Neuf jours après la motion de censure qui a fait chuter le gouvernement de Michel Barnier, Emmanuel Macron a finalement nommé François Bayrou Premier ministre. Pour comprendre les conséquences de cette nomination sur le paysage politique, «Libération» vous propose d'écouter l'analyse de Sacha Nelken, journaliste politique et de notre chroniqueur, Jonathan Bouchet-Petersen.
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00:00Alors vous l'avez vu, François Bayrou a été nommé Premier Ministre.
00:03Est-ce qu'il va arriver tel un super-héros pour nous sauver de la crise politique ?
00:07C'est pas sûr.
00:08Mais en tout cas, ça pose plein de questions sur la situation politique actuelle.
00:12L'une de ces questions que moi je me pose, par exemple, c'est
00:15est-ce qu'il va tenir ou est-ce qu'il va faire flop, comme Michel Barnier ?
00:18Et pour en parler, aujourd'hui, je vous propose de discuter avec Sacha Nelken.
00:21Tu es journaliste politique à Libération.
00:23Salut Sacha.
00:24Salut.
00:25Et on a aussi Jonathan Boucher-Pétersen.
00:26Tu es l'un de nos éditorialistes politiques à Libé.
00:28Salut.
00:29Ma première question, c'est une première question qui va dans le vif du sujet.
00:33Qui est François Bayrou ?
00:35Non, pour laquelle je veux une réponse courte, efficace, avant de rentrer dedans.
00:39Est-ce que pour vous, avec cette nomination, on sort de la crise politique ?
00:44Bah non.
00:45Non, non.
00:46De toute façon, c'est pas une nomination qui peut sortir de la crise politique.
00:49C'est chercher à nommer la personne qui peut naviguer dans cette crise politique.
00:53De fait, le plus dur reste devant.
00:55L'enjeu, c'était celui du casting pour trouver un interlocuteur pour les groupes parlementaires.
01:00C'est ça le sujet.
01:01Après, François Bayrou, il se retrouve face à une équation qui est complexe, probablement impossible.
01:07Puisque c'est, on peut dire par rapport aux options qui étaient sur la table,
01:10avec François Bayrou, c'est une timide et aventureuse tentative de clin d'œil au centre-gauche.
01:16L'idée d'Emmanuel Macron, de toute façon, depuis le début de cette séquence,
01:19c'est d'essayer de décrocher les socialistes du nouveau front populaire,
01:23non pas dans une coalition programmatique, mais au moins dans une forme de mensuétude
01:27avec un accord de non-censure, sans perdre, ou de façon trop frontale, les LR.
01:32Et le tout avec cette espèce d'objectif moral qu'on ne peut que partager,
01:36qui est de sortir la vie politique de cette pression du RN,
01:39qui n'avait qu'à appuyer sur le bouton pour faire tomber un gouvernement,
01:42surtout un gouvernement de droite, puisque la gauche était vent debout contre la politique de Barnier.
01:46Donc avec François Bayrou, ça ne règle rien.
01:49Ça change un tout petit peu la focale sur à qui va s'adresser le pouvoir en place.
01:54Donc un peu moins à faire des mamours à l'extrême droite,
01:57un peu plus à faire des clins d'œil à une partie de la gauche.
02:00Voilà, c'est un pari.
02:02C'est loin d'être gagné, parce qu'on y reviendra,
02:04mais dans l'ADN politique de François Bayrou, il y a certes des choses qui braquent moins la gauche,
02:10mais il y a quand même quelque chose qui ressemble aussi à la droite.
02:13Je vous fais une toute petite pause. Merci de regarder cette vidéo.
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02:21Et surtout, je vous souhaite un bon visionnage.
02:23Pour toi, Sacha, est-ce que cette nomination nous sort d'une crise politique en deux mots ?
02:27Jonathan a très bien dit que non.
02:29Effectivement, non, ça ne change rien.
02:31Le prochain Premier ministre, comme l'a dit Jonathan, c'était quelqu'un qui allait devoir naviguer.
02:35J'aime beaucoup l'expression.
02:36L'idée, c'est de se sortir des mains du RN.
02:38Mais Bayrou n'est pas du tout un irritant aux yeux du RN, au contraire.
02:41D'ailleurs, tout à l'heure, Jordan Bardella a dit qu'il n'y aurait pas de censure a priori.
02:44Et c'est vrai que le RN appréciait aussi un peu le fait que Bayrou se batte,
02:49notamment à chaque présidentielle, pour que Marine Le Pen ait ses signatures et son financement aussi.
02:53Il avait mis sur la table l'idée d'une banque de financement de la vie publique.
02:57Banque de la démocratie.
02:58Banque de la démocratie, c'est ça.
02:59C'était quand il était un éphémère garde des Sceaux au début du premier quinquennat de Macron,
03:05avant d'être rattrapé par des affaires qui ne sont pas complètement soldées.
03:08Justement, rentrons là-dedans.
03:10François Bayrou, patron du Modem, c'est un macroniste de la première heure.
03:15C'est qui pour Macron, François Bayrou ?
03:17Dans un premier temps, c'était François Bayrou, le poids lourd,
03:22qui finit par apporter son soutien à celui qui a fait irruption sur la scène politique.
03:28C'est quand même quelqu'un qui, par sa bascule et son soutien à Emmanuel Macron,
03:33lui permet d'être élu, puisque les 7-8 points dont était crédité François Bayrou à l'époque,
03:39l'écart final ne se joue pas tellement plus que ça.
03:42Donc, ça a été absolument déterminant.
03:44Il y avait François Patria, le socialiste d'un côté, côté sénateur socialiste,
03:48pareil, un des grands élus qui a soutenu Macron, et François Bayrou.
03:51Mais c'est vrai que dans cette idée, même dans la façon dont Emmanuel Macron s'est positionné,
03:56ni droite ni gauche en même temps, tout ça, ça reprenait un certain nombre d'items
04:00que François Bayrou avait essayé de porter.
04:03Donc, il y a autant une filiation.
04:06Après, l'élève a dépassé le maître, parce qu'évidemment, François Bayrou
04:09n'a pas été élu deux fois président de la République.
04:11Donc, en termes de magistère, c'était quand même Emmanuel Macron
04:14qui était en situation de force ces dernières années.
04:17Mais François Bayrou a toujours été un grand fan d'Emmanuel Macron
04:22sans jamais s'y soumettre complètement.
04:24Donc, poil à gratter à certains moments.
04:26Je voyais passer dans le chat une nuance qui est importante.
04:28Autant il est très raccord sur la politique pro-business,
04:31sur l'orthodoxie budgétaire, sur l'enjeu des finances publiques,
04:35autant il est beaucoup moins raccord avec la dérive loi immigration,
04:40les paroles qu'on a pu entendre jusqu'au sein de certains membres de la Macronie
04:43sur l'aide médicale d'État.
04:45Il y a quelque chose d'un républicain chez François Bayrou,
04:48mais ça n'en suffit pas à faire quelqu'un de compatible avec les socialistes.
04:52Ça pose une question qui est importante et que je vois beaucoup dans le chat,
04:55c'est comment est-ce que cette nomination rebat les cartes
04:57de la situation politique actuelle ? Est-ce qu'il va y avoir une censure ou pas ?
05:00Et notamment, comment la gauche se place par rapport à cette nomination ?
05:04Sacha, est-ce que tu as des billes sur ce sujet ?
05:06Oui, ça dépend parce que maintenant, autant avant, sur Michel Barnier,
05:11le NFP était raccord sur la stratégie adoptée. Là, c'est très différent.
05:15Les Insoumis ont annoncé, même en début de semaine,
05:19qu'ils déposeront une motion de censure très vite pour censurer
05:23le prochain Premier ministre, qui que ce soit,
05:25si ce n'est pas Lucie Casté ou un membre du NFP,
05:28ce qui est le cas. Ils ont répété tout à l'heure qu'ils allaient censurer.
05:31En revanche, Fabien Roussel disait... En fait, les autres partenaires,
05:35estimant que ce n'était pas possible de censurer à chaque fois un nouveau Premier ministre,
05:40veulent plutôt donner leur chance à François Bayrou.
05:43C'est pour ça qu'il a été mis sur la table, lors de la réunion à l'Élysée,
05:46l'idée d'une non-censure en échange de non-utilisation du 49-3.
05:52Donc, en gros, l'idée, c'est que le socialiste, écologiste et communiste devraient...
05:58Ils vont geler sur pièce les compromis, les avancées, les bras tendus
06:02que va leur adresser François Bayrou.
06:04Donc, ils refusent une censure a priori, ce qui change de la dernière fois.
06:08Après, je crois que Marine Tondelier... Je vois dans le chat aussi,
06:10mais je crois que Marine Tondelier a quand même été un peu plus nette
06:12sur le côté qu'a priori, Bayrou, il y avait très peu de chances
06:14que ce ne soit pas censuré par l'écolo.
06:16Si il ne fait pas les trucs nécessaires.
06:18Bayrou, c'est ce qu'on disait au début, c'est qu'il est pris dans une double injonction.
06:22C'est que d'un côté, il doit essayer de s'attirer les bonnes grâces
06:26et des socialistes, et peut-être un peu au-delà,
06:28mais qui sont quand même sous une grosse, grosse pression
06:30au sein du Nouveau Front Populaire et de la part de leurs électeurs.
06:32Parce que dans la tête des gens, Bayrou, c'est un macroniste pur et parfait,
06:36d'une certaine manière. Après, nous, on voit des nuances, des trucs.
06:38Mais fondamentalement, c'est en rien le message des urnes,
06:41c'est en rien un changement de cap, c'est en rien.
06:43Donc, il y a une façon de naviguer qui peut être un peu différente.
06:45Ce n'est certes pas un LR ou un ancien LR.
06:47Donc, ça, c'est déjà, on peut dire, un progrès aux yeux de la gauche
06:49par rapport à Michel Barnier, mais ça reste quand même
06:51quelqu'un de très urtiquant. Et à l'inverse,
06:53il n'est pas du tout exclu qu'un Bruno Retailleau, par exemple,
06:56soit maintenu au ministère de l'Intérieur.
06:58Ça, je pense que pour, notamment, Marine Pendelier,
07:00ça solde totalement le sujet.
07:02Que pour une partie du groupe PS,
07:04ça rend quand même très compliqué de ne pas censurer un gouvernement
07:07avec Bruno Retailleau.
07:09Donc, voilà, il y a...
07:11La dimension constructive qu'ils essayent de mettre sur la table,
07:13c'est de dire, on ne recherche pas le chaos,
07:15on n'affirme pas...
07:17Voilà, c'est un peu de nuance avec les Insoumis en termes de stratégie.
07:19Les Insoumis sont dans un truc très brut et assez cohérent,
07:21en fait, qui n'est pas non plus critiquable.
07:23Les autres essayent de dire, on attend le discours de politique générale,
07:26on attend de voir la composition de ce gouvernement
07:28dit d'intérêt général.
07:30Ce qu'on sait, c'est qu'il n'y aura pas de socialistes
07:32dans un gouvernement Bayrou.
07:33Sinon, ils seront exclus du parti.
07:35Ça a été dit par la direction du parti.
07:37Donc, on est vraiment dans cette espèce de ligne de crête
07:39de l'accord de non-censure.
07:41Voilà, il ne faudrait pas qu'il y ait trop d'urticants aussi
07:43dans et le discours de politique générale
07:45et le casting du gouvernement.
07:47Je répète, Bruno Retailleau maintenu.
07:49J'ose espérer que pour n'importe quel élu de gauche,
07:52ça solde la réflexion intime.
07:54En fait, ce qui est sûr, c'est que la nomination de Bayrou
07:56clôt toute participation de quelconque élu de gauche
07:59à un gouvernement.
08:01Parce que ça fait plusieurs jours déjà que les socialistes,
08:04Boris Vallaud leur a dit ce matin que
08:06Bayrou, ce n'était pas une solution pour eux.
08:08Et donc, c'est inenvisageable de voir un élu de gauche
08:12dans le prochain gouvernement qui se veut d'intérêt général.
08:15Un peu plus tôt, j'ai vu passer une question en tchat
08:17que je trouve intéressante.
08:19Si Bayrou tente de faire du pied à la gauche,
08:21notamment sur la fiscalité, peut-on l'imaginer
08:23faire se fracturer le bloc central ?
08:26C'est un vrai risque, parce que dans la discussion budgétaire
08:28à laquelle on a assisté, celui qui, de façon très imparfaite
08:31et sans aller du tout au bout de ce qu'il avait
08:33un peu dessiné dans son discours de politique générale,
08:36aller sur les questions fiscales, c'était Michel Barnier.
08:39Là où ça a été très compliqué pour lui de gérer son socle commun,
08:43et son socle commun solide, pas si solide.
08:45Et pas si central non plus.
08:46Et pas si central, ça, on pouvait le dire dès le départ.
08:48C'est quand même justement cette question fiscale
08:50avec un totem, un tabou, un espèce de chiffon rouge
08:53pour les macronistes.
08:54C'est aussi l'argument in fine utilisé par
08:56le Rassemblement national sur les hausses d'impôts.
08:59Mais fondamentalement, la justice fiscale,
09:01qui est un peu plus dans l'ADN du modem
09:03que dans l'ADN des macronistes ou des LR,
09:06quelle marge de manœuvre pour François Bayrou,
09:08sachant qu'il va devoir tenir les deux bouts ?
09:10C'est très compliqué.
09:11On ne sait pas comment les LR,
09:12je crois qu'ils ont une réunion
09:13qui va intervenir cet après-midi,
09:15comment ils vont se positionner aussi
09:16à l'égard de François Bayrou.
09:18Mais je ne crois pas dire de bêtises
09:19que si une censure est votée par LFI,
09:21les LR et le RN,
09:23quelle que soit l'attitude des socialistes,
09:25ça fait tomber le gouvernement.
09:26Il faudra vérifier arithmétiquement.
09:28Le LR pourrait voter la censure de Bayrou ?
09:31Si François Bayrou ne maintient pas Bruno Retailleau,
09:35s'il n'y a que des macronistes et des modems,
09:37et s'il commence par proposer des hausses d'impôts
09:39pour les plus riches.
09:40Sachant que, quand on regarde
09:42l'orthodoxie budgétaire,
09:43c'est fondamental chez Bayrou.
09:45Même Règle d'or, ça faisait partie
09:47de ses propositions à la présidentielle.
09:49Or, venant, certes, ils ont voté
09:51la suppression de l'ISF à l'époque,
09:53mais dans la discussion budgétaire
09:55à laquelle on a assisté,
09:56il y a eu à un certain moment,
09:57notamment surtaxation des dividendes,
09:59mise à contribution des plus hauts patrimoines
10:02ou ce genre de choses.
10:03Ça parle un peu plus aux modems
10:04qu'aux macronistes.
10:05Il y a potentiellement des convergences
10:08texte par texte.
10:09Après, tout ça peut s'effondrer
10:11simplement parce qu'il n'y a peut-être
10:13pas de synthèse possible,
10:14et c'est peut-être souhaitable,
10:15entre des LR de bonne composition
10:18et des socialistes sous pression.
10:20Tout à l'heure, Sacha,
10:21tu disais qu'avec cette nomination
10:26du Premier ministre,
10:27la gauche était déjà un petit peu fracturée.
10:31Là, maintenant qu'il est nommé,
10:33François Bayrou,
10:34est-ce qu'elle va continuer à se fracturer ?
10:37Ou est-ce que la gauche va se réunir
10:39face à Bayrou ?
10:40C'est une bonne question.
10:41En tout cas, ce qui est sûr,
10:42c'est que si ça avait été Bernard Cazeneuve,
10:44tu m'avais posé la question,
10:45si on était en train de parler
10:46de Bernard Cazeneuve,
10:47je t'aurais dit qu'à priori,
10:48oui, la fracture aurait été assez béante.
10:51Bernard Cazeneuve, du coup,
10:53c'était l'un des noms
10:54qui étaient aux limites pour être premier ministre,
10:56qui est un PS, mon petit PS.
10:58Un ancien PS qui a quitté le PS
10:59après l'accord d'UPS en 2022,
11:01qui n'a en fait que des mots durs
11:03contre le PS depuis qu'il est parti.
11:05Mais bref, c'était quand même
11:06plus acceptable parce qu'on pouvait
11:09laisser entendre,
11:10on pouvait imaginer qu'il allait mettre en place
11:12une politique plus à gauche.
11:14Mais du coup, là, ça aurait été
11:15beaucoup plus compliqué pour le NFP.
11:16Là, en fait, il va falloir voir
11:18parce qu'il y a quand même
11:19des mots assez durs,
11:20des débats assez houleux
11:21ces derniers temps par médias interposés.
11:24Mais la gauche nous a montré
11:26que dès qu'il y avait une élection,
11:28qu'il faut se rassembler,
11:29ils arrivent quand même,
11:30même si l'alliance n'est jamais parfaite.
11:33Mais ça va dépendre de ce
11:35que va proposer Bayrou aux uns et aux autres,
11:37ce que, aux mains tendues,
11:39que vont prendre les uns et les autres.
11:41Ça dépend de tout ça, en fait.
11:44Je vois une question dans le chat
11:46qui se demande si la droite
11:49va elle-même déposer une motion de censure
11:51si Bayrou séduit la gauche.
11:53Déjà, je ne sais même pas
11:54si Bayrou séduirait la gauche.
11:56Non, il ne séduit pas,
11:57il repousse moins que d'autres.
11:58Il repousse moins qu'un Lecornu,
12:00il repousse moins qu'un Vautrin.
12:01Après, Bayrou, si on remet
12:03un peu de focal historique,
12:05c'est quand même l'UDF à la base.
12:07C'est quand même une composante de l'UMP,
12:10de la droite au sens large.
12:12En même temps, c'est quelqu'un
12:13qui a appelé à voter François Hollande
12:14contre Nicolas Sarkozy.
12:15Ça, ça fait un petit fond de crédit,
12:17mais je ne suis pas sûr que le marqueur...
12:20Ça suffise à convaincre des gens de gauche.
12:22Ce qu'on disait sur le côté,
12:23est-ce que ça peut faire exploser la gauche ou pas ?
12:26Personne n'a envie que le nouveau Front Populaire
12:28explose, en fait.
12:29Autant les Insoumis mettent la pression
12:31et affirment une stratégie
12:33et une identité plutôt de rupture
12:34qui est assez cohérente,
12:36autant le NFP n'est pas un parti unique.
12:37Donc, il n'est pas anormal que,
12:38dans certaines circonstances,
12:39il y ait des stratégies ou des tonalités
12:41ou des façons de faire
12:42qui sont un peu différentes.
12:43Mais même chez les socialistes,
12:44on n'entend pas l'idée de
12:45« tiens, on va en profiter pour rompre
12:47avec Jean-Luc Mélenchon ».
12:48Il y a la volonté d'envoyer des signaux
12:50pour montrer que les socialistes
12:51existent par eux-mêmes
12:52et qu'ils ont une autonomie d'action
12:54et de formulation,
12:55selon les circonstances.
12:56Mais effectivement, Bernard Cazeneuve
12:57aurait été un casus belli plus...
12:59Enfin, en tout cas,
13:00une tentative plus compliquée
13:01à gérer pour eux.
13:02Le fait que ce ne soit pas quelqu'un
13:03qui soit issu de la gauche
13:04alors que, de Fabien Roussel à...
13:06Enfin, qui n'est pas socialiste,
13:07mais côté NFP, hors LFI, on va dire.
13:10De Fabien Roussel à Olivier Faure,
13:12quand ils sont sortis de l'Élysée,
13:13les uns et les autres ont évoqué
13:15la nomination d'une personnalité de gauche,
13:19donc pas forcément issue directement du NFP,
13:21comme étant un sujet de questionnement
13:23sur leur participation ou pas.
13:24Ça, c'est soldé avec la nomination
13:26de François Bayrou.
13:27François Bayrou, c'est juste
13:28est-ce qu'il arrive avec cette idée de
13:31« j'utiliserai pas le 49-3,
13:33donc je rentre dans une logique de compromis,
13:35donc il n'y a pas de raison
13:36de me censurer a priori,
13:37et on va voir ce que donne
13:38la discussion budgétaire »,
13:39avec l'équation qu'on a évoquée
13:41de « c'est très compliqué
13:42de tenir tout le monde ».
13:43Donc le mieux qu'ils puissent obtenir,
13:44François Bayrou, à court terme,
13:46c'est que la gauche ne dise pas
13:47« censure d'emblée »,
13:48comme elle a dit
13:49quand Michel Barnier a été nommé.
13:51Mais je ne sais pas si c'est
13:52se rallier derrière le NFP.
13:53C'est qu'ils ont tous des raisons
13:55peut-être différentes.
13:56Mais c'est vrai que s'il n'y a pas
13:57l'idée que sur la réforme des retraites,
13:59on gèle, ou en tout cas,
14:00on stoppe et on rediscute
14:02de façon très nette.
14:03Mais ce que dit Yann Brossard
14:04en disant « on se fiche de savoir
14:05si ça s'appelle une abrogation,
14:07un gel, une suspension »,
14:09mais l'idée de mettre quand même
14:10il y a un marqueur là qui est important.
14:11Et je le répète,
14:12si Bruno Retailleau reste
14:15ministre de l'Intérieur
14:16avec la perspective d'une loi immigration,
14:18ce qui serait quand même...
14:19Je pense que spontanément,
14:20François Bayrou, il n'a pas envie de ça.
14:21Ce n'est pas sa cam, vraiment.
14:23La droite Wauquiez,
14:24la droite Retailleau,
14:25ce n'est pas son truc.
14:27Autant le libéralisme pro-européen,
14:30le côté très pro-business,
14:32le côté attention aux déficits,
14:33et en même temps, pas trop d'impôts.
14:35En revanche, des impôts pour ceux qui peuvent.
14:37Ça, c'est à peu près sa ligne.
14:39Mais c'est assez loin
14:40de l'augmentation du SMIC.
14:41C'est assez loin de...
14:42On arrête avec la réforme des retraites.
14:44C'est assez loin de...
14:45Sans parler de lignes rouges,
14:46mais simplement des valeurs de gauche.
14:48Justement, sur ces questions
14:50de lignes rouges,
14:51de valeurs de gauche,
14:52Sacha, c'est quoi
14:53les blocages,
14:55les lignes rouges
14:56que la gauche a
14:58face à François Bayrou ?
15:00Qu'est-ce qu'il pourrait faire
15:01que le PS
15:02pourrait rejoindre une motion de censure
15:04déposée par LFI, par exemple ?
15:05Si François Bayrou ne faisait aucun geste
15:07sur la fiscalité,
15:08parce que c'est vrai que
15:10les députés socialistes,
15:11même de gauche en général,
15:12disent souvent que les députés Modem
15:14sont beaucoup plus constructifs
15:16que les autres dans le bloc macroniste,
15:18et donc ça laisse penser
15:19que peut-être ils lâcheront du l'Est.
15:21Notamment, ils avaient
15:22voté ensemble des impôts
15:24sur les super-profits.
15:26Donc ça, ça peut être un geste
15:28qui peut être fait,
15:29mais du coup, s'il n'y a pas ça,
15:30j'imagine mal le PS...
15:31Il parle des macronistes aussi.
15:32C'est vrai qu'il est compliqué.
15:33À chaque fois qu'il fait un pas
15:35vers un des potentiels,
15:36non pas partenaires,
15:37mais une des forces,
15:39le problème, c'est qu'il arrive
15:40dans une assemblée
15:42qui reste ultra polarisée,
15:44ultra fracturée,
15:45et où c'est quasiment impossible
15:47de trouver des lignes de crête,
15:48à part ne rien faire.
15:49Mais le problème,
15:50c'est qu'il est obligé
15:51de faire un budget.
15:52Il n'y a pas de budget,
15:53donc il faut bien,
15:54d'une manière ou d'une autre,
15:55faire un budget.
15:56Il est obligé de poser
15:57comme un marqueur originel
15:58le « j'utiliserai pas le 49.3 ».
15:59Et c'est là où ça devient
16:00une espèce d'exercice,
16:02je ne veux pas dire impossible,
16:03parce que sinon,
16:04on n'a qu'à rentrer se coucher.
16:06Mais il y a quand même
16:08une quadrature
16:09qui est très, très, très, très,
16:10très compliquée.
16:13Il y a une question
16:14que je me pose,
16:15c'est dans sa culture politique.
16:17François Béroud,
16:19quel est son rapport
16:20au Rassemblement national ?
16:21Sur le plan des valeurs,
16:22il ne partage rien
16:23avec le Rassemblement national,
16:24que ce soit sur les questions
16:25d'immigration,
16:26ou pour le coup,
16:27l'AME, pour lui,
16:28ce n'est pas du tout
16:29un chiffon rouge,
16:30que ce soit sur les questions
16:31européennes, évidemment,
16:32parce qu'il est sur un profil
16:33quand même très...
16:34Enfin, c'est l'ADN du modem.
16:35Après, il a un rapport
16:36assez sain au pluralisme,
16:38parce qu'il a lui-même
16:39été une petite force politique.
16:41Donc, je pense que ça,
16:42effectivement,
16:43c'est ce que rappelait Sacha
16:44au début, c'est-à-dire le côté
16:45« il faut que tout le monde
16:46parcourir une présidentielle
16:47et les parrainages ne peuvent pas
16:48être un obstacle pour une force
16:49politique aussi importante
16:50que le RN »,
16:51ça, d'accord.
16:52Il avait même proposé
16:53de parrainer...
16:54Voilà, s'il lui en manquait.
16:55La Banque de la Démocratie,
16:56qui est clairement le problème
16:57de financement de la vie politique
16:58pour le RN,
16:59c'est évidemment
17:00un boulet régulier,
17:01parce que c'est ce qui l'a amené
17:02aussi à devoir se tourner
17:03ou à vouloir se tourner,
17:04on ne va pas trancher
17:05ça maintenant,
17:06mais vers des financements
17:07étrangers,
17:08que ce soit des financements
17:09russes ou des financements
17:10hongrois,
17:11dans la dernière séquence,
17:12en tout cas,
17:13c'est-à-dire des financements
17:14hors Banque française,
17:15donc cette idée
17:16de Banque de la Démocratie
17:17qui devait simplifier
17:18la possibilité
17:19de financer une campagne
17:20présidentielle,
17:21quelles que soient
17:22les prêts qu'on trouvait
17:23chez les banques françaises,
17:24évidemment, ça parle.
17:25La question de la proportionnelle,
17:26qui est quelque chose
17:27que François Bayrou
17:28porte depuis très longtemps,
17:29c'est évidemment quelque chose
17:30qui parle beaucoup au RN,
17:31mais à la limite,
17:32presque au RN d'avant.
17:33C'est-à-dire que maintenant
17:34que le RN est capable
17:35d'être dominant
17:36et quasiment majoritaire
17:37hors Front républicain,
17:38si dans un scrutin
17:39à deux tours classique,
17:40la proportionnelle
17:41est moins un truc
17:42absolument de survie,
17:43si on était un peu
17:44de mauvaise foi,
17:45ils ont en commun
17:46l'affaire des assistants
17:47parlementaires,
17:48pas dans la même proportion
17:49et peut-être pas
17:50exactement de la même façon,
17:51mais...
17:52Bayrou aussi a eu
17:53des assistants parlementaires
17:54fictifs.
17:55Il a été innocenté.
17:56Il a été, lui, relaxé,
17:57même s'il y a un appel
17:58qui court,
17:59il y a un appel qui court.
18:00Ça avait l'air
18:01d'être un tout petit peu moins,
18:02un peu plus de l'ordre
18:03du système D,
18:04un peu moins systémique,
18:05cynique comme le RN
18:06l'a mis en place
18:07et moins massif.
18:08Surtout, le rôle
18:09de François Bayrou
18:10était peut-être
18:11moins majeur
18:12parce qu'il n'était pas, lui-même,
18:13eurodéputé,
18:14président du groupe.
18:15Il était président du parti.
18:16Donc,
18:17visiblement,
18:18ce que le tribunal a constaté,
18:19c'est qu'il y avait
18:20une forme de distanciation
18:21entre les choses
18:22telles qu'elles ont pu se faire
18:23au Parlement européen
18:24et le rôle.
18:25Moi, je ne connais pas
18:26suffisamment le dossier
18:27pour trancher.
18:28Parce que d'autres membres
18:29du MoDem, eux, ont été condamnés
18:30pour préciser.
18:31En tout cas,
18:32ce qui est sûr,
18:33c'est que les petites forces...
18:34Après, sur ce sujet-là,
18:35LFI, MoDem, RN,
18:36il y a un point commun,
18:38c'est-à-dire
18:39que des forces politiques
18:40qui n'arrivaient pas
18:41à avoir une représentation
18:42suffisante
18:43lors des élections législatives,
18:44source majeure
18:45du financement
18:46des partis politiques
18:47en France,
18:48ont eu chacun,
18:49dans des proportions
18:50et peut-être
18:51des dimensions différentes,
18:52la tentation
18:53de profiter
18:54des fonds européens
18:55et des assistants
18:56pour financer
18:57leur vie politique nationale.
18:58Donc,
18:59il y a une forme
19:00de solidarité des petits
19:01ou, en tout cas,
19:02de constat des petits
19:03à l'époque
19:04qu'il y avait quelque chose
19:05qui clochait
19:06que,
19:07aux législatives,
19:08si on ne faisait pas le plein
19:09comme c'était le cas pour eux,
19:10on ne pouvait pas avoir
19:11une existence
19:12digne de ce nom
19:13dans la vie politique.
19:14Mais franchement,
19:15sur le plan des valeurs,
19:16il n'y a pas de mauvais procès
19:17à faire à François Bayrou.
19:18Ce n'est pas quelqu'un
19:19qui entretient
19:20des relations troubles
19:21ou des proximités idéologiques
19:22avec le RN.
19:23Donc,
19:24pas de Rotailleux
19:25dans le parti.
19:26J'ajoute juste que,
19:27quand il y a eu
19:28les réquisitions
19:29contre Marine Le Pen,
19:30il a eu des mots
19:31plutôt de soutien.
19:32C'est un peu fort,
19:33mais il fait partie
19:34des personnalités politiques
19:35qui a forcément été bien vue
19:36du côté du RN.
19:37Donc,
19:38de ce que vous me dites,
19:39pas de Rotailleux
19:40dans le gouvernement ?
19:41Ça, c'est autre chose.
19:42Encore une fois,
19:43si François Bayrou
19:44était à la tête
19:45d'une majorité absolue,
19:46il n'y aurait pas
19:47de Bruno Rotailleau
19:48au gouvernement.
19:49Sauf que,
19:50comme on l'a dit,
19:51il est dans une situation
19:52où il est obligé
19:53de complaire au PS
19:54sans que le moindre élu du PS
19:56vienne participer
19:57à son gouvernement.
19:58Et il est obligé
19:59de ne pas trop braquer LR,
20:01qui fait quasiment
20:02un casus belli
20:03autour du maintien
20:04de Bruno Rotailleau
20:05au ministère de l'Intérieur,
20:06parce que c'est un certain
20:07nombre d'assurances
20:08pour envoyer les marqueurs
20:09qu'ils veulent envoyer
20:10entre maintenant et 2027.
20:11Après,
20:12peut-être que dans quelques heures,
20:13on est démentis
20:14et qu'il fait un gouvernement
20:15où il y a
20:16de la société civile,
20:17des macronistes,
20:18quelques mecs
20:19du Modem et d'Horizon,
20:20en faisant des clins d'œil au PS
20:22et en se disant
20:23« elle ne vienne que pour un ».
20:24Rien n'est impossible.
20:25Il y a peut-être des LR
20:26qui ne sont pas sur la ligne Rotailleau
20:27et qui se disent
20:28« moi, ce n'est pas mon sujet,
20:29Rotailleau.
20:30Ce qu'il faut,
20:31c'est que le pays avance ».
20:32Je ne sais pas.
20:33Franchement,
20:34là, c'est difficile
20:35de faire de la projection
20:36sur tout.
20:37Moi, je voudrais
20:38qu'on se pose
20:39des questions un peu
20:40sur les prochaines échéances
20:41qui vont arriver
20:42pour l'Assemblée nationale.
20:43Qu'est-ce qui va faire
20:44que François Bayrou
20:45pourrait être
20:46sur une ligne de crête
20:47entre motion de censure
20:48et pas motion de censure ?
20:49La composition du gouvernement,
20:50le discours de politique général,
20:51en gros.
20:52Ce qu'on a dit
20:53du casting gouvernemental,
20:54ça renvoie évidemment
20:55des signaux
20:56sur où est
20:57le centre de gravité,
20:58qui est encore là,
20:59sachant qu'il y a
21:00certaines personnalités
21:01qui sont des repoussoires,
21:02notamment pour la gauche,
21:03puisqu'on sait qu'il n'y aura
21:04pas de personnalité de gauche
21:05au sein du gouvernement.
21:06Donc, l'enjeu,
21:07c'est dans quelle mesure
21:08il arrive à constituer.
21:09Sachant ce qu'il a dit,
21:10qu'il allait faire
21:11une équipe resserrée.
21:12Donc, ça, c'est quelque chose
21:13qu'on entend à chaque fois.
21:14Là, je pense qu'il y a
21:15plutôt intérêt,
21:16parce qu'à chaque fois
21:17qu'il va faire rentrer quelqu'un,
21:18c'est potentiellement un risque.
21:19Donc, s'il se concentre
21:20sur un noyau
21:21et il s'engage à discuter
21:22avec tout le monde,
21:23il peut faire un gouvernement.
21:24L'idéal pour lui,
21:25c'est un gouvernement
21:26où certes, il n'y a pas de PS,
21:27mais il n'y a pas non plus de LR,
21:28et où il dit pas de 49.3,
21:29donc l'obligation
21:30de discuter avec tout le monde.
21:31Est-ce qu'à la fin,
21:32ça finit par faire un budget
21:33en temps et en heure ?
21:34Ce qui est sûr,
21:35c'est que la discussion budgétaire
21:36qui est après le deuxième gros morceau,
21:37puisque là, il y a eu
21:38la loi spéciale
21:39qui a été votée,
21:40qui permet d'appliquer
21:41le budget 2024
21:42au début de 2025,
21:43mais simplement pour que
21:44les caisses de l'État
21:45ne soient pas vides
21:46et qu'il y ait une forme
21:47de continuité
21:48de financement
21:49des principaux budgets de l'État.
21:50Mais il n'y a aucune marge
21:51de manœuvre politique
21:52dans ce cadre-là.
21:53Donc là, il y a l'enjeu
21:54de faire l'équipe,
21:55donc avec qui je gouverne,
21:56deux, quelle méthode,
21:57et quelles orientations
21:58à travers le discours
21:59de politique générale,
22:00et trois,
22:01après rentrer dans le vrai dur
22:02qui est les semaines
22:03de discussion budgétaire
22:04qui vont reprendre,
22:05sachant que le précédent
22:06gouvernement Barbier
22:07avait abrégé
22:08par une manœuvre
22:09de procédure
22:10les débats à l'Assemblée,
22:11que tout était parti
22:12au sénat,
22:13qu'il y a eu
22:14l'usage du 49-3
22:15sur le budget
22:16de la Sécurité sociale
22:17qui a sonné le glas
22:18du gouvernement Barnier.
22:19J'ai vu une question
22:20dans le chat
22:21de quelqu'un qui se demande
22:22qui pourrait bien participer
22:23à un gouvernement pareil,
22:24sachant que ces derniers temps,
22:25être dans le gouvernement,
22:26ça n'augure pas grand-chose
22:27de formidable.
22:28Ça ne manquera pas
22:29de candidats.
22:30Je pense que le seul attrait
22:31pour la voiture
22:32et le chauffeur,
22:33il peut être quand même
22:34assez décisif,
22:35mais je pense que
22:36c'est un candidat
22:37qui peut être
22:38un candidat
22:39qui peut être
22:40un candidat
22:41qui peut être
22:42un candidat
22:43qui peut être
22:44un candidat
22:45qui peut être
22:46un candidat
22:47détruit
22:48par l'industrie.
22:49On va savoir très vite
22:50ce qui sera très important
22:51avec tous ces candidats.
22:53C'est un candidat
22:54dans un milieu
22:55qui a énormément d'insertion
22:56en fait.
22:57C'est un petit candidat
22:58dont on ne connaît
22:59pas tout.
23:00C'est un petit candidat
23:01qui aura de l'idée
23:02comment faire
23:03pour contractor
23:04ESSOS
23:05afin qu'il puisse
23:06demander à l'Agence
23:07civile et Le Monde
23:08de faire le choix,
23:09d'être permettant
23:10de faire
23:11l'opération si difficile
23:12ça peut être plus compliqué pour ces personnes-là, mais pour les
23:15politiques professionnelles, je ne vois pas en quoi c'est...
23:17Il y a beaucoup de chances que des ministres qui étaient déjà
23:20ministres dans l'équipe précédente soient maintenus,
23:23avec l'argument de dire, voilà, ils ont déjà le nez dans les dossiers,
23:26on va essayer de chercher une solution à l'Assemblée
23:29qui va être plus apaisée, ou en tout cas trouver une autre ligne
23:32de crête que celle qu'a pas trouvé Michel Barnier, dans l'équation
23:35qui était la sienne. Donc il est tout à fait possible que des ministres,
23:38je vois, enfin j'imagine que même à Laurence Amartin, par exemple,
23:41sur la discussion budgétaire, c'est possible qu'il reste.
23:44On peut imaginer que ce soit pas absolument la tasse de thé
23:47de François Bayrou de garder Rachida Dati à la culture,
23:50et après il y a la question de Bruno Retailleau qui se pensait
23:53assez centrale sur le plan justement du symbole.
23:56Après il y a des ministres qui ont pas forcément convaincu,
23:59je pense que Mme Jeuneté à l'éducation nationale, dans l'esprit
24:02de François Bayrou qui considère être le plus grand ministre de l'éducation nationale
24:05que la France ait connu, il va vouloir peut-être mettre
24:08quelqu'un à lui ou quelqu'un qui connaît mieux le dossier.
24:11On peut imaginer que le ministre de la réussite scolaire qui est proche
24:14de Laurent Wauquiez et qui n'a quand même pas brillé par son
24:17ouverture d'esprit sur les questions de société,
24:20peut aussi sortir. Après il y a
24:23ce que François Bayrou veut avoir, mais encore une fois
24:26il faudra vraiment être attentif à ce que dit LR dans l'après-midi
24:29sur ce qu'il souhaite en être ou pas en être.
24:32Je vois beaucoup de gens qui se posent
24:35des questions sur... Je vois quelqu'un qui dit
24:38comment ne pas être éguré par la compromission d'EPL,
24:41PC et FOR qui se prosternent devant... Il faut aller au bout de ce message.
24:44La dernière phrase était vraiment sympathique. Il dit merci Jonathan, vous êtes brillant.
24:47Pardon, pardon.
24:50Mais c'est vrai, il y a un petit peu
24:53ce questionnement, ces incompréhensions
24:56autour des décisions
24:59de la gauche,
25:02Europe Ecologie Les Verts, Olivier Faure
25:05qui jusque-là était très derrière
25:08la lignée des filles, on ne participe pas à quoi qu'elle n'arrive pas au gouvernement,
25:11on ne participe pas aux réunions avec Macron, etc.
25:14Comment on se positionne par rapport à ça ?
25:17Aller discuter à l'Elysée, ce n'est pas se compromettre forcément, parce qu'ils ne sont pas allés en disant
25:20on va dire amène à tout ce que va dire Macron,
25:23et d'ailleurs c'est même plutôt l'inverse.
25:26Je pense qu'il y a des choses un peu
25:29en partie qui comptent, notamment pour Olivier Faure, il y a un congrès
25:32qui doit se jouer au premier semestre
25:352025 normalement, où justement on l'accuse sans cesse d'être soumis aux insoumis.
25:38Donc je pense que c'est quelque chose
25:41qui l'agace un peu, parce que dans le fond il n'est pas du tout d'accord avec tout ce que font
25:44et tout ce que disent les insoumis, donc du coup c'est vrai que
25:47c'est un peu cynique de le penser comme ça, mais je ne pense pas que ce soit
25:50forcément réfléchi comme ça, mais malgré tout
25:53ça permet de montrer que les socialistes ont leurs
25:56lignes et leurs façons de faire, et justement c'est aussi utile
25:59parce qu'on sait qu'il y a beaucoup de critiques sur LFI qui sont faites
26:02où on les accuse de ne pas vouloir gouverner, ça permet aussi aux autres
26:05parties de montrer que eux, contrairement à leurs
26:08alliés, veulent gouverner.
26:11Donc c'est aussi des messages envoyés, des signaux envoyés aux électeurs
26:14notamment de gauche sur
26:17on veut gouverner, c'est l'ambition
26:20qu'on a, donc c'est aussi des signaux qui sont envoyés.
26:23Il y a autant des trucs qui sont assez logiques en termes
26:26d'histoire politique. Encore une fois, le Nouveau Front Populaire, c'est
26:29un cartel électoral et la cohabitation
26:32de plusieurs parties, c'est-à-dire que LFI
26:35par exemple n'a jamais souhaité qu'il y ait un groupe unique
26:38voire un intergroupe vraiment intégré, en tout cas un groupe unique
26:41à l'Assemblée Nationale. Chacun existe par lui-même en tant que force parlementaire
26:44donc on ne peut pas d'un côté dire
26:47et à la limite je ne critique pas du tout le positionnement
26:50des Insoumis, il est tout à fait légitime,
26:53cohérent, tout à fait raccord avec leur identité politique
26:56avec le côté que c'est la force la plus
26:59en rupture ou la plus à gauche du cartel, ça il n'y a aucun
27:02problème. Après, ça vient cohabiter des gens
27:05qui n'ont pas vocation à toujours avoir la même
27:08stratégie ou avoir la même façon de se comporter. Moi je pense
27:11que ce qui serait... D'ailleurs même côté député insoumis que j'ai entendu
27:14derrière les tweets de Mélenchon un peu dramatisant sur le côté
27:17de la maison, un peu méprisant sur le côté arrêter de servir...
27:20Tristesse. Voilà, bon. Tout ça c'est un peu de la posture aussi
27:23et chacun parle d'abord à ses troupes en disant, Mélenchon en disant
27:26vous inquiétez pas, moi je ne me compromets pas avec ça. Olivier Faure
27:29disant et à son parti effectivement dans la logique d'un congrès et dans
27:32la perspective de 2027 en disant on a une autonomie de pensée
27:35et une autonomie d'eux. Maintenant, Jean-Luc Mélenchon quand il s'exprime
27:38n'a pas plus de mandat de l'ensemble du NFP
27:41il reproche, il dit à Olivier Faure, il n'a pas de mandat du
27:44NFP pour aller participer à telle réunion. Jean-Luc Mélenchon
27:47n'a jamais attendu d'avoir un mandat du NFP pour
27:50s'exprimer au nom du cartel. Donc voilà,
27:53chacun pousse un peu, teste et veut exister
27:56par lui-même. Si j'étais de très mauvaise foi, je dirais que
27:59si on prend l'ensemble des groupes parlementaires NFP
28:02la majorité du NFP était à la réunion
28:05de l'Elysée. C'est-à-dire que si on prend les communistes, les écolos
28:08les socialistes, depuis la dernière dissolution ça pèse
28:11plus que les insoumis tout seuls. C'est une vraie différence par rapport à la foi précédente.
28:14Donc après il n'y a pas de rupture et j'ai entendu beaucoup de députés insoumis dire
28:17moi j'ai pas vraiment de sujet au fait que certains décident
28:20par culture ou par stratégie d'aller discuter à l'Elysée
28:23tant qu'ils ne topent pas sur n'importe quoi. Et on peut dire
28:26ce qu'on veut, mais moi j'ai pas entendu ni Olivier Faure, ni Fabien Roussel, ni Marine
28:29Tondelier servir de marche-pied à Emmanuel Macron
28:32et ils ne participeront pas au gouvernement de François Bayrou.
28:35Donc d'une certaine manière la nomination de Bayrou elle vient simplifier
28:38la donne à gauche. Après la balle elle est dans le camp
28:41de François Bayrou. Le mystic gris c'est pas la gauche qu'il a. Le mystic gris
28:44il est dans la main de François Bayrou
28:47et d'Emmanuel Macron. Est-ce qu'Emmanuel Macron en dégainant François
28:50Bayrou a trouvé une meilleure martingale que Michel Barnier
28:53sait avoir ? Est-ce que François Bayrou est capable de
28:56décrocher les socialistes
28:59ou en tout cas la mensuétude des socialistes sans braquer la droite ?
29:02Bon courage. Est-ce que la présidentielle de 2027
29:05a des impacts sur ce qui va se passer dans les prochains jours,
29:08prochains mois à l'Assemblée ?
29:11Bonne question. Je pense en tout cas que pour Attal
29:14ou Philippe ou Wauquiez, Bayrou c'est assez
29:17confortable parce qu'on peut participer à un gouvernement sans que le gouvernement
29:20soit dirigé par quelqu'un de son parti qui lui est propre.
29:23Donc c'est quand même assez facile ensuite de dire qu'on
29:26était peut-être dedans mais qu'on n'était pas d'accord sur tout parce que toutes les décisions n'ont pas été prises
29:29et ça n'a pas été coordonné par quelqu'un de sa famille à proprement
29:32parler. Donc c'est vrai que pour le coup c'est encore une fois assez confortable
29:35et je ne pense pas que les uns et les autres se disent
29:38non, on ne participe pas parce que je veux rester pur
29:41et ne pas être dans cette aventure-là pour 2027.
29:44S'ils ont participé à un gouvernement dirigé par un LR,
29:47c'est difficile. Edouard Philippe ça ne l'intéresse pas.
29:50Il ne sera pas là-dedans, ni le jeu de qui peut être Premier ministre
29:53ni de qui peut être Premier ministre. Lui c'est son chemin
29:56en tant que maire du Havre, les cartes postales,
29:59l'homme libre, la distanciation avec le macronisme
30:02et ses soubresauts d'aujourd'hui. Voilà, ça on a bien compris.
30:05Gabriel Attal c'est l'héritier idéologique
30:08et l'autonomie politique depuis
30:11l'Assemblée. C'est-à-dire que lui il est président du groupe, président du parti.
30:14Il a pris tous les leviers qu'il pouvait prendre, peut-être un peu trop.
30:17Mais il a été, en gros, toute la discussion budgétaire
30:20telle qu'elle s'est jouée la fois précédente avec des macronistes qui n'étaient quand même pas très là
30:23et un Gabriel Attal qui était sûrement l'allié le plus remuant et le plus
30:26j'allais dire un peu casse-bonbon pour Michel Barnier.
30:29C'était d'envoyer des marqueurs dans la perspective de 2027.
30:32Donc le 2027 pèse autant sur la stratégie de Jean-Luc Mélenchon
30:35que sur celle des socialistes aujourd'hui,
30:38que sur celle de Gabriel Attal, que sur celle de Laurent Wauquiez,
30:41que sur celle de Marine Le Pen. C'est ce qu'on a beaucoup répété.
30:44Effectivement, cet horizon présidentiel dont certains veulent se convaincre
30:47que ça pourrait arriver avant 2027. Moi j'ai quand même du mal à y croire
30:50de ce qu'on a pu
30:53comprendre au fil des années de la psychologie
30:56complexe, mais largement entêtée en tout cas d'Emmanuel Macron.
30:59L'imaginer démissionner,
31:02ça paraît quand même pas être l'option la plus évidente.
31:05En revanche, c'est clairement ce sur quoi compte et
31:08Jean-Luc Mélenchon le dit et il a tenté de mettre même des
31:11initiatives sur la table pour accélérer le mouvement type
31:14les initiatives autour de la révocation dont je rappelle que ça doit recueillir
31:17trois cinquièmes des votes de l'Assemblée plus trois cinquièmes
31:20des votes du Sénat.
31:23Mais c'est une façon d'installer l'idée
31:26et ça a plutôt largement progressé. On voit que le RN
31:29s'est aussi rallié à cette idée que le problème c'était Macron, ce qui n'est pas faux
31:32et que donc c'est lui qui doit partir. Mais entre dire le problème c'est Macron
31:35virgule donc il doit...
31:38Oui, il y a un site qui existe aussi.
31:41Mais le problème, c'est que la destitution, il faudrait que le Sénat la vote
31:44et ça franchement, je pense qu'il faut être lucide
31:47et la démission, il faudrait que Macron la décide. Donc c'est vrai qu'il n'y a pas
31:50beaucoup de levier pour l'y obliger. En revanche, que s'installe
31:53de plus en plus l'idée qu'au fond c'est lui le problème
31:56ça a beaucoup progressé dans l'esprit des Français.
31:59Il y a une question que je me pose par rapport au RN
32:02et notamment d'un point de vue de leur stratégie politique.
32:05J'ai beaucoup entendu que quand ils avaient voté la mention de censure
32:08de Michel Barnier, certains se demandaient si c'était un vrai
32:11bon coup de stratégie politique parce que jusque là
32:14ils pouvaient se poser à l'Assemblée Nationale comme
32:17un parti d'opposition rassurant
32:20parce qu'ils veulent qu'il n'y ait pas de chaos, etc.
32:23et que certains pourraient se dire qu'en votant la motion de censure, le RN
32:26joue le chaos. Dans cet espace-là
32:29politique, pour le RN, est-ce que l'arrivée de
32:32Berroux, c'est l'occasion de bonnes stratégies politiques ?
32:35Leur enjeu, c'est que
32:38en gros, eux-mêmes se sont quand même beaucoup posé la question
32:41de savoir est-ce qu'on censure et on ne censure pas, quand est-ce qu'on censure.
32:44On avait plutôt en tête qu'ils avaient l'idée de censurer un peu plus tard
32:47et quand ils se sont rendu compte qu'il y avait 70% de leurs électeurs et une majorité de Français
32:50qui étaient pour la censure, c'était important pour eux
32:53de montrer que c'était eux qui décidaient.
32:56Quand on voit les sondages derrière,
32:59on peut dire qu'il y a eu
33:02une législative partielle où ils ont perdu un siège
33:05il y a une semaine.
33:08Je pense que ça ne dit rien quand on voit les sondages de premier tour présidentiel
33:112027, avec tout ce que ça peut avoir de fragile en disant si la présidentielle
33:14avait lieu dimanche, Marine Le Pen, elle est à 38 ou à 35%.
33:17Je ne pense pas que ça les ait abîmés. En revanche,
33:20il ne faudrait pas que... Ce qui leur poserait problème, c'est si
33:23ça marchait, c'est si Bayrou réussissait, si Bayrou arrive
33:26à... Et en même temps, c'est ambivalent
33:29parce que ça a réaffirmé leur côté
33:32parti anti-système, qui est quand même le cœur de leur électorat.
33:35Et après, ça a été la bataille de qui est responsable du chaos.
33:38Est-ce que c'est Macron par son entêtement ou est-ce que c'est
33:41Marine Le Pen parce qu'elle a appuyé sur le bouton de la censure ?
33:44Là, il se trouve que je pense que la nomination...
33:47Et ça, c'est un truc qui est un peu compliqué. Je pense qu'il y a quand même deux Frances
33:50parce qu'on dit toujours... On entend beaucoup que les Français ont envie de stabilité.
33:53Je pense qu'il y a beaucoup de Français qui n'ont surtout pas envie de continuité.
33:56Donc certes, stabilité institutionnelle, personne n'a envie que ce soit
33:59absolument le chaos et que plus rien ne soit possible.
34:02Un pays bloqué, un pays à l'arrêt, ça, personne le souhaite fondamentalement.
34:05Mais en revanche, cette espèce de sentiment qu'on nous
34:08fourgue un peu, sans nous le dire,
34:11une continuité du macronisme envers et contre tout,
34:14envers les résultats des urnes, envers l'échec de cette tentative
34:17de pas de deux avec la droite, avec cette espèce
34:20d'impossibilité de simplement se dire
34:23pourquoi on n'aimerait pas la gauche, quitte à ce que la gauche tombe parce qu'elle n'arrive pas
34:26à trouver un pas de deux avec des macronistes un peu constructifs.
34:29Marine Le Pen, elle est un peu sur un fil.
34:32Le risque, c'est qu'elle soit marginalisée.
34:35Mais honnêtement, vu le piètre spectacle qui est offert par ceux
34:38qui cherchent à s'entendre, moi, je ne suis pas sûr qu'il
34:41fallait faire le pari d'un affaiblissement de Marine Le Pen.
34:44Il y a quand même un élément qui aurait pu être mieux pour eux,
34:47c'était si effectivement les autres forces avaient réussi
34:50à faire un gouvernement du non national
34:53allant des communistes, etc., parce que ça aurait pu
34:56leur permettre de marteler
34:59l'argument du Parti Unique contre le RN
35:02qu'ils ont beaucoup martelé à l'époque, justement,
35:05parce qu'ils ont quand même une nature très anti-système.
35:08C'est quelque chose qui aurait pu témoigner
35:11ce fameux seul contre tous.
35:14Malheureusement pour eux, mais heureusement pour tout le monde
35:17que ça ne sera pas le cas.
35:20Leur difficulté, c'est qu'on dit qu'ils ont suivi leur noyau, donc ils sont retournés dans une identité
35:23en tout cas à court terme un peu plus anti-système.
35:26On n'a pas peur de faire
35:29turbuler un peu le système.
35:32En gros, s'ils veulent franchir le palier
35:35qu'il leur a manqué la dernière fois, c'est en allant
35:38choper l'électorat de droite. C'est aussi ça l'enjeu de l'alliance
35:41avec Ciotti, qui est censée faire basculer une partie de la droite extrémisée vers eux.
35:44Mais entre les adhérents LR qui sont très radicalisés
35:47où effectivement, je pense que Ciotti, la preuve, il avait été élu
35:50président du parti, donc il y avait une résonance. Et l'électorat LR,
35:53il reste une difficulté.
35:56C'est difficile de censurer un gouvernement LR
35:59et d'attirer un électorat LR en même temps.
36:02Mais à l'inverse, ils l'ont pris moins sur ce côté un peu jeu politique
36:05mais plus par le fond. Et je pense que leur justification
36:08par les retraites, en tout cas de dire que c'est pour protéger les retraités
36:11et on sait que les retraités, c'est un électorat qui vote beaucoup
36:14et c'est un électorat qui vote quand même beaucoup à droite aussi.
36:17Mais si vous allez chercher une partie de ce qui leur manquait comme électorat
36:20en essayant de marteler le fait, vous vous souviendrez
36:23qu'on est allé jusqu'à censurer pour vous protéger et on a été les seuls
36:26à le faire, alors que la gauche censure parce que c'est la droite
36:29de façon un peu plus pavlovienne, sans le justifier.
36:32Il y a plein de raisons pour la gauche de censurer.
36:35Mais pour le RN, qui n'était pas spécialement en opposition
36:38avec Bruno Retailleau, le côté, un, ils ont dit
36:41impôts pour les classes populaires, on protège les retraités.
36:44Ça leur permet de faire cohabiter cette espèce de noyau
36:47vaguement social, mais en tout cas leur vernis social
36:50et l'envie d'aller chercher des électeurs LR
36:53qui ne se sentiraient pas assez protégés par LR
36:56parce que tout simplement LR est trop faible.
36:59Que Laurent Wauquiez avait tenté, à la base, c'est lui qui a essayé
37:02de prendre le lead sur le côté de la défense des retraités.
37:05Il était même allé aux 20h pour annoncer un arbitrage qu'il avait obtenu
37:08pour les petites retraites et ce n'était pas le ministre ni le Premier ministre
37:11qui avait annoncé ça, donc on avait glosé sur le côté ce vice-Premier ministre
37:14qui pète plus haut que son cul, en gros. Et à l'arrivée,
37:17je pense que ceux qui ont réussi à envoyer le message le plus net
37:20à l'égard des retraités, c'est quand même le RN.
37:23Avant de terminer cette discussion, j'avais une dernière question
37:26à vous poser. François Béroux, quand on le compare
37:29à notre président Premier ministre, Michel Barnier...
37:32Lui, il était présenté, dans mes souvenirs,
37:35quand il a été nommé, comme un homme de la négociation,
37:38etc. Du coup, on a vu le résultat.
37:41François Béroux, quand on le compare
37:44à Michel Barnier, qu'est-ce qu'il a de différent ?
37:47Qu'est-ce qu'il a de similaire ? Il est plus dans le jeu politique
37:50d'aujourd'hui, c'est-à-dire que même si ça fait un petit moment qu'il n'a pas passé
37:53une tête à l'Assemblée et que ça va peut-être le faire un peu bizarre, ça fait moins longtemps
37:56quand même qu'il est éloigné des réalités de la vie politique du pays.
37:59En revanche, sur le plan de l'ADN
38:02ou sur le plan de l'historique politique, il y a beaucoup
38:05en commun, en fait. C'est des Européens, europhiles même,
38:08on peut dire, très convaincus. C'est des gens pour qui la question
38:11de la maîtrise des déficits est absolument centrale.
38:14C'est des gens qui mettent très volontiers en scène
38:17une opposition entre les réalités du terrain et des élus locaux
38:20et les technos et les parisiens
38:23déconnectés de la réalité du pays. Donc là-dessus,
38:26il y a pas mal de commun.
38:29Je pense que sur le plan sociétal, François Béroux
38:32est un peu moins conservateur que ce qu'a pu l'être
38:35en tout cas au gré de son parcours Michel Barnier.
38:38Mais dans les grandes lignes, c'est pro-européen,
38:41anti-déficit et capable
38:44de savoir parler au maire, ne serait-ce que parce que
38:47François Béroux lui-même est maire et qu'il a
38:50sûrement plus de connexions naturelles avec
38:53les élus locaux et les collectivités qu'avec
38:56le cœur de l'Assemblée nationale. Mais bon, le problème,
38:59c'est que là, il va être confronté à l'Assemblée nationale.
39:02Et comme Michel Barnier incitait aussi beaucoup sur le fait qu'il respectait tout le monde
39:05et qu'il écoutait tout le monde, il est évident que François Béroux
39:08devrait dire la même chose. Et comme on disait tout à l'heure,
39:11le groupe MoDem à l'Assemblée est quand même réputé pour être un groupe
39:14assez constructif, qui est capable de
39:17se mettre d'accord avec des...
39:20Je pense que les troupes MoDem sont presque plus dans une culture du compromis
39:23que François Béroux, qui a toujours eu l'habitude
39:26quand même d'être chef chez lui. C'est-à-dire qu'en interne, il n'a jamais eu besoin
39:29de simplement se confronter
39:32à l'altérité ou de tenir compte des bains internes.
39:35Il y a quelque chose d'assez vertical au MoDem.
39:38Un point commun avec Michel Barnier, c'est que... Ce ne sont peut-être pas les seuls,
39:41mais que l'un et l'autre ont une certaine idée d'eux-mêmes.
39:44Ils vont parler
39:47beaucoup de respect, mais on peut dire que l'humidité les étouffe
39:50à longueur de journée. Je ne dirais pas que ça s'arrête à eux.
39:53Après, on est dans le...
39:56Parfois, on découvre
39:59les gens en circonstance. François Béroux, en termes
40:02membre d'un exécutif, il l'a été
40:05de façon très épisodique, on l'a dit au début du
40:08premier quinquennat d'Emmanuel Macron. Mais sinon, ça a remonté quand même...
40:11Maintenant, ça dure une trentaine d'années
40:14qu'il était ministre de l'Éducation nationale.
40:17Merci beaucoup à vous deux pour tous ces éclairages.
40:20La question qu'on va se poser maintenant, c'est combien de temps il va tenir
40:23et quand va tomber la censure ?
40:26Oui, et juste pour finir mes têtes, juste sur le côté...
40:29Dernier point commun avec Michel Barnier, qui est plutôt, parce que c'est quelqu'un du vieux monde,
40:32il y a un certain appétit ou en tout cas respect
40:35pour les partenaires sociaux. Donc je pense que c'est quelqu'un qui est un peu moins,
40:38beaucoup moins jupitérien qu'Emmanuel Macron.
40:41Après, c'est...
40:44Quelle marge de manœuvre il aura ? Je pense qu'il va d'abord
40:47être dans la gestion des contraintes et sûrement dans la recherche d'une ligne de crête
40:50qui peut-être n'existe pas.