François Bayrou a promis de présenter son gouvernement "avant Noël" et appelé les partis, hors RN et LFI, à y entrer, tentant d'attirer la gauche en se disant prêt à "reprendre sans suspendre" l'inflammable réforme des retraites, mais sans convaincre le Nouveau Front populaire.
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00:00Reprendre sans suspendre. Mathieu, qu'est-ce que ça veut dire ?
00:03Ça ne veut pas dire grand-chose textuellement comme ça.
00:05En fait, ce que veut dire François Bayrou, c'est qu'il ne veut pas accéder à la demande des socialistes
00:09qui lui demandaient de geler au minimum la réforme des retraites.
00:12Geler, ce n'est pas abroger.
00:14Geler, c'est par exemple geler les effets cette année de la réforme des retraites qui continuent à s'appliquer.
00:20C'est-à-dire les gens qui vont voir leur durée d'âge légal décalée de 6 mois.
00:24Et donc, les socialistes demandaient ça et François Bayrou s'y refuse.
00:28Comme je l'ai dit, la réforme des retraites continue à s'appliquer, continue à évoluer.
00:32Mais je suis d'accord pour ouvrir des discussions.
00:34Alors, qu'est-ce qu'on peut reprendre dans les discussions sur la réforme des retraites ?
00:37Il a parlé peut-être d'autres pistes de financement.
00:39On sait qu'il avait critiqué, François Bayrou, la réforme des retraites d'Elisabeth Borne sur le fond et sur la forme.
00:44Sur la forme, il avait dénoncé un passage en force.
00:46Sur le fond, il avait regretté qu'il n'y ait pas de hausse de cotisation des entreprises, par exemple,
00:50qui devaient, selon lui, participer à cet effort de justice sociale.
00:53Tout ça est sur la table du Premier ministre.
00:55Le problème, c'est que ça n'est pas assez.
00:57En tout cas, c'est trop flou encore pour s'attirer les faveurs de la gauche.
01:01Reprendre sans suspendre, ce n'est pas très concret.
01:05Qu'est-ce qu'il a compris, Nicolas Dose ?
01:07Moi, j'ai compris qu'on faisait une conférence sociale, parce que quand on ne sait pas quoi faire, on fait une conférence.
01:11Et on ne sait absolument pas, dans neuf mois, c'est le temps d'une gestation, à quoi ça peut aboutir.
01:15Mais d'abord, la borne d'âge à 64, est-ce que ça veut dire qu'on y reviendrait, sur cette borne d'âge ?
01:21Tout est possible.
01:23Moi, je vous ai dit ce matin que depuis 6h30, c'est une folie sur le terrain économique.
01:27Mais tout est possible.
01:29Après, on met les partis, les syndicats.
01:31Il y en a certains, et le mot qu'ils ont en tête, c'est abrogation.
01:33Je ne sais pas du tout.
01:35Et dire qu'on va revenir à la retraite à point de la réforme initiale du tout début, ça, je n'y crois pas du tout.
01:39On va voir ce qu'ont compris à la fois les socialistes et les écologistes. Écoutez.
01:43En l'état actuel des choses, je le dis avec, en réalité, une forme de désarroi.
01:50Nous n'avons pas trouvé de raison de ne pas le censurer.
01:53Nous sommes vraiment tous assez consternés, en réalité, par la pauvreté de ce qui nous est proposé.
02:01Comment on va l'expliquer aux gens qu'il a promis un truc pour dans 9 mois ?
02:04Alors que, je pense que si on faisait un pari par les médias français,
02:07de qui pense que François Bayrou sera encore là dans 9 mois ?
02:09Pas beaucoup de gens ne prennent le pari.
02:11Et donc, vraiment, c'est des promesses pour la Saint-Glinglin.
02:14Et donc, que l'on doive travailler à une autre réforme, nous l'avons dit,
02:17y compris dans le programme Nouveau Front Populaire.
02:19Que ça prenne des mois, il n'y a pas de problème.
02:21On est d'accord et on veut le faire sérieusement.
02:23Mais les Français, ils veulent des gages.
02:25Ce qu'on comprend, c'est qu'on n'a pas, pour en tous les cas les socialistes et les écologistes,
02:29on n'a pas avancé.
02:30Non, on n'a pas du tout avancé, on a même reculé, en fait.
02:32Parce que lorsque François Bayrou est arrivé à Matignon,
02:35la gauche promettait un accord de non-censure.
02:38Et là, ce que la gauche est en train de dire, double négation,
02:41on ne promet pas, on ne promet plus, on n'a pas trouvé de raison de ne pas censurer,
02:44égal, on a des raisons de censurer maintenant.
02:46Il n'y a que des raisons de censurer.
02:47Et donc oui, on avance plutôt vers la censure.
02:48En fait, la difficulté pour la gauche, c'est qu'elle,
02:50elle voulait une suspension ferme de cette réforme des retraites
02:53et qu'hier soir, François Bayrou vient de lui dire,
02:55leur a dit non.
02:56Oui, et il a dit quand même, le chemin existe
02:58et si on ne réussit pas cet essai, c'est la dernière station avant la falaise.
03:02Oui, alors ça, c'est un peu après-moi le déluge,
03:04en réalité, un peu tous les premiers ministres disent ça.
03:06Cela dit, là, ce n'est pas faux, parce qu'on va vraiment s'enfoncer dans une crise politique.
03:09Deuxième premier ministre en moins de quatre mois,
03:12en moins de six mois, vous imaginez en plus que ça pourrait donner.
03:14Quatrième en un an.
03:15Quatrième en un an, absolument.
03:16Le rythme des passations devant Matignon devient effrayant
03:19avec les conséquences économiques que ça a sur les Français notamment.
03:22Ce budget reconduit, ça va avoir dans les semaines qui viennent
03:25des effets délétères sur les impôts.
03:26Mais attendez, restons sur le calendrier immédiat.
03:29Là, il dit en l'occurrence, je veux fermer un gouvernement avant Noël.
03:33Et il dit aussi, il fixe un ultimatum en fait à tous ces interlocuteurs
03:37autour de la table, puisqu'il leur demande de dire
03:40s'ils participent au gouvernement d'ici midi, dans moins de quatre heures.
03:45Donc, fort de ce qu'on vient d'entendre, la réponse, c'est non.
03:48Pour la gauche, en tout cas, c'est non à ce stade, oui, effectivement,
03:50puisque François Barirou leur a enlevé ce qui était leur ligne rouge,
03:53c'est-à-dire le gel de la réforme des retraites.
03:56Ils en faisaient vraiment un point de blocage.
03:57Il a répondu hier soir et donc pour la gauche, ça sera non.
04:00Ça veut dire qu'on reviendrait à ce qui était le socle de Michel Barnier.
04:04En clair, déjà en enlevant la France Insoumise et le Rassemblement national
04:07de ses consultations en matinon, il s'est privé de 211 députés.
04:10On revient au socle de Michel Barnier, le fameux socle commun,
04:14210 députés, très loin des 289.
04:17Mais d'autant que les LR ont dit dans le même temps
04:19qu'ils étaient prêts à rentrer au gouvernement.
04:21Oui, parce qu'au fond, les LR ont obtenu à peu près ce qu'ils voulaient,
04:23le maintien de Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur.
04:26Il n'y a pas encore d'engagement sur la loi immigration,
04:29mais de toute façon, c'est un peu un marché de dupes,
04:31parce que Bruno Retailleau pourrait très bien dire,
04:33moi, je ne ferai pas de loi immigration, mais comme par hasard,
04:35notre républicaine ferait une proposition de loi immigration
04:38qui serait soutenue par le gouvernement.
04:40Et puis, les LR attendaient des engagements sur le budget,
04:43sur la retraite. Ils sont très contents, les LR,
04:45qu'on ne suspende pas la réforme des retraites.
04:48Donc, ils ont toutes les raisons d'y aller.
04:51Donc, ce que je dis à travers vos propos, en fait,
04:53c'est que c'est vraiment un gouvernement bis Barnier
04:57qui est en train de se profiler.
04:59Avec les mêmes risques. C'est-à-dire que le postulat de départ,
05:01c'était ne plus dépendre des extrêmes,
05:03ne plus dépendre de Rassemblement national,
05:05ne plus dépendre des insoumis.
05:07Je vous rappelle, c'est ces fameux 366 députés
05:09qui vont de chez LR jusqu'au Parti communiste.
05:11Est-ce qu'on peut trouver là-dedans une majorité
05:13de 189 pour tenir ?
05:15Et là, en laissant la gauche de côté,
05:18en ne répondant pas, en donnant une concession
05:21ou un gage à la gauche, on va se retrouver
05:23avec un gouvernement Barnier bis qui va être
05:25sous surveillance ou sous influence
05:27du Rassemblement national.
05:29Alors, un gouvernement Barnier bis,
05:31il n'a plus la censure à plein nez.
05:33Parce que François Bayrou nous dit qu'il aura
05:35un budget en février. Si tu veux un budget en février,
05:37tu reprends le budget Barnier et tu fais
05:39un copier-coller en janvier-février
05:41parce que tu n'as pas le temps de faire autrement.
05:43Donc, derrière, qu'est-ce que c'est si on reprend les mêmes
05:45et qu'on recommence, on aura les mêmes résultats,
05:47la fameuse folie d'Albert Einstein.
05:49Et donc, la censure, elle est à tous les niveaux.
05:51Et pourtant, il ne se fixe pas du tout dans cette perspective
05:53de temps court puisqu'il dit, par exemple,
05:55sur les retraites, on a jusqu'au mois de septembre 2025.
05:57Oui, et d'ailleurs, vous avez entendu
05:59la réponse de Marine Tondoli. Entre-temps, peut-être
06:01qu'il aura quitté Matignon.
06:03François Bayrou, il veut se projeter aussi
06:05parce qu'il n'y a que comme ça qu'il peut enclencher
06:07des négociations, poursuivre les négociations avec les partis
06:09en leur disant peut-être que dans un mois, je ne serai plus là.
06:11Évidemment, ils ne viennent plus,
06:13ils ne discutent plus. C'est un peu d'ailleurs
06:15ce qui a embêté la gauche hier soir parce que la gauche
06:17a dit, en fait, en réalité, même si
06:19effectivement, il est encore là dans neuf mois,
06:21d'ici là, il y aura le budget.
06:23Donc, ça veut dire, qu'est-ce qu'il nous dit, François Bayrou ?
06:25Il nous dit, votez le budget, puis ensuite, on verra
06:27pour la réforme des retraites.
06:29Oui, sauf qu'il dit aussi à ce propos, et c'est peut-être aussi
06:31ce qui est, je crois que c'est ce qui vous surprend
06:33depuis que François Bayrou a été nommé à Matignon.
06:35Ce n'est pas trop,
06:37le discours flotte un peu. Pas de 49.3,
06:39non, non, pas de 49.3, sauf s'il y a
06:41blocage absolu sur le budget.
06:43Oui, il y a une absence de lignes au fond. Il y a une absence
06:45de capes, ce qui est très étonnant de la part de
06:47François Bayrou, qui a 40 ans
06:49de vie politique derrière lui, qui n'a cessé
06:51de rêver des plus hautes fonctions
06:53et qui, une fois qu'il arrive,
06:55n'a pas grand-chose dans sa besace.
06:57Mais finalement, pardon, il est
06:59sur la même ligne qu'Emmanuel Macron, c'est en même temps.
07:01Pour l'instant, on est dans le
07:03en même temps. Alors, il y a juste cette
07:05capacité à reprendre la réforme des retraites,
07:07le Président de la République y tenait,
07:09donc peut-être que là, il y a un petit pas de côté. Mais sinon,
07:11c'est exactement du en même temps. Ce n'est pas une surprise.
07:13Il accompagne le Président, avec son caractère
07:15tempêteux, mais depuis sept ans.
07:17Donc, il n'a pas remis en cause la politique
07:19d'Emmanuel Macron depuis sept ans.
07:21C'est dû en même temps. Et c'est vrai
07:23que cette absence de ligne, cette absence
07:25de cap, c'est très déroutant,
07:27y compris pour tous les gens qui ont participé
07:29hier à la réunion, parce que c'est difficile
07:31de s'opposer ou difficile de soutenir
07:33quelqu'un dont vous ne savez pas où il souhaite aller.
07:35Déroutant, et aussi pour les Français.
07:3765% des personnes
07:39interrogées jusque les débuts de François
07:41Bayrou à Matignon ne sont pas
07:4370 ans.
07:45Tout ce dont on parle, c'est une mission.
07:47Tout est une mission impossible.
07:49Il va bien falloir qu'on y arrive Nicolas.
07:51Oui, mais à chaque fois, ça va se terminer par ce gouvernement
07:53qui s'autodétruira dans les 15 secondes.
07:55Sur tous les sujets.