• il y a 14 heures

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00:00À 13h50, le dernier sujet que je voulais aborder avec vous, ça concerne l'heure du verdict au procès de l'assassinat de Samuel Paty.
00:07La cour d'assises spéciale de Paris rendra sa décision aux alentours de 20h ce soir.
00:12Des peines de 18 mois avec sursis à 16 ans de réclusion ont été requises contre les huit accusés.
00:17Des réquisitions jugées trop clémentes par les partis civils,
00:21puisque la défense a demandé l'acquittement de la plupart des accusés contestant l'intention terroriste des mises en cause.
00:27On va écouter la sœur de Samuel Paty, Michaëlle Paty, qui craint des condamnations légères
00:33et estime que le professeur d'histoire-géographie est mort pour rien.
00:36Je pense que mon frère est mort pour rien, mais par contre, je pense qu'il aurait fallu faire quelque chose de sa mort.
00:41Et là, pour l'instant, j'ai l'impression qu'on passe à côté, effectivement.
00:44L'assassinat de mon frère a fait qu'il y ait une désinhibition de tout le monde
00:49à agir avec violence, à minimum verbale et parfois physique.
00:52Le tout, ce n'est pas juste qu'on puisse lancer des procédures après où, de toute façon, les parents d'élèves sont très peu inquiétés.
00:59Il faut juste qu'il n'y ait plus de passage à l'acte.
01:02Et donc, il faudrait montrer une extrême fermeté avec des sanctions qui soient véritablement à la hauteur
01:08pour que les uns et les autres réfléchissent peut-être un tout petit peu de ne pas agir comme tel envers le grand enseignant.
01:14Victor Heroux, mort pour rien.
01:16Justement, cette phrase, Samuel Paty est mort pour rien.
01:19C'est une phrase encore plus, je pense, pour ma génération.
01:21J'ai 24 ans, l'affaire Paty, c'est quelque chose qui nous a énormément marqué.
01:25C'est peut-être la première chose avec le Bataclan qui nous a énormément marqué.
01:29Cette phrase, Samuel Paty est mort pour rien, est très dure à entendre
01:33puisqu'effectivement, j'ai l'impression que sur le terrain juridique,
01:37on est en train de dire qu'on enlève la perpétuité, qu'on s'abaisse à 16 ans de réclusion parce qu'il n'y a pas d'intention terroriste.
01:43Et ma génération perçoit très bien comment le droit n'arrive pas à sanctionner à sa juste valeur.
01:50Cet islamisme d'atmosphère, c'est-à-dire que ce n'est pas parce que la personne n'a pas tenu le couteau
01:55que ce qu'elle a fait n'a pas conduit à la décapitation de Samuel Paty.
02:00Et il y a là, dans la délation, dans la qualification, dans les prêches,
02:04le prédicateur Abdelhakim Seyfrioui, durant le procès, avait un air de défi, même vis-à-vis de la famille de la victime.
02:13C'est-à-dire qu'on comprend humainement ce qui se joue autour de cet islamisme d'atmosphère,
02:18même si je n'aime pas cette expression, et que le droit français n'arrive pas à sanctionner cette chose-là.
02:24Et la complexité pour la Cour aussi, sans ignorer l'onde de choc et la douleur qui a été suscitée par cet attentat,
02:31de juger chaque accusé à la hauteur de ce qu'il a fait, Olivier Dardigonne.
02:36Oui, c'est l'individualisation de la peine, mais moi je ressens très douloureusement ce qu'on sent arriver,
02:42c'est-à-dire un verdict qui n'est pas à l'auteur de la déflagration provoquée par la décapitation d'un professeur d'histoire.
02:52Parce que je le rappelle, les accusés, aucun d'entre eux n'a participé directement à l'agression d'Abdel, que c'est l'exemple.
02:59Oui, mais on a tous souvenir à ce continuum qui mène à l'effroyable finalité, sans que notre société, à différents niveaux,
03:08n'ait été capable à un moment donné de dire, stop, alerte, on protège notre professeur.
03:13Et quand on revoit ce continuum, il est vrai que notre droit dans l'état actuel, je vous rejoins sur ce point,
03:19n'est pas adapté à une réponse satisfaisante à tout ça.
03:23Donc ça pose des questions, certes sur le plan du droit, mais aussi sur notre société vis-à-vis de cette guerre à mort, puisque c'est une guerre.
03:33Et la colère de la sœur de Samuel Paty, Michaëlle Paty, qu'on a entendue il y a quelques mois.
03:38Son livre est remarquable.
03:39C'est aussi par rapport à la peine qui est donc demandée pour Priscilla Mangel,
03:45qui a été la personne qui a provoqué finalement cette forme de terrorisme, il y a eu 18 mois avec sursis qui ont été requis.
03:54Alors à s'en rendre compte, c'est ce qui a le plus choqué Michaëlle Paty.
03:56Mais justement, dans le cadre de l'affaire Paty, une affaire aussi lourde, aussi puissante vis-à-vis de l'imaginaire français,
04:05le fait de ne pas pouvoir sanctionner cette collégienne plus lourdement, étant donné tout ce qui s'est produit après sa délation, ses morsonges.
04:13Imaginez tous les cas de professeurs qui n'iront pas jusqu'à la décapitation, fort heureusement.
04:21Mais il y a entre la décapitation et la tranquillité tout un monde.
04:26Il y a tout un monde, tous ces professeurs qui subissent ce genre de délation en quotidien,
04:31qui vivent avec la crainte de se faire dénoncer par des élèves, que ce soit pour des choses qui sont arrivées ou qui ne sont pas arrivées,
04:41puisque c'est ce qui s'est passé dans le cadre de Samuel Paty, ça n'est pas arrivé, ce qu'elle a dit est faux.
04:45Imaginez ce que ça représente pour tous ces professeurs de France là, la non-sanction d'un cas aussi flagrant, d'un cas aussi puissant.
04:54Pour eux, qu'est-ce qu'ils se disent ? Ils se disent, moi mon cas n'ira jamais jusque là, mais je vais vivre dans la terreur de ne pas pouvoir faire court normalement.
05:00Et c'est ce que dit Michael Paty aussi, ça a déclenché un déferlement et banalisé quelque part les attaques à l'encontre des professeurs Olivier Dartigot.
05:07C'est pour ça que la justice doit être exemplaire.
05:10Je continue à penser que notre pays, que notre société n'est pas sans ressources par rapport à tout ça.
05:16Je l'espère qu'il y a dans la communauté éducative, qu'il y a à l'échelle des territoires, la possibilité d'être à la hauteur de ce défi là.
05:26Alors bien sûr c'est un combat, je ne dis pas que c'est irrésistible, mais en tout cas il y a peut-être des prises de conscience aujourd'hui.
05:35Il y a peut-être dans le très fond de notre pays, des gens qui se disent bien qu'il y a là un poison mortel,
05:42qui était sous-estimé pour différentes raisons, mais que là l'adversaire est bien identifié.
05:47Et que l'antrisme dans la sphère scolaire, elle est particulièrement aussi identifiée aujourd'hui.
05:52J'ai l'impression que le pas de vague par rapport à des collègues avec qui j'ai gardé contact, il est moins possible aujourd'hui quand même, sur cette dimension là.

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