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00:007h47 d'ici matin, la crèche de Noël de la ville de Perpignan reste à sa place et ça,
00:07ça ne plaît pas du tout à votre invité, Simon Kohlberg.
00:10Bonjour Dominique Noguer, vous êtes la présidente de la Ligue des droits de l'homme dans les
00:14Pyrénées-Orientales. Au nom de la laïcité, vous avez une nouvelle fois saisi la justice
00:19pour faire déplacer le Pécèbre installé par la ville de Perpignan, la crèche installée
00:22dans un petit chalet attenant à l'hôtel de ville. Et hier, les juges ont donc rejeté
00:28votre demande, ou plutôt les juges ont décidé de décider plus tard, exactement comme l'année
00:33dernière en fait. Ce matin, vous êtes plus en colère contre les juges ou contre la ville
00:38de Perpignan en fait ?
00:39Bon alors d'abord, je ne suis pas en colère, je constate simplement qu'on a voulu faire
00:45respecter les dispositions de la loi de 1905 et puis qu'on n'y est pas arrivé pour l'instant.
00:49C'est vrai que je trouve que les décisions du tribunal administratif sont frileuses,
00:56c'est-à-dire en gros, on nous dit qu'il n'y a pas d'urgence. Bon effectivement, il n'y a pas d'urgence.
01:01Si on attend le jugement qui aura lieu dans un an et demi, la question se posera de manière
01:07différente évidemment, puisqu'on ne sera plus dans le moment où la crèche sera installée
01:12à côté ou dans la mairie.
01:14C'est-à-dire que les juges vont trancher dans un an et demi très loin des fêtes de Noël ?
01:17C'est d'ailleurs que nous attendons en janvier la décision, ce qu'on appelle au fond, de
01:24la décision de l'année précédente. Donc voilà, il faut à peu près un an, un an et demi pour
01:29avoir une décision au fond. Donc on n'est plus du tout dans le temps, si vous voulez,
01:34dans la gestion du temps, de la présence de Noël. Ça, c'est une chose qui est claire.
01:38Bon, les procédures administratives, elles sont comme ça. Le référé, c'est l'urgence.
01:42On estime qu'il y avait une urgence, on a fait un référé. Le tribunal administratif
01:47vote en touche en disant « il n'y a pas d'urgence, revenez plus tard, on décidera dans un an
01:51ou un an ». Enfin, ils ne donnent pas de délai, mais c'est à peu près ça qui va se passer.
01:55Vous dites que les juges ont été frileux, ils ont manqué de courage, selon vous ?
01:59Moi, je trouve que, si vous voulez, il y a quelque chose qui m'a frappée, c'est qu'il y a deux
02:04procédures qui sont en route actuellement. Il y avait Perpignan et il y avait Béziers et les deux
02:09ordonnances sont rigoureusement identiques. C'est-à-dire, en gros, il n'y a pas de nécessité
02:15de statuer tout de suite, voyons ça plus tard. Moi, je considère que c'est frileux parce que
02:19ça veut dire qu'on ne prend pas position tout de suite. On considère que les choses se feront
02:24quand elles se feront et peu importe si aujourd'hui on n'est pas conforme aux dispositions de la loi
02:32de 1905. Madame Noguer, juste pour que les auditeurs comprennent bien, en 2022, la mairie
02:39avait installé le pécèbre dans l'hôtel de ville, vous aviez attaqué et là, la mairie avait
02:42effectivement été condamnée. L'an dernier, la ville avait trouvé, certains diront, un tour de passe-passe,
02:48le pécèbre installé dans un petit chalet attenant à la mairie, mais le pécèbre pas
02:52officiellement dans la mairie. Est-ce qu'à partir de là, finalement, la mairie n'a pas gagné la partie ?
02:58Oui, sauf que pour voir le pécèbre, vous êtes obligés d'entrer dans la mairie, c'est-à-dire
03:03qu'elle ne se voit que de l'intérieur. Elle est effectivement posée avec une partie qui est à
03:08l'extérieur, mais c'est dans la mairie qu'on la voit, ce n'est pas dehors. Voilà, c'est ça,
03:13ça veut dire que si vous voulez, il faut aussi qu'on comprenne quelque chose. Nous, on n'a jamais
03:19été contre les crèches, c'est complètement absurde de dire des choses pareilles, tout le monde a le
03:23droit de faire des crèches, ce n'est pas du tout un problème. Ce qu'on dit, c'est qu'en application
03:29de la loi, ça ne doit pas être dans un lieu comme celui de la mairie, où tout le monde passe,
03:33où c'est un lieu qui doit être neutre, voilà. Or, il faut quand même remarquer que c'est dans
03:37une mairie qui est quand même Rennes, qu'à Béziers, c'est une mairie qui est proche de
03:44l'extrême droite, c'est le moins qu'on puisse dire, et ce sont dans ces deux villes qu'il y a
03:48des problèmes avec les crèches, c'est-à-dire qu'ailleurs, on n'en parle pas. Et la procédure
03:52est identique aussi à Bocquer, une ville qui est également dirigée dans le Gard par le Rassemblement
03:58National. On est bien dans un lien comme ça, voilà. La ville de Béziers, vous le disiez,
04:04qui a donc obtenu aussi, elle, le droit de garder, pour l'instant, sa crèche de Noël. Le maire de
04:09Béziers a eu des mots assez durs, vous qualifiant, il vous qualifie d'ayatollah, de la laïcité.
04:14Robert Ménard estime aussi qu'il y a d'autres chats à fouetter en matière de droit de l'homme.
04:18Qu'est-ce que vous lui répondez ? Je pense que tous les droits se valent, les uns comme les
04:23autres. Que nous ne sommes pas des ayatollahs, je trouve que le terme est particulièrement
04:26méprisant et qu'il faudrait bien savoir de quoi il parle. Et que d'autre part, faire respecter la
04:32loi, je ne vois pas en quoi c'est quelque chose qui pourrait choquer. Moi, ce que je regrette,
04:37si vous voulez, c'est qu'au niveau de l'État, il n'y a pas eu non plus cette volonté de faire
04:42respecter la loi. J'ai trouvé que les préfets, tant de Leroux que des Périnées-Orientales ont
04:47été bien silencieux dans ces affaires-là, alors que, en tant que représentant de l'État,
04:52ils auraient dû se manifester et expliquer en quoi cela n'était pas conforme à la loi de 1905.
04:57Alors, bien sûr qu'on a d'autres chats à fouetter, bien sûr qu'il y a des tas de choses à faire,
05:01mais on peut aussi travailler sur ces questions-là. Je ne vois pas en quoi, si vous voulez, on en fait
05:07toute une histoire. Je pense que nous voulons faire respecter la loi de 1905.
05:11Certains de nos auditeurs diront que c'est vous qui faites toute une histoire pour cette crèche,
05:14parce que vous pensez que vos arguments sont que le grand public les entend ?
05:17Je ne sais pas si le grand public les entend, je pense que c'est souvent déformé aussi,
05:24parce que la loi de 1905, c'est quoi ? Ce n'est pas interdire des religions,
05:27c'est permettre justement à tout le monde de pouvoir exercer librement sa religion,
05:31mais ne pas en mettre une plus importante que l'autre. Or, là, on fait du prosélytisme,
05:36c'est-à-dire qu'effectivement, on considère que la crèche, c'est plus important que toute autre chose.
05:41Et c'est pour ça qu'on dit que ça ne doit pas être dans un lieu comme une mairie,
05:44qui accueille tout le monde, et de toutes les religions, et de tout le temps.
05:47Voilà, c'est ça qu'on veut dire, tout simplement. Et je pense que ça fait partie aussi des choses...
05:52C'est une loi importante, la loi de 1905. Elle est souvent dévalorisée,
05:56elle est souvent contestée, elle est souvent incomprise, parce qu'on dit « ah ben la loi de 1905,
06:01c'est interdire les religions ». Ce n'est pas vrai, c'est absolument faux, c'est simplement
06:05que tout le monde puisse l'exercer à sa façon, dans sa manière, et de manière libre,
06:11mais qu'on n'en impose pas une par rapport à une autre.
06:13Il est 7h53, donc ici matin, sur France Bleu Roussillant, notre invité Simon Kolbock,
06:18Dominique Noguer, présidente de la Ligue des Droits de l'Homme dans les Pyrénées-Orientales.
06:21Vous l'avez dit, des procédures ont été lancées en justice à Perpignan, à Béziers,
06:25à Bocquer aussi. Globalement, le Rassemblement National a un problème avec la laïcité, selon vous ?
06:30Alors moi, je pense que oui. Je pense que, de toute façon, vous avez déjà quand même
06:36quelques exemples tout à fait particuliers à Perpignan, qui a changé de nom, qui devient
06:40la rayonnante, avec quand même un blason qui n'est pas complètement neutre, c'est le moins
06:44qu'on puisse dire. Avec Saint-Jean-Baptiste, par exemple. Bon, donc c'est quand même pas
06:50complètement neutre. On voit bien qu'il y a, même dans tous les discours, on repart
06:54sur les racines chrétiennes, etc. Moi, je veux bien tout admettre, mais il faut aussi
07:03qu'on soit dans un cadre légal. C'est juste ça qu'on demande. Et ça, il n'y a pas moyen
07:07visiblement de le faire entendre. Et c'est un peu inquiétant, y compris d'autorités
07:12comme un tribunal, voire du préfet.
07:14Sauf qu'en attaquant systématiquement le choix de ces mairies, Dominique Noguer, vous
07:18n'avez pas l'impression de leur rendre service, finalement, de leur offrir une tribune ?
07:23Alors, ça, c'est toujours le vieux débat. Alors, soit on se tait et on ne dit rien,
07:27on laisse faire, c'est une option. Soit, au contraire, on met le débat sur la table.
07:33Si on perd, on perd au moins un débat. Moi, je veux dire que je pense qu'il faut qu'on
07:36aille jusqu'au bout, parce que c'est trop facile de dire « Ah, mais c'est le Rassemblement
07:40national, donc on ne fait rien parce qu'on leur fait de la publicité ». Je pense que
07:43ça, c'est une stratégie qui est extrêmement dangereuse et qu'au contraire, il ne faut
07:46pas hésiter. Et si on prend des coups, on en prendra. Mais s'il faut aller jusqu'au
07:51bout, je pense que c'est absolument indispensable.
07:53Merci beaucoup, Dominique Noguer. Vous êtes la présidente de la Ligue des droits de l'homme
07:56dans les Pyrénées-Orientales et on répète qu'on attend en janvier, donc le mois prochain,
08:01la décision sur le fond pour la crèche de l'hiver 2023. Merci beaucoup, Madame Noguer.
08:07Je vous en prie. Bonne journée. Au revoir.
08:21Prudence sur la route des montagnes, l'ancienne
08:44évade 116. Pour la musique, oh, Sleigh Ride ! L'ambiance de Noël ici matin avec un classique
08:51signé The Rollins.