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Les goûts d'une enfance congolaise sont omniprésents dans la cuisine du jeune chef marseillais. Des classiques qu'il revisite toutefois à sa sauce (graine).
Grace Tulomba est un jeune homme pressé. À peine son corner à street food africaine installé au Populo qu'il s'est senti des envies d'un vrai bistrot à lui, "un truc qui me ressemble, dans le décor et dans l'assiette, et où je pouvais pousser d'un cran ce que je proposais au Populo, en termes de produits comme en termes de temps de cuisson".

De l'OQTF à l'entrepreneuriat
C'est désormais chose faite à l'angle de la rue de la République et du boulevard des Dames (2e), à deux pas du Grand Port d'où cargos et ferries partent pour l'Afrique. Bien plus qu'un simple clin d'œil pour Grace, débarqué en Europe avec toute sa famille en 2006, il a alors 13 ans, après que son père pasteur avait été menacé par les pouvoirs locaux. La Belgique d'abord, puis la France, jusqu'à ce que le couperet tombe : les Tulomba font l'objet d'une OQTF, obligation de quitter le territoire français. "Sans la mobilisation de nos professeurs de l'époque, on aurait été expulsés, se souvient Garce Tulomba. On a pu finalement rester."

Et créer, au fil des années, une référence de la cuisine africaine à Marseille. Avec d'abord la mère, Nelly donc, traiteur et pilier des mariages et fêtes familiales de la communauté africaine de la ville. "Déjà au pays, je cuisinais pour les enfants pauvres à la demande de la mairie, raconte-t-elle. Pour pouvoir monter mon affaire de traiteur ici, j'ai passé un CAP cuisine."

Mais Mama Nelly n'est pas du genre à voir sa famille se ramollir. À la maison, elle a donc mis toute la marmaille en cuisine, garçon compris. "Et pourquoi il n'aurait pas appris la cuisine, lui aussi ?", s'interroge Nelly. Grace et ses quatre sœurs (Merveille, Joviale, Bénédicte, Anaël) se sont donc formés aux secrets du thiéboudiène, du yassa, du poulet Directeur Général (on vous laisse découvrir), de la sauce graine (à base de pulpe du fruit du palmier à huile) ou de l'attiéké (semoule de manioc).

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Transcription
00:00Le chef Grace Toulomba ouvre les portes de son premier restaurant, Mamanelli Bistro,
00:10un hommage aux recettes traditionnelles de sa mère.
00:12Pour marquer le coup en période de fête, il propose son mois de la générosité, un
00:16repas à 1 euro pour chaque étudiant, tous les mardis du mois de décembre.
00:19J'ai moi-même été déjà étudiant, je sais ce que c'est que de se retrouver un
00:23mois de décembre où on ne peut pas aller voir ses parents.
00:25On a mis en place ce mois de la générosité dans ce but-là, de se dire que ces étudiants
00:30qui ne peuvent pas retourner voir leurs parents ou qui n'ont pas spécialement la possibilité
00:34d'avoir un repas, ils peuvent venir manger chez nous.
00:37Selon un rapport publié en janvier par la Fédération des associations générales étudiantes,
00:41un jeune sur cinq ne mange pas à sa faim.
00:43Malgré une perte potentielle de bénéfices, le jeune chef marseillais veut présenter
00:47une cuisine engagée et solidaire.
00:49Vraiment on ne le fait pas parce qu'on veut gagner de l'argent, parce qu'on sait
00:52clairement qu'on perd en quelque sorte de l'argent, mais on a toujours voulu avoir
00:57un restaurant, un établissement qui a un impact social dans la ville et du coup on
01:02s'est dit voilà, on va le faire.
01:03Pour nous ça ne paraissait plus que logique de faire quelque chose pour les étudiants,
01:07donc oui derrière ça certes on ne gagne pas de l'argent, mais l'idée c'est de
01:10se dire ok, on a agi dans la vie des personnes.
01:13L'année dernière on a pu faire 500 repas pour les étudiants, donc cette année on
01:17espère pouvoir faire un peu plus.
01:22Ma maman c'est un traiteur de tout ce qui est mariage africain et donc j'ai baigné
01:30dedans parce que quand elle faisait les commandes pour tout ce qui était mariage, elle m'amenait
01:34avec elle en cuisine et donc c'est comme ça que j'ai appris à cuisiner et puis
01:37en fait je me suis dit que ce serait dommage de ne pas mettre cette cuisine à l'honneur,
01:40donc après j'ai pris les bases de ce que m'avait appris ma maman et je les ai un
01:45peu associées aussi à mes idées, donc ça fait une fusion.
01:52Parce que mon fils a appris de moi comment la cuisine, c'est vraiment, c'est mon deuxième
02:03prénom, la cuisine, donc c'est l'histoire de la famille, tout le monde cuisine, donc
02:09mes filles aussi et lui aussi j'ai bien appris tôt à cuisiner.
02:14Il y a un poulet déjeuné sur place et un autre emporté s'il te plaît.
02:18Là je suis en train de goûter ce mouche de manioc qui s'appelle Atiké, qui vient
02:23de la Côte d'Ivoire précisément, et voilà, c'est très bon ça.
02:29Si vous m'avez dit il y a 15 ans qu'on allait travailler ensemble et faire des restaurants
02:36avec Grace, je pense pas qu'on l'aurait même pas imaginé.
02:41Ma fée Thieboutienne Dorade-Brézé, le tout pour moins de 16 euros, un succès familial
02:46qui vise à se prolonger, les deux associés espèrent ouvrir deux nouveaux restaurants
02:50en 2025 à Marseille et ses alentours.

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