Contraint à l'abandon sur le Vendée Globe le 5 décembre dernier, Louis Burton était mercredi l'invité de L'Equipe de Choc. Le skipper de «Bureau Vallée» est longuement revenu sur sa mésaventure.
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00:00Faire le point voile du jour, évidemment, comme tous les jours, ça change de leader en ce moment, c'est insupportable.
00:04Et en plus aujourd'hui, on a un invité. Jingle d'abord.
00:10Jack Sparrow ?
00:11C'est pas Jack Sparrow, mais après 38 jours de mer dans la course en solitaire, sans escalier, sans assistance,
00:16avant d'aller dans l'océan prendre les nouvelles des skippers,
00:18on va accueillir l'un des 40 skippers au départ qui a dû abandonner.
00:21C'est Louis Burton, c'était son quatrième Vendée Globe, 24 jours de mer et maintenant il a besoin de réconfort.
00:26Viens nous rejoindre Louis, viens, on va te chouchouter, on va te consoler, viens par où tu veux, viens nous rejoindre.
00:32Oui, parce que ce n'est pas évident de se remettre d'un abandon.
00:35Bonjour Louis, bienvenue dans l'équipe de choc, avec cette belle chemise Bureau Vallée, c'est le nom du bateau, il ne faut pas l'oublier.
00:41Tu es rentré depuis combien de temps ?
00:42Je suis rentré depuis une semaine et ça fait bien plaisir de voir tous vos sourires.
00:47Ah oui, il va en falloir.
00:48On rappelle l'abandon le 5 décembre, on va y revenir dans le détail.
00:50On est le 18, il s'est passé quoi depuis ? Tu as eu le temps de réfléchir à ce qui t'est arrivé ?
00:55Alors oui, comprendre, essayer de comprendre, c'est un sport mécanique donc parfois les casses ne s'expliquent pas trop.
01:02Puis remettre tout ce bateau en route parce que j'ai fait escale en Afrique du Sud et donc il y a un petit peu de route pour le ramener à Saint-Malo et le préparer pour la saison 2025.
01:09On a des petites images de Cap-Town, c'est comme ça qu'on dit, où tu as dû arriver avec un petit accueil d'ailleurs, il y avait plein de monde qui était là, ça fait toujours plaisir.
01:18C'est toi-même qui l'a rapatrié ou c'est tes équipes, il y en a qui font leur choix, toi c'était quoi ?
01:23Non, là c'est l'équipe qui est venue et ils vont peut-être relâcher aux assorts donc je les rejoindrai peut-être là-bas pour finir.
01:29Aïe, là on voit les dégâts.
01:30Là on voit les dégâts, voilà donc c'est important aussi de revenir à terre assez vite, de parler avec les partenaires.
01:38Rassurer un peu tout le monde.
01:39C'est ça et préparer la suite.
01:40On revient en arrière, Louis, pardon de te faire encore revivre ce triste épisode mais raconte-nous ce qui s'est passé sur ce bateau pour que tu décides d'abandonner.
01:48Alors c'était un début de course assez engagé avec un vent portant dès le début donc je me battais avec Charlie Dalin, avec Yohann Richaume, avec Jérémy Béhiou
01:59et puis il y a eu une survente et une des pièces qui tient la grande voile à l'avant du bateau a explosé, le pont, la coque, voilà on voit sur les images.
02:09Donc là j'avais l'arrière du bateau qui montait sur la partie avant donc il a fallu faire des réparations que j'ai réalisées en mer avec pas mal de bricolages,
02:20de trucs que j'avais à bord pour faire des atelles, des choses comme ça et puis ça, ça tenait donc ça c'était bien.
02:25Tu devais être fier de toi à ce moment-là, tu te dis j'ai réussi, j'ai réparé.
02:28C'est inversement proportionnel à la déception évidemment donc quand ça repart c'est absolument génial quand on arrive à faire remarcher un bateau comme ça.
02:36Et puis voilà, et puis après rien à voir, trois semaines plus tard je suis arrivé dans l'océan Indien et il y a une pièce qui tient le mât, la pièce structurelle qui tient le mât qui a cassé
02:45et donc là il n'y avait plus aucun choix, il fallait revenir à terre, c'est une pièce qui n'est pas remplaçable donc ça voulait dire fin de la course.
02:53– Moi j'aurais une question parce que c'est vrai qu'on entend à chaque fois, on voit ce qui vous arrive, on entend les dématages et tout ça
02:58mais on ne voit pas le moment où ça arrive, est-ce que tu as un moment de sidération quand même ?
03:02Tu dis, qu'est-ce qui m'arrive là ? Ou est-ce que tout de suite tu as un truc dans ta tête qui se met en marche de, il faut que je répare, il faut que je répare, qu'est-ce qu'il se passe ?
03:08– Non au début quand ce sont des problèmes structurels comme ça, ta première réaction c'est de dire game over, ça veut dire là c'est fini
03:16et puis on emmène beaucoup de choses à bord pour pouvoir réparer puisqu'on doit tout faire en autonomie sur cette course sur le Vendée Globe
03:23et puis moi ma culture un peu agricole, j'ai appris à bricoler avec mon grand-père etc.
03:31bon on fait que, je me suis dit je vais pouvoir réparer, au début je me suis dit je vais m'arrêter pour le faire
03:38et puis après je me suis dit bon c'est peut-être faisable en mer et puis après je me suis dit bon c'est faisable en mer sans trop ralentir
03:43et puis en fait très vite la course et l'envie de ne pas se faire décrocher, reprendre dessus, voilà
03:48et puis en fait de sidération tout est fini, en quelques jours on repasse en couteau entre les dents et à l'attaque.
03:56– Comment tu prends la décision, c'est toi tout seul en âme et conscience ou alors tu consultes un peu tout le monde,
04:01t'appelles les soutiens, ceux qui peuvent te dire mais non il y a encore une chance, c'est vraiment toi tout seul qui le décide ?
04:06– Alors tu prends la décision tout seul parce que tu n'as pas le droit d'être assisté dans la décision.
04:12– Vocalement on ne peut pas te dire ? – Non.
04:14– Là tu peux encore essayer ? – Non, non on peut te dire,
04:18toi tu peux te dire j'ai besoin de réparer ça, quel est le process ?
04:21– Ok.
04:22– Voilà mais on n'a pas le droit de te dire tu peux le faire en mer, tu peux le faire à terre,
04:26on n'a pas le droit de te dire il faut abandonner ou il faut continuer.
04:29En revanche tu as le droit de téléphoner à ton team manager, à ton sponsor en disant
04:35bon je vais prendre cette décision-là parce qu'il y a un risque trop important de perdre le bateau dans l'océan Indien,
04:42voilà je suis désolé et puis finalement ils gardent une certaine réserve par rapport à ça
04:49en disant la décision t'appartient mais c'est aussi notre rôle évidemment
04:52d'informer les personnes qui sont partie prenante sur le projet.
04:55– Moi j'ai une question Louis par rapport justement à ces dégâts,
04:59à tous les fonds qui ont été mis en place justement pour réaliser ce Vendée Globe,
05:02à combien tu chiffres en fait ce genre de truc, enfin comment,
05:06ce que je n'arrive pas à comprendre et à m'imaginer c'est déjà le coût de préparer ce Vendée Globe cette année,
05:11et en fait quant à la cassure d'une bateau, qu'est-ce que ça coûte à l'équipe et à Bureau Vallée par exemple,
05:16moi je n'ai aucune idée des tarifs que ça représente,
05:19parce que même si tu prends des risques en fait,
05:21parce que tu sais très bien que tu n'es pas sûr d'aller au bout,
05:23qu'il y a des inconvénients, la mer, la nature, mais je ne me rends pas compte de la perte.
05:28– Tu veux qu'on parle d'argent toi ?
05:29– Non mais c'est…
05:31– C'est une question intéressante, en fait le Vendée Globe c'est tous les 4 ans,
05:36ce sont des projets qui sont sur obligatoirement 4 années maintenant
05:40parce qu'il y a un numerus clausus pour participer au Vendée Globe
05:42et donc ce sont les plus méritants qui ont leur place,
05:45donc ceux qui ont fait le plus de courses lors du championnat du monde qui se déroule pendant 4 ans,
05:50et donc au sein d'un team il y a toujours un budget qui est prévu pour réparer, pour remettre en état, etc.
06:00Et évidemment on essaye de le faire de la manière la plus raisonnable possible
06:05pour que le reste des fonds servent à faire du développement, à améliorer la performance,
06:11à faire plus d'opérations pour faire vivre le projet en fonction de ses objectifs.
06:16Donc tant qu'on est sur une casse comme ça, on n'a pas de gros problèmes financiers.
06:23Bon si on perd le bateau…
06:24– C'est plus grave, c'est pour ça que tu prends la décision,
06:27c'est pour ça que vous prenez cette décision aussi.
06:28– C'est sûr que ça rentre dans la décision,
06:33maintenant c'est une aventure, c'est une course, mais au sens de l'aventure,
06:39une entreprise dont la fin n'est pas certaine, c'est la définition du Larousse,
06:44c'est aussi ça qui fait que c'est une course absolument dingue à vivre pour nous,
06:49et donc il y a cette part de risque qui est importante et qui augmente la part de rêve.
06:56En tout cas c'est ce que moi je suis convaincu et ce que j'essaye de transmettre à mes partenaires.
07:02– Et même les spécialistes de foot font parfois des questions voiles,
07:05et tu les fais rêver, vas-y Braque.
07:06– Non, en fait le truc, j'ai un peu peur de te poser la question,
07:10mais elle tourne en boucle dans ma tête depuis tout à l'heure,
07:13parce que je n'y connais pas grand-chose,
07:14mais je me demande s'il n'y a pas des risques un peu plus importants,
07:19est-ce qu'on ne peut pas se retrouver avec un bateau qui se m'a accoulé,
07:23est-ce que toi tu ne commences pas à avoir peur pour ta vie, ce genre de trucs,
07:26je suis désolé si la question est bête,
07:29mais est-ce que ça, à un moment donné, ça vient en ligne de compte ?
07:32– Alors oui, ça rentre en jeu, je pense, j'ai l'impression,
07:37qu'on a plus peur de perdre notre bateau que de se perdre nous.
07:41– C'est dingue ça.
07:42– Mais ça revient aussi du fait qu'on est hyper éduqués et hyper entraînés
07:45à se sortir des pires situations, puisqu'on a énormément de stages à faire,
07:50énormément de formations obligatoires, et donc finalement on a…
07:55bon, il faut que ça continue comme ça,
07:57on n'a pas perdu un marin au Vendée Globe depuis plusieurs dizaines d'années,
08:01et évidemment tout ça s'est renforcé, toute cette sécurité s'est renforcée
08:05avec l'expérience et avec des bateaux qui vont de plus en plus vite aussi,
08:08donc non, on n'y pense pas trop, mais on peut avoir ça,
08:11mais ça on le range dans un tiroir avant de partir, sinon on ne part jamais.
08:15– D'accord, et ça ne vient jamais vous perturber ?
08:18– Non, c'est plutôt le bateau, il faut le ramener et puis il faut que…
08:21– En fait le plus dur avec le temps que tu passes en mer,
08:23c'est de garder sa lucidité pour faire les bons choix.
08:25– Oui, alors quand ce genre de truc arrive, comme ça m'est arrivé,
08:29du coup deux fois, une fois où je m'en remets et une fois où je rentre,
08:32la première chose à faire, c'est d'aller dormir.
08:35– Parce qu'à chaud, tu ne peux pas prendre la bonne décision.
08:38– Tu fais forcément, tu as la déception qui vient s'ajouter à la fatigue.
08:41– Arriver à dormir ? – Je me posais la même question.
08:44– Tu te dis, bon ben là c'est peut-être foutu, moi j'ai plus que 15 ans.
08:47– En fait quand ça atteint ce niveau-là,
08:52ta réaction c'est de dire, c'est foutu, finalement tu te dis,
08:57bon ben c'est mort, je vais dormir, et puis j'ai plus rien à perdre.
09:01Et après quand tu te réveilles, tu te dis, bon il faut s'y mettre là,
09:05parce qu'en fait ça peut continuer, mais c'est vrai que la question
09:09de la lucidité, elle est très importante.
09:11La lucidité, on la perd plus ou moins en fonction de sa capacité à gérer
09:16son repos et son sommeil avant que les emmerdes arrivent, finalement.
09:22Mais c'est vrai que ça s'enchaîne, en général c'est un peu comme dans la vie,
09:25c'est la loi de l'emmerdement maximum.
09:27– Dis pas de gros mots dans cette émission,
09:28j'ai des enfants qui nous regardent très souvent.
09:30– On parlait d'argent tout à l'heure, un bateau ça coûte combien ?
09:34– Alors, ce sont des prototypes, donc là il y a 40 bateaux sur le Vendée Globe,
09:40il n'y en a pas un qui est au même prix.
09:42– Le tien il coûte combien par exemple ?
09:44– Il y a 13 bateaux neufs, on est capable de se mettre à plusieurs teams
09:50pour fabriquer un bateau, donc on va utiliser les mêmes outillages,
09:53on va faire plein d'économies comme ça,
09:55en termes d'empreintes écologiques mais aussi en termes de budget.
09:59Aujourd'hui, si vous voulez construire un bateau neuf,
10:02génial, tout seul dans votre coin, ça va coûter 8,5 millions.
10:06Si vous le faites avec d'autres teams,
10:09vous allez réussir à baisser le prix à 7 millions.
10:11– On va se mettre ensemble, Juju, on va couvrir la moitié, 4 chacun.
10:14– Ce sont des bateaux que vous allez exploiter au moins pendant 4 ans,
10:17et avec un marché de l'occasion qui se porte très très bien,
10:22et donc finalement les bateaux coûtent de l'argent en termes d'investissement,
10:30mais se revendent quasiment au prix où on les achète.
10:33– Pour revenir sur ce Vendée Globe 2024,
10:35on en est à 4 abandons maintenant depuis le début de l'édition,
10:38donc Maxime Sorel à un tout début qui s'était fait la cheville qu'on avait reçue,
10:41toi, lundi, il y en a eu deux d'un coup,
10:43le skipper hongrois Chabols Warehouse, je ne le prononce pas très bien,
10:46et puis la britannique Pip Air suite au dématage de son bateau,
10:49et finalement c'est presque peu que 4 abandons à mi-chemin,
10:52est-ce que ça veut dire, Louis, que les skippers sont meilleurs qu'avant,
10:55ou que les bateaux sont meilleurs qu'avant ?
10:57– Alors ça s'explique d'une manière très simple,
11:00c'est qu'avant la voile avait moins d'engouement,
11:03il y avait aussi moins de facilité à faire vivre la course depuis la mer,
11:07et donc on avait un peu de mal à remplir les plateaux du Vendée Globe,
11:132008 c'est 20 skippers, 2012 20 skippers, 30 il y a 4 ans,
11:20– 47 années.
11:21– 47 années à guichet fermé avec des gars et des filles qui n'ont pas pu partir,
11:25et donc comme il a fallu départager ces 50 projets,
11:30on a fait naviguer les gens à peu près 3 fois plus que les fois précédentes,
11:36donc en fait vous fiabilisez mécaniquement,
11:40vous fiabilisez parce que vous cassez lors des courses d'avant-saison.
11:43– Ça fait de l'expérience.
11:45– Exactement, et donc on débugue plus les bateaux,
11:49il y a aussi forcément plus d'argent qui est investi
11:51parce qu'il faut être présent sur les 4 années du championnat du monde,
11:54donc vous avez plus les moyens aussi d'améliorer la fiabilité.
11:58– Georges ?
11:59– Je suis toujours fasciné quand on a un skipper en plateau,
12:00j'ai l'impression qu'ils sont toujours à 100 pulsations de moins que nous.
12:03– C'est le cas.
12:05– Non mais tu as parlé du sommeil tout à l'heure,
12:07le fait que tu arrives à dormir quand il t'arrive un truc terrible,
12:10justement le rythme du sommeil, quand tu as fini la course,
12:14comment tu redeviens normal en fait ?
12:16Ça te prend combien de temps à faire tes 6 heures, 7 heures ?
12:19Peut-être tu dors 2 heures par nuit, j'en sais rien, peut-être t'es un vampire.
12:21– C'est presque, c'est devenu avec toujours ce fameux championnat du monde
12:29qui s'est étoffé et qui est super pour notre discipline,
12:33en fait vous mettez 6 mois à vous remettre d'un Vendée Globe
12:36en termes de rythme de sommeil, et quand vous arrivez à la fin du Vendée Globe,
12:40ce qui n'est pas mon cas cette année, mais qui était mon cas il y a 4 ans,
12:44troisième donc en 80 jours dans les premiers,
12:47finalement 6 mois plus tard c'est le départ de la transat.
12:53– Au moment où tu avais fait une grasse magne, j'ai bien dormi là.
12:55– Le tour de l'Europe, au milieu,
12:57donc on est quand même globalement plus trop en rythme de terrain.
13:04– Ce retour en France, Louis pardon de parler des choses qui fâchent,
13:07mais comment tu le vis, est-ce que tu n'es pas en pleine dépression,
13:10là j'imagine que les fêtes de Noël vont t'aider à passer l'éponge,
13:13mais tu es dans le regret tous les jours, tu penses qu'à ça ?
13:15Tu arrives à suivre encore le Vendée ?
13:17– Non, je suis juste mes potes.
13:20– C'est qui ?
13:21– C'est… il y en a pas mal.
13:24– Tu vas tous les citer pour ne pas te mettre quelqu'un à dos.
13:26– Non, non mais…
13:27– Le meilleur comme ça.
13:28– J'aime beaucoup Johan, j'aime beaucoup…
13:31Ça ne veut pas dire que je n'aime pas Charlie, pas du tout.
13:35Voilà, il y a un match qui est intéressant devant,
13:39mais c'est sûr qu'il faut décrocher un petit peu.
13:42Ce serait mentir de vous dire l'inverse, parce qu'on a envie d'y être.
13:45Et donc voilà, je n'ai pas encore trop trouvé l'envie
13:49d'aller boire des coups avec les copains.
13:52– Viens avec nous si tu veux !
13:54– Je suis content de voir mes partenaires, je suis content de voir mon équipe,
13:56je suis content de préparer la suite, ça c'est hyper important.
14:00Et puis, je me grève sur le programme du reste de la famille,
14:04donc je vais faire Noël à Vesoules.
14:06– Sympa !
14:07– Je rigole, mais je me laisse porter, et ça va être des bons moments.
14:12– Mais t'as encore un petit peu la tête dans le sac,
14:14et c'est encore dur à digérer, c'est encore un peu frais.
14:16– Ah c'est super dur à digérer, bien sûr, il faut se projeter sur la suite.
14:19– Et malgré le fait que t'aies abandonné,
14:23est-ce que tu considères que tu peux avoir des regrets,
14:26ou qu'il y a quelque chose que t'as mal fait,
14:27où tu te dis, j'aurais peut-être pas dû faire comme ça ?
14:30C'est ça qui est décevant quand tu quittes une aventure,
14:34si t'as tout fait à peu près bien, et que, comme tu l'expliques,
14:36des fois t'as une casse, c'est une casse,
14:37– C'est le matos, là.
14:38– Tu ne peux pas expliquer forcément le truc.
14:40Comment tu fais le débrief un peu de ce moment-là, toi ?
14:43– Alors, il faut quand même essayer d'être sûr à 100% de sa décision,
14:49avant de l'annoncer et avant de faire demi-tour.
14:51Ça m'a pris une douzaine d'heures de réflexion, etc.,
14:56pour être vraiment sûr que le lendemain, quand je me réveille,
14:59je ne sois pas en train de me dire, mais qu'est-ce que j'ai fait ?
15:01Et donc, j'ai cherché toutes les solutions,
15:03remplacé cette pièce-là par des pièces plus petites, etc.
15:07Et en fait, j'arrivais à un niveau de fiabilité
15:10qui faisait que j'allais très probablement dématter
15:14dans les jours qui suivaient.
15:16– Au pire endroit.
15:17– Au pire endroit, mais malheureusement, ce qui arrive à Pip,
15:20qui est une amie, et qui là, maintenant,
15:23va être sous gréement de fortune jusqu'en Australie,
15:25avec du coup un bateau dématté à l'autre bout du monde,
15:27qu'il va falloir mettre sur un cargo pour le ramener.
15:30Enfin, ce sont des situations qui sont très compliquées.
15:33J'étais à peu près certain de me retrouver dans celle-ci.
15:35– On est sur le bateau de Pip, là,
15:36pour vous donner une idée de ce à quoi ça ressemble.
15:38– Dans ton cas, toi, tu as tout fait.
15:39– Je suis sûr d'avoir tout fait pour prendre la bonne décision,
15:47et je suis persuadé d'avoir pris la bonne décision,
15:49non seulement par rapport à la sécurité du bateau, à la mienne,
15:52mais aussi et surtout à celle d'éventuels copains qui seraient venus me chercher,
15:56parce qu'il n'y a personne pour venir vous chercher là-bas,
15:59et ne pas les mettre en danger.
16:01Ce n'est pas responsable de s'engager dans ces mers-là
16:03avec trois roues au lieu de quatre, quoi, voilà.
16:06– Ça doit être facile, quand même.
16:08– Et donc, je suis sûr de ça.
16:10Maintenant, après, techniquement, on va chercher, on va comprendre,
16:15on va analyser la pièce, on va essayer de savoir
16:17pourquoi cette pièce qui est incassable a cassé, etc.
16:20– C'est bien de le rappeler, parce que souvent, on se demande,
16:22ils n'ont qu'à passer un coup de fil et nous appeler les secours.
16:25On ne peut pas appeler les secours, les secours, c'est le plus proche.
16:27Braque, je sais que tu es passionné, il faut juste qu'on te fasse un petit point de classement,
16:30parce que même si tu ne suis pas, ça ne t'embête pas qu'on regarde ce que font les copains ?
16:32– Pas de problème.
16:33– Le petit trio de tête, c'est serré, Juju ?
16:34– Alors, je vais vous dire que c'est ultra, ultra serré,
16:36ça se tient dans un mouchoir de poche devant.
16:38Hier, Johan Richombe était en tête, ce matin, c'était Sébastien Simon,
16:42et maintenant, c'est Charlie Damain qui a repris le lead.
16:44Il a 1,82 mille nautiques d'avance sur Johan Richombe, l'équivalent de 3 kilomètres.
16:48Là, sur les images qu'on voit, c'est Johan Richombe qui filme le bateau de Charlie Damain,
16:52dans le jargon bateau, on dit qu'ils sont bord à bord.
16:55Et inversement, Charlie Damain, lui aussi, il a filmé Johan Richombe,
16:59des images assez exceptionnelles, quasiment mini-parcours de ce 10e Vendée Globe.
17:05Charlie Damain, d'ailleurs, il a expliqué les raisons de son ralentissement,
17:08ralentissement qui a notamment permis à Johan Richombe de combler son retard.
17:12Il avait 500 mille nautiques de retard à un moment à Johan Richombe.
17:14On va écouter Charlie Damain.
17:16Du côté de la Nouvelle-Élysée, j'ai eu un petit souci avec une voile.
17:19J'ai dû la réparer, ça m'a mis 36 heures à le faire.
17:25C'était un peu compliqué de travailler dans la soute à voile,
17:27avec le bateau qui n'a des pointes à 30 nœuds, donc j'avais mon casque et tout.
17:30Ça m'a mis 36 heures de job, 36 heures de boulot assez acharnées pour réussir à réparer,
17:38mais c'est rien, voilà, cette voile est de nouveau au repérationnel,
17:42donc je suis heureux de vous annoncer que ma sous-santé prévoyance
17:45est de retour à 100% de son potentiel.
17:48Vous entendez bien ? À 100% de son potentiel.
17:50Allez, à plus !
17:52Rapidement, Louis, c'est qui ton favori pour la victoire finale ?
17:55Entre peut-être Louis, entre peut-être Charlie Dalin, entre Johan Richombe, voilà, dis-moi.
18:01C'est extrêmement compliqué à dire, à partir du moment où Johan est à 100%,
18:08où Charlie revient à 100%, personne ne peut faire de pronostics.
18:13C'est deux marins exceptionnels, ils ont des bateaux tout récents, tout neufs,
18:16de dernière génération, des gros budgets pour accompagner tout ça.
18:19Ils ont une super préparation, beaucoup de talent, les deux.
18:24Charlie, il n'a pas gagné la dernière fois, il est arrivé premier sur la ligne,
18:28mais avec les compensations, il a fait second, donc je pense qu'il a vraiment…
18:33Il l'a là !
18:36Et Johan, il a avec lui, finalement, assez peu de pression,
18:42parce que c'est la première fois qu'il fait un cycle IMOCA,
18:45c'est la première fois qu'il fait le Vendée.
18:48Chance du débutant !
18:49Il y va, il y va, cool.
18:52Quand Charlie part dans la tempête en se disant « je vais freiner »,
18:57qui était l'optimum en termes de route, Johan se planque un peu au nord.
19:02Donc voilà, peut-être que la pression de l'un peut lui faire faire des bêtises.
19:06En fait, ça va être passionnant à suivre.
19:08Ce qui est certain, c'est que là, il manque un foil au troisième,
19:11qui est Sébastien Simon, donc ça risque d'être un peu compliqué pour lui.
19:16Voilà, là, il y a un match génial dans les prochaines semaines entre Johan et Charlie.
19:20On continue de suivre ça avec passion tous les jours, en tout cas.
19:22On va remercier infiniment Louis Burton d'avoir été avec nous,
19:24te souhaiter de belles fêtes de Noël en famille.
19:26On mange, la bûche du foie gras, il faut compenser, il faut absolument du réconfort, de la sieste.
19:30Sans doute dans quatre ans, prochain Vendée ?
19:32Oui, probablement.
19:32Allez, super. Louis, t'as un jingle de dix secondes pour partir en courant.
19:36C'est le jingle de Planète Sport.
19:38Salut Louis !
19:38Ciao, ciao !
19:39Planète Sport !