À Mayotte, la situation est dramatique après le cyclone, avec 800 gendarmes mobilisés. Les secours peinent à arriver, l'eau potable fait défaut, et des tensions émergent dans les stations-service. Le bilan des victimes pourrait être bien plus lourd que les 20 annoncées.
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00:00Nous avons actuellement 800 gendarmes qui sont déployés à Mayotte et qui sont à la fois affectés, donc qui vivent avec leur famille, pour la moitié d'entre eux,
00:11et les 400 autres sont des gendarmes en renfort dans le cadre de la situation que l'on vit à Mayotte depuis plusieurs années.
00:17J'en profite également pour saluer leur engagement remarquable depuis 72 heures,
00:22et également pour avoir une pensée pour toutes les Mahoraises et Mahorais qui vivent depuis 72 heures une situation vraiment dramatique.
00:30Vous les avez eus en ligne ce matin. Qu'est-ce qu'ils décrivent de la situation ? Dans les témoignages que l'on entend depuis tôt ce matin,
00:36c'est que les secours mettent beaucoup trop de temps à arriver, qu'il y a une crainte autour de l'eau potable. Est-ce que vous pouvez nous confirmer cette situation et cette préoccupation ?
00:47En ce qui concerne l'ordre public, très clairement, parce que c'est une de mes missions principales, c'est de préserver l'ordre public pour justement ne pas rajouter une crise à la crise, très clairement.
00:56Concernant l'ordre public, je peux vous dire que toutes les routes structurantes de l'île ont été déblayées. Il y a eu un gros travail de déblayement avec nos véhicules blindés depuis 72 heures.
01:07Tous les réseaux structurants ont été déblayés pour permettre aux secours d'accéder à toutes les zones, y compris les zones les plus isolées.
01:14C'est vrai qu'on a beaucoup parlé de Mamoudzou, mais il y a aussi des zones plus reculées, plus loin de la capitale, qui étaient inaccessibles justement à cause des routes encombrées.
01:22Que découvrent vos hommes quand ils arrivent sur place ?
01:25Ils découvrent un état de désolation. On a une île qui est dévastée, mais on a une population aussi qui est dehors.
01:32Et les gendarmes qui sont là pour être au contact de cette population-là, la rassurer et préserver l'ordre public.
01:38Est-ce que dans leur avancée, les gendarmes, évidemment avec les secours, peuvent dire ce matin que le bilan sera beaucoup plus lourd que le bilan officiel jusqu'à présent d'une vingtaine de victimes ?
01:51Parce que ce qui est là encore très surprenant sur les images, c'est qu'on imagine qu'il y a potentiellement des victimes, mais on ne les voit pas.
01:58Est-ce que vous avez commencé à découvrir des victimes, des morts peut-être ?
02:03Non, parce que comme le montrent vos images, il y a beaucoup de gravats. Il y a eu de l'eau qui a balayé les habitats précaires, qui étaient très nombreux à Mayotte.
02:12Et donc effectivement, il y a toute une mission qui est sous l'autorité du préfet, une mission de déblayement qui a commencé et qui va se poursuivre, qui va s'intensifier pour justement déblayer et voir ce qu'il y a en dessous de ces gravats.
02:26Et le bilan sera effectivement beaucoup plus conséquent.
02:29Et ça, vous en avez l'intime conviction ? Quand, par exemple, la cellule interministérielle de crise dit hier que le nombre de morts n'est pas en adéquation avec la réalité des 100 000 personnes qui vivent dans un habitat précaire, c'est aussi le constat et le sentiment que vos hommes ont sur le terrain ?
02:44Oui, c'est le sentiment. Après, on est sur une terre mahoraise où la majeure partie, la quasi-totalité des Mahorais sont de religion musulmane.
02:56Donc comme vous le savez, dans la religion musulmane, les défunts sont enterrés dans les 24 heures maximum. Donc là, ça fait déjà 72 heures que le cyclone est passé. Donc il y a manifestement eu des enterrements.
03:11Les enterrements, on les verrait s'ils avaient eu lieu. Il y aurait des témoignages. Est-ce que vos hommes ont été le témoin de ces obsèques ?
03:19On a des témoignages, mais il faut qu'on rassemble également tous ces témoignages pour officialiser un peu tout ça avec les autorités aussi religieuses, puisqu'il y a des autorités religieuses qu'on appelle les caddies et le grand caddie de Mayotte.
03:30Vous le disiez, il ne faudrait pas ajouter du chaos au chaos et les gendarmes sont aussi déployés pour le maintien de l'ordre public. On a assisté à des scènes de pillage, à des bagarres dans des stations-service. Est-ce que l'ambiance se tend d'heure en heure ?
03:44Il y a deux phases. Il y a la phase des premières 72 heures et jusqu'à ce matin. Les 72 heures, en fait, il y a un état de sidération qui a sidéré tout le monde, très clairement.
03:56Donc on a une forme de délinquance. On a quasiment plus eu de délinquance, très clairement. On a eu des cas isolés, effectivement, de délit d'appropriation de produits de première nécessité.
04:06Parce que, par exemple, sur le port de Longoni, on avait des conteneurs qui ont été éventrés par le cyclone. Donc il y a des personnes qui sont allées se servir.
04:15Des conteneurs qui transportaient quoi ?
04:18Je pense des palettes d'eau ou des choses comme ça. Donc les gens vont se servir. Ou des magasins de première nécessité aussi qui ont été dévastés. Donc les personnes sont allées servir.
04:27Mais on n'a pas les mêmes formes de délinquance que, par exemple, des caillassages ou quelques coupures de routes qu'on pouvait avoir avant le cyclone.
04:36En revanche, depuis ce matin, effectivement, on note un amoncellement, un afflux de personnes au niveau des stations-service comme les images le montrent et également au niveau des petites et moyennes et grandes surfaces.
04:47Et là, justement, toute l'action des forces de l'ordre et en particulier de la Gendarmerie, c'est de pouvoir assurer l'ordre public dans ces zones-là où il y a beaucoup de personnes.
04:56Et une forme d'excitation aussi pour pouvoir réguler tout ça et qu'il n'y ait pas d'exaction particulière.
05:01Merci beaucoup, Général Lionel Lavergne, d'être venu nous voir ce matin.
05:04On ajoute parce que c'est une notion aussi très importante que Mayotte, et c'est encore une fois le sentiment que l'on a ce matin en écoutant les témoignages,
05:10que Mayotte va rapidement manquer de vivre et que l'on redoute potentiellement des émeutes de la faim, voire de la soif, parce que l'eau potable n'est toujours pas revenue.