'est comme ça qu'on les appelle, je crois, qui est sur Arte,
00:55:16qui est vraiment une très, très grande série. Voilà, je vous invite à retourner lire la critique
00:55:24qu'en avait fait Marie-Luc Chapuis. La troisième saison d'Hippocrate, qui est arrivée assez récemment
00:55:27sur Canal+. La deuxième saison de La Diplomate, la seule bonne série Netflix, je pense, de ces
00:55:33derniers temps. Avec mon petit Ren, merci. Evil, série incroyable de Robert et Michel King que peu
00:55:41de gens ont regardé. C'est deux vieux showrunners, en tout cas vétérans, qu'on connaît pour avoir
00:55:47fait beaucoup de séries procédurales, c'est-à-dire de séries autour du monde des avocats,
00:55:53notamment The Good Wife, The Good Fight, et là qu'ils se sont lancés sur une série qui,
00:55:58apparemment, est une espèce de remake de The X-Files avec trois enquêteurs qui travaillent
00:56:03pour le Vatican et qui sont censés déterminer si des cas de possession, d'exorcisme, etc. sont
00:56:11réels ou complètement fantasmés. Et ce qui est formidable, c'est que la série, en fait, sous ce
00:56:16couvert un petit peu mainstream, nous emmène dans des tréfonds de tout ce qui déconne dans
00:56:22l'être humain. C'est absolument une série sur le meurtre, sur le sacrifice, sur une très grande
00:56:29série quasiment, et aussi de commentaires en temps réel, en fait, de la vie politique américaine,
00:56:33qui s'est malheureusement terminée de manière un peu abrupte cette année. Donc,
00:56:36le disclaimer, la série d'Alfonso Cuaron, qui est une mini-série, mais une grande oeuvre,
00:56:41pour moi, d'Alfonso Cuaron. La cinquième saison de Fargo, qui était sur Canal+,
00:56:45je ne dis pas de bêtises, qui est un grand retour de son showrunner, dont le nom m'échappe,
00:56:54mais qui est quasiment au niveau de la première saison. Mister & Mrs. Smith de Donald Glover,
00:57:01alias Sheldish Gambino, avec Maya Harskin, cette super comédienne, qui est une revisitation du
00:57:11film avec Brad Pitt et Angelina Jolie, mais dans un format complètement éclaté. Voilà,
00:57:16une série, je pense, qui était sur Prime Vidéo, qui a pas mal déplu, et j'avoue que je ne m'explique
00:57:22pas pourquoi, parce que moi, je l'ai trouvé d'un charme et d'une invention hallucinante. Donc,
00:57:26Samuel, la série animée d'Arte et Slower Seas, on a complètement fait une entorse à notre règle,
00:57:34qui était de mettre dans un top quelque chose dont on n'avait pas parlé. Mais là, je l'ai fait,
00:57:40parce que c'est une série formidable. Pareil sur Apple TV+, une série anglaise d'espionnage sur,
00:57:46on va dire, le département des rebuts des services secrets anglais, et qui, évidemment,
00:57:52se retrouve à traiter des affaires les plus chaudes, avec vraiment plein de comédiens formidables,
00:57:59et un ton et un humour vraiment... Abonnez-vous à Apple TV+, ne serait-ce que pour regarder Slower
00:58:05Seas, dont c'était la quatrième saison, il y en aura une cinquième, et tous les gens qui ont vu
00:58:08cette série, que je connais, passent leur temps à en parler autour d'eux. Donc, on en revient à ce
00:58:13truc un petit peu que mettait en avant Théo Ribeton dans le bilan de fin d'année qu'on a publié sur le
00:58:20site, et qui sera dans le jour et le demain, qui est, en gros, se battre un peu contre les algorithmes
00:58:25de recommandation des plateformes, et puis revenir un peu au bon vieux bouche-à-oreille. Parce qu'il y a
00:58:29des séries comme ça, La Messias, c'était totalement ça, que les gens regardent et ont envie de faire
00:58:33regarder aux autres. Il y a ce truc-là, quand même, autour de la série. Il y a une petite
00:58:37question pour terminer sur Disclaimer. On nous demande de développer sur Disclaimer. J'ai trouvé
00:58:43ça bavard et pâteau, mais je suis peut-être passé à côté. C'est un peu compliqué, comme ça, de
00:58:48justifier. Non, je pense que c'est une très grande série sur le point de vue. C'est une série qui
00:58:54mélange trois ou quatre points de vue, et autant de voix off, de voix de narration,
00:58:59et qui, en fait, l'intègre à la fois par l'image et aussi par le son. Il y a quelque chose d'absolument
00:59:04fascinant. C'est là que j'ai compris qu'il se passait quelque chose que j'avais jamais vu.
00:59:08Alfonso Cuaron, c'est un cinéaste du prototype et de l'invention, par l'image, par le son,
00:59:14par la post-production, etc. Mais qu'il ne le fait pas de manière ostentatoire. Il cache
00:59:20énormément de choses qui vous atteignent. On ne sait jamais exactement pourquoi. Je pense à Roma,
00:59:24évidemment, le film qui est un des premiers grands films qui nous est arrivé par Netflix. Moi, j'ai eu
00:59:29la chance de voir ce grand écran, qui est un film dans lequel il y avait des choses qu'on n'avait
00:59:34jamais vu au cinéma, mais on avait du mal à comprendre pourquoi. Parce qu'évidemment, c'est un
00:59:37film en noir et blanc, assez réaliste sur une enfance rêvée à Mexico. Et puis, en réalité,
00:59:43en regardant un peu la manière dont le film avait été fabriqué, on se rendait compte qu'il y avait
00:59:47des prodiges d'effets spéciaux, notamment pour cacher des choses sur le flou et sur le net.
00:59:59Et là, il y a un travail sur le son et sur le retournement de la sensation, sur la vérité et
01:00:06sur le mensonge. Il y a un rapport entre la narration, la vérité et l'image, ce qu'on voit,
01:00:15l'image, ce qu'on nous raconte, ce qu'on nous montre, qui est totalement en décalage. C'est
01:00:18une série qui est sur le mouvement entre le perçu et le réel, les histoires et les mensonges qu'on
01:00:28se raconte à soi-même. Moi, je trouve que c'est une série qui est vraiment vertigineuse.
01:00:31Une toute dernière question sur votre métier. Marie, tu peux peut-être y répondre. Comment
01:00:36vous faites, nous demande Salut Gabi, pour voir tout ça et écouter aussi tout ça ? Puisqu'on
01:00:41parlait de musique tout à l'heure. Est-ce que vous avez tous des vies parallèles, des jumeaux
01:00:45ou encore des stagiaires ? C'est ce que nous demande Salut Gabi. Comment ça fonctionne ?
01:00:49C'est cette question que je me pose sans arrêt. Je me dis comment ils font pour regarder toutes
01:00:53ces séries. Je ne comprends pas. Ou écouter tous ces albums. Pour le coup, oui, j'écoute
01:01:02beaucoup de musique. Olivier, non seulement il a pu parler de chacune de ces séries, il a vu les
01:01:09films, il a entendu les albums. Donc là, moi, j'ai des suspicions. Je suis assez inquiète. Par
01:01:16exemple, moi, je passe à côté de plein de trucs et je pense que c'est l'intérêt qu'on soit en
01:01:23service. Il y a un truc collectif où on forme une espèce d'entité en fonction des déficiences des
01:01:32uns et des hypertrophies des autres. Et puis ça forme un truc où on comble les trous les uns des
01:01:40autres. Et puis c'est ça qui fait qu'on arrive à faire un filet qui englobe un petit peu tout.
01:01:45Mais si tu prends les individus, on a tous des trucs qui passent totalement hors de nos radars.
01:01:51Et il y a un truc où, pour parler du champ de la musique, chacun d'entre nous a d'autres radars.
01:01:59Tu vois, c'est-à-dire que c'est aussi des années de fréquentation de tel ou tel milieu ou de telle
01:02:05ou telle scène musicale ou tel ou tel genre qui font que tu commences à pouvoir déterminer peut-être
01:02:13plus vite qu'avant ce qui va te plaire, ce qui ne va pas te plaire, ce qui va te parler, ce qui ne
01:02:17va pas te parler. Il est temps que ce live se finisse car j'ai la goutte au nez et je n'ai pas
01:02:21de mouchoir et je ne voudrais pas morver dans cette bonnette. Et donc il y a un truc où je pense qu'il
01:02:28y a peut-être une efficacité qui se développe avec le temps aussi où tu as moins de scrupules
01:02:33à zapper en fait quand ça ne te parle pas tout de suite. Moi c'est vrai que, que ce soit dans
01:02:38les lectures ou dans la musique, je constate qu'avec le temps, j'ai peut-être un peu moins
01:02:45de patience, un peu moins de tolérance avec les choses à force d'en avoir ingurgité et j'ai moins
01:02:52de scrupules à abandonner un livre à la moitié quand je me dis que vraiment j'en ai marre de
01:02:56lutter et pareil avec un disque en fait. Voilà donc finalement je passe la parole à Olivier.
01:03:05Oui puis moi je voulais savoir aussi si on peut, quand on est critique cinéma, musique,
01:03:11séries, est-ce qu'on peut regarder, écouter les choses avec légèreté ou est-ce qu'on est
01:03:15forcément dans une démarche entre guillemets intéressée quand on se confronte à l'oeuvre?
01:03:21Non mais c'est important de garder un jardin secret où on regarde des choses pour soi,
01:03:26on écoute des choses pour soi. Moi j'écoutais énormément de musique pour moi, vraiment
01:03:29énormément. J'écris absolument pas dessus pour Libération, c'est important de garder quelque
01:03:36chose, j'ai envie de dire c'est des choses qu'aliment à domicile, pareil pour les films
01:03:41qu'on a envie de revoir ou les séries, les conneries qu'on regarde à la maison, c'est très
01:03:45important que ça puisse exister mais en même temps on a cette chance effectivement quand on a
01:03:49un enthousiasme tout d'un coup de pouvoir effectivement en rendre compte d'une manière
01:03:53ou d'une autre et le partager par l'écriture et moi j'ai toujours ce truc là effectivement,
01:03:58quand quelque chose me passionne j'ai envie d'écrire dessus. Voilà donc c'est depuis que
01:04:03je suis tout petit presque donc effectivement j'aime beaucoup ce que Marie a dit sur le service
01:04:10comme une entité, je sais pas comment t'as dit, mais en gros on se passe les choses. Je rends
01:04:18hommage à Marius Chaput qui se tape un nombre de séries médiocres par semaine absolument
01:04:23hallucinant, qui joue beaucoup aux jeux vidéo, qui lit beaucoup de bandes dessinées, je pense
01:04:27qu'il est la personne qui consomme entre guillemets le plus d'oeuvres culturelles dans tous les
01:04:31services et il se soigne pour ça j'espère. Mais donc oui c'est très important de lire pour soi,
01:04:41c'est important d'être dans des quêtes un peu personnelles, moi je sais que je suis tout le temps
01:04:44un peu en recherche en train de gratter les choses à droite à gauche et il faut garder la curiosité,
01:04:48il faut garder cette chose là parce qu'en vérité la curiosité qu'on peut avoir pour des choses pour
01:04:52soi en fait d'une manière ou d'une autre elle va se décliner pour des choses sur lesquelles on
01:04:56est obligé d'écrire parce qu'évidemment je ne vais pas mentir aux gens, il y a des films ou des
01:05:02séries, voilà donc c'est la patate chaude, on n'a pas envie d'y aller et on y va quand même parce
01:05:07qu'il faut toutes les semaines quasiment, il y a plusieurs objets. Et je voulais aussi parler,
01:05:13parce qu'on n'en a pas du tout parlé ce soir, on couvre aussi les chants du théâtre et je ne crois
01:05:19pas qu'il y aura un top pièce de théâtre parce que voilà une pièce de théâtre c'est difficile à
01:05:23voir, souvent c'est sur une période de temps limité. En revanche il y a un top art plastique qui va
01:05:29paraître dans nos pages lundi, trois pages, qui est fait par Elisabeth Franck Dumas, Claire Moulin
01:05:36et Clémentine Mercier. Clémentine Mercier qui suit de son côté la photographie et de quelle manière,
01:05:42de manière extrêmement assidue et extensive comme on peut le voir tous les ans pour le numéro
01:05:48de liberté photographe qu'on fait au moment des rencontres photographiques de Darle. Enfin voilà,
01:05:53on est tout le temps dans un flux tendu culturel, il y a les expositions, on couvre énormément de
01:05:59choses et les choses qui sont, voilà la culture on sait à quel point c'est quelque chose de large.
01:06:06La bande dessinée oui, Angèle Wigel oublie la BD donc on couvre notamment Marie, couvre
01:06:12voilà plus que régulièrement dans toutes nos pages donc voilà. Et le viewer peut retrouver
01:06:19cela sur le site de Libération et dans les pages culture également. Absolument quatre pages tous
01:06:24les jours plus les pages du week-end plus sur le site je sais pas une dizaine d'articles par jour
01:06:29voilà on a tous besoin de vacances. Notre stream touche à sa fin, merci beaucoup à vous de nous
01:06:34avoir suivi et merci à vous Marie et Olivier d'avoir été avec nous ce soir pour nous parler
01:06:39de ces différents tops de Libération. Merci, merci au nom de tous, merci c'était une joie.