Retrouvez le replay du débat de l'Équipe du Soir du 19/12/2024.
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00:00Fanny au grand bornant ! Bah oui, pas de victoire française, une podium aujourd'hui au grand bornant.
00:05Première course, sprint messieurs, dominée par les Scandinaves.
00:08Aux deux premières places, on retrouve deux Norvégiens, on va les nommer, Huldahl et Böe.
00:12Troisième, c'est le Suédois, Samuelsson. Où sont les Français ?
00:16Ils sont trois dans le top 10.
00:17Vous allez dire où sont les Français ?
00:18Perrault ! Non, non, non, je ne sais pas chanter.
00:21Eric Perrault, septième, Émilien Jacquelin, huitième.
00:23Dixième, Quentin Fillon-Maillet.
00:25On va donner la parole au huitième, Émilien Jacquelin, qui évoque, vous allez voir pour lui,
00:29la difficulté de courir en France quand on est Français.
00:33Le mal du pays par Émilien Jacquelin. Écoutez-le.
00:36Pour moi, personnellement, c'est le sprint le plus dur de l'année.
00:39On en parlait avec Martin Fourcade, notamment, hier soir.
00:43C'est un sprint qui est difficile à aborder, autant la poursuite et la massare.
00:48Le fait qu'on soit plusieurs à tirer, il y a de l'entrain.
00:53Là, on est vraiment tout seul au pas de tir.
00:54La première balle que je rate, typiquement, inconsciemment,
00:57je suis encore en train d'écouter votre collègue, Frédéric Jean, qui est speaker ici.
01:01Donc, c'est un peu bête de rater des balles comme ça.
01:03Le public, il porte sur la piste, il peut inhiber un peu sur le pas de tir
01:08quand on est comme ça, seul face aux cibles et seul avec la tribune.
01:11Exactement, c'est ce que j'ai dit à tous vos collègues hier au Media Day,
01:15que c'était autant une force que quelque chose qui pouvait nous sortir
01:19de nos points techniques, de ce qu'on a à faire derrière la carabine.
01:24Personnellement, mon objectif, c'est de rester au focus et finir cette course
01:27en disant, écoute, j'ai donné 100% des capacités du jour.
01:30Voilà, Émilien Jacquelin, sonce des explications ou des excuses.
01:35Attendez, Karine Galli, vous portez la voix du ville-pape,
01:38parce que je crois que tout le monde a dit explications.
01:41Tout à fait, en tout cas, moi, j'ai dit.
01:42Oui, mais vous rejoignez toute la communauté de l'équipe de l'histoire.
01:46Non, mais je trouve ça intéressant, on a constamment des interviews tièdes
01:51où les acteurs de leur sport ne disent rien.
01:54Là, il explique et je trouve ça bien de ne pas remettre en cause cette explication
01:59en disant que c'est une excuse.
02:01Sa parole, elle est claire, il détaille ce qui a pu le perturber.
02:05Il te dit, j'entendais le speaker, alors qu'évidemment,
02:08tu dois être très concentré au moment du tir.
02:11Il te dit qu'il y a une certaine pression quand tu es en France,
02:13qu'il en a déjà parlé avec d'autres immenses champions.
02:15Moi, je trouve que c'est bien que parfois, un sportif montre son côté humain et sa faille.
02:20Il se trouve qu'être en France devant le public français,
02:24c'est une pression que, pour l'instant, il n'arrive pas à dépasser.
02:27Je ne vois pas pourquoi on remettrait en cause sa parole.
02:29Pas toujours.
02:30Moi, ce qui m'a mis la puce à l'oreille, je me souviens du début de carrière.
02:33Mais il l'avait dit quand même un peu avant la course.
02:34Non, mais voilà, moi, c'est ça qui valide la thèse de l'explication.
02:38Parce qu'on a connu des sportifs qui arrivent, qui font les fiers à bras, etc.,
02:42qui derrière, parce que c'est le sport, se plantent.
02:45Et là, vont ressortir un petit peu le côté, ouais, mais il y a le contexte, etc.
02:48Là, lui, en fait, il se trouve qu'il en a parlé en amont.
02:51Où il avait identifié la difficulté que lui ressent, en tout cas.
02:54Et donc, partant, je pense qu'il avait fourni un petit peu ces difficultés,
03:00le mode d'emploi, que lui, pour l'instant, n'arrive pas à résoudre.
03:03Si en amont, il le dit, moi, derrière, je le valide sur sa sincérité.
03:07J'ai plus de mal avec ceux qui...
03:09Mais il a toujours des choses tordues, ça s'est mêlé.
03:11Non, je ne vois pas les choses tordues.
03:13Je vais vous donner la main, Greg Schneider.
03:15Je me souviens qu'en 2019, il termine 2e du Mass Start.
03:19Et dans les sensations d'avant-course, il nous expliquait.
03:23J'ai vu un drapeau français.
03:25Je me suis senti chez moi.
03:27Je me suis senti bien.
03:29Et ça a conditionné ma course.
03:31C'est drôle, 2019, 2024.
03:32C'est pour ça que cette déclaration...
03:34C'est pour ça que j'ai retenu cette déclaration.
03:36Vous, Greg.
03:37Karine, je vous ai fait un coup d'oeil, parce que vous trouvez la question abjecte.
03:41Lunaire.
03:43Vous nous faites une Karine Galli, ce n'est pas dans votre contrat.
03:45Je passe pas mal de temps avec les sportifs sur des...
03:49En général, quand j'en joue un, je passe pas mal de temps avec eux.
03:51Et avec les biathlètes ?
03:52Non, mais avec les sportifs.
03:53Et vous n'imaginez pas la variété de cheminement psychologique,
03:58selon que ce soit l'un ou l'autre.
03:59Il y en a que ça peut renforcer.
04:00Il y en a que ça peut déstabiliser.
04:02Il y en a qui ont peur de gagner.
04:03Il y en a qui ont plutôt peur de perdre.
04:05C'est-à-dire qu'il y a des nuances quasi infinies à chaque fois que vous plongez dans la...
04:09Ce que je veux dire, c'est que du coup...
04:11Greg, quiconque qui a fait du sport sait trouver des excuses, quelque chose qu'il lui faut.
04:15Déjà, pour mettre sa parole en doute, il faut quand même...
04:17Moi, je suis comme Karine, je ne vois pas pourquoi.
04:19Et surtout, c'est très difficile de savoir quel est le moteur intime d'un mec dans telle ou telle situation.
04:25Il n'y a rien qui peut te faire dérailler.
04:26Oui, mais ce n'est pas la même chose qui va te faire dérailler toi, qui va te faire dérailler moi,
04:29qui va le renforcer lui, qui va le renforcer...
04:31C'est très compliqué, le sport de haut niveau.
04:33C'est très fragile.
04:34Donc, je ne vois pas comment on pourrait lui dénier ses fragilités éventuelles.
04:39On peut avoir des excuses, des bonnes excuses.
04:43Oui, mais on pourrait, si les excuses correspondaient à quelque chose qu'on explique justement
04:47pour expliquer une contre-performance, qui serait liée à des éléments extérieurs d'une certaine manière.
04:51Alors que là, ce sont des éléments qui sont...
04:53Intimes.
04:54Objectivement intimes.
04:56Donc, en fait, d'une certaine manière, qu'est-ce qu'il fait là ?
04:58Il dévoile ses propres faiblesses.
04:59Tout à fait.
05:00Il a ses faiblesses-là.
05:01Et tu ne peux pas critiquer un mec pour ça.
05:03C'est plutôt une force de les exposer.
05:05Il faut le formaliser.
05:07Il y a un exemple éclatant, c'est Roland-Garros.
05:09Moi, pour suivre plutôt le tennis plus que le biathlon, on va dire.
05:13On n'est pas mal en biathlon.
05:15Peut-être.
05:16Non, mais Roland-Garros, c'est une équation à mille inconnues pour les joueurs français.
05:25C'est-à-dire que tu passes de Noah, qui, quel que soit son état, était sublimé par le fait d'arriver sur la centrale,
05:31à Forgey, qui, même quand il était dans les 5 ou 6 meilleurs du monde, ne pouvait pas se liquéfier.
05:35Alors que c'est quelqu'un qui est à côté de ça.
05:37L'avantage avec un tennisman, c'est qu'il se liquéfie partout.
05:39Donc, il n'est pas que Roland-Garros.
05:41Mauresmo à Roland-Garros, c'était quelque chose de terrible pour elle.
05:45C'est quelqu'un qui a gagné deux tournois du Grand Chemin.
05:47Pas son jeu.
05:48Non, non, mais...
05:49Surface, pas son jeu.
05:50Oui, mais pas à ce point.
05:51Elle ne pouvait pas perdre les matchs qu'elle a perdus dans ces conditions-là.
05:53Souvenez-vous.
05:54Mais elle en parlait.
05:55Non, mais pas sur sa valeur, Olivier.
05:58Olivier, là, il n'y a plus de mémé.
06:01Là, c'est fini.
06:02Là, c'est qu'on n'est pas ça.
06:03Mémé avait un côté sympathique, amical.
06:05Je vous mets sur stop parce que la parole pour le meilleur d'entre nous, Eric Blanc,
06:10c'est dans quelques secondes.
06:11On fait juste un petit détour du côté du Grand Bornand.
06:13Vous suivez les courses, vous appréciez les commentaires toujours magnifiques d'Alexis Boeuf.
06:17On l'a joué en début de soirée, notre consultant.
06:20Donc, jouer à domicile, c'est parfois double tranchant.
06:23Écoutez Alexis Boeuf, notre consultant.
06:26Finalement, moi, qu'Emilien déclare comme ça après la course qu'il redoutait,
06:32qu'il appréhendait le fait de courir ici à domicile avec le public français,
06:36ça ne m'étonne pas tant que ça.
06:37Pourquoi ça ne m'étonne pas tant que ça ?
06:39Tout simplement parce qu'Emilien est en train de changer, de changer d'envergure.
06:43C'était effectivement quelqu'un de tout flou, qui aimait le spectacle,
06:48qui aimait se nourrir peut-être des spectateurs pour aller chercher des résultats
06:52parfois qu'on n'attendait pas de lui.
06:54Ça l'aidait à se transcender.
06:56Mais on se rend compte depuis le début de la saison qu'Emilien, il change,
06:59il évolue et qu'il devient de plus en plus régulier.
07:02Il est en train de perdre un petit peu ce côté foufou pour devenir un biathlète
07:08qui est capable de jouer sur l'ensemble d'une saison.
07:10Et donc forcément, il le sait, il y a des enjeux qui sont différents.
07:14Il est attendu sur ce week-end et il n'a pas envie certainement de se laisser prendre
07:20par cette euphorie, par ce public qui peut le faire retomber
07:24dans des choses qu'il essaye d'éviter désormais.
07:27C'est pour ça que ça ne m'a pas tellement surpris qu'il puisse aborder les courses ici
07:33de cette façon-là.
07:34Au final, je trouve qu'il s'est très bien débrouillé sur ce sprint,
07:37même s'il part deux fois à la faute sur le tir.
07:41Il a expliqué qu'il s'était laissé un petit peu déconcentré par le speaker
07:44qui parle français ici.
07:45Et c'est vrai que ce sont des choses qui ne sont pas simples.
07:47Parce que même si on est bien préparé, on ne s'en rend pas toujours compte.
07:50Ça peut nous emmener et l'espace de quelques secondes nous déstabiliser,
07:54nous faire perdre le fil.
07:55Donc Emilien a raté déjà une balle comme ça.
07:57Après, il en a raté une deuxième.
07:59Mais finalement, il arrive à faire une belle place et à se placer pour la poursuite.
08:03Donc j'ai l'impression qu'il s'est lancé dans ce week-end,
08:06qu'il a réussi à justement contrer un petit peu ce qu'il a envie de ne plus voir chez lui
08:12et qu'il est prêt maintenant à en découdre.
08:14Donc à mon avis, on a un Emilien qui va nous faire de belles choses sur la fin du week-end
08:18et qui va être très sympa à suivre.
08:20Après, il avait tout à fait raison.
08:22Le public est là, il y a une énorme serveur populaire.
08:25Donc il y a de la pression sur les épaules des Français.
08:28Et il fallait qu'il se lance.
08:31Maintenant, c'est chose faite.
08:32Donc place au résultat.
08:33Et en plus, vous le voyez, je suis sous la neige.
08:36Donc ça, c'est vraiment une bonne chose.
08:39Il a plu toute la journée.
08:40Ce n'était pas très agréable.
08:41Mais on espère que demain matin, il y aura un beau manteau blanc
08:45pour une nouvelle journée et peut-être un podium avec les filles.
08:49Prononcer manteau blanc à moins de 2°C, c'est difficile.
08:53Eric, je vais garder le meilleur pour la fin.
08:54Parce que vous, vous avez vu le témoignage, écouté le témoignage
08:57et vous avez dit qu'il y a quelque chose de singulier,
08:59c'est enrichissant, on apprend des choses sur lui.
09:01C'est-à-dire qu'est-ce que vous avez compris là-dedans ?
09:03Un blocage ? Quelque chose ?
09:04Déjà, ne pas répéter.
09:07Il a été dans cette situation d'échec.
09:09A priori, moi je n'ai pas vu la compétition.
09:11C'est le tir qui l'a tombé.
09:13Ce n'est pas le ski.
09:14Non, non.
09:15C'est le tir couché, tir debout.
09:17C'est souvent ça au biathlon.
09:18Il s'est peut-être mis une pression.
09:20Il savait exactement.
09:21Parce que là, on parle d'un sport, tu es avec toi-même.
09:24La carabine.
09:25Quand on parlait de tennis, tu es un adversaire.
09:27En temps en temps, tu peux te faire dessus.
09:30Quand tu prends 6-0, 4-0 devant le central, tu es seul.
09:34Maman n'est pas là, tes potes non plus.
09:36Et tu as un monstre en face qui te démonte.
09:38Donc, c'est un autre sport.
09:40En opposition.
09:42Là, c'est de la maîtrise.
09:44C'est psychologique.
09:45C'est juste de la concentration.
09:47Peut-être qu'il est arrivé avec quelques fragilités mal contrôlées.
09:51Mais ça va lui servir obligatoirement pour le futur.
09:54Moi, je ne connais pas cet athlète.
09:56A priori, il est en train de changer.
09:57Il passe d'un athlète qui doit enchaîner des performances,
10:00qui est confirmé maintenant.
10:02C'est l'histoire de sa carrière.
10:04Tu sens qu'il a besoin aussi de relais, de ressorts.
10:08Avec son coach, quand on parle du problème mental sur certains athlètes,
10:12là, tu peux te dire que lui, s'il arrive à bien synchroniser,
10:16bien travailler le mental,
10:17à rester concentré sur son tir,
10:19sur son pas de tir, debout, allongé, etc.
10:22C'est un type qui a le potentiel pour continuer à grandir.
10:26Il ne faudrait pas confondre dans les deux débats
10:28la question de sa sincérité et le regret qu'on peut avoir
10:31qu'il ne puisse pas surmonter ça.
10:33Parce qu'en fait, c'est un petit peu ce qui est sous-jacent,
10:35tout à l'heure, dans votre perfidie.
10:37Vous nous assèlez des trucs, des excuses, etc.
10:39Parce que vous-même, vous regrettez le fait que,
10:41pour l'instant, il n'arrive pas à le surmonter.
10:43On peut partager ça.
10:44Non, mais il y a un truc, moi, qui m'a interpellé.
10:46Le gars, là. Enfin, le gars.
10:48Le gars ? Ah ouais !
10:50Emilien.
10:51C'est honteux !
10:52Il me dit qu'en fait, il se retrouve seul au pas de tir.
10:54Il entend le speaker, il débranche, tout ça.
10:57Non, mais en fait, il y a un truc.
10:59Non, mais ce qu'il veut dire, psychologiquement.
11:01Donc, je suis seul.
11:03Dans l'épreuve du sprint, t'es seul au tir.
11:05Mastart, poursuite.
11:07Il a du mal à rester dans sa bulle.
11:09Il ne supporte pas que tous les regards soient tournés vers lui.
11:12Là, psychologiquement, comment traduire ?
11:14Il te dit ça, il nous dit ça.
11:16Il dit que le problème entre le sprint et la poursuite de Mastart,
11:20c'est que là, le gars est tout seul.
11:22Donc là, évidemment, tous les spectateurs le regardent.
11:24Mais ça ne valide pas, ça.
11:25Mais c'est quoi le problème d'être regardé par tout le monde ?
11:27C'est ça, moi, qui m'intéresse.
11:28Ça, c'est psychologique.
11:29Oui, mais c'est ça qui m'intéresse.
11:31C'est ce qu'il en fait.
11:32Il y en a que ça perturberait plus de tirer au milieu de huit mecs.
11:35Non, mais c'est quand même pas la première fois non plus.
11:37L'empas de tir, il fait ça.
11:39Non, mais c'est comme un mec qui sert à Roland Garros.
11:42Il sert tout le temps, tu vois ce que je veux dire ?
11:44Eh bien non, t'as des mecs, t'as des mecs,
11:45des fois, sur 40% de première balle.
11:47Tu ne sais pas pourquoi, parce que c'est le mauvais jour.
11:49Regarde ce qu'avait dit Becker dans une finale contre Agassi.
11:51Il a déstabilisé Agassi en regardant la femme de...
11:54Brookeshield.
11:55Voilà.
11:56Et l'autre, il devenait fou.
11:57Et il en parle, Becker, de ça.
11:59Pour rigoler, tu vois.
12:00Il s'est appuyé.
12:01Il se déteste.
12:02Quoi ?
12:03J'ai lu la bio.
12:04Non, mais c'est marrant, tu vois.
12:06Pour déstabiliser Agassi, il a réussi.
12:09Après, ben oui, il le dit.
12:11C'était l'ennemi final de Wimbledon.
12:13Becker ne battait plus Agassi depuis 8 ou 9 matchs.
12:16Et perdu pour perdu, parce qu'en fait,
12:19il avait récupéré l'ancien coach d'Agassi.
12:21Perdu pour perdu, je drogue sa femme.
12:24Parce que l'histoire, c'est qu'en fait,
12:26il a récupéré l'ancien coach, le coach historique d'Agassi,
12:28qui était Nick Bollitieri.
12:29Et Nick Bollitieri lui dit, Agassi, il est émotif.
12:32Il est émotif sur ces trucs-là.
12:34C'est un peu ce qui touche son activité.
12:36Et Becker, qui se fait trimballer par Agassi,
12:386-2, 4-1.
12:39À ce moment-là, il commence un peu à brancher Brookeshield.
12:41Et Agassi voit ça de l'autre côté du filet.
12:44Brookeshield, elle a des yeux, quand même.
12:46Elle est avec Agassi.
12:47Elle n'est pas avec Becker.
12:48Oui, mais là, la question, elle n'était pas là.
12:49Non, mais vous pouvez rester centré sur le débat, là ?
12:52Non, mais je vais dire l'autre.
12:54Non, mais c'est qu'en fait, il ne supportait pas
12:56que Becker fasse de l'œil à sa copine.
12:59En tout cas, ça l'a sorti du match.
13:00Et Becker l'a emporté.
13:02Être bouffé par la pression quand on joue à domicile,
13:05ça nous rappelle les derniers JO de Paris.
13:07Wilfried Apieu, coureur du 400 mètres,
13:09est confessé au mois d'août, donc en place JO dans l'équipe.
13:12Ceux-ci, les gens veulent juste nous encourager.
13:14Mais parfois, on peut se sentir un peu oppressé
13:16dans ce petit couloir que présente une ligne en ateliers.
13:18Vous savez, on a le sentiment, quand Wilfried nous parle,
13:21qu'il est entouré de deux murs.
13:23Et ça nous amène à un replay de l'équipe du soir
13:25pendant les JO.
13:26On va donner la parole au coach mental de la légende,
13:29Léon Marchand.
13:30Il était dans l'équipe du soir, Léon Marchand.
13:32Au moment où le coach mental prend la parole,
13:34on est à la veille de sa double finale olympique,
13:37200 papes et 200 brasses.
13:39Grâce à Thomas Samuth, c'est son nom,
13:41on va rentrer dans la tête de Léon Marchand.
13:44Écoutez.
13:46Au fur et à mesure que la journée passait,
13:49il s'est plus en plus centré sur sa richesse.
13:53Il faut absolument que Léon et la grande majorité
13:57des sportifs se branchent sur le cœur,
13:59sur ce qu'il y a à l'intérieur.
14:00Sur les sensations, c'est ça ?
14:01Les pales, sur le cérébral.
14:02C'est quoi la différence ?
14:03C'est ses sensations, ça que tu veux dire ?
14:05C'est quoi la différence ?
14:06En gros, c'est que nous, en France,
14:08on est très cérébraux.
14:11C'est notre pédigrée.
14:13On est du Descartes.
14:15Je pense donc que je suis.
14:16On est très intellectuel.
14:19Le sport, c'est toute la différence.
14:22C'est qu'à force de faire des mouvements,
14:24quel que soit le sport,
14:25le corps a appris à le faire,
14:27quelle que soit l'intensité.
14:28Souvent, c'est le cerveau qui,
14:31naturellement, veut contrôler.
14:33On est dans le contrôle en France.
14:35C'est ça qui nous fait déjouer.
14:37Écoutez attentivement.
14:39Thomas Samuth, l'ex-coach mental.
14:42Il a écrit l'équipe de France féminine de foot.
14:45Il a du boulot.
14:48On plaisantait, mais par exemple,
14:50tu dois tirer une pénalité ou un penalty
14:52à la dernière minute pour un événement.
14:54Et le mec disait, moins t'es de cuivre,
14:56mieux t'es.
14:58Plus t'es con, moins tu ressens la pression.
15:00Oui, c'est vrai, c'est faux,
15:03mais ça a été une réalité.
15:05Mbappé, t'es con, alors.
15:08Non, mais bon, moi, ça me faisait marrer.
15:11C'est une réalité.
15:13Il y a des mecs qui vont ou tirent
15:15en toute décontraction, sans rien.
15:17Il y en a d'autres qui prennent une pression.
15:19Après, il y a deux tours.
15:21Je ne vais pas te dire que Carter,
15:23Wikilson sont des cons,
15:25ils ont réussi les buts de leur vie,
15:27mais c'est une réalité.
15:29T'as envie d'envoyer un mec
15:31qui ne se rend pas compte de ce qu'il se passe.
15:33Ce qui nous dit Samuth,
15:35qui travaille avec des sportifs français,
15:37en France, on est vachement connecté.
15:39On a toujours un processus.
15:41C'est vrai, mais je pense qu'il y a
15:43quand même une évolution chez les sportifs.
15:45En tout cas, dans le football qu'on suit,
15:47beaucoup de jeunes sportifs de 17-18 ans,
15:49on a l'impression que la pression,
15:51ça les touche beaucoup moins que les sportifs
15:53qu'on a pu connaître, qui avaient 18-19 ans,
15:55qui rentraient à Alain Roche,
15:57quand ils rentrent en équipe de France,
15:59tout de suite, une pression incroyable.
16:01Alors, vous avez des gars, aujourd'hui,
16:03qui ont 18-19 ans, vous avez l'impression
16:05que rien ne les touche, parce qu'ils sont
16:07plus connus que les autres.
16:09L'autre chose, c'est qu'ils ont gagné,
16:11c'est-à-dire que c'est quand même
16:13des générations qui ont vu des champions
16:15comme Mbappé gagner vite, des Français.
16:17Nous, on a mis des années, on ne gagnait pas.
16:19On ne gagne toujours pas dans certaines disciplines.
16:21Donc, au tennis, c'est un problème mental.
16:23Le foot, il y a eu deux Coupes du Monde,
16:25des jeunes Camavinga, Mbappé...
16:27Pas le même milieu social.
16:29Oui, mais enfin, ils ont ouvert la voie.
16:31Ces jeunes sont complexes.
16:33Et la dernière chose, parce que moi,
16:35en tout cas, dans les années 80,
16:37je le ressentais comme ça,
16:39c'est qu'on en faisait trop sur l'événement.
16:41Tu avais l'impression que...
16:43Oui, parce qu'aujourd'hui, c'est pas une chose...
16:45Un jeune arrive, tu lui donnes
16:47des outils mentaux, et tu l'encadres
16:49dans une équipe, mais tu l'amènes
16:51à pouvoir croire
16:53que c'est possible.
16:55Très longtemps, je vois, dans le monde du rugby,
16:57on te disait que c'était intouchable.
16:59Un champion de France pour un Parisien,
17:01à l'époque, c'était réservé aux mecs du Sud-Ouest.
17:03Oui, mais parce que...
17:05Enfin, je plaisante. Parler avec l'accent,
17:07le truc, c'était...
17:09Vous l'avez fait, pourtant.
17:11Oui, mais c'est pour ça que je te dis...
17:13Vous avez passé par où, alors ?
17:15Par France 90 Racing ?
17:17Après, c'est un groupe, entre guillemets,
17:19qui monte en puissance, qui prend de la confiance,
17:21qui est renforcé par des éléments.
17:23Ceux qui sont là depuis un certain temps
17:25se décomplexent un peu.
17:27Et puis, c'est surtout que tu vois que,
17:29progressivement, dans certains matchs,
17:31c'est à gagner ou à devenir dangereux,
17:33battre des mecs qui ont été champions.
17:35Mais vous, ça a été votre cheminement ?
17:37Ça a été votre cheminement, vous, personnellement ?
17:39Vous aviez un complexe au début ?
17:41Oui, parce qu'au début, on était des Racing Man,
17:43on se faisait siffler,
17:45on n'était pas...
17:47Et puis, il y avait une réalité de niveau.
17:49On n'était pas au niveau entre 20 et 25 ans.
17:51Après, il faut être au niveau collectivement,
17:53autant devant que derrière.
17:55Donc, de temps en temps, ça ne va pas à la même musique.
17:57Mais à force de jouer les mecs,
17:59de jouer les champions de France universitaire,
18:01jouer en équipe de France universitaire,
18:03jouer en France B, jouer en ceci,
18:05tu joues, tu es invité, tu vas à un entraînement,
18:07tu commences, tu es capable de faire des choses,
18:09tu ne prends pas l'eau, tu ne prends pas la marge...
18:11Même de temps en temps, sur certaines situations,
18:13de lecture de jeu,
18:15tu es meilleur.
18:17Sauf, là, tu te dis,
18:19je ne suis pas un escroc,
18:21je n'ai rien, je suis nul,
18:23mais je joue, je sais rendre un ballon,
18:25je sais passer, je sais faire un crochet,
18:27je sais éliminer un mec.
18:29Mais ça s'acquiert.
18:31Ou, tu es un championné,
18:33tu as 17, 18 ans, 19 ans,
18:35tu es Mbappé, tu es Dupont, tu es Popeye,
18:37tu mets le short, tu défonces tout le monde.
18:39Bon, voilà, en une demi-heure, tout est réglé.
18:41Mais il y a tous les champions.
18:43– Mais Eric, tu ne crois pas surtout que les nouvelles générations,
18:45alors pour le rugby, dans un sport pro,
18:47je reprends l'exemple du foot,
18:49effectivement,
18:51ne sont plus tout à fait les mêmes mentalités,
18:53peut-être qu'on leur propose des outils.
18:55On désacralise vachement.
18:57C'est-à-dire que par exemple, tu parlais d'Alain Roche,
18:59il appartient à une génération où pour mettre un orteil
19:01dans le vestiaire pro,
19:03il en fallait.
19:05Aujourd'hui, le mec de 17 ans,
19:07tout de suite,
19:09il pose ses serviettes,
19:11avant, quand il y avait sur la table de massage,
19:13tu as le petit jeune machin,
19:15s'il y a un ancien qui arrive,
19:17de fait, tu dégages, tu vois ce que je veux dire ?
19:19Je ne dis pas, c'est bien, c'est pas bien,
19:21je ne suis pas en train de figer.
19:23C'est la politique des clubs.
19:25C'est-à-dire que tu fais jouer des mecs de plus en plus jeunes,
19:27en tout cas en France,
19:29parce que tu es sur un modèle de trading,
19:31donc le risque, tu le prends,
19:33mais ça demeure un risque.
19:35– Je voulais intervenir tout à l'heure sur Rick,
19:37j'ai l'impression que vous nous racontiez un peu
19:39ce qui arrive souvent psychologiquement chez un sportif,
19:41d'avoir le syndrome de l'imposteur.
19:43Est-ce que je mérite ce que j'ai ?
19:45– Ça dépend de ton éducation,
19:47il y en a qui ne doutent de rien,
19:49ils sont tellement concrets,
19:51ils se croient les meilleurs,
19:53ils arrivent, ils sont nuls, mais le mec, il te raconte la vie.
19:55Tu ne dis rien, mais à notre époque,
19:57ça ne se marchait pas comme ça,
19:59il y avait une hiérarchie,
20:01il y avait aujourd'hui, tout a explosé,
20:03puis sacraliser, tu as raison,
20:05sacraliser trop le truc,
20:07le mec qui rentrait, il n'avait plus de gaz.
20:09Écoute, ce n'est pas des anecdotes,
20:11ce que j'entendais, équipe de France,
20:13et tu le voyais, comment le mec,
20:15il était éteint en rentrant sur la pelouse.
20:17– Consommé.
20:19– Oui, parce que l'entraîneur l'avait tellement remonté,
20:21lui, la peur, la grand-mère,
20:23le maillot, le truc,
20:25il rentrait, il avait 10 tonnes derrière lui.
20:27– C'est dur de se retrouver avec 10 tonnes.
20:29– Greg a une histoire.
20:31– Greg, tu as une histoire ?
20:33– Non, j'avais parlé du fait de lancer un jeune,
20:35c'est Hirlès qui l'avait fait,
20:37il était au centre de formation de Monaco,
20:39il l'a lancé à 3 parce que c'était son taf en fait,
20:41et il dit qu'à un moment donné,
20:43quand tu lances le mec, il ne faut que quelque part,
20:45il ne se rende pas compte.
20:47C'est important ce qu'il a, il y a quelque chose qui ne va pas.
20:49Et il dit parfois, j'ai attendu
20:51que le mec ait une part d'inconscience
20:53ou rattrape une part d'inconscience pour le lancer,
20:55parce que sinon c'est écrasant, la vérité c'est ça.
20:57T'es ton premier match pro, tu connais l'enjeu.
20:59– Mais ça dépend beaucoup des univers.
21:01– Au fond du fond.
21:03– Lancer un jeune, ça demeure un risque.
21:05– On enchaîne les amis, on enchaîne.
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