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00:00Autre surprise de ces dix jours de tractation, elle était plus ou moins tendue, c'est le retour de Gérald Darmanin au gouvernement.
00:05Une nomination qui ne plaît pas beaucoup aux syndicats.
00:08Je ne sais pas si vous avez vu ça, il y a de la magistrature qui ironise sur le retour de l'ancien ministre de l'Intérieur.
00:12Gouvernement Bayrou, le Premier ministre oublie de nommer un garde des Sceaux,
00:17tandis que le syndicat de police unité, lui, salue cette double nomination à la justice et à l'intérieur.
00:22Alors on va en parler justement avec Eric Henry, qui est délégué national du syndicat de police Allianz.
00:28Bonjour Eric Henry, merci d'être avec nous cet après-midi sur Europe 1.
00:32Bonjour.
00:33Ça vous a fait réagir ce message du syndicat de la magistrature concernant finalement la nomination de Gérald Darmanin au ministère de la Justice ?
00:45Alors d'abord, comme vous vous en doutez, Allianz Police Nationale est satisfait de la reconduction de Bruno Retailleau en poste de ministre de l'Intérieur
00:53et salue également en parallèle la nomination de Gérald Darmanin, qui a été notre ministre de l'Intérieur pendant plus de 4 ans, au poste de ministre de la Justice.
01:03Alors pour répondre à votre question sur le syndicat de la magistrature, non, nous ne sommes pas étonnés,
01:08nous sommes habitués des déclarations de ce syndicat de la magistrature qui a fait entrer la politique au sein du prétoire.
01:17Quand vous voyez leur dépêche AFP et qu'ils disent que la nomination de Gérald Darmanin est la promesse du recul de l'État de droit,
01:25auquel il aurait déjà largement contribué lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, ça interpelle quand même.
01:31Vous imaginez ce que ce syndicat pense de Bruno Retailleau ?
01:35C'est violent quand même. Le Premier ministre oublie de nommer un garde des Sceaux.
01:38Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'on a deux ministres de l'Intérieur, que Gérald Darmanin n'est pas capable d'être garde des Sceaux ?
01:45C'est sans doute ça qu'ils veulent signifier et que pour eux, un garde des Sceaux ne peut pas venir du ministère de l'Intérieur.
01:53Non, c'est Gérald Darmanin. C'est la personnalité de Gérald Darmanin et pas le fait qu'il vienne du ministère de l'Intérieur.
01:58Ça aurait été une personnalité...
01:59Bruno Retailleau est un garde des Sceaux, vous l'aurez vu, il a refusé.
02:02Ça aurait été une personnalité... ça aurait été de lui s'y caster, ils auraient dit oui.
02:07Vous voyez que ce syndicat de la magistrature quand même déclare que M. Darmanin aurait déjà largement contribué comme ministre de l'Intérieur au recul de l'État de droit
02:18et n'était pas respectueux de l'indépendance de la justice. Donc ça commence mal.
02:23Pour nous, Allianz Police Nationale, l'État de droit, vous savez, c'est d'abord la protection des citoyens et de leur vie.
02:30C'est ça l'État de droit pour commencer.
02:32Et c'est normal.
02:33Non mais ça paraît fou, Gauthier Lebrecht.
02:37T'es loin du micro, Philippe, on t'entend pas.
02:40Donc déjà pour dire que, évidemment, le syndicat de la magistrature ne reconnaît pas par ce tweet la présence de Gérald Darmanin.
02:47Ça va dépoter Gérald Darmanin, évidemment, place Vendôme.
02:51C'est quasiment inédit d'avoir un ministère de la Justice et un ministère de l'Intérieur autant alignés.
02:57C'est probablement l'un des suyaux les plus à droite de l'histoire de la Ve République.
03:02Après des années et des décennies de frictions, déjà tout récemment entre Retailleau et Migaud.
03:07Je vous rappelle le terme d'ensauvagement qui faisait débat entre Éric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin.
03:14On peut remonter très loin comme ça, Valls, Taubira, etc.
03:16Moi j'ai une question parce qu'on a effectivement un ministre de l'Intérieur et un ministre de la Justice qui n'ont jamais été aussi alignés.
03:22Est-ce que ça veut dire qu'ils vont forcément s'entendre et que ça risque pas de faire des étincelles ?
03:27Non, non, non.
03:28Les entourages sont très contents de travailler ensemble.
03:31Mais on a deux grosses personnalités.
03:34Une compétition peut-être entre les deux.
03:36Mais excusez-moi, ça risque de mieux marcher sur le papier que Migaud-Retailleau ou que Dupond-Moretti-Darmanin ?
03:41Sur les idées, c'est sûr.
03:43Vous soulevez un point, c'est le poids des administrations respectives.
03:46C'est-à-dire qu'historiquement, quelle qu'ait été la couleur des gouvernements et des ministres,
03:50entre l'Intérieur et la Justice, il y a toujours une différence de point de vue.
03:54Parce que les administrations ont développé des dictrines qui sont différentes.
03:57Et qu'à un moment donné, les ministres, quels qu'ils soient, finissent par se rapprocher de la doctrine de leur administration.
04:03C'est ça la réalité.
04:05Là, si on vous écoute, ça veut dire qu'on peut mettre n'importe qui à un poste ?
04:08Non, il y a des inflexions.
04:09C'est l'administration qui commande.
04:11Non, vous pouvez le faire avant.
04:12C'est quand même le ministre qui donne l'impulsion.
04:14Un ministre est quand même, au bout d'un moment, un peu lié par la doctrine de son administration.
04:19Et quand il prend complètement son administration à rebours, en général, il a un peu de difficulté à mener ses réformes.
04:25Vous voulez dire qu'on met Gauthier Lebrecht au ministère de la Justice, ou Philippe Guybert, ce sera exactement la même chose ?
04:30Non, c'est que ça.
04:31Je veux dire par là que vous ne pouvez pas faire sans votre administration.
04:34Et que votre administration, elle a un point de vue que vous pouvez faire évoluer, bien entendu.
04:39Déjà, vous pouvez changer des hommes ou des femmes qui dirigent les grandes directions de votre administration.
04:44Mais vous avez un poids d'inertie qui est lié à la doctrine de chaque ministère,
04:49qui se prolonge au-delà des gouvernements et des changements de ministre.
04:54Non mais attendez, on va en parler après.
04:56Mais ce gouvernement-là, le Bayrou 1, maintenant, appelez-le comme ça si vous voulez,
05:02il n'a pas une durée de vie absolument énorme.
05:05Bon, garantie.
05:06Donc, quand on dit, ça va, et j'écoute ce que dit Gauthier, quand on dit ça va dépoter...
05:12Avec les magistrats, mais je n'ai pas eu le temps de développer.
05:14Ah bon, d'accord. Avec les magistrats, parce que ça va dépoter avec Darmanin.
05:17Darmanin, pour dépoter, et par conséquent, pour essayer de convaincre ou d'infléchir,
05:22très exactement ce que disait Philippe, c'est-à-dire son administration,
05:26il ne lui faut pas trois mois ou quatre mois.
05:28Il lui faut plus de temps que ça.
05:29Non, mais par rapport au syndicat de la magistrature, il va pouvoir réagir.
05:32C'est-à-dire qu'il ne va pas les laisser comme ça, être presque dans l'injure.
05:37Il va réagir alors que Didier Micot n'a jamais réagi.
05:40Eric Henry, vous êtes d'accord avec ce qui se dit ?
05:42Ça va dépoter, selon vous, Bruno Retailleau et Gérald Darmanin.
05:47Finalement, ce duo, est-ce qu'il va fonctionner, selon vous ?
05:49Il y a plusieurs points à retenir.
05:52Pour nous, Allianz, c'est bien la première fois qu'on a enfin réellement les conditions
05:56pour faire fonctionner ce duo régalien.
05:58Il est impératif de le faire fonctionner.
06:00Là, on a un ancien ministre de l'Intérieur qui a une longue expérience ministérielle,
06:04un ministre de l'Intérieur sur d'autres postes,
06:06et un ministre de l'Intérieur reconduit, volontariste,
06:09qui va dans le sens du choc d'autorité.
06:11Donc, on a un duo, quand même, Darmanin-Retailleau.
06:14Déjà, c'est un bon point, on peut le dire.
06:16Ils ont une même logique, globalement une même idéologie.
06:19C'est toujours mieux que Dupond-Moroti-Darmanin ou Retailleau-Micot,
06:22ça a été dit.
06:23Mais effectivement, M. Gobert, c'est toujours mieux que la justice puisse fonctionner
06:26correctement avec la police, on est d'accord.
06:28Les deux jambes régaliennes, il faut qu'elles fonctionnent ensemble.
06:33C'est indispensable.
06:34M. Gobert a dit que c'est quelque chose d'intéressant.
06:36C'est l'administration.
06:37Pourquoi l'administration ?
06:39Et le président du USM a dit également qu'il y avait une culture verticale
06:45au ministère de l'Intérieur, ce qui est vrai,
06:47et une culture plus horizontale.
06:49Ça veut dire quoi ?
06:50Ça veut dire qu'il faut faire avec du dogmatisme.
06:52Et le syndicat de l'administrature, qui fait 30% aux élections professionnelles de 2022,
06:56a un certain poids idéologique, dogmatique,
06:59et dès ses premières déclarations, on l'a bien compris,
07:02qu'il voulait enrayer la machine.
07:04C'est clair et net.
07:05Avec tout ça, il va falloir faire preuve d'une certaine autorité.
07:10Je ne sais pas comment M. Darmanin va mettre tout ça en place.
07:14Il a attendu au tournant.
07:15En tout cas, nous, le premier syndicat de police Allianz Police Nationale,
07:20on est satisfait.
07:21Mais à l'audace des mots, on attend la justesse des actes.
07:24Je précise qu'on a essayé aussi de joindre le syndicat de la magistrature.
07:27Mais ils n'ont pas répondu.
07:28Ils n'ont évidemment pas voulu répondre.
07:29Pourquoi j'ai dit ça va dépoter ?
07:31Ça va dépoter avec les magistrats.
07:35Parce que Gérald Darmanin, c'est un garde des Sceaux qui arrive
07:38en ayant critiqué les réquisitions du parquet contre Marine Le Pen
07:42et cette demande d'exécution provisoire qui peut la rendre inéligible
07:45dès le 31 mars prochain.
07:46Gérald Darmanin, c'est un homme qui a critiqué
07:49la possibilité de mettre un policier en détention provisoire
07:51en marge de l'affaire Nahel.
07:53Gérald Darmanin, c'est quelqu'un qui a dit
07:55que le problème de la police, c'était la justice.
07:57Donc évidemment que sur le papier, ça va dépoter.
07:59Ensuite, je trouve que son discours tout à l'heure
08:02était un discours où il annonce clairement sa feuille de route
08:04qui est rapidité et fermeté.
08:06Quand il dit je serai toujours du côté des victimes,
08:09on comprend évidemment qu'il veut plus de fermeté
08:12et de rapidité dans l'exécution de la peine.
08:14François Bayrou a dit hier qu'il veut copier le modèle néerlandais,
08:18c'est-à-dire des courtes peines, mais des peines appliquées tout de suite.
08:21Donc évidemment qu'ils sont sans doute là pour peu de temps,
08:24toute cette équipe gouvernementale,
08:26mais s'il arrive à impulser quelque chose
08:28comme Bruno Rotailleau en 90 jours à Beauvau,
08:31il en tirera des bénéfices personnels.
08:33Après, il y a une cote de popularité qui pourrait augmenter.
08:35Vous dites qu'ils sont là peu de temps.
08:37On va remercier Eric Henry d'avoir été en ligne avec nous,
08:40délégué national du syndicat de police Allianz.
08:42Merci à vous.

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