• il y a 4 jours
Et si on demandait à Pierre Kroll de choisir cinq à dix dessins, ses « préférés » pour résumer cette année 2024 ? Serait-ce facile ? Evident? Compliqué ? « De la torture », nous répond-il, « impossible de choisir »... Pourtant, il l’a fait, et en vidéo en plus.
Transcription
00:00Alors petit exercice annuel, choisir les dessins que je préfère, donc tous ceux que j'ai fait sur l'année.
00:06C'est une torture, parce qu'un jour je trouve que je suis excellent tout le temps,
00:09un jour je trouve que je suis nul tout le temps, ça dépend de mon humeur.
00:12Mais on va quand même en choisir quelques-uns.
00:14Ce dessin-là, parce qu'il est très ancien, c'est au début de l'année, vraiment en janvier.
00:18Donc c'est Donald Trump qui vient déjà avec ses valises à la Maison-Blanche,
00:21alors qu'il a encore des procès sur le dos là.
00:23Mais dire à Biden, est-ce que ça vaut vraiment la peine que vous restiez encore quelques mois,
00:27parce que je vais gagner, je vais revenir et tout.
00:29Donc ce dessin, il est quand même dans mes préférés,
00:31puisque c'est rare d'avoir prévu l'actualité un an avant.
00:34Alors l'actualité de l'année a été évidemment épouvantable, avec au moins deux guerres.
00:38Et ce qui se passe à Gaza n'est pas caricaturable.
00:41On est terriblement mal à l'aise de devoir rendre compte de ça.
00:44C'est parfois un événement nouveau, mais sinon c'est dire que c'est toujours pire.
00:48Comment dire ça ?
00:49Ici j'avais fait ce dessin en prenant deux dates.
00:51J'ai juste voulu montrer là que quel que soit l'événement,
00:54le moment ou quoi que vous preniez dans l'année,
00:57à Gaza, il n'y a rien qui change.
00:58Ils ramassent des bombes et c'est des ruines.
01:00Sur Gaza, plus politique, un peu plus dans la caricature,
01:04j'ai ce dessin.
01:05Je n'aime pas beaucoup dessiner Netanyahou.
01:07Je trouve que là, il est un peu trop portrait.
01:09Mais voilà, ça le représente bien.
01:11Et là, il y a Tola qui a essayé de penser de Netanyahou quand on aura rasé Gaza.
01:17Il faudra penser à raser l'Iran.
01:19Bon, je ne dois pas détailler.
01:20Ça montre quelque part la folie guerrière, l'envie de guerre permanente de Netanyahou.
01:26Plus près de chez nous, on a voté.
01:28Alors, j'ai un dessin que j'aime bien parce qu'il a une petite anecdote.
01:31Les pêcheurs, ils ramènent toujours les mêmes poissons.
01:33Sauf ce jour-là, il y en a qui disent
01:35« Mais qu'est-ce que c'est qui ressort de l'eau, qui remonte à la surface ? »
01:38Et on le distingue, Maxime Prévost, c'est les engagés.
01:42Le parti remonte à la surface.
01:44Pourquoi j'aime bien ce dessin ?
01:45C'est surtout parce que j'ai rencontré dans un escalier,
01:48dans un concert à Bruxelles, le roi.
01:50Le roi Philippe, on en a quand même qu'un.
01:52Et Philippe me voit, me serre la main,
01:54me tire et me dit « Ah, vous m'avez fait rire ! »
01:56« Il y a quelques jours, avec un dessin, c'était quoi encore ? »
01:58« C'était quelqu'un qui remontait de l'eau ? »
02:02« Oui, oui, c'était les engagés dans les sondages. »
02:05Et je repense à ce dessin-là.
02:06« Oui, c'est ça, ça m'a beaucoup fait rire. »
02:08Alors, je ne sais pas si c'est celui qu'il a préféré
02:10parce qu'on ne se voit pas tous les jours, le roi.
02:12Mais ce jour-là, quand il m'a vu, il avait en tête le dessin qu'il avait vu il y a quelques jours.
02:15C'est juste amusant pour l'anecdote.
02:17Après ça, on est toujours en train d'essayer de former un gouvernement en Belgique.
02:20On se moque de la Belgique, on se moque de nous-mêmes.
02:22Voilà, c'est toujours très compliqué.
02:24En France, pour la première fois, ils n'ont pas eu une majorité comme ça évidente,
02:27malgré leurs deux tours et leur système.
02:29Et on a vraiment l'impression qu'on devrait aller leur apprendre comment ils font faire.
02:32Parce qu'ils font ce qu'on fait à l'envers.
02:34Ils nomment d'abord un premier ministre.
02:35Évidemment, il tient trois mois, plus personne n'en veut.
02:37Il n'a pas de programme, il n'a pas de majorité avec lui.
02:39Enfin, on suppose Macron qui téléphone au roi Philippe pour lui dire
02:43« Est-ce que c'est vrai que vous avez déjà fait une orange-bleue ? »
02:46« C'est quoi ça ? »
02:47« Oui, oui, écoutez, on a fait aussi la suédoise, on a fait la violette, j'en passe plein. »
02:51Ça démarre par la tripartite, la quadripartite et tout.
02:53À la fin, ça devient les trucs comme l'Arizona, la suédoise.
02:56Je ne vais pas les raconter toutes.
02:57Il y avait la guerre, il y avait des choses épouvantables dans l'année.
03:00Ce n'est pas un cadeau quand il faut les raconter.
03:02Et puis, il y a eu les Jeux Olympiques.
03:04Les Jeux Olympiques, malgré tout ce que disaient les Français qui adorent râler
03:07que ça va être nul, que ça va être que des emmerdes dans Paris,
03:09que les Français ne vont rien gagner, que ça coûte roger à tout ce que vous voulez.
03:13Quand ça démarre, on est quand même tous sur le cul.
03:16Excusez-moi tellement c'est bien fait, tellement c'est assez parfait.
03:19Il y avait des mesures de sécurité incroyables,
03:21des milliers, des milliers, des milliers de policiers et de militaires dans Paris.
03:25Et donc, je me suis tout de suite amusé à imaginer le soir,
03:28même en regardant à quel point c'était quand même bien fichu leur truc,
03:31à imaginer des terroristes qui étaient chargés de faire exposer quelque chose.
03:34Et voilà, leur chef vient demander « Alors quoi, l'attentat ? »
03:37« Qu'est-ce que vous foutez ? Ça vient ou quoi ? »
03:39« On ne peut pas, chef, avec une larme à l'œil dans sa cagoule. »
03:42« On ne peut pas, c'est trop beau. »
03:45Ça c'est quand même vraiment dans mes préférés, ce dessin-là, vraiment.
03:48Il y a aussi des dessins qui viennent comme une évidence.
03:50Toujours dans les Jeux Olympiques, celui-là, Evenepoel,
03:53qui gagne le contre-la-monde et la course en ligne aussi.
03:56L'autre médaillé belge, c'est Nafisatou Thiam, qui fait donc de l'heptathlon.
04:00Il y a toujours des gens qui se demandent « C'est combien encore de sport ? »
04:03Donc moi, je me suis amusé tout seul à dessiner, pour moi, à la télé.
04:06Et maintenant, Nafisatou, elle sort même de la télé tellement elle est proche de nous.
04:10Et le spectateur belge a dit « Mais c'est combien de sport encore l'heptathlon ? »
04:14Et c'est le chien qui en a marre d'entendre la question, qui lui sait très bien,
04:17et qui montre avec ses mains la réponse.
04:19Ça c'est un petit coup de cœur, il faut zoomer sur le chien.
04:22On a eu dans un autre genre une visite historique en Belgique, c'est celle du pape.
04:26À la fin de la visite du pape, il est reparti en annonçant, comme je disais, il s'est bien tenu.
04:30Il n'a rien dit qu'il fâchait ici, mais après remonter dans l'avion,
04:33il a dit qu'il allait s'occuper de la béatification du roi Baudouin.
04:37Il est, pour le pape François, une espèce de saint,
04:40parce qu'il est allé jusqu'à risquer la monarchie, son trône, l'équilibre du pays,
04:44n'importe quoi, par ses convictions.
04:45Donc c'est un message très politique, quand on sait comment ça a compliqué les choses en Belgique.
04:49Donc le pape fait aussi de la politique.
04:51Allez, on va finir par un mort.
04:53Alain Delon nous a quittés.
04:55Et là, on retombe dans la rubrique de dessin qui me vient de tout seul,
04:58que j'aime bien parce que ça m'a fait rire tout de suite.
05:01Pas qu'il meure, mais d'imaginer qu'il l'annonce lui-même à la troisième personne,
05:05comme il parlait parfois.
05:06Je fais souvent « Dieu qui reçoit un mort célèbre »,
05:09c'est une manière d'évoquer son œuvre.
05:11« Dieu qui reçoit un écrivain, qui dit j'ai lu tous vos livres »
05:13ou un disque « Je connais toutes vos chansons ».
05:16Il a encore le temps de rien dire, qu'Alain Delon vient annoncer lui-même.
05:19Alain Delon est mort.
05:20Voilà.
05:21Bonne année.

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