Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:0019. C'est vrai Charlotte ? Bonsoir à tous.
00:04J'ai lu ça dans un article.
00:06Attendez, excusez-nous, Charlotte nous apprend
00:08qu'Emmanuel Macron voudrait des enfants.
00:10Non mais pardon, excusez-nous.
00:12Attendez-nous à Maureen, on arrive.
00:13Je ne sais plus si Mathieu l'a lu aussi.
00:15J'ai vu passer l'information sur Twitter.
00:17Aujourd'hui, que le journaliste me pardonne,
00:19je ne me souviens plus de quel journal c'était.
00:21C'était un journal sérieux.
00:23Non, parce qu'on cherchait une info.
00:25On va vérifier l'information.
00:27Bon, j'en sais pas plus, j'ai pas tout vérifié.
00:29On est dans Léon Dio, on n'a pas encore commencé.
00:31L'info, c'est avec Maureen Vidal.
00:33Bonsoir Maureen.
00:35Bonsoir Christine, bonsoir à tous.
00:37À l'œil de l'actualité, à Tourcoing,
00:394 mois d'emprisonnement assorti d'un sursis probatoire
00:41pour l'adolescente qui a giflé une professeure.
00:43Les faits se sont déroulés en octobre.
00:45L'enseignante a demandé à la jeune femme
00:47d'enlever son voile religieux.
00:49Cette dernière venait de le revêtir
00:51avant de quitter l'établissement.
00:53S'en est suivie une altercation physique et verbale
00:55entre l'élève et la professeure.
00:57La prison en Algérie, sa demande de remise en liberté
00:59a été refusée par la Cour d'appel d'Alger.
01:01L'auteur franco-algérien risque
01:03la réclusion criminelle à perpétuité,
01:05accusé d'atteinte à la sûreté de l'État.
01:07Son avocat lance un appel.
01:09Il ne doit pas être l'otage de cette relation
01:11franco-algérienne très altérée, a-t-il déclaré.
01:13Et enfin, le nouveau Premier ministre syrien
01:15Mohamed al-Bashir appelle des millions d'exilés
01:17à revenir en Syrie.
01:19Il s'est engagé également à garantir le droit
01:21de toutes les confessions.
01:23Dans une interview accordée à un média italien,
01:25Mohamed al-Bashir a reconnu le comportement
01:27erroné de certains groupes islamistes.
01:55En votant la censure, c'est-à-dire,
01:57plusieurs disaient, en votant la censure,
01:59elle se décrédibilise. En votant la censure,
02:01elle perd des points. Or,
02:03surprise pour plusieurs,
02:05elle gagne deux points dans cela.
02:07Autrement dit, elle élargit son électorat,
02:09peut-être son électorat déjà
02:11potentiellement acquis.
02:13Mais Marine Le Pen trouve le moyen de sortir
02:15gagnante dans un premier temps.
02:17Peut-être dans un premier temps seulement
02:19de la séquence de la censure.
02:21Reste à voir, cela dit,
02:23si elle gagne en crédibilité auprès de l'électorat
02:25qu'elle doit gagner demain
02:27ou après-demain, c'est-à-dire l'électorat
02:29de droite classique qui, lui, a été plutôt
02:31choqué par la censure.
02:33Mais, notons cela, première séquence,
02:35elle sort gagnante par deux points dans ce
02:37sondage qui est présenté par plusieurs
02:39comme un sondage choc. L'autre information
02:41qui est assez intéressante dans tout cela,
02:43c'est le résultat autour d'Edouard Philippe,
02:45qui se présente
02:47selon plusieurs, en fait, selon ce sondage,
02:49comme la force politique la plus à même
02:51de traverser le premier tour
02:53et d'être au second tour contre
02:55Marine Le Pen. Alors, ce qui est
02:57intéressant avec le cas d'Edouard Philippe là-dedans,
02:59c'est que c'est une candidature un peu
03:01inattendue, un peu complexe. L'homme
03:03s'est distingué
03:05de belle manière ou de moins belle manière,
03:07selon les préférences des uns et des autres, lorsqu'il était
03:09aux affaires. On lui associe la crise
03:11des gilets jaunes, pas seulement
03:13les premiers temps de la COVID. Donc, voilà un homme
03:15qui a été aux affaires et
03:17quel créneau politique
03:19incarne-t-il aujourd'hui?
03:21Une forme de créneau néo-Raymond Barre,
03:23néo-Alain Juppé, c'est-à-dire
03:25le créneau de la droite,
03:27droite dans ses bottes.
03:29Souvent, les médias présentent
03:31ce créneau à la manière du créneau
03:33charismatique inattendu.
03:35C'est parce qu'il ne joue pas selon les codes du
03:37charisme habituel qu'il est véritablement
03:39charismatique, nous dit-on.
03:41C'est un peu tordu, mais quoi qu'il en soit,
03:43c'est un argument qu'on entend assez souvent.
03:45Ce qui est intéressant, cela dit,
03:47dans le cas d'Édouard Philippe,
03:49c'est que c'est une candidature qui, probablement,
03:51ne vient pas à l'esprit des Français spontanément.
03:53C'est-à-dire, à quel homme politique pensez-vous
03:55lorsque vous dites, voilà, l'homme du recours?
03:57Je ne suis pas certain qu'Édouard Philippe soit
03:59le nom qui vienne le plus spontanément à l'esprit.
04:01Donc, on peut se demander dans quelle mesure,
04:03mais c'est un point d'interrogation, ce n'est pas une
04:05affirmation, dans quelle mesure
04:07Édouard Philippe est-il l'Emmanuel Macron
04:09d'aujourd'hui? J'entends le candidat
04:11généré par le système,
04:13par le régime, et martelé,
04:15présenté sans cesse dans les enquêtes
04:17d'opinion. Vous n'y aviez pas pensé, mais pensez
04:19à lui d'abord et avant tout. Donc, une forme de construction
04:21de l'opinion publique avec
04:23Édouard Philippe pour dire, peut-être,
04:25est-ce l'homme du recours qui s'impose
04:27à vous, qui s'impose à tous?
04:29Donc, dans quelle mesure je pense que cette candidature,
04:31l'homme n'est pas sans mérite, l'homme n'est pas sans vertu,
04:33l'homme n'est pas sans qualité, ça va de soi.
04:35Mais est-ce que cette candidature peut être
04:37détachée du fait que ce qu'on pourrait
04:39appeler l'extrême centre, ce qu'on pourrait appeler
04:41le régime, ce qu'on pourrait appeler le système,
04:43se cherche en ce moment
04:45une candidature censée
04:47être capable de faire barrage au
04:49second tour à Marine Le Pen.
04:51De ce point de vue,
04:53Édouard Philippe, c'est un peu aussi
04:55le signe d'un déplacement
04:57du front républicain, comme on l'appelle,
04:59ou même du consensus républicain.
05:01Avec Emmanuel Macron, c'était
05:03l'axe de centrisme mondialiste.
05:05Aujourd'hui, on pourrait considérer
05:07qu'avec Édouard Philippe, c'est une forme de
05:09centre droit plus à droite,
05:11entre guillemets. On sait qu'il devait remettre
05:13en question les accords avec l'Algérie, par exemple.
05:15On sait qu'il cherche à s'emparer de certains
05:17marqueurs sur l'immigration.
05:19Reste à voir, toutefois, s'il sera victime
05:21de la perte de crédibilité
05:23qui touche plus largement les politiques
05:25habituelles dans l'opinion
05:27publique. Question, cela dit,
05:29qui me semble assez importante.
05:31Édouard Philippe, c'est un ancien LR qui ne l'est plus,
05:33mais qui, aujourd'hui,
05:35dans le bloc présidentiel, cherche
05:37à incarner l'aile droite du bloc présidentiel.
05:39Il participe à la majorité
05:41sur son aile droite. Comment réagirait,
05:43dans ce scénario,
05:45les LR? Est-ce que les LR diraient
05:47finalement « Notre candidat,
05:49c'est Édouard Philippe. Nous avons trouvé
05:51dans la Macronie l'homme à qui nous accrocher
05:53pour être capable de redevenir
05:55le parti dominant. »
05:57Le problème, ici, dans ce scénario,
05:59c'est que si vous regardez le candidat que l'on dit
06:01naturel pour les LR, c'est Laurent
06:03Wauquiez. Dans ce sondage, on le voit,
06:05il, pour l'instant, c'est un homme
06:07qui n'est pas sans talent, encore une fois. Peut-être
06:09pourra-t-il s'envoler. Mais, pour l'instant, il fait partie
06:11d'un trio, Laurent Wauquiez, qui n'est pas
06:13le trio de tête, qui est plutôt le trio
06:15des autres candidats de droite. Donc, il y a
06:17Laurent Wauquiez, il y a Nicolas Dupont-Aignan
06:19et il y a Éric Zemmour. Et, Laurent
06:21Wauquiez, pour l'instant, course
06:23davantage dans la catégorie
06:25Dupont-Aignan, Zemmour et maintenant
06:27Wauquiez, davantage que
06:29dans la course de ceux qui sont appelés à traverser
06:31le premier tour. Donc, imaginons
06:33un second tour, parce que c'est ce que nous dit ce sondage.
06:35Entre Édouard Philippe, d'un côté
06:37et Marine Le Pen,
06:39de l'autre côté,
06:41comment les LR se positionneraient-ils?
06:43Comment se positionneraient-ils? Est-ce qu'ils feraient le choix
06:45de se dire, c'est la droite des LR,
06:47comme on les appelle, les Bellamy et compagnie,
06:49les Rotaio et compagnie,
06:51les Lysnard et compagnie. Est-ce qu'ils
06:53se reconnaîtraient davantage dans l'option
06:55Édouard Philippe, pardonnez-moi,
06:57ou l'option Marine Le Pen?
06:59Je crois que c'est une question qui se pose
07:01dans les circonstances. Mais ajoutons une question.
07:03Aujourd'hui, je distribue
07:05les questions comme ça. Je suis comme le gouvernement, je distribue
07:07les chèques et les questions.
07:09Mais les questions que je distribue aujourd'hui,
07:11c'est, évidemment, Édouard Philippe,
07:13candidat du Bloc central.
07:15Mais les circonstances,
07:17ils annoncent le premier ministre demain.
07:19Donc, on cherche à comprendre.
07:21Peut-être demain, il faut dire jeudi.
07:23Mais il y a une semaine des quatre jeudis
07:25qui existe un jour. Alors, quoi qu'il en soit,
07:27qui sera, est-ce qu'il est possible
07:29qu'il y ait d'autres candidats du Bloc central?
07:31Alors, parce que c'est une vraie question à se poser.
07:33C'est-à-dire, on se rappelle, en 95, la droite présente
07:35Balladur et Chirac. En 2002,
07:37eh bien, il y a Chirac qui est là,
07:39mais il y a plusieurs plus petits candidats de droite,
07:41d'Alain Madelin et d'autres, qui sont présents.
07:43La question qu'on peut se demander
07:45dans les circonstances, c'est que le Bloc central ne peut gagner
07:47que s'il réussit
07:49à avoir un seul candidat.
07:51Là, dans les circonstances, s'il y a
07:53un deuxième candidat, un Gabriel Attal,
07:55qui ne parviendrait pas à refraîner ses ambitions,
07:57ou un autre, on peut... c'est toujours possible.
07:59Le Bloc central se fragmenterait.
08:01Et dès lors, est-ce que ça favoriserait
08:03le passage au deuxième tour de Jean-Luc Mélenchon?
08:05Ah, ça, c'est une autre question. Mais je reviens
08:07un instant sur le Bloc central, puisque le Bloc central,
08:09c'est l'expression politique de la technostructure.
08:11Puisque le Bloc central,
08:13c'est l'expression directe, sur le plan
08:15électoral, du pouvoir
08:17dans sa structure profonde. Est-ce qu'on peut croire
08:19que cette structure profonde, cette technostructure,
08:21sera capable de dire, bon, calmez-vous, les enfants,
08:23vous êtes plusieurs à avoir des ambitions,
08:25mais on ne peut pas se permettre de ne pas être au second tour.
08:27Vous aviez certes des ambitions pour 2027,
08:29cher ami, mais allez dormir,
08:31nous n'avons plus besoin de vous. Donc, est-ce que
08:33la pression du système, du régime,
08:35sera telle que finalement, il n'y aura
08:37qu'un seul candidat du Bloc central?
08:39En passant à lire aujourd'hui,
08:41je n'ai pas l'habitude de recommander la lecture du monde,
08:43mais aujourd'hui, je vais le faire.
08:45Dans l'édition de jeudi, de demain,
08:47il y a un article
08:49intéressant et agaçant
08:51qui nous raconte la rencontre de l'Élysée
08:53hier. Et qu'est-ce qu'on voit
08:55dans cette rencontre de l'Élysée?
08:57On voit toute une série de politiques rassemblées,
08:59sauf le RN évidemment, sauf LFI,
09:01et qui, entre eux, se distribuent les postes,
09:03se distribuent les titres de respectabilité,
09:05se partagent ces postes
09:07entre eux, comme si c'était dans l'entre-soi
09:09de la République. Mais je l'ai dit,
09:11Jean-Luc Mélenchon, c'est l'autre candidat pour l'instant.
09:13Jean-Luc Mélenchon n'est pas le candidat
09:15qui est au deuxième tour. Mais imaginons,
09:17encore une fois, que les autres candidats de gauche
09:19finissent par s'effacer au nom du vote utile.
09:21Ils lui pardonneront aujourd'hui ce qu'ils disent,
09:23ils ne lui pardonneront jamais. Ça, ça m'apparaît évident.
09:25Ils lui pardonneront demain ce qu'ils disent
09:27qu'ils ne lui pardonneront jamais aujourd'hui.
09:29Et dans ce cas-là, il tourne à 12 % en ce moment.
09:31Mais le jour où Mélenchon réussit à être le seul candidat
09:33à gauche et le Bloc central s'effondre,
09:35dans ce cas-là, nous serions devant un duel
09:37Le Pen-Mélenchon.
09:39C'est ce qu'il affiche, Jean-Luc Emmanuel Macron,
09:41c'est ça? Oui, exactement.
09:43Ce qu'on voit avec Emmanuel Macron en ce moment,
09:45c'est qu'il dit « je redoute ce choc
09:47entre Le Pen et Mélenchon ».
09:49« Je redoute » dit « ce choc »
09:51L'histoire radote aussi.
09:53« Je redoute ce choc ».
09:55Or, qu'est-ce qu'on peut voir dans ce choc attendu,
09:57ce choc redouté?
09:59D'un côté, c'est probablement le fantasme politique
10:01d'effroi du Bloc central,
10:03qui s'imagine dès lors dénudé.
10:05C'est-à-dire, le Bloc central, la technostructure,
10:07le centre mondialiste a le pouvoir.
10:09Il a le pouvoir à travers,
10:11et c'est aussi les derniers héritiers de la gauche
10:13mitterrandienne. Donc, il contrôle le conseil constitutionnel,
10:15il contrôle tous les pouvoirs
10:17essentiels aujourd'hui extérieurs
10:19au contrôle électoral.
10:21Mais, il y a quand même un scénario
10:23où, finalement, ce pouvoir est incapable
10:25d'être au deuxième tour, et dès lors,
10:27on se retrouve, il est balayé.
10:29La technostructure est nue.
10:31Elle n'a plus d'incarnation politique,
10:33elle n'a plus d'incarnation électorale,
10:35elle n'a plus de visage politique.
10:37Et là, c'est le choc, dès lors,
10:39entre le camp national et le Bloc de gauche radical.
10:41Si on se retrouve devant cet affrontement,
10:43je suis toujours dans la lecture du sondage,
10:45bien évidemment,
10:47dans quelle mesure est-ce crédible?
10:49Parce que la politique, c'est pas seulement, quoi qu'on en pense,
10:51des jeux de combines.
10:53La politique, c'est pas seulement un jeu de combines électorales,
10:55la politique, c'est aussi
10:57des camps démographiques,
10:59des camps sociologiques qui s'affrontent,
11:01comme on le voit à l'échelle de l'histoire.
11:03Et ici, plusieurs nous disent,
11:05Marine Le Pen le disait la semaine dernière,
11:07sur votre plateau, elle disait très justement,
11:09il y a aujourd'hui deux camps qui s'affrontent.
11:11Le camp, on pourrait dire le camp national,
11:13le camp de la gauche radicale, et elle dit,
11:15le Bloc central n'a pas de projet,
11:17n'a pas d'idée, n'a pas de vision.
11:19Je ne suis pas certain que ce soit aussi exact,
11:21mais ce qui était vrai, c'est qu'elle dit,
11:23il y a un affrontement, une lutte véritablement,
11:25une lutte à mort, dirait-on,
11:27entre deux visions irréconciliables de la France.
11:29Dans ce scénario,
11:31la France connaîtrait effectivement
11:33un grand mouvement de bascule politique.
11:35Dernier point à dire là-dessus,
11:37comment réagirait le Bloc central
11:39si on avait cet affrontement?
11:41Comment réagiraient les macronistes d'aujourd'hui
11:43avec Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon?
11:45Est-ce que d'un côté, ils diraient,
11:47ah, c'est anti-républicain, c'est des dangereux
11:49anti-républicains, oh, fuyons, c'est l'Halloween.
11:51Ou est-ce que de l'autre côté, ils se diraient,
11:53bon, Mélenchon, certes, c'est des valeurs de la République,
11:55mais puisque c'est un budget potentiellement marxiste
11:57l'an prochain, nous sommes inquiets
11:59pour nos intérêts économiques et nous chercherons
12:01à trouver une place dans le Bloc national en émergence.
12:03Comment réagirait le Bloc central?
12:05Ça aussi, c'est une question.
12:07Parlez-nous du budget.
12:09Alors ça, c'est un élément assez intéressant
12:11parce que dans cette séquence politique que nous avons connue,
12:13plusieurs s'intéressaient à ce que disait Marine Le Pen,
12:15c'est un budget quasiment socialiste, disait-elle.
12:17On s'en souvient de la formule,
12:19mais ce n'est pas la seule.
12:21Sarah Knafo a parlé d'un budget quasiment socialiste.
12:23Marion Maréchal a parlé d'un budget socialiste.
12:25Éric Zemmour a parlé d'un budget socialiste.
12:27David Lysnard a parlé d'un budget socialiste.
12:29Est-ce que Michel Barnier
12:31était, est ou sera socialiste?
12:33Je ne le crois pas.
12:35Ce n'est pas son profil idéologique à ce qu'on en sait.
12:37Il n'a pas fait métier de socialiste.
12:39Alors, comment se fait-il qu'un gouvernement de droite
12:41a accouché d'un budget socialiste?
12:43L'hypothèse sur laquelle on doit revenir,
12:45en fait, c'est que nous sommes
12:47devant une classe politique épuisée.
12:49Mentalement épuisée, pas individuellement
12:51les uns les autres. Mais ils sont habitués
12:53à des formules, des formules
12:55toujours les mêmes. Et ces formules,
12:57toujours les mêmes, quelles sont-elles?
12:59Eh bien, c'est taxons, taxons, taxons,
13:01dépensons, dépensons, dépensons, redistribuons,
13:03redistribuons, redistribuons.
13:05Et ils sont incapables d'envisager
13:07le choc qui permettrait de sortir
13:09d'une logique de socialisme fiscal.
13:11Alors, de ce point de vue, c'est cette formule
13:13qu'on entend souvent. Socialiste de gauche,
13:15socialiste de centre, socialiste de droite.
13:17Ils trouvent toujours le moyen de s'entendre.
13:19Mais ce qu'ils oublient, c'est que ces gens ont perdu
13:21le contact avec l'activité économique réelle,
13:23avec les mécanismes producteurs
13:25qui font en sorte qu'il y a un jour une richesse
13:27à partager si on veut la partager.
13:29Le choc, était-il possible,
13:31l'espèce de choc, le retour au réel économique,
13:33le retour à la croissance, le retour aux conditions
13:35de la croissance, était-il possible
13:37avec une équipe politiquement usée,
13:39habituée, on pourrait dire,
13:41au dernier état Providence
13:43en fin de parcours,
13:45à bout de souffle? Eh bien là, si on se tourne
13:47vers l'Argentine, qui est un peu le sujet du jour
13:49à bien des égards, on constate qu'une thérapie
13:51de choc libérale, pour ne pas dire libertarienne,
13:53d'abord conspuée,
13:55d'abord maudite, d'abord
13:57diabolisée. On a annoncé la catastrophe,
13:59la thérapie de choc de Yavier Millet
14:01semble fonctionner aujourd'hui.
14:03Évidemment, il ne dit pas que ça fonctionne immédiatement.
14:05Il dit, donnez-moi le temps, mais ma politique aura des effets.
14:07Il semble en ce moment que cette politique
14:09ait des effets, mais elle ne pouvait être portée
14:11que par un chef
14:13venu de l'extérieur du serail politique,
14:15que par une nouvelle élite
14:17qui n'est pas celle à laquelle nous sommes habitués.
14:19Autrement dit, un choc des élites,
14:21il se pourrait que ce soit le sujet du second édito
14:23dans quelques minutes.
14:25Gabrielle, comment tenir la consultation
14:27à l'Élysée des écolos?
14:29Alors,
14:31vous savez qu'hier ont été
14:33réunies toutes les
14:35forces politiques, enfin toutes celles
14:37qui font partie de l'arc républicain,
14:39comme l'appelle Emmanuel Macron.
14:41Alors, l'arc républicain, ça exclut
14:43le Rassemblement national et la France insoumise.
14:45On ne va pas parler du Rassemblement national,
14:47on va parler des alliés de la France insoumise,
14:49le Nouveau Front populaire.
14:51Dans le Nouveau Front populaire,
14:53Emmanuel Macron considère qu'il y a le bon grain de l'ivraie,
14:55et donc l'ivraie, c'est la France insoumise,
14:57mais le bon grain, c'est le parti
14:59communiste, le parti
15:01aux 100 millions de morts, dirait mon voisin.
15:03Et donc ça, il parait que c'est tout à fait
15:05respectable.
15:07Et puis, Europe Écologie Les Verts.
15:09Et ça aussi, c'est quand même assez stupéfiant
15:11d'imaginer qu'Europe Écologie
15:13Les Verts est tout à fait distinguée
15:15de la France insoumise, comme s'ils étaient des
15:17gentils écologistes qui s'occupaient des petites
15:19herbes et des petits oiseaux, et que ceux-ci
15:21donc avaient le droit
15:23de faire partie
15:25de l'arc républicain.
15:27Il a dit, quand il les avait reçus,
15:29il a dit, ben voilà, le nouveau Premier ministre
15:31aura mission de négocier avec
15:33vous, pour ne pas être censuré.
15:35L'idée, c'est évidemment de faire un gouvernement
15:37durable et donc non
15:39censurable. Alors donc, on en conclut
15:41qu'Europe Écologie Les Verts
15:43est raisonnable et
15:45fréquentable. Elle l'a expliqué
15:47d'ailleurs, Marine Tendelier, elle était très fière
15:49à la sortie de l'Elysée, elle a dit que
15:51ils avaient eu une discussion
15:53constructive,
15:55ou un esprit constructif en tout cas
15:57dans cette rencontre, donc on voit
15:59bien qu'il y a un vrai dialogue qui
16:01s'est installé. Alors moi,
16:03quand même, je ne sais pas si comme vous
16:05vous tombez de l'armoire,
16:07mais moi je suis quand même très surprise.
16:09Marine Tendelier, rappelons-le, était
16:11à Sainte-Sauline, c'était elle
16:13qui en 2023 avait dit,
16:15en mars 2023, s'il n'y avait pas eu de
16:17force de l'ordre à Sainte-Sauline,
16:19eh bien il n'y aurait pas eu ni
16:21d'affrontement, ni
16:23de destruction, vous vous rendez compte ?
16:25Donc vous voyez, les forces de l'ordre doivent
16:27vraiment apprécier, c'est des bonnes
16:29bases pour une construction sereine.
16:31Alors, on peut citer des exemples
16:33à l'infini, Marine Tendelier, c'est aussi
16:35elle qui avait dit qu'il y avait un problème
16:37de racisme dans la police, et que c'était
16:39sûrement en lien avec les commissariats qui étaient
16:41branchés sur CNews, je ne sais pas si vous vous souvenez
16:43cette réflexion extrêmement puissante.
16:45Voilà, quoi qu'il arrive,
16:47c'est aussi Europe Écologie
16:49Les Verts qui avait invité
16:51Médine à ses universités
16:53d'été, donc
16:55c'est quand même assez surprenant.
16:57Et puis les écologistes, c'est
16:59aussi, bien sûr, Sandrine Rousseau.
17:01Oui, c'est Sandrine Rousseau, je gardais
17:03le meilleur pour la fin,
17:05avec ses innombrables dérapages
17:07qui, vous le remarquerez, n'ont jamais
17:09été dénoncés,
17:11mis de côté,
17:13personne ne s'est jamais
17:15désolidarisé à l'intérieur d'Europe Écologie Les Verts
17:17de Sandrine Rousseau.
17:19Très franchement, il faudrait
17:21une encyclopédie pour recenser
17:23toutes les sorties de route de Sandrine
17:25Rousseau, mais on peut en rappeler
17:27quelques-unes, peut-être certaines
17:29qui sont en lien avec l'actualité. En 2021,
17:31à propos des terroristes
17:33afghans, elle avait dit que
17:35ce serait plus prudent de les avoir sous la main,
17:37donc en France, je ne sais pas si elle a la même théorie
17:39pour la Syrie, elle pourrait
17:41éventuellement proposer cela à
17:43Bruno Retailleau, ce serait extrêmement
17:45constructif. Alors,
17:47qu'est-ce qu'elle avait fait d'autre ?
17:49Elle avait posé à la fête de
17:51Luma, avec Tabouaf et Assa Traoré,
17:53parce qu'évidemment, Europe Écologie Les Verts
17:55a son stand à la fête de
17:57Luma, elle les avait qualifiés
17:59d'infatigables militants
18:01pour la vérité et la justice.
18:03C'était quasiment Gandhi
18:05et mère Teresa.
18:07Vous voyez la différence avec la France insoumise, il faut
18:09vraiment avoir un microscope pour
18:11la voir. En 2021,
18:13Sandrine Rousseau avait affirmé que le voile était
18:15un embellissement pour la femme.
18:17C'est ce qui lui avait valu
18:19un an après de se faire siffler à une
18:21manif d'Iranienne, mais
18:23on ne va pas dire que c'est mérité, mais presque.
18:25Et puis, on peut aussi
18:27citer les accusations contre son propre clan.
18:29Comment ? Sympathique ? J'allais dire clan, parce que
18:31vous allez voir, il y a un lien. Elle avait accusé
18:33les siens d'avoir si
18:35peu de diversité qu'ils ressemblaient au
18:37Ku Klux Klan. Vous voyez, c'est tout en
18:39nuance, en finesse, c'est apaisé,
18:41c'est subtil. Donc vraiment, on comprend
18:43qu'Emmanuel Macron
18:45ait envie de travailler avec elle, dans un esprit
18:47constructif, parce qu'Europe Ecologie des Verts,
18:49c'est aussi Sandrine Rousseau. Et puis surtout,
18:51très récemment, c'est passé deux
18:53choses. Il y a un jour, je vais commencer peut-être
18:55par le plus léger
18:57et finir, enfin léger si j'ose dire,
18:59mais finir par le plus grave, parce qu'il est concret.
19:01La première chose, c'est
19:03sur une radio,
19:05elle a commencé par conspuer l'église
19:07qui venait de
19:09l'accueillir. C'est surtout ça qui est
19:11à noter. C'est vrai qu'il y avait
19:13des absences troublantes
19:15ou fracassantes, comme le pape
19:17ou Ursula von der Leyen, puis il y avait des présences
19:19aussi assez fracassantes. Et donc,
19:21tout le monde a vu Sandrine Rousseau, tout sourire.
19:23Moi, naïvement, je me disais
19:25tel Paul Claudel, elle va se convertir
19:27derrière le pilier de la Vierge. Eh bien,
19:29pas du tout, je vous le dis, tout go.
19:31En tout cas, elle n'en prend pas le chemin.
19:33C'est assez curieux, parce que
19:35quand on a été invité, on attend un peu,
19:37vous voyez, avant de cracher sur ses hôtes,
19:39parce que ça ne se fait pas, mais vous voyez, la décence commune,
19:41et les usages, elle ne connaît pas
19:43très bien.
19:45C'est un peu comme si le mot gouja
19:47prenait un E. On peut dire une goujatte.
19:49C'est une espèce de conquête féministe.
19:51Et donc, elle a
19:53expliqué que, comme elle a répété
19:55en réalité un tweet qu'elle avait déjà fait,
19:57que les religions monothéistes
19:59contrôlaient
20:01le corps des femmes
20:03et que c'était pour cette raison qu'elles se tenaient
20:05à distance des trois religions monothéistes.
20:07Alors, moi, je les trouve un peu gonflées,
20:09parce qu'elles ne se tiennent pas tellement à distance.
20:11Elle est allée dans la cathédrale ce week-end.
20:13Mais bon, c'était sans doute pour être sur la photo
20:15avec les grands de ce monde, donc c'était une exception.
20:17Et parmi ces religions monothéistes,
20:19elle vous explique que, enfin, on le comprend en filigrane,
20:21que le catholicisme
20:23est sans doute la pire. Vous savez pourquoi ?
20:25Parce que c'est la dernière religion
20:27à ne pas avoir donné la possibilité
20:29aux femmes d'être prêtres.
20:31Elle ne parle pas de la charia, tout ça.
20:33C'est vraiment le catholicisme.
20:35C'est aussi une vocation ratée
20:37de Sandrine Rousseau. Vous savez, on vit une drôle d'époque.
20:39Aujourd'hui, le mariage
20:41et le sacerdoce
20:43s'effondrent. Il n'y a plus que les
20:45prêtres qui veulent être mariés
20:47et les femmes de gauche qui veulent être curées.
20:49Il faut bien la reconnaître.
20:51Donc, ça vient
20:53peut-être de ce désir
20:55inassouvi.
20:57Mais alors, surtout, il lui a échappé
20:59que ce grand batage auquel elle était
21:01conviée et auquel elle a assisté,
21:03il était quand même
21:05dans le cadre de ce que les protestants appellent
21:07ou ce qu'ils appelaient autrefois
21:09la mariolatrie, c'est-à-dire
21:11le culte de la vierge.
21:13Elle a sûrement vu que
21:15Notre-Dame, qui était célébrée,
21:17priée, encensée,
21:19c'était une femme.
21:21C'est ce qu'il faisait dire autrefois
21:23à André Malraux.
21:25C'est une formule ironique
21:27qu'il avait gardée.
21:29J'entends dire que la religion catholique est misogyne.
21:31Ce n'est pas sérieux.
21:33Une religion qui agenouille
21:35les hommes devant une femme couronnée
21:37manifeste une misogynie suspecte.
21:39Il faudra que
21:41Sandrine Rousseau étudie tout cela.
21:43Mais le pire, parce que là,
21:45on reste encore dans la légèreté,
21:47c'est qu'elle n'a pas parlé que de l'Église.
21:49Elle a été interrogée sur
21:51Boalem Sansal.
21:53On vient d'apprendre
21:55que Boalem Sansal s'était vu refuser
21:57sa demande de mise en liberté.
21:59Boalem Sansal, qui a 75 ans,
22:01qui est en Algérie, dont on n'a pas de nouvelles,
22:03qui est un écrivain, rappelons-le,
22:05un intellectuel,
22:07eh bien,
22:09elle dit condamner,
22:11si vous voulez, du bout des lèvres
22:13l'emprisonnement, mais très honnêtement,
22:15elle soutient Boalem Sansal comme la corde soutient le pendeux,
22:17puisqu'elle dit
22:19qu'il n'est pas un ange.
22:21Et elle l'accuse d'avoir tenu des propos
22:23relevant du suprémaciste et de l'extrême droite.
22:25Donc, si vous voulez,
22:27elle apporte
22:29de l'eau au moulin,
22:31il n'y a pas d'autre mot que celui-là,
22:33à ses bourreaux.
22:35Il s'agit d'un de ses compatriotes,
22:37d'un de nos compatriotes.
22:39Alors, vous allez me dire que ce n'est pas la première fois
22:41que la gauche conspue
22:43un intellectuel opprimé,
22:45puisque déjà, dans les années 70,
22:47Sotjenitsyn a fait l'objet
22:49des mêmes remarques.
22:51C'était déjà dans l'humain, d'ailleurs.
22:53Vous voyez, c'est fou, cette filiation.
22:55Franchement, rien n'a changé.
22:57Mais, encore une fois,
22:59on vient d'apprendre que la demande de mise
23:01dans Liberté de Boilems-en-Salle a été rejetée.
23:03Je n'ai entendu personne d'Europe Écologie-Les Verts
23:05dénoncer ces propos
23:07de Sandrine Rousseau.
23:09Alors, s'il y en a un qui me le disent, ça va peut-être échapper.
23:11Mais moi, je ne l'ai pas vue.
23:13Je ne vois pas les médias outrés.
23:15Et surtout, je ne comprends pas
23:17qu'Emmanuel Macron continue
23:19de considérer
23:21Sandrine Rousseau comme quelqu'un de respectable.
23:23Un dialogue constructif.
23:25On lit sur les réseaux sociaux
23:27qu'il ne faut pas relayer
23:29les inepties de Sandrine Rousseau,
23:31que lui offrir une telle visibilité, c'est lui rendre service,
23:33et qu'on n'a pas de temps à perdre
23:35avec toutes les incongruités.
23:37Oui, vous avez peut-être lu ça.
23:39À chaque fois que j'évoque
23:41une déclaration de Sandrine Rousseau,
23:43on me dit, oh là là, ne perdez pas de temps
23:45avec elle, ça ne le mérite pas.
23:47C'est vrai que ces affaires de barbecue et d'hommes déconstruits,
23:49c'est quand même un peu baroque.
23:51On s'en amuse et on imagine que ce n'est pas grave.
23:53Mais ce n'est pas parce que c'est stupide
23:55que ce n'est pas dangereux.
23:57Et ce n'est pas en cachant le péril
23:59qu'on va l'éviter.
24:01Ce qui me semble intéressant, c'est d'en parler
24:03à un moment où on essaie de nous faire croire
24:05que la France insoumise est le seul
24:07mouvement politique outrancier.
24:09Les autres seraient tout à fait modérés
24:11et, encore une fois, respectables.
24:13Il n'y aurait que la France insoumise.
24:15Eh bien non, ce n'est pas vrai.
24:17On nous dit qu'il y a une différence de nature.
24:19Il n'y a même pas de différence de degrés.
24:21Donc, Europe Écologie Les Verts
24:23et la France insoumise,
24:25c'est vert bonnet et bonnet rouge,
24:27si vous me permettez l'expression.
24:29Donc, je crois qu'il faut, au contraire,
24:31faire connaître ces outrances
24:33parce qu'en réalité,
24:35on a l'air d'en rire comme ça,
24:37mais elles ne sont pas drôles.
24:39La pub.
24:43Marc Menand, vous vouliez dire un petit mot
24:45de Boilems-Sensal et ensuite parler de Jérémy ?
24:47Oui, parce que je trouve épouvantable
24:49que nous nous laissions emporter
24:51par les courants de discorde
24:53et que cet homme,
24:55qui en plus était vraiment un très très grand écrivain,
24:57c'est l'une des grandes plumes
24:59de notre époque,
25:01cet homme, aujourd'hui,
25:03pour avoir simplement osé
25:05attaquer
25:07les drames qui se sont passés
25:09dans son pays,
25:11cet homme est emprisonné,
25:13il risque la prison à vie.
25:15Vous vous rendez compte ?
25:17Eh bien, où les échos se font-ils ?
25:19Qui est en train
25:21de s'égosiller, de dire
25:23mais on ne peut pas laisser faire ça ?
25:25C'est là, sur la place publique,
25:27même dans notre situation,
25:29je dirais même les ministres
25:31qui sont aujourd'hui
25:33chassés du pouvoir
25:35devraient prendre cette parole
25:37pour essayer de dire, on aurait été capables
25:39de faire quelque chose. Or, c'est le silence
25:41le plus absolu.
25:43Et au moment
25:45où on se dit que la Syrie,
25:47on a des doutes, mais là,
25:49vous avez un gouvernement
25:51avec lequel, vaille que vaille,
25:53avec toutes les lâchetés
25:55possibles, on continue
25:57de traiter, et ce gouvernement,
25:59on est dans la capacité
26:01d'admettre qu'il se
26:03comporte comme le pire des despotes
26:05de façon aussi ignoble
26:07que le faisait Bachar Belhassad.
26:09Parce que c'est quand même ça qui se passe,
26:11un homme avec sa plume
26:13qui aujourd'hui risque la prison à vie,
26:15il n'a rien fait de mal, au contraire,
26:17je dirais qu'il sert
26:19son pays,
26:21c'est à la fois l'Algérie et nous,
26:23en montrant que
26:25l'esprit, quand il est dans 50 essences,
26:27c'est quelque chose qui emporte l'âme.
26:33Voilà.
26:35Jérémie ?
26:37Pardon ?
26:39Ah, Jérémie !
26:41Ça, c'est une autre histoire.
26:45Est-ce qu'elle a été véritablement
26:47traitée dans les médias ?
26:49Pas tout à fait,
26:51mais c'est un homme,
26:5354 ans,
26:55c'est une belle histoire,
26:57il n'a pas, dans l'existence,
26:59été repéré
27:01pour une réussite exceptionnelle,
27:03non, il fait partie
27:05de ces anonymes qui, au quotidien,
27:07se relèvent et qui tentent
27:09de redresser la tête,
27:11de subir, vaille que vaille,
27:13les aléas de l'existence.
27:15Il habite à Orsay,
27:17dans la région parisienne,
27:1954 ans, vous imaginez,
27:21quand il naît, Orsay, c'est une petite bourgade,
27:23Orsay, c'est le lieu
27:25où on se rencontre
27:27autour du bistrot, le dimanche matin,
27:29on va à l'église,
27:31alors il y a ceux qui se rendent pour aller prier,
27:33puis il y a les autres qui viennent avec l'humain,
27:35qui vendent l'humain, mais à la fin,
27:37on se retrouve au bistrot, on va échanger,
27:39et son père, il est rugbyman,
27:41il va voir papa,
27:43et quand il a 6 ans,
27:45il commence à galoper,
27:47et le voilà, lui aussi, sur le terrain,
27:49il grandit, adolescent,
27:51pas spécialement brillant à l'école,
27:53mais un petit garçon remarquable,
27:55plutôt renfermé sur lui-même,
27:57quand je dis petit garçon, le bonhomme,
27:59il prend une envergure,
28:01il devient le géant de sa classe,
28:03et sur le terrain,
28:05c'est celui qui bouscule tout le monde,
28:07et il est considéré
28:09dans le club d'Orsay
28:11comme le champion, celui sur lequel
28:13on peut compter pour remporter des victoires.
28:15Il va prolonger sa carrière,
28:17tout en ayant une carrière
28:19à la mairie. Alors pourquoi raconter tout ça ?
28:21C'est pour montrer
28:23que la petite vie tranquille,
28:25la vie dans laquelle tout un chacun
28:27peut s'inscrire, en trouvant ses points de repère,
28:29en ayant des
28:31points d'espoir qui sont ridiquis,
28:33mais qui néanmoins permettent
28:35de se dire, ça vaut la peine
28:37d'être vécu. Et je trouve
28:39que cet homme, il y a quelques années,
28:41il a connu, là on est
28:43dans l'intimité,
28:45un de ces coups vachards de l'existence
28:47qui fait qu'il tombe en dépression.
28:49Et quand il rejaillit,
28:51la mairie tente de lui donner
28:53une seconde chance,
28:55et le dimanche, on le retrouve,
28:57sur le stade de football,
28:59il filme les copains, ceux qui continuent
29:01de galoper, et c'est
29:03un bénévole remarquable,
29:05le petit sourire en coin,
29:07pas de grandes emphases, mais bon,
29:09il va, il vient. Et puis,
29:11pour se redresser après ce coup
29:13vachard de l'existence,
29:15il a acheté une moto.
29:17Sa moto, c'est une sorte
29:19de compensation, une nouvelle
29:21raison d'être.
29:23Il la bricole, il la bichonne.
29:25Il y a quelques jours de cela,
29:27vivant chez des amis
29:29parce qu'il n'a plus eu l'opulence nécessaire
29:31pour être en autonomie complète,
29:33et on veille sur lui, qu'il ne rechute
29:35pas dans la tristesse,
29:37il avait sur son téléphone
29:39une sorte d'alarme.
29:41La moto qu'est là, son petit bijou,
29:43avec lequel il s'évade,
29:45avec lequel il se requinque,
29:47avec lequel il se dit,
29:49ma foi, quand même, il y a de belles choses
29:51à vivre. Mais il y tient,
29:53alors, sur son téléphone,
29:55il y a l'alarme.
29:57Et en pleine nuit, à 4h du matin,
29:59l'alarme retentit.
30:01Il saisit les affaires,
30:03les petites sandalettes,
30:05et le voilà qui descend 4 à 4
30:07des escaliers, se retrouve projeté
30:09sur le trottoir, et là, devant lui,
30:11il y a trois gaillards qui sont en train
30:13de lui voler sa moto.
30:15Que se passe-t-il exactement ?
30:17Ça, l'enquête
30:19le dira. Toujours est-il
30:21que deux jours après,
30:23la police arrête
30:25trois individus. Il y a
30:27un Tunisien, qui est
30:29source de QTS, et
30:31deux Libyens, dont un, apparemment,
30:33est dans une situation qui n'est pas très
30:35claire, et un autre, qui d'ailleurs
30:37refuse la
30:39prison immédiate.
30:41Il veut avoir un débat
30:43plus particulier, donc il est placé
30:45dans une cellule à part
30:47et attendra de pouvoir avoir
30:49un débat contradictoire avec
30:51le juge d'instruction. Mais que découvre-t-on
30:53dans cette histoire ?
30:55Là, ce sont
30:57des interrogations légitimes
30:59à voir. Bon, déjà, forcément,
31:01il y a cette notion
31:03de QTS. Il y a cette
31:05notion d'une situation pas très claire.
31:07Mais alors, la camionnette
31:09que l'on a retrouvée
31:11devant un immeuble
31:13dans une petite
31:15ville d'à côté, cette camionnette,
31:17elle prouve bien qu'il y a eu
31:19un accident. Reste qu'apparemment,
31:21elle était connue des services de police,
31:23car
31:25il semblerait qu'on avait remarqué
31:27qu'elle permettait de faire un trafic
31:29de vols de moto.
31:31Moi, je me suis posé des questions en lisant tout ça.
31:33Je n'ai pas eu le temps d'approfondir
31:35l'enquête, mais vous avez quand même. Donc, une voiture
31:37qui apparemment sert
31:39à des délits,
31:41et avec des gens qui sont plus ou moins
31:43répertoriés, qui vivent dans cette maison
31:45puisqu'on les arrête. Alors,
31:47il y a ces délits
31:49à répétition
31:51que l'on peut supposer
31:53bien repérés par la police,
31:55il y a ces individus
31:57qui ne sont pas en situation
31:59régulière et pour autant,
32:01qui continuent de pouvoir
32:03aller et venir. C'est là
32:05où on se dit que notre
32:07République,
32:09qui se veut généreuse,
32:11n'est pas capable de cette générosité
32:13puisqu'elle laisse des gens
32:15dans cette déshérence
32:17et lorsqu'il se
32:19montre en dehors
32:21de l'asile, digne
32:23de l'asile qu'il aurait donné,
32:25plutôt que de les
32:27saisir, il continue de
32:29pouvoir s'exprimer. N'est-on
32:31pas dans une folie ? N'est-on pas
32:33dans une sorte, non pas de renonciation,
32:35mais dans
32:37un
32:39abandon à nous-mêmes ?
32:41On n'est pas en train de détruire la République ?
32:43Ce sont quand même des questions
32:45terrifiantes que l'on doit se poser
32:47et qui malheureusement reviennent
32:49constamment dans l'actualité. Combien
32:51de fois dans cette émission
32:53on rapporte des histoires ?
32:55J'ai essayé de le faire à travers
32:57la petite comptine
32:59de cet homme qui ne demandait pas
33:01grand-chose. Il demandait
33:03à continuer de mener
33:05cette vie dans laquelle
33:07il était celui qui
33:09incarnait une sorte de générosité
33:11qui était appréciée par
33:13tous ceux qui l'approchaient et qui un jour,
33:15en descendant pour savoir ce qui
33:17se passait sur l'objet de sa
33:19raison de vivre, c'est ça aussi. On dit
33:21c'est pas grave, c'était un petit
33:23vol personnel, mais un vol personnel
33:25quand vous êtes mal dans votre tête,
33:27une petite moto, une petite
33:29auto, ça peut simplement
33:31la raison qui vous pousse
33:33à vous lever le matin et qui vous donne
33:35l'espoir. Il n'y a pas
33:37de petit vol.
33:39J'ai montré l'image de l'église
33:41de Saint-François à Montpellier
33:43qui était en feu ce matin.
33:45L'origine serait a priori accidentelle
33:47et avec vous, Charlotte, on va parler
33:49de la crèche de Béziers qui est attaquée
33:51au lendemain de Notre-Dame plébiscitée.
33:53Oui, exactement.
33:55Il va falloir attendre encore quelques
33:57centaines d'années, mais les attaques de la libre-pensée
33:59seront bientôt une tradition aussi
34:01ancrée que Noël dans
34:03le monde et en particulier en France.
34:05Ces attaques sont toujours les mêmes.
34:07En l'occurrence, c'est la libre-pensée,
34:09cette association laïcare
34:11de... à côté, notre mère qui est
34:13un catholique fervent.
34:15Et la
34:17Ligue des droits de l'homme qui
34:19attaque la mairie de Béziers. Pour la
34:21onzième fois, le maire met en place une crèche.
34:23Pour la onzième fois, ces associations
34:25attaquent et les attaques sont toujours les mêmes.
34:27C'est au nom du principe de laïcité.
34:29Une crèche n'aurait rien à faire dans une mairie
34:31puisque les personnes publiques sont chargées,
34:33je cite, de veiller à la neutralité
34:35des services publics à l'égard des cultes.
34:37En particulier en en reconnaissant
34:39ni en en subventionnant aucun.
34:41Sauf que voilà, en France,
34:43Noël est un jour férié.
34:45Et c'est pas le cas de tout le monde.
34:47C'est pas le cas partout dans le monde.
34:49Il y a des pays dans le monde où on travaille
34:51le jour de Noël puisque ça n'est pas une fête
34:53pour les habitants. Alors pourquoi ?
34:55Il n'y a plus besoin de personnalités publiques
34:57impliquées ici ou là. C'est carrément
34:59l'État qui reconnaît clairement
35:01un culte en ce qu'il a irrigué
35:03des siècles d'histoire en France.
35:05Vous n'êtes pas obligés
35:07le jour férié de Noël d'aller à la messe.
35:09Simplement, le jour est férié pour tout le monde
35:11parce que Noël est une fête qui
35:13coule dans les veines de la France.
35:15Et par conséquent, dans ses traditions,
35:17ses hubs et ses coutumes.
35:19Alors on pourrait prendre la fête de l'Aïd
35:21dans la religion musulmane, la fête de Yom Kippour
35:23dans la religion juive. Ce ne sont pas
35:25des jours fériés en France. Ce sont pourtant des fêtes
35:27immenses pour les croyants
35:29de ces différentes religions dont certains
35:31vivent en France.
35:33Ce n'est pas que la fête est moins honorable,
35:35que les croyants le sont moins.
35:37C'est simplement que le statut de ces religions
35:39dans l'histoire longue de la France
35:41ne sont pas les mêmes. Donc ces fêtes
35:43ne sont pas différentes en droit
35:45de le célébrer, mais simplement
35:47dans leur place dans la culture française,
35:49ce n'est évidemment pas la même chose.
35:51C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Noël
35:53est attaqué de toutes parts. On en a souvent parlé
35:55ici. Ca devient
35:57le bel hiver à tel endroit,
35:59la fête de fin d'année à un autre, la fête des familles,
36:01du partage, bref tout sauf Noël,
36:03parce que précisément dans le mot Noël,
36:05il y a cette filiation que certains
36:07aimeraient oublier. Et vous le disiez,
36:09la polémique intervient, comme
36:11chaque année, mais cette fois-ci dans un drôle de contexte.
36:13On a toutes les huiles du pays
36:15et du monde entier qui ont à peine
36:17refermé la porte de Notre-Dame, qu'une crèche
36:19redevient absolument scandaleuse
36:21en France. Mais pour information,
36:23Notre-Dame de Paris, c'est certes un
36:25monument du patrimoine français, c'est certes
36:27un morceau d'histoire, c'est certes
36:29l'incarnation d'une longue transmission de savoir-faire
36:31de tous les artisans qui ont
36:33oeuvré, et même selon le président
36:35de la République, l'âme de la France,
36:37mais Notre-Dame, c'est surtout
36:39une église. Et il se trouve
36:41qu'un lieu de culte catholique en France
36:43peut aussi être l'âme du
36:45pays, sa représentation
36:47et son incarnation aux yeux du monde.
36:49C'est comme ça, et si
36:51j'étais
36:53piquante,
36:55je dirais
36:57que la table rase n'a pas totalement
36:59achevé son œuvre, et il reste
37:01certaines choses qui continuent à battre dans le cœur
37:03des Français. Alors bon, la Libre-Pensée,
37:05l'association, elle est née pour ça, elle est née pour traquer
37:07la statue ici, la croix là,
37:09la crèche dans une mairie.
37:11La Ligue des Droits de l'Homme, elle, n'a pas trouvé plus urgent.
37:13La Ligue des Droits de l'Homme, dans son nom, on se dit qu'il y a
37:15peut-être d'autres urgences, mais qu'importe.
37:17Mais aucune n'a pensé à porter plainte contre un
37:19pays entier qui s'est reconnu dans
37:21Notre-Dame, parce que ça rivalisait d'analogies
37:23entre la France et Notre-Dame
37:25ces dernières semaines.
37:27Mais elles ont retrouvé leur vaillance
37:29pour attaquer la crèche de Béziers.
37:31Et la justice avait déjà
37:33condamné la mairie de Béziers, ce ne sont pas
37:35seulement ces associations. Alors c'est toujours
37:37en effet ces associations, c'est surtout
37:39la Libre-Pensée, la Ligue des Droits de l'Homme à Béziers,
37:41mais partout en France, la Libre-Pensée
37:43passe son temps à traquer tout le monde
37:45et à porter... Saint-Michel, par exemple.
37:47Saint-Michel, par exemple, exactement.
37:49La Libre-Pensée, il faut voir le vocabulaire,
37:51il parle de
37:53des calotins, de la secte romaine
37:55pour parler de l'église. Je me souviens,
37:57parce qu'on avait travaillé là-dessus, et Nicolas Sarkozy
37:59était notamment décrit comme un affidé de la secte romaine
38:01parce qu'il avait été au latran.
38:03Oui, mais je m'étais dit
38:05ils vont loin quand même.
38:07C'est pour vous dire le degré
38:09d'implication de cette
38:11association. Mais en effet
38:13vous l'avez dit, la justice a parfois donné
38:15raison à l'association, parce que
38:17la loi est issue.
38:19La loi de 1905 n'est pas simplement
38:21une loi de séparation des ordres
38:23spirituels et temporels, en disant
38:25l'église gère le pouvoir
38:27spirituel et l'Etat
38:29gère tout ce qui est temporel.
38:31Il y a une forme, et c'est celle que porte
38:33la Libre-Pensée aujourd'hui,
38:35il y a eu une forme de séparatisme,
38:37là encore une fois, si je voulais être piquante,
38:39de séparatisme de la...
38:41à l'époque, chez certains républicains
38:43et surtout chez certains révolutionnaires,
38:45il y a eu une volonté de séparatisme de la France
38:47avec son histoire. C'est pour ça que j'évoquais la question
38:49de la table rase. On va créer une humanité nouvelle,
38:51exempte de son histoire précédente
38:53et surtout évidemment de la part catholique
38:55de son histoire. Mais notons
38:57qu'à Béziers, la crèche a été inaugurée en présence
38:59de tous les représentants religieux
39:01de la ville et des autres religions aussi.
39:03Ce n'est absolument pas une revendication
39:05des autres religions qui seraient jalouses
39:07de la part accordée
39:09à la religion catholique.
39:11Alors le drame est permanent, c'est vrai,
39:13vous citiez la statue, on le voit
39:15avec les statues, parfois les noms de rues,
39:17la question de, voilà,
39:19est-ce que Saint Malo deviendra un jour Malo
39:21sous la pression de la libre-pensée, on verra, bon.
39:23Mais le drame...
39:25Mais le drame est permanent,
39:27en effet, est-ce que c'est cultuel, est-ce que c'est culturel,
39:29est-ce que c'est français, est-ce que c'est religieux ?
39:31Et bien en fait, avec 1500 ans
39:33d'histoire derrière nous, c'est toujours un peu
39:35tout ça en même temps et c'est ça que ne veulent pas
39:37accepter, en l'occurrence, ne veulent pas accepter
39:39ces associations, parce que l'équation
39:41est la suivante. Il est impensable
39:43de priver les français de Noël,
39:45parce que tous les français
39:47veulent fêter Noël et en même temps,
39:49il ne faut plus que Noël soit Noël,
39:51puisqu'en effet, dans Noël et dans la crèche
39:53en particulier, c'est l'histoire
39:55initiale de Noël, à savoir un enfant
39:57qui naît tout petit dans une crèche avec la
39:59promesse de sauver le monde, on comprend
40:01l'angoisse de la libre-pensée,
40:03ils ne sont pas obligés d'y croire, enfin le message n'est pas non plus
40:05risque pas de générer des guerres partout
40:07dans le monde non plus sur l'urgence.
40:09Alors le rapporteur du Conseil d'État,
40:11c'est une de mes phrases préférées
40:13de ces dernières années, s'était penché
40:15sur la question il y a quelques années
40:17et il avait, dans une formule absolument
40:19exceptionnelle, expliqué qu'on
40:21pouvait mettre une crèche dans une mairie
40:23à condition, ouvrez les guillemets, de ne pas
40:25réinscrire Noël dans la tradition
40:27catholique. Fermez les guillemets.
40:29Bon courage quand même, parce que je ne sais
40:31pas dans quelle tradition, peut-être mercantine,
40:33je ne sais pas, veut-il réinscrire
40:35Noël, surtout avec
40:37une crèche, réinscrire Noël autrement
40:39que dans une tradition catholique avec une crèche, c'est quand même
40:41une équation compliquée, mais les décisions
40:43de justice elles-mêmes portent cette
40:45schizophrénie assez régulièrement.
40:47Le Conseil d'État, cette fois-ci plus seulement le rapporteur,
40:49en 2016, avait tranché sur
40:51deux autres affaires
40:53portées par la libre-pensée, et là il faut
40:55un peu s'accrocher quand même. Alors je cite
40:57leur installation des crèches est
40:59légale si elle présente un
41:01caractère culturel, artistique
41:03ou festif, mais non
41:05si elle exprime la reconnaissance d'un
41:07culte ou une préférence religieuse.
41:09Bon alors, c'est quand même
41:11compliqué d'établir une crèche,
41:13avec Joseph, Marie et le
41:15petit Jésus, c'est quand même ça une crèche, et avec
41:17d'autres personnages derrière, en
41:19l'absence de reconnaissance d'un culte.
41:21Je ne sais pas comment on fait. Alors le Conseil d'État
41:23répond à ma question, mon interrogation,
41:25il insiste, pour le déterminer,
41:27le Conseil d'État juge qu'il convient
41:29de tenir compte du contexte dans lequel
41:31a lieu l'installation,
41:33je ne sais pas si c'est la lumière ou la musique, mais du
41:35contexte dans lequel a lieu l'installation, des
41:37conditions particulières de cette installation,
41:39de l'existence ou de l'absence
41:41d'usages locaux et du lieu
41:43de cette installation.
41:45Mais si ça se fait depuis toujours, nous explique donc
41:47le Conseil d'État, si ça se fait depuis des années
41:49et que vous installez une crèche et que c'est une tradition,
41:51ce qui est le cas assez largement en France
41:53et surtout dans le Sud, si ça se fait
41:55depuis toujours, alors ça n'est plus que
41:57vestif et ça n'est plus religieux. Vous avez Joseph,
41:59Marie, Jésus, mais c'est plus religieux, parce que ça se fait
42:01depuis quelques années. C'est quand même une définition
42:03assez originale de la sécularisation
42:05de la crèche, mais le Conseil d'État
42:07n'a pas fini de nous surprendre.
42:09Mais finalement, quel est le fond
42:11de cette bataille, Charlotte, qui vient animer nos débats
42:13chaque année ? En plus, quand ça concerne
42:15les statuts. Oui, exactement.
42:17Et en réalité, la crèche, alors là, je prends
42:19l'exemple de la crèche, mais c'est pareil avec les statuts.
42:21La crèche n'a pas plusieurs
42:23significations. Le Conseil d'État
42:25commence sa décision en disant
42:27la crèche a plusieurs significations.
42:29En réalité, elle est,
42:31quoi qu'en pense le Conseil d'État,
42:33une représentation de la nativité.
42:35Et si elle est désormais un, je cite,
42:37élément de décoration et illustration
42:39qui accompagne traditionnellement
42:41les fêtes de fin d'année, c'est pas parce
42:43qu'elles sont sans signification religieuse
42:45particulière. C'est tout simplement
42:47parce que cette signification religieuse
42:49particulière irrigue les siècles d'histoire.
42:51C'est pas une tradition qui est sortie
42:53du chapeau subitement, parce qu'on s'est dit
42:55ça c'est mignon, on va mettre des crèches. C'est simplement
42:57que pendant des années, on a fait des crèches parce qu'on y croyait.
42:59Beaucoup de gens n'y croient plus. Certains
43:01installent des crèches parce qu'ils y croient encore.
43:03Il reste quand même des gens qui célèbrent Noël vraiment.
43:05Mais il y a d'autres gens qui sont attachés
43:07à la fête de Noël et qui veulent mettre des crèches
43:09parce que ça fait partie quand même
43:11de ce qu'est Noël. Donc c'est pas une tradition
43:13qui est née hors d'un contexte religieux.
43:15Si ça existe aujourd'hui, c'est évidemment
43:17parce que la nativité
43:19est l'origine de la fête de Noël
43:21qui offre un jour férié à tous les petits Français.
43:23Mais ces deux associations
43:25révèlent en effet une vraie bataille
43:27qu'elles mènent autrement.
43:29C'est-à-dire qu'elles nient le caractère culturel
43:31d'une crèche qui n'est plus
43:33qu'un élément religieux, tout comme
43:35les noms de rues, les calvaires,
43:37les expressions, les jours fériés,
43:39Notre-Dame de Paris, bref, la culture
43:41française qui est évidemment imprégnée dans le cité Saint-Malo
43:43mais le nombre de villes avec des saints,
43:45le nombre de rues avec des saints, le nombre d'expressions,
43:47je renvoie à la chronique de Gabriel
43:49sur toutes les expressions qui viennent de là,
43:51la croix et la bannière, par exemple,
43:53former un gouvernement, c'est la croix et la bannière.
43:55Et il y en a...
43:57Et il y en a des milliers.
43:59Mais les mêmes associations,
44:01les deux, j'ai été vérifier, les deux ont pris
44:03position sur le sujet, les deux mêmes associations
44:05reconnaissent en revanche le caractère
44:07culturel
44:09de la baïa.
44:11Donc vous avez des associations qui vous expliquent
44:13qu'une crèche est religieuse,
44:15c'est pas faux, c'est vraiment
44:17pas faux, mais avec une religion
44:19qui a une histoire particulière et
44:21Noël, encore une fois, qui est un jour férié,
44:23la baïa, en réalité, n'est que culturelle
44:25et n'est pas culturelle
44:27pour ces deux associations. Or, si
44:29le port de ce vêtement peut être culturel,
44:31c'est vrai, c'est dans d'autres pays.
44:33Et c'est via une importation, évidemment, la question de la baïa
44:35est récente, parce que ce sont des personnes
44:37qui viennent d'autres pays où
44:39le port de la baïa est effectivement
44:41culturel, en plus d'être culturel,
44:43mais en France, ça a été une importation, évidemment,
44:45par le biais d'une religion. C'est pas une
44:47revendication vestimentaire
44:49qui a été faite. Et donc, vous voyez que
44:51ces associations,
44:53elles partent de l'idée que la France est une idée.
44:55Et cette bataille
44:57sur les crèches révèle
44:59qu'avant que ça devienne
45:01une idée dans la tête de certains, et
45:03notamment de ces associations, c'est
45:051500 ans d'histoire. C'est la seule
45:07bataille que mènent, évidemment, ces associations.
45:09C'est de couper la France
45:11de son histoire pour devenir une terre
45:13absolument vierge,
45:15dans laquelle chacun se définit,
45:17s'autodéfinit. On pourrait aller très loin
45:19dans la démiurgie
45:21qui porte, on va dire,
45:23cet événement.
45:25Mais j'ai envie de dire qu'entre la libre-pensée, la Ligue des droits
45:27de l'homme et Notre-Dame, je crois que c'est Notre-Dame
45:29qui vient de remporter la bataille, si je puis me permettre.
45:31Mathieu,
45:33le grand remplacement des élites
45:35occidentales, pour terminer.
45:37Apparemment, vous avez tout votre temps.
45:39La formule, évidemment, le grand placement,
45:41on sait qu'elle est utilisée dans d'autres contextes,
45:43mais empruntons cette formule un instant
45:45pour décrire l'état
45:47d'esprit d'une bonne partie
45:49des commentateurs, des analystes,
45:51des intellectuels qui cherchent à comprendre ce qui
45:53se passe partout en Occident aujourd'hui
45:55des deux côtés de l'Atlantique.
45:57On pourrait aussi parler de l'effacement
45:59des élites occidentales. On pourrait parler
46:01de la grande angoisse des élites
46:03occidentales. Alors, que se passe-t-il?
46:05On pourrait dire qu'un peu partout
46:07des deux côtés de l'Atlantique,
46:09il y a une remise en question,
46:11non plus seulement des orientations
46:13circonstancielles d'un gouvernement
46:15qu'on pourrait remplacer ensuite
46:17par un autre gouvernement. Vous savez,
46:19c'est le jeu classique de l'alternance qui existe
46:21dans toutes les démocraties libérales.
46:23On est aujourd'hui témoins, en fait,
46:25d'une remise en question
46:27de l'ensemble de ces élites, quelle qu'elle soit.
46:29Avec cette formule qu'on a utilisée
46:31un instant, bonnet blanc, blanc bonnet,
46:33on a cette impression des deux côtés de l'Atlantique
46:35qu'il y a une remise en question,
46:37non seulement, comme je dis, d'un gouvernement,
46:39mais d'une structure de pouvoir
46:41qui dépasse ce gouvernement circonstanciel.
46:43Voilà le vocabulaire. On parle des élites
46:45au sens large. Aux États-Unis, on a parlé
46:47de l'État profond. Cette formule,
46:49on en a beaucoup parlé ces dernières années.
46:51Mais qu'est-ce qu'elle voulait dire, vraiment,
46:53sinon qu'au-delà des choix d'un gouvernement
46:55ou de l'autre, il y a un pouvoir plus profond
46:57qui commande nos sociétés? On parlait
46:59cette semaine du Mercosur. Le Mercosur,
47:01qu'est-ce qu'on a rappelé sans cesse?
47:03C'était que depuis 25 ans, on pilotait
47:05la négociation du Mercosur.
47:07Qu'est-ce que ça veut dire? C'est que ce n'est pas
47:09qu'au-delà des choix gouvernementaux
47:11de gauche de droite, il y a une orientation
47:13mondialiste qui est fixée dans nos sociétés
47:15et dont on ne peut s'extraire
47:17sans être immédiatement éjecté
47:19de la vie politique à la manière
47:21d'un malpropre,
47:23d'un malfamé, d'un identité inquiétante.
47:25Donc, il y a cette
47:27technostructure qu'on cherche à identifier.
47:29Mais vous noterez, plus on cherche
47:31à identifier cette technostructure,
47:33plus les commentateurs du régime
47:35disent complotiste, complotiste, complotiste
47:37pour empêcher toute réflexion sur
47:39le pouvoir au-delà des aléas
47:41des gouvernements. Alors, qu'est-ce qu'on voit?
47:43J'ajoute un terme qu'on utilise pour
47:45empêcher cette réflexion, on dit populisme.
47:47Populisme, populisme, populisme.
47:49Pourquoi ce terme est utilisé? Pour
47:51remettre en question l'idée qu'on pourrait critiquer
47:53ces élites. C'est très fascinant, c'est tout à fait fascinant.
47:55Comme si les élites installées étaient à ce point
47:57irréprochables et compétentes,
47:59qu'il serait impensable
48:01de les remettre en question sans être soi-même un
48:03ville-démagogue, mais qu'on présente une seule
48:05société occidentale aujourd'hui
48:07qui évite le problème de l'endettement massif.
48:09Qu'on me présente une seule société occidentale
48:11qui évite le problème de l'immigration massive.
48:13Qu'on me présente une seule société
48:15occidentale qui n'est pas confrontée à la question
48:17de l'islamisme et de l'islamisation.
48:19Qu'on me présente une seule société occidentale
48:21où on n'est pas témoin d'une forme d'effondrement
48:23psychique des jeunes générations
48:25qui en viennent à se questionner sur la nature
48:27sexuée de l'humanité. Partout, partout
48:29on voit ces problèmes et pourtant on a apparemment
48:31les plus compétents au pouvoir de l'histoire
48:33de la compétence. On se pose des questions.
48:35Alors, dans cet esprit,
48:37cherchons à voir comment ça se pose dans chaque pays.
48:39Premier élément, aux Etats-Unis, Trump.
48:41On en a beaucoup parlé sur le plan idéologique
48:43ces dernières semaines. On a dit que représente
48:45l'idéologie de Donald Trump.
48:47Mais je pense qu'au-delà de l'idéologie
48:49trumpienne, il faut se demander dans quelle mesure
48:51il y a une forme de choc
48:53sociologique aux Etats-Unis où une élite,
48:55une nouvelle élite en remplace une autre.
48:57On en a souvent parlé, 2016-2024,
48:59c'est quoi la différence entre ces huit ans?
49:01Trump, en 2016, arrive
49:03un peu surpris de sa propre victoire et ne sait pas
49:05qui placer aux différentes fonctions pour gouverner
49:07les Etats-Unis. Huit ans
49:09plus tard, Donald Trump a
49:11ses hommes, ses femmes, ses gens qui sont
49:13prêts. On ne peut pas les aimer, la question n'est pas là.
49:15Mais il a préparé avec lui
49:17une élite de remplacement pour dire
49:19je ne pourrai pas changer la politique
49:21de mon pays si je fonctionne toujours
49:23avec les mêmes hommes, si je fonctionne toujours avec les mêmes
49:25personnes. Si j'utilise les mêmes
49:27cadres qui ont globalement tout échoué,
49:29comment pourrais-je leur dire aujourd'hui
49:31par un coup de baguette magique, désormais
49:33vous allez réussir? Ça ne fonctionne pas
49:35comme ça. Donc il dit qu'il faut des nouveaux cadres.
49:37Réaction du système, parce que
49:39le système est prompt à réagir. Ils sont
49:41incompétents, ils n'ont pas d'expérience étatique,
49:43ils n'ont pas d'expérience technocratique, ils n'ont pas d'expérience
49:45gouvernementale. Ce à quoi
49:47répondent les partisans de Trump,
49:49eh bien non, justement c'est parce
49:51qu'ils ne sont pas formés par la machine
49:53qu'ils seront peut-être capables de la
49:55réformer. Donc ce n'est pas
49:57le refus des élites, c'est cette idée qu'il faut
49:59une nouvelle élite, parce que celle
50:01qui dirige a fait taillette.
50:03Déplaçons-nous un instant en France.
50:05De quelle manière ce problème se pose-t-il?
50:07Je dirais tout autrement.
50:09Quant aujourd'hui, c'est le thème du jour,
50:11quel est l'homme à qui nous devons rêver comme
50:13premier ministre si nous sommes chanceux?
50:15François Bayrou.
50:17François Bayrou, l'homme de toutes les...
50:19En fait, c'est l'homme de toutes les espérances pour lui.
50:21Il s'est espéré au premier rang toute sa vie, et peut-être
50:23lui sera-t-il accordé le droit
50:25d'être le numéro un du gouvernement
50:27dans un parcours, dans une république
50:29agonisante, vite appelé à être
50:31congédié dans quelques mois, enfin il touchera
50:33un demi rêve de sa vie, le rêve de sa vie,
50:35c'est l'Élysée. Pourquoi? Je ne veux pas m'acharner
50:37sur François Bayrou, qui est un homme, comme je viens de dire,
50:39qui a d'immenses qualités, mais qui dans les circonstances
50:41n'incarne pas exactement le renouveau
50:43de la classe politique espérée par tant de Français.
50:45Donc imaginez un pays
50:47où on sait qu'il y a un rejet profond des élites,
50:49où deux parties qui sont systématiquement
50:51diabolisées, conspuées, présentées comme une collection
50:53d'infréquentables absolues,
50:55réussissent à rassembler la moitié du vote des Français.
50:57Nous savons que les élites sont conspuées.
50:59Qu'est-ce qu'on peut faire, sinon prendre
51:01le représentant le plus typé de ces
51:03élites aujourd'hui rejetée?
51:05Donc qu'est-ce que ça fait quand on a cette espèce
51:07de choc des élites dans les circonstances?
51:09Mais ça provoque l'émergence,
51:11je le disais, d'une contre-élite. Pour l'instant,
51:13en France, cette contre-élite n'a pas été capable
51:15d'exercer le pouvoir. Et là, on nous dit
51:17encore une fois, c'est l'argument, oui, mais ils ne sont pas compétents.
51:19Il se pourrait que cet argument se retourne
51:21demain contre la caste.
51:23Il se pourrait qu'il se retourne contre la caste.
51:25Autre exemple, l'Allemagne. Alors ça, c'est
51:27très particulier. Autre pays qui connaît une
51:29grande instabilité politique en ce moment.
51:31Pays où on voit, par ailleurs, le centre,
51:33la gauche, la droite, se coaliser,
51:35se fédérer, parce qu'ils ont une menace,
51:37l'AFD, dont nous parlons souvent.
51:39Non seulement ici, mais un peu partout en Europe.
51:41Et pourquoi on parle de l'AFD? Parce que
51:43c'est un parti... Évidemment, on le présente dans le discours
51:45allemand comme c'est le retour des nazis.
51:47Évidemment, si c'est le retour des nazis, on laisse de côté les arguments
51:49et on va se battre. On ne débat pas avec les nazis,
51:51on donne des coups. Mais le fait est,
51:53est-ce que c'est vraiment le retour des nazis, ou est-ce que
51:55l'argument du retour des nazis est le seul
51:57argument utilisé par les élites allemandes pour
51:59ne pas tenir compte de la protestation portée
52:01par l'AFD? Ce qui ne veut pas dire qu'elles ne sont pas
52:03critiquables. Mais il va peut-être falloir
52:05un jour se dire que devant ce groupe alternatif,
52:07et l'AFD, c'est particulier,
52:09c'est un parti, à bien des égards,
52:11composé d'élites, justement. C'est un parti de professeurs.
52:13À l'origine, c'est un parti d'économistes
52:15opposés à l'euro. Ce n'est pas exactement
52:17des crétins hirsutes absolument
52:19incapables de comprendre l'économie. C'est des gens
52:21qui pensaient autrement. Mais lorsqu'ils se sont opposés
52:23à l'immigration massive, 2015,
52:25on a dès lors décidé de les nazifier.
52:27Qu'est-ce qu'on voit croître de plus en plus
52:29en Allemagne? Un parti
52:31d'opposition qui est disqualifié. Tous
52:33les autres se rassemblent. Les autres,
52:35c'est l'équivalent de la rencontre de Léviser en Allemagne,
52:37mais tous les jours. Tous se rencontrent entre eux
52:39pour dire, on a peut-être des petites différences,
52:41mais par rapport à eux, nous devons
52:43nous fédérer, les empêcher d'arriver au pouvoir.
52:45Qu'est-ce qu'on voit en Allemagne là-dessus?
52:47Une contre-élite émerge aujourd'hui,
52:49mais cette contre-élite nous est présentée par le langage
52:51médiatique comme le retour du 3e Reich.
52:53Et là, j'arrive soudainement dans le pays
52:55dont nous avons d'abord parlé un peu aujourd'hui,
52:57l'Argentine. Qu'est-ce qui s'est passé
52:59en Argentine avec Javier Mireille?
53:01D'abord, on a dit,
53:03premièrement, regardez-lui la tête. Comment
53:05un type qui a l'air d'un lion et qui se promène
53:07avec une tronçonneuse,
53:09peut-il être pris au sérieux?
53:11La caricature suffisait
53:13à le discréditer. Je pense qu'on s'est tous
53:15dit à un moment donné, c'est qui ce drôle de zig
53:17qui dirigerait l'Argentine?
53:19Et on constate que le drôle de zig avait quand même
53:21un programme assez cohérent en tête. On connaît la formule
53:23afuera. Globalement, il faut
53:25rompre, il faut trancher, couper, couper,
53:27couper, dans un État-providence
53:29qui avait conduit l'Argentine à la ruine,
53:31qui avait conduit l'Argentine à la banqueroute,
53:33qui avait conduit l'Argentine à la faillite.
53:35Qu'a dit Mireille?
53:37Ensuite, on peut critiquer ses méthodes.
53:39Mireille a dit, bon, avec les hommes
53:41qui sont déjà là, ils ont échoué. Ils ont
53:43échoué aussi. C'est presque un discours Trumpiste.
53:45Il va falloir de nouveaux hommes, il va falloir
53:47de nouvelles élites pour être
53:49capable d'appliquer les mesures que je vous propose.
53:51Et je vous le promets, les mesures que
53:53je vous propose vont faire mal au début.
53:55On est tellement dans un mauvais modèle
53:57que pour en sortir, il va
53:59falloir souffrir un peu.
54:01C'est la part d'effort nécessaire
54:03pour être capable de... Imaginez
54:05quelqu'un qui a du poids en trop et qui doit en perdre beaucoup.
54:07Il sait qu'il va souffrir
54:09s'il veut vraiment perdre du poids.
54:11Non, je parle de Marc.
54:13Nous savons que toute rupture
54:15nécessaire avec un état
54:17critique implique des sacrifices
54:19désagréables. Mais c'est un peu la même chose
54:21quand on veut tailler dans le gras personnel
54:23ou quand on veut tailler dans le gras étatique.
54:25Alors, qu'a dit Yavier Mireille?
54:27Il va falloir tailler dans le gras étatique.
54:29Donc vous allez, pendant un temps, en souffrir.
54:31Mais je vous promets que dans un an,
54:33dans deux ans, dans trois ans, cette phase
54:35d'effort va finalement...
54:37Vous en profiterez.
54:39Ces efforts ne seront pas en vain.
54:41Ces efforts vont relancer la croissance.
54:43Ces efforts vont relancer l'activité économique.
54:45Ces efforts vont vous redonner
54:47une prospérité véritable
54:49et pas une prospérité empruntée
54:51sur le dos des prochaines générations
54:53par une dette qui nous écrase tous.
54:55Qu'est-ce qu'on voit en Argentine?
54:57Apparemment, pour l'instant,
54:59soyons prudents, ça fonctionne.
55:01Mais ça nous rappelle une chose.
55:03Il n'y a pas de rupture véritable avec un
55:05état-providence surendetté,
55:07avec des politiques migratoires.
55:09Vous savez, une partie de l'économie occidentale
55:11aujourd'hui est dopée à l'immigration massive
55:13qui fournit des bas salaires pour des entreprises
55:15paresseuses, incapables de se moderniser.
55:17On ne sortira pas de ce modèle sans avoir
55:19un petit moment de turbulence.
55:21Reste à savoir si on est prêt à subir,
55:23connaître, accepter ce moment de turbulence
55:25pour connaître une plus grande renaissance
55:27ou si on préfère périr médiocrement
55:29en flattant les vieux totems qui y ont échoué.
55:31Ça, je crois que c'est une forme de portrait
55:33de cette crise des élites en Occident aujourd'hui,
55:36Ce mouvement est-il visible dans d'autres pays?
55:38Ah ben oui! J'ai parlé de l'Argentine,
55:40des États-Unis et tout ça, mais c'est visible
55:42dans des pays qui ont eu l'intelligence
55:44de ne pas chasser, c'est assez intéressant,
55:46qui ont eu l'intelligence de ne pas chasser
55:48immédiatement du périmètre de la respectabilité
55:50ceux qui voulaient changer
55:52vraiment la société.
55:54On l'a vu dans quelques pays,
55:56je vais donner des exemples, en Italie, en Suède,
55:58au Danemark, trois pays
56:00où on a vu des mouvements populistes émerger.
56:02Des mouvements populistes,
56:04et la première réaction, chaque fois, a été de se dire
56:06bon, fasciste, danger,
56:08parce que les progressistes manquent tellement
56:10d'imagination qu'ils ne sont capables,
56:12ils ne connaissent de l'histoire du monde,
56:14en histoire du monde, c'est quand même quelques millénaires,
56:16ils ne connaissent que six années, 39-45.
56:18Quand ils ont un peu plus de culture, 33-45.
56:20Mais ils ne connaissent rien d'autre.
56:22Alors là, on voit, dans ces pays,
56:24des forces émergées
56:26et une partie du système politique,
56:28en partie parce que le système électoral
56:30oblige au pragmatisme et au compromis,
56:32ne l'oublions pas,
56:34une partie du système se dit, bon, on doit peut-être tenir compte
56:36du message qu'envoient ces gens.
56:38Ce n'est pas agréable, on préfère ne pas tenir compte
56:40de ce qu'ils disent, mais puisque nous y sommes obligés,
56:42sans quoi nous serons balayés,
56:44cherchons à en tenir compte.
56:46Que s'est-il passé en Italie?
56:48L'intégration progressive de mouvements
56:50qu'on a continué pendant un temps de vouloir fasciser.
56:52Mais maintenant, on ne les fascise plus du tout.
56:54Madame Mélanie, en France, on est en train, quelquefois, d'extrême droite.
56:56En Italie, on dit la coalition de centre droit.
56:58Pas exactement la même lecture.
57:00Les conservateurs français de Libé connaissent mieux l'Italie
57:02que les Italiens eux-mêmes. C'est possible aussi.
57:04Quoi qu'il en soit, intégration en Italie,
57:06d'éléments contestataires,
57:08intégration au point tel qu'ils sont désormais
57:10au sommet de la coalition gouvernementale,
57:12et qu'est-ce qu'on voit? Mais ce n'est pas la catastrophe,
57:14ce n'est pas l'effondrement, c'est une nouvelle politique.
57:16On verra ses résultats durables
57:18dans 5, 10, 20, 30 ans,
57:20mais ce qu'on voit, c'est une nouvelle politique, véritablement,
57:22en Italie. En Suède,
57:24intégration au gouvernement des démocrates
57:26de Suède, un parti qui avait une histoire
57:28assez complexe, mais le système politique
57:30a globalement accepté, enfin, intégration,
57:32c'est un soutien sans participation.
57:34Intégration des démocrates dans le périmètre de la légitimité
57:36démocratique, ils expriment
57:38des préoccupations en matière d'immigration telle,
57:40on est obligé de les écouter. On ne les aime pas davantage,
57:42mais on va cesser de croire que c'est le 3e Reich
57:44qui est de retour. En Grande-Bretagne,
57:46maintenant, alors c'est inattendu, en Grande-Bretagne,
57:48on a vu M. Starmer récemment,
57:50des travaillistes,
57:52qui est un type assez autoritaire, par ailleurs,
57:54mais sur l'immigration, il avait décidé de faire une grande rupture
57:56en disant, là, on va arrêter de se mentir.
57:58L'immigration que nous avons subie
58:00depuis plusieurs décennies, et plus encore depuis
58:02quelques années, ce n'est pas une fatalité
58:04météorologique, ce n'est pas un élément naturel
58:06qui nous tombe dessus sans qu'on le maîtrise.
58:08Pas du tout. Cette immigration massive
58:10que nous connaissons, c'est le fruit d'une expérimentation
58:12politique et idéologique portée
58:14par des élites au service d'un patronat paresseux.
58:16J'en parlais plus tôt. Eh bien, dit-il,
58:18je vais rompre avec cela. Que fait
58:20Kirstarmer? Il réagit
58:22politiquement à un événement oublié
58:24aux dernières élections britanniques.
58:26Qu'est-ce qu'on a vu? Le parti de la réforme,
58:28de Nigel Farage, celui qui a rendu
58:30possible le Brexit, qui a fait une percée.
58:32Eh bien, M. Starmer, dans les circonstances,
58:34et il est très critiquable pour bien des choses,
58:36a décidé d'enregistrer ce fait
58:38puis de tenir compte de la volonté populaire
58:40dans les choix du gouvernement. Je sais que c'est bizarre
58:42comme point de vue. C'est probablement contraire à l'État
58:44de droit, mais en échange, c'est un peu contraire à ce mot
58:46bizarre qu'on utilisait autrefois, la démocratie.
58:48Donc, de ce point de vue, et dans ces dernières
58:50secondes, je dirais, quelques pays occidentaux
58:52ont fait le choix, devant la contestation
58:54populiste, de ne pas la traiter
58:56comme une révolte à mater, de gueux
58:58scrofuleux, inquiétants et puants.
59:00On a décidé de traiter cette révolte
59:02à la manière d'une révolte démocratique et de tenir
59:04compte du point de vue du peuple
59:06quand vient le temps de faire des choix politiques.
59:08C'est une révolution, certes, comme dirait Apathy.
59:10Et toi, non, n'est-ce pas?
59:12Merci.