Aujourd’hui dans « Les 4 V », Jean-Baptiste Marteau revient sur les questions qui font l’actualité avec Éric Coquerel, député LFI et président de la Commission des finances à l’Assemblée nationale.
Retrouvez les émissions en intégralité sur https://www.france.tv/france-2/telematin/replay-videos/?at_medium=custom2&at_campaign=800&at_custom1=description&at_custom2=telematin
Retrouvez les émissions en intégralité sur https://www.france.tv/france-2/telematin/replay-videos/?at_medium=custom2&at_campaign=800&at_custom1=description&at_custom2=telematin
Category
📺
TVTranscription
00:00Bonjour Eric Coquerel, merci d'être avec nous le lendemain de l'annonce de ce gouvernement, président de la commission des finances La France Insoumise.
00:08On se doute que ce gouvernement n'a pas franchement vos faveurs, ça c'est pas une surprise.
00:12En revanche, selon vous, qu'est-ce qu'il a de différent avec celui de Michel Barnier ?
00:16Pas grand-chose, il est toujours plus à droite, toujours plus illégitime.
00:20Vous disiez qu'il n'avait pas les faveurs, je pense qu'il n'a surtout pas les faveurs des Français.
00:23Pour tous ceux qui ont voté contre ses partis aux européennes ou aux prédécesseurs législatives, c'est un peu le musée de l'horreur cette histoire.
00:31Le problème c'est que la gauche par exemple, les socialistes n'ont pas voulu rentrer au gouvernement aussi, parce que François Bayrou il voulait bien élargir la gauche.
00:37Bien sûr, le problème surtout c'est qu'on a M.Macron qui a été battu aux européennes, je le rappelle, aux législatives,
00:43on peut même dire qu'il a été battu avec la censure vis-à-vis de M.Barnier et qui veut coûte que coûte continuer la même politique,
00:49c'est-à-dire une politique néolibérale de compétitivité et qui, sur les points de vue sécuritaires, autoritaires et même liés aux questions de l'immigration,
00:58penche plutôt vers l'extrême droite. D'ailleurs, ça se voit avec ce gouvernement qui n'est pas seulement dans les mains du Rassemblement National,
01:04mais qui avec M.Valls, je le rappelle, qui estimait que l'islam n'était pas compatible, l'islam, pas l'islamiste, avec la République,
01:11M.Darmanin qui a été manifesté avec des policiers qui disaient que le problème de la police c'est la justice.
01:18Donc on se rappelle ses exploits sur la loi immigration qui avait intégré la préférence nationale et enfin M.Retailleau qu'on ne présente plus,
01:25les français de papier, l'état de droit qui n'est pas intangible et qui a quand même réussi l'exploit d'expliquer qu'au moment où il y avait un cyclone à Mayotte,
01:33le problème c'était l'immigration. On voit bien que tout ça penche beaucoup à l'extrême droite.
01:37Mais vous dites que ça penche trop à droite, mais au contraire, pour Laurent Wauquiez, le président du groupe LR, le patron du parti,
01:41il déplore la faible place des LR dans ce gouvernement, il a dit sur X, le vote se fera texte par texte pour les républicains.
01:48Donc même la droite n'a pas l'air satisfaite.
01:51Moi ce que je crois c'est que ça va être, donc en pire le gouvernement Barnier pour aller vite, mais je pense qu'il aura exactement les mêmes problèmes,
01:57c'est pour ça qu'il sera vite censuré. Je vous rappelle que M.Barnier, là il va avoir à nouveau affronter le budget.
02:02M.Barnier pendant les discussions budgétaires, il avait 20-30 députés qui étaient parmi ses soi-disant partisans et qui en plus votaient des amendements contradictoires.
02:11Donc je pense que ça va être exactement la même chose.
02:13Est-ce que, justement, ce gouvernement peut échapper à la censure ? Est-ce que par exemple, selon vous, vos amis, vos collègues, socialistes, en tout cas,
02:21pourraient s'abstenir de ne pas voter cette fameuse censure ?
02:24Non, je pense qu'il va être censuré sûrement plus vite, à mon avis, que le gouvernement Barnier, c'est-à-dire possiblement dès l'entrée de ce gouvernement
02:31dans la semaine de la discussion politique générale qui doit avoir lieu le 14 janvier, il est possible qu'il soit censuré le 5 janvier.
02:37Alors vous voyez bien que tout dépend. Moi, je crois que les forces du Front populaire vont le censurer.
02:42Dès le 7 janvier, vous pensez qu'il peut le passer ?
02:44Oui, parce que quelque part, je veux dire, vous comprenez que pour tous nos électeurs, c'est une insulte, ce gouvernement.
02:49C'est-à-dire que c'est tout ce qu'ils ont refusé. Je l'ai dit sur les politiques d'extrême-droite, mais je pourrais le dire aussi sur les politiques libérales annoncées.
02:57Mme de Montchalin, qui va être par exemple la ministre du budget en face de moi, qui expliquait que les députés avaient fait leur boulot,
03:05elle parlait du premier mandat, parce qu'ils avaient supprimé l'ISF. Est-ce que vous croyez vraiment que ça correspond à l'état d'esprit des Français ?
03:12Bien sûr que non. Donc ce gouvernement, il va être aussi néolibéral et pour cette raison, je vois mal une force du NFP ne pas le censurer dès le début.
03:19Il y a tout de même quelques signes d'ouverture avec le Parlement. Quand François Bayrou dit hier qu'il n'y aura pas de budget par ordonnance,
03:24qu'il n'y aura pas de 49.3 sur les autres textes, c'est tout de même un progrès ?
03:28C'est sûr. Remarquez, il a appris une spécialiste en la matière, 23.49.3 que Mme Borne, en plus Mme Abrogasson de la réforme des retraites,
03:35il saura comment faire ou ne pas faire. Il a surtout expliqué qu'il n'allait pas le faire sauf au moment exceptionnel.
03:40Alors vous m'excusez, mais le 49.3, c'est toujours un moment exceptionnel et il l'a dit notamment au nom du budget.
03:45Il y a un blocage au niveau du budget, mais pas sur les autres textes, pas sur les grandes lois.
03:49Bien sûr, mais c'est toujours comme ça que vous votez le 49.3. Et je vais vous dire d'autant plus qu'il sait très bien que c'est le budget qui risque de le faire tomber.
03:56Donc il donne la possibilité d'utiliser le 49.3. Là aussi, c'est un message envoyé.
04:00On va s'arrêter sur un absent tout de même, Xavier Bertrand. Dans un communiqué lapidaire, il affirme qu'il aurait dû rentrer au gouvernement au poste de ministère de la justice, dit-il.
04:08Mais que François Bayrou a renoncé, je cite, en raison de l'opposition du Rassemblement national.
04:12Alors François Bayrou a démenti hier soir toute incidence et influence de Marine Le Pen. Il affirme qu'il avait en gros des divergences d'appréciation avec Xavier Bertrand.
04:21Vous le croyez, François Bayrou, quand il dit non, je ne suis pas sous la coupe de Marine Le Pen ?
04:25Je ne le crois pas, non. Et j'ai vu que François Bayrou avait des phrases étonnantes. Il dit qu'il n'a pas pris Xavier Bertrand parce que le ministère de la justice, ça sert à pacifier, à donner le sentiment de l'équité.
04:33Bon, avec M. Darmanin qui risque plutôt de le mettre derrière les barreaux, c'est un peu surprenant quand même comme phrase.
04:38Mais je ne le crois pas, non. Je crois que le gouvernement Bayrou n'a qu'un espoir, c'est que le RN ne vote pas la motion de censure.
04:45Donc il donne déjà du crédit à Mme Le Pen. On a vu ce que ça a donné avec Mme Barnier, avec M. Barnier.
04:52Exactement, ça n'a servi à rien et je pense que ça ne servira à rien avec M. Bayrou.
04:55Donc selon vous, c'est Marine Le Pen qui une nouvelle fois va mettre pouce en haut, pouce en bas ?
04:58Depuis que l'élection législative a eu lieu, depuis que le Nouveau Front Popular était en tête et que M. Macron a eu la bonne idée de demander à Mme Le Pen ce qu'il ferait vis-à-vis du Nouveau Front Popular s'il y avait un gouvernement,
05:08elle a dit évidemment je le censurerai. Depuis ce temps-là, ces gens-là, M. Macron et ses premiers sont dans la main de Mme Le Pen qui décide oui ou non de les censurer.
05:17Alors même que c'est nous qui sommes sortis en tête des élections.
05:20Mais vous n'avez pas de majorité non plus. S'il y avait un gouvernement NFP, vous seriez censuré de la même manière ?
05:24Alors nous n'avons pas de majorité, mais nous avons un peu plus de majorité que ces gens-là, je vous rappelle,
05:27puisque à chaque fois que nous votons à l'Assemblée Nationale depuis septembre, nous arrivons par exemple à modifier totalement le budget.
05:34Grâce aux voix du RN, pardon.
05:36Non, non, non.
05:37C'est quand même le bloc central à ce qu'on appelle.
05:39Réinversons les choses. On a réussi à modifier le budget entièrement.
05:44C'est-à-dire nous avons fait en sorte d'aller chercher les recettes nécessaires pour combler les déficits et investir d'un point de vue écologique.
05:50Et ceux qui ont voté contre le budget modifié, c'est le socle commun plus le RN qui ont battu un budget de justice sociale et d'efficacité.
06:02Éric Coquerel, je vous ai osé entendre sur Éric Lombard, qui est le nouveau patron de Bercy, ministre des Finances,
06:07c'était jusque-là le directeur général de la Caisse des dépôts.
06:10C'est un homme que vous avez auditionné à plusieurs reprises, qui est plutôt d'ailleurs salué à droite comme à gauche,
06:14comme quelqu'un de responsable, d'ouvert d'esprit. Comment vous le jugez, cet arrivé à Bercy ?
06:20Très simplement, il est responsable, il est ouvert d'esprit.
06:23Moi, je n'ai rien à dire sur sa présidence, mais simplement, ça fait quand même longtemps qu'il fait partie, entre guillemets,
06:29de ces gens de gauche, comme M. Epsamayen, Mme Bond, qui étaient passés au macronisme.
06:33Donc, je pense que sa politique va être dans la lignée des politiques économiques néolibérales, de compétitivité, d'offres, etc.,
06:40qu'ont amené la France dans le mur de ses prédécesseurs.
06:43Et moi, j'observe encore sa mise du budget, qui est celle, je vous rappelle, qui entendait appliquer des solutions managériales à la fonction publique.
06:51Je parle de Manon de Montchalin. Je pense que c'est plutôt là qu'il faut regarder ce que va être la politique économique de ce gouvernement.
06:56Par exemple, Éric Lombard, il a été pressenti à Matignon, à la place de Michel Barnier.
06:59Il avait dit « je ne veux pas rentrer parce que le gouvernement est trop à droite ».
07:01Donc là, cette fois-ci, visiblement, ça lui plaît plus.
07:03Peut-être. Il faut interviewer-le, demander-lui ce qu'il vient faire dans cette galère.
07:08Juste, François Bayrou dit qu'il espère un vote du budget d'ici la mi-février.
07:11Vous serez au cœur de cette négociation budgétaire en tant que président de la Commission des finances.
07:15C'est réaliste, la mi-février ?
07:16Déjà, ce n'est pas très rassurant. En tout cas, pour ceux qui imaginaient qu'il y a une possibilité de changement,
07:22ça veut dire qu'il reprend l'ancien budget.
07:24Ce sera forcément avec la même base.
07:25C'est ça, il reprend. On le sait, il l'a dit, il reprend la même base.
07:28Il ne peut pas tout refaire aussi vite.
07:29Si, il pouvait faire autrement, mais il a choisi de reprendre la même base.
07:31Pas d'ici mi-février.
07:32Non. C'est pour ça que je vous dis, il a choisi d'aller vite, de reprendre la même base.
07:35Et donc, avec les mêmes solutions, c'est-à-dire des politiques qui s'attaquent aux retraités,
07:39des politiques qui baissent les dépenses publiques de manière considérable,
07:42des politiques qui ne vont pas, ou très peu, et j'ai bien peur que ce soit encore moins,
07:46qu'avec M. Barnier, taxer les ultra-riches, les grandes entreprises,
07:50c'est-à-dire tous ceux qui ont créé le déficit dans ce pays depuis 2017.
07:53Je crois que là aussi, ça annonce exactement la continuité.
07:57Donc, ça sera la censure de la même manière, s'il n'a pas été censuré avant.
08:00Mais sur le déficit, il a l'air un peu plus souple.
08:02François Bayrou, il a dit que ça peut être 5, 5,5 % l'année prochaine.
08:05C'était 5,3 % qui était prévu. Donc, il est plus souple.
08:07Le dernier budget, il pensait qu'on serait à 5,3 %.
08:12Bon, 5, c'est pareil.
08:14Donc, on est reparti pour un tour ?
08:16Un tour qui va être rapide, à mon avis, si vous voulez mon avis.
08:19Je pense que ce gouvernement Bayrou ne terminera pas l'hiver.
08:23Quand je vous le dis, moi, j'avais annoncé en septembre
08:26que le gouvernement Barnier ne passera pas l'hiver.
08:28Celui-là ne terminera pas l'hiver.
08:30Éric Coquerel, président de la Commission des finances…
08:32Ça sera M. Macron qui sera aux premières lignes, du coup.
08:34Donc, c'est pour vous, Emmanuel Macron, qu'il devra…
08:36On le voit bien, puisque c'est lui qui impose à chaque fois des gouvernements illégitimes.
08:39Donc, il y a un moment donné, au point de blocage, il faudra bien le résoudre.
08:42Éric Coquerel, président de la Commission des finances,
08:44merci beaucoup d'avoir été l'invité des quatre.