• la semaine dernière
Face à CNews et BFMTV, comment les médias indés peuvent exister et porter d'autres voix ? On se pose la question dans ce podcast vidéo avec Valentine Oberti de Mediapart, Paloma Moritz de Blast et Seumboy d'Histoires Crépues.

Soutenez StreetPress, un média indépendant à prix libre qui vit des dons de ses lecteurs : https://soutenir.streetpress.com
Vous pouvez soutenir Blast ici : https://www.blast-info.fr/soutenir
Vous pouvez vous abonner à Mediapart ici : https://abo.mediapart.fr/
Vous pouvez financer Histoires Crépues ici : https://histoirescrepues.fr/

Category

🗞
News
Transcription
00:00:00Il ne faut pas qu'on devienne la nouvelle Pravda, la nouvelle pensée unique qui serait
00:00:05la pensée unique de gauche, progressiste, je ne sais pas.
00:00:07Sauf que là, à ce moment-là, ça recule à quotidien.
00:00:10On a reculé pour, selon moi, des mauvaises raisons qui m'ont été opposées, à savoir
00:00:14l'enquête n'est pas sérieuse, on n'aurait pas dû aller voir la ministre comme ça,
00:00:16un document en confidentielle défense, ta-ti-ta-ta.
00:00:18Bon, très bien.
00:00:19Moi, je ne suis pas d'accord avec ces raisons et je pense que l'enquête était sérieuse
00:00:22et qu'elle valait le coup, si bien que ces documents, je les ai transmis à Disclose
00:00:27qui en a fait sa première grosse enquête.
00:00:29Le fait qu'ils montent la population française contre les immigrés, les étrangers, contre
00:00:34cet extérieur, alors qu'en même temps, c'est ce qui a permis de l'enrichir, on
00:00:38est vraiment dans la machine, la rhétorique et le fonctionnement du colonialisme français.
00:00:42Je me suis retrouvée être rédactrice en chef d'une émission pour France 2 en primetime
00:00:45qui était animée par Léa Salamé et Hugo Clément et j'ai vu dans tout le processus
00:00:51de préparation qu'à chaque fois qu'on essayait justement de parler un peu de sujets
00:00:55de fond, en fait c'était très très compliqué et le but c'était de se dire en fait il
00:00:59faut qu'on ait des humoristes, il faut qu'il se passe tout le temps quelque chose à l'écran.
00:01:05En France, les ultra-riches ont la mainmise sur la plupart des médias ou en tout cas
00:01:10les plus suivis.
00:01:11Une dizaine de milliardaires tiennent 90% des chaînes de télé privées et les journaux
00:01:15les plus lus.
00:01:16Sur ces médias, certains sujets sont peu ou mal traités, d'autres sont carrément
00:01:20tabous.
00:01:21Pire l'un d'eux, le milliardaire Vincent Bolloré a mis son empire médiatique au service
00:01:26de l'extrême droite.
00:01:27En face, des médias comme Street Press mais aussi de nombreux autres se battent pour faire
00:01:31de l'enquête, des documentaires, donner la parole à ceux qu'on ne voit pas dans les
00:01:35médias des milliardaires.
00:01:36Et c'est loin d'être facile, parce que nous faisons ce travail, nous subissons pression
00:01:40et menace.
00:01:41Mais surtout, nous n'avons pas les mêmes moyens.
00:01:43Vous êtes presque 400 000 à nous suivre sur cette chaîne et si vous voulez que l'an
00:01:48prochain, nous continuons à faire des vidéos, il faudrait que 6 000 d'entre vous nous
00:01:52fassent un don.
00:01:53Faire vivre un média indépendant, c'est un combat de chaque instant.
00:01:55Mais c'est un combat nécessaire, c'est un combat pour la démocratie.
00:01:59C'est justement le sujet de ce podcast vidéo, et pour en parler, j'ai invité trois journalistes
00:02:03indépendants.
00:02:04Paloma Morris de Blast, Valentino Berti de Mediapart et Sunboy d'Histoire Crépue.
00:02:10Bonjour à tous les trois, merci d'être là.
00:02:12Aujourd'hui, on va parler des médias indépendants ensemble.
00:02:15Paloma Morris, tu as bossé pour la plateforme de documentaires Spicy et le média, et depuis
00:02:202021, tu es journaliste à Blast.
00:02:22C'est un média indépendant, en accès libre, un véritable carton sur YouTube avec 1,2
00:02:28million d'abonnés et en moyenne 10 millions de vues par mois, avec des enquêtes et des
00:02:34émissions qui parlent des questions sociales, de politique, d'économie, d'écologie.
00:02:38C'est justement ton sujet à Blast.
00:02:41Tu t'y consacres depuis plusieurs années et aujourd'hui, on peut dire que tu es l'une
00:02:45des journalistes, même plus largement l'une des figures de référence sur le sujet en
00:02:49France.
00:02:50Salut Paloma.
00:02:51Merci pour l'introduction.
00:02:52J'ai lu dans un portrait qui t'avait consacré il y a un an par Le Monde que tu te définissais
00:02:57comme une journaliste engagée mais pas militante.
00:03:00Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:03:01Oui, alors je n'ai pas très bien compris pourquoi ils ont repris ça dans le titre
00:03:05même de l'article, c'était peut-être un peu gros mais bon bref.
00:03:10Moi je dis ça parce qu'on a tendance à nous traiter, souvent nous, journalistes indépendants
00:03:15de militants pour nous décrédibiliser.
00:03:17Et je ne pense pas du tout que c'est une mauvaise chose d'être militant en soi, je
00:03:21pense simplement que c'est un mot aussi qui a été beaucoup dévoyé dans l'espace public
00:03:25et qu'il est connoté négativement et pour le moment, on n'a pas forcément le temps
00:03:30de se le réapproprier dans son sens.
00:03:33C'est pour ça que j'utilise plus le terme activiste pour parler de militant écologiste
00:03:37ou autre et parce qu'en fait je ne milite pas pour un parti, je ne suis pas partisane,
00:03:42je ne milite pas pour une cause, l'écologie n'est pas une cause, je le répète en permanence
00:03:45mais ça nous concerne toutes et tous, mais je considère que je suis engagée, c'est-à-dire
00:03:49que je ne suis pas neutre face au sujet que je traite et que je défends une certaine
00:03:52vision du monde et certaines valeurs, justement comme la justice sociale, comme la démocratie,
00:03:57comme justement les valeurs profondément écologiques en quelque sorte.
00:04:01Et une phrase qui pour moi résume assez bien ça d'Alice Coffin c'est qu'elle dit « la
00:04:05neutralité c'est la subjectivité des dominants ». Donc la neutralité n'existe pas et moi
00:04:09j'assume de ne pas l'être.
00:04:11Et on a l'impression que, enfin on ne demande jamais aux journalistes de BFM s'ils sont
00:04:15neutres, on ne demande jamais à Dominique Seux qui est un journaliste qui parle d'économie
00:04:18s'il est neutre alors qu'il est loin d'être neutre, il est militant.
00:04:22Mais ils sont engagés pour autre chose, ils peuvent être engagés pour l'économie de
00:04:24marché, pour le statu quo, enfin voilà c'est un autre genre d'engagement.
00:04:28Exactement.
00:04:29Valentine tu es journaliste d'investigation et documentariste, tu as notamment co-réalisé
00:04:33« On achève bien les gros » qui est toujours disponible je crois sur Arte.
00:04:37Sur Arte, oui tout à fait.
00:04:38C'est un super documentaire.
00:04:40Et « Mediacrash » qu'on trouve sur Mediapart, sur la concentration des médias, c'est justement
00:04:45l'un des sujets qui nous occupent aujourd'hui.
00:04:47Tu es directrice éditoriale de Mediapart, le plus grand média d'enquête de France,
00:04:51détesté par les milliardaires et les politiques corrompus.
00:04:54Depuis votre création en 2008, vous multipliez les révélations, l'affaire Caladafy c'est
00:04:59vous, l'affaire Cahuzac c'est vous, les prêts russes à Marine Le Pen c'est aussi
00:05:02vous etc.
00:05:03Salut Valentine.
00:05:04Salut.
00:05:05Merci pour la présentation et le jus de Mediapart.
00:05:09C'est le but, on est là pour se faire plaisir.
00:05:10Avant de bosser à Mediapart, tu étais à quotidien avec Yann Barthez, tu passais à
00:05:16la télé, tu étais une star, tu as même une fiche Wikipédia.
00:05:18Qu'est-ce qui t'a poussé à partir à Mediapart, un média indépendant ?
00:05:22Eh bien l'impression d'être arrivé au bout de l'expérience à quotidien où j'ai
00:05:28vraiment passé des super années de reportage et d'enquête, j'insiste sur le mot enquête
00:05:33parce que j'ai sorti des infos là-bas et j'avais toute la liberté de le faire et
00:05:37je trouvais ça assez chouette d'être dans une émission très grand public avec une
00:05:41large audience pour pousser des sujets qui me paraissaient importants au moment de l'affaire
00:05:45Fillon, la transparence de la vie publique, des sujets liés au rassemblement national
00:05:51pour le coup à quotidien il y a une ligne assez claire c'est que c'est pas un parti
00:05:55comme un autre et qui était interdit d'accès et Mediapart comme quoi il y a une logique
00:06:03dans tout ça et donc voilà il y avait pas mal de sujets politiques notamment qu'on
00:06:07pouvait porter à l'antenne et ça me semblait être d'intérêt public et d'intérêt général
00:06:12jusqu'au jour où j'ai considéré que c'était moins possible de le faire et que du coup
00:06:16j'arrivais un petit peu au bout de l'expérience et donc c'était une suite logique pour moi
00:06:22de retourner à Mediapart où j'avais déjà fait un passage il y a plus de dix ans pour
00:06:27développer là-bas les contenus vidéo.
00:06:28Sam Boy, salut !
00:06:30Salut, tu es fondateur en 2020 d'Histoire Crépue, média antiraciste qui raconte l'histoire
00:06:36coloniale de la France pour éclairer l'actualité.
00:06:38Cette année vous passez un cap important, vous avez lancé une grande campagne pour
00:06:43financer plus de contenus, plus d'émissions et d'autres formats sur Twitch, Youtube et
00:06:47Instagram et cette campagne est un véritable succès, plus de 3200 personnes vous soutiennent
00:06:53chaque mois, bravo, c'est le signe que ce que vous faites avec Histoire Crépue passionne.
00:06:57Toi t'es pas journaliste de formation on va dire, qu'est-ce qui t'a poussé à lancer
00:07:03un média et ce média en particulier ?
00:07:04Bah moi en fait je viens pas du tout des espaces de journalisme, effectivement je viens plutôt
00:07:09à la base de l'art contemporain donc rien à voir et aussi d'espaces un petit peu plus
00:07:13militants sur les questions décoloniales et antiracistes et en fait je me suis rendu
00:07:17compte que je savais créer des contenus de la vidéo, de l'image, transmettre des
00:07:22informations mais qu'il manquait en fait un espace pour vulgariser toutes ces histoires
00:07:28et je voyais plein de médias, je regarde Mediapart bien sûr, Streetpress, Blast, je
00:07:33regarde tous ces médias et je me disais il y a peut-être encore besoin d'une proposition
00:07:37encore un petit peu différente même si ces sujets sont abordés dans tous vos médias
00:07:42qui vraiment soit concentré sur ces histoires et sur ces paroles antiracistes et donc c'est
00:07:47dans ce sens-là qu'on s'est lancé du coup 2020, aujourd'hui 2024, merci aux gens qui
00:07:51nous soutiennent vraiment, ça a été énorme et on ne s'attendait pas à avoir autant de
00:07:54soutien et donc on va pouvoir se déployer encore plus en prenant exemple sur tout ce
00:07:58que vous avez fait précédemment.
00:07:59Mais oui, disons-nous du bien les uns des autres, personne ne le fera pour nous.
00:08:05C'est sûr.
00:08:06Qu'est-ce que vous racontez sur Histoire Crépue, c'est quoi les sujets, les formats
00:08:09que vous abordez ?
00:08:10Bah en fait ce qu'on raconte c'est, on essaie de lire l'actualité en prenant en compte
00:08:15le fait qu'il y a une histoire coloniale qui structure les rapports qui existent dans
00:08:19le monde mais aussi qui est à la base de ce qu'on appelle le racisme, les discriminations
00:08:25raciales et qui est quelque chose de toujours très présent dans la société, dans la manière
00:08:28dont la société fonctionne.
00:08:29La société reste aujourd'hui racialisée et les rapports entre ce qu'on appelle pays
00:08:33du sud et pays du nord sont des héritages de cette histoire coloniale.
00:08:36Donc nous en fait on parle d'actu mais en incluant cet héritage historique qui souvent
00:08:42est un angle mort de la plupart des médias.
00:08:44Et par exemple on l'a vu avec des petits moments de buzz, il y a eu l'affaire du HACA
00:08:49en Nouvelle-Zélande il y a quelques jours où il y a une députée qui a fait un HACA
00:08:57en plein parlement.
00:08:58Et bien on a pu recontextualiser ça au regard de l'histoire coloniale de Nouvelle-Zélande.
00:09:02Pareil Macron quand il dit qu'ils sont complètement cons en parlant des politiques haïtiens,
00:09:08on a pu recontextualiser ce qui pose problème, en quoi cette déclaration s'inscrit dans
00:09:12une longue histoire coloniale.
00:09:13Donc ça va toujours être ça, regarder l'actualité et partir de ce point de départ pour ouvrir
00:09:21sur une meilleure compréhension de notre histoire commune puisque l'histoire coloniale
00:09:24c'est une histoire qui connecte tout l'ensemble de la planète.
00:09:28Et justement sur cet événement, rappelons Emmanuel Macron, il y a une conversation qui
00:09:35est captée en fait, il ne s'adresse pas directement à un média, il dit qu'est-ce
00:09:38qu'ils sont cons d'avoir changé de gouvernement en parlant des haïtiens.
00:09:42Alors après il va essayer de dire que non, ils ne parlaient pas des haïtiens, ils parlaient
00:09:45des politiques haïtiens, c'est assez étrange.
00:09:48Est-ce que tu as regardé le traitement qu'en a été fait dans les autres médias de toute
00:09:53cette affaire ?
00:09:54Moi ce que je voyais en tout cas du traitement, ce qui m'est arrivé, ce que j'ai perçu
00:09:58c'était le fait que c'était peu contextualisé.
00:10:02Donc en fait il y a un effet de buzz, mais ça a été pareil avec la députée qui a
00:10:05fait un AK au Parlement de Nouvelle-Zélande, il y a l'effet de buzz, l'image buzz qui
00:10:11est reprise avec des petites phrases d'indications un petit peu comme ce qu'on peut avoir sur
00:10:16l'AFP, des dépêches AFP assez simples, je n'ai pas envie de dire neutres, mais c'est
00:10:20très peu contextualisé en fait, et donc c'est comme si on raconte les faits tels
00:10:25qui se sont passés, Emmanuel Macron aurait ou a insulté, il y a des points d'interrogation,
00:10:30les haïtiens, mais ça s'arrête là, et on comprend, enfin on voit qu'il y a quelque
00:10:33chose qui choque, la vidéo circule, mais on manque de contexte pour comprendre à quel
00:10:38point c'est profond, et donc nous c'est ce qu'on essaie de faire, déployer un contexte.
00:10:41Et le JT de TF1 va en parler, et au JT, par exemple, à aucun moment ils disent que Haïti
00:10:46est une ancienne colonie française, il y a le président de l'ancienne colonie qui
00:10:50traite de cons les habitants de ce pays, c'est quand même pas neutre là-dessus.
00:10:55On parle de médias indépendants, ça veut dire qu'il y aurait des médias qui ne sont
00:11:00pas indépendants, c'est peut-être un peu plus compliqué que tout ça, toi Valentine
00:11:05tu as travaillé dans le groupe TF1, est-ce que tu étais libre de faire le travail que
00:11:09tu voulais là-bas ?
00:11:10Jusqu'à un moment où j'ai eu une expérience de censure, ou en tout cas comme moi j'ai
00:11:16vécu comme de la censure, j'étais totalement libre, en réalité l'émission quotidien
00:11:21est produite par une société de production, une agence de presse qui s'appelle Bangoumi,
00:11:25qui produit plusieurs émissions pour la télévision, une sorte de sous-traitant de la télé, pour
00:11:30ceux qui ne connaissent pas ce milieu, et donc le lien avec la tutelle, c'est-à-dire
00:11:35le diffuseur, était franchement assez lâche, c'est-à-dire qu'on n'avait pas tous les
00:11:38quatre matins, en tout cas je ne le savais pas, et si c'était le cas, très bien, c'est-à-dire
00:11:42que j'ai été protégée de ça, mais quand on fait une émission quotidienne qui va aussi
00:11:46vite que quotidien, je ne pense pas que le producteur était en ligne directe tous les
00:11:52cinq minutes avec l'état-major, donc j'ai pu faire de l'enquête, jusqu'à un moment
00:11:55où je n'ai plus pu le faire, et je le raconte dans Mediacrash, c'est-à-dire que j'avais
00:12:01un sujet sur les ventes d'armes françaises dans la guerre au Yémen, aux Émirats Arabes
00:12:07Unis et à l'Arabie Saoudite, j'avais récupéré des documents confidentiels défense, j'avais
00:12:10commencé à aller faire mon enquête, puis j'ai été, à la manière dont on le fait
00:12:15à quotidien et qui me semble une excellente manière, aller interpeller la ministre de
00:12:19la Défense à l'époque, Florence Parly, sur ces ventes d'armes, puisque le document détaillait
00:12:23toutes les armes françaises qui étaient vendues à ces deux pays en guerre contre
00:12:25le Yémen, expliquait où ces armes tombaient, que ça pouvait toucher des civils, dans un
00:12:32moment politique particulier, où tous les responsables français et les ministres du
00:12:36gouvernement d'Emmanuel Macron expliquaient que ces armes n'étaient utilisées qu'en
00:12:41défensif, etc. Donc ce document venait totalement contredire la version officielle.
00:12:46Et d'intérêt public.
00:12:47Et d'intérêt public, bien sûr. Donc je vais voir la ministre, évidemment, on prend
00:12:52le bas de combat, panique, le ministère commence à faire pression sur nous en expliquant
00:12:55qu'ils vont déposer plainte, violation du secret de la Défense Nationale, tout ça,
00:12:59je le comprends, c'est vrai, tout ça est vrai. Sauf que là, à ce moment-là, ça
00:13:03recule à quotidien. Et donc, c'est là où moi j'ai considéré que c'était dommage
00:13:09et on a reculé pour, selon moi, des mauvaises raisons qui m'ont été opposées, à savoir
00:13:14l'enquête n'est pas sérieuse, on n'aurait pas dû aller voir la ministre comme ça,
00:13:16un document en confidentielle défense, ta-ti-ta-ta. Bon, très bien. Moi je ne suis pas d'accord
00:13:20avec ces raisons et je pense que l'enquête était sérieuse et qu'elle valait le coup,
00:13:24si bien que ces documents, je les ai transmis à Disclose qui en a fait sa première grosse
00:13:28enquête. Donc très bien, l'information est sortie, c'est l'essentiel. Dans ce cas-là,
00:13:32on met son ego dans une boîte, on le met sous terre et il n'y a pas de problème.
00:13:35Simplement, après, se pose une question, à quoi ça sert d'être dans une émission
00:13:39grand public avec beaucoup d'audience si on ne peut pas faire des sujets qui nous semblent
00:13:43importants et d'intérêt public ? Donc voilà, moi à ce moment-là, j'ai considéré que,
00:13:47je ne suis pas du tout sûre, d'ailleurs je n'ai pas du tout d'informations en ce sens,
00:13:51donc je ne suis pas du tout sûre qu'il y ait eu un appel et une censure. Enfin,
00:13:55j'ai rien pour permettre de le dire. Mais la censure, elle prend plein de
00:13:58formes. La censure, il y a la censure directe avec le coup de téléphone du patron.
00:14:02Je pense qu'il y a l'auto-censure. Il y a l'auto-censure.
00:14:03Je pense qu'il y a l'auto-censure et parfois simplement des émissions,
00:14:08des structures qui flippent, qui ne sont pas outillées pour ça. Je ne suis pas
00:14:12certaine que dans ce cas précis, il y ait une censure ou que ce soit le manque d'indépendance,
00:14:16mais peut-être en fait. Je n'ai pas la réponse à cette question. Ce n'est pas dans ma tête que
00:14:19ça s'est passé. Donc c'est une hypothèse, mais je pense que ce n'est pas la seule en fait.
00:14:23Et puis sur l'auto-censure, il y a de nombreux exemples. Par exemple, Bernard Arnault,
00:14:29qui est une des dix personnes les plus riches du monde, qui est propriétaire notamment du
00:14:36Parisien et des Echos. Et je sais que dans son groupe, il y a de manière répétée des cas
00:14:40d'auto-censure. Au moment où François Ruffin réalise le documentaire qui va aller jusqu'au
00:14:47Festival de Cannes, Merci Patron, pour lequel par ailleurs, il va être espionné. Alors Mediapart,
00:14:53vous avez diffusé des écoutes où on entend un espion discuter au téléphone du fait qu'ils
00:15:01espionnent les journalistes de Fakir. Le procès est en ce moment...
00:15:05Avec, pardon, mais en star de ce procès, Bernard Squarsini, l'ancien grand flic qu'on entend dans
00:15:15les écoutes et qui est en plein dans cette affaire, à discuter de comment on va espionner
00:15:20les gens de Fakir, comment on va les embêter, comment on va les empêcher d'entrer dans l'Assemblée
00:15:24Générale de l'LVMH. Donc avec un commentaire en direct presque. C'est ça qui est même assez drôle.
00:15:31Ce serait juste drôle si ce n'était pas grave, mais voilà.
00:15:33Tout à fait. Et quand le documentaire sort, les échos, je crois, ont fait une seule mention de
00:15:40ce documentaire. Et je sais qu'aux échos, la consigne circule de ne pas parler de ce film.
00:15:45Et d'une autre manière, le Parisien, qui parle de l'actualité nationale et locale, à chaque fois
00:15:52qu'il y a un fait divers qui est lié directement ou indirectement avec une entreprise du groupe LVMH,
00:15:58ça fait beaucoup d'entreprises à Paris, les sujets sont sous-traités, reliés par la direction,
00:16:04et parfois on n'en parle même pas. Mais ça peut être un braquage dans une boutique parce que ça
00:16:08donnerait une mauvaise image de LVMH et on va peu ou pas en parler. On peut le voir avec TF1,
00:16:14avec Bouygues. Pour moi, c'est un peu la forme la plus entre guillemets caricaturale ou très visible
00:16:20en fait d'une forme d'autocensure. C'est qu'on se dit, ça va toucher aux intérêts privés de la
00:16:24personne qui détient le groupe de médias, donc on n'en parle pas. Mais en fait, il y a des formes
00:16:28beaucoup plus insidieuses qui sont dans les médias tous les jours. Moi, je l'ai vu en travaillant dans
00:16:33une boîte de production par exemple. En fait, c'est la censure avant même de soumettre un projet de
00:16:37documentaire. Avant même de soumettre un projet de reportage en disant, c'est pas assez concernant,
00:16:41je pense que ça, ça va pas intéresser telle ou telle chaîne, etc. Donc déjà, ça arrive à ce
00:16:46moment-là et ça arrive aussi même dans les émissions. Moi, j'étais frappée. Il se trouve que,
00:16:50j'allais dire par hasard, mais pas tout à fait. En tout cas, je me suis retrouvée être rédactrice en
00:16:54chef d'une émission pour France 2 en prime time qui était animée par Léa Salamé et Hugo Clément.
00:16:59Et en fait, j'ai vu dans tout le processus de préparation qu'à chaque fois qu'on essayait
00:17:03justement de parler un peu de sujets de fond, qu'on essayait de remettre en question la
00:17:08croissance économique et de dire que la croissance était incompatible avec les
00:17:12limites planétaires parce que c'est une émission sur les arbres, en fait, c'était très compliqué.
00:17:16Et le but, c'était de se dire, en fait, il faut qu'on ait des humoristes. Il faut qu'il se passe
00:17:20tout le temps quelque chose à l'écran. Ça, c'est vraiment aussi un truc de la télé. C'est que
00:17:23vraiment toutes les deux secondes, il faut qu'il se passe quelque chose. Donc, on va faire venir des
00:17:26humoristes qui vont faire des blagues à peu près toutes les dix secondes. Et je leur disais, mais
00:17:28attendez, en fait, on ne peut pas avoir quelqu'un qui peut avoir une écoute soutenue, qui va essayer
00:17:32de comprendre des problématiques qui sont complexes avec des arrêts toutes les deux secondes entre
00:17:37justement des humoristes, des vidéos. Et en fait, finalement, le problème, et je pense
00:17:44c'est d'en énormément dire, il y a un tel truc de l'audience, de se dire, en fait, notre but premier,
00:17:48c'est de faire de l'audience parce qu'on est en fait un business en quelque sorte. Et donc, on va
00:17:52tout faire pour, jusqu'à, en fait, fantasmer aussi une opinion publique. Enfin, Pierre Roger disait,
00:17:56l'opinion publique n'existe pas. Mais c'est assez fascinant de voir, en fait, le nombre de
00:17:59journalistes qui pensent savoir ce que les gens veulent. Et ça n'a aucun sens. Et je pense qu'on
00:18:04devrait toutes et tous, et surtout les journalistes qui réfléchissent comme ça, beaucoup plus
00:18:09travailler sur la sociologie, en fait, de comprendre exactement quel est l'état de l'opinion publique
00:18:14aujourd'hui et arrêter de dire, c'est ce que les gens veulent, c'est ce que les gens veulent. Parce
00:18:17qu'en fait, c'est la plupart du temps faux. Et on sait que la plupart des journalistes usent aussi
00:18:22du fait de leur sociologie, sont très déconnectés, en fait, de toute façon, des Français, quoi.
00:18:26Oui, ça me donne envie de rebondir sur ce que tu dis, parce que c'est la situation dans laquelle
00:18:30on est quand on travaille sur l'histoire coloniale ou sur les problématiques antiracistes. Là,
00:18:33on parlait de censure qui touche des groupes particuliers. Mais au niveau de l'antiracisme,
00:18:36la censure, elle touche carrément la culture française. C'est carrément un truc sociétal où
00:18:41on a du mal à parler de racisme parce qu'on a du mal à savoir de quoi on parle. En fait,
00:18:45on a l'impression que c'est quelque chose qui est un problème moral qui ne toucherait que
00:18:49certaines parties de la population, qui seraient des méchants d'extrême droite particulièrement
00:18:54racistes qui vont insulter les Noirs, etc. Et donc, on a du mal à traiter le sujet dans toute
00:18:58sa complexité et de voir à quel point il est diffus dans la société. Et du coup, on se retrouve
00:19:02avec, pareil sur les questions d'histoire coloniale, c'est tellement moralisé que c'est un sujet qui
00:19:06fait peur aussi bien au niveau de l'enseignement, dans les écoles de journalisme et puis dans les
00:19:11dépôts de dossiers. Nous, quand on dépose des dossiers avec histoire crépue, et c'est pour ça,
00:19:15je pense qu'il y a une telle difficulté d'avoir des profils, même si aujourd'hui,
00:19:20il y a des journalistes racisés qui s'emparent de ces questions de plus en plus, mais ça a mis
00:19:24énormément de temps aussi parce que les personnes qui traitent les dossiers ou qui sont en direction
00:19:29ne savent pas comment aborder ces sujets et donc ont trop peur soit de dire quelque chose qui ne
00:19:34va pas. En fait, il y a une telle incompréhension de ce dont on parle qu'on n'ose pas ouvrir ou
00:19:41laisser un espace dans lequel des personnes vont pouvoir en parler. Et nous, c'est ce qu'on a
00:19:45remarqué avec histoire crépue et c'est aussi pour ça qu'on se lance. Et comme tu disais aussi sur ce
00:19:49truc, on a l'impression que le public, enfin que ça ne va pas toucher... Les personnes racisées,
00:19:55on a l'impression que ce n'est pas un public qui compte ou qui va s'investir sur un média,
00:19:58par exemple. Et que du coup, les questions d'antiracisme, ce n'est pas forcément des choses
00:20:01sur lesquelles il faut déployer beaucoup d'énergie parce qu'il n'y a pas de public sensible à cette
00:20:04question. Et en fait, là, ce qu'on a fait nous avec cette campagne, c'était aussi montrer qu'il
00:20:09y a un public qui est sensible et qui s'intéresse. Et puis une question aussi, c'est que tout ça doit
00:20:15servir à vendre de la pub quand même quand on est à la télévision. Et là, c'est dur. Et là,
00:20:19c'est une réalité. Et là, c'est dur. Et ce n'est pas la télévision. Et ce n'est pas la télévision,
00:20:23tout à fait. On a parlé de la censure. Je voulais aussi parler des sujets qui sont traités de manière
00:20:31différente selon les médias. Alors, tu l'as un peu abordé avec les questions de l'histoire
00:20:35décoloniale, de l'histoire coloniale. L'écologie est aussi un sujet qui peut être traité de manière
00:20:41très différente. Alors, je suis tombé sur un article du Figaro qui parle du lancement d'un
00:20:47nouveau média par le groupe de Bernard Arnault, le parisien Les Echos. Ce média s'appelle 2050 Now.
00:20:55Et alors, l'article est vraiment exceptionnel. Je vais vous lire une ou deux phrases.
00:21:012050 Now, c'est un média engagé, mais pas militant, qui a la conviction que le développement économique et la croissance
00:21:07peuvent être compatibles avec les limites planétaires. Et, un peu plus loin dans l'article, tout est comme ça,
00:21:12mais je vous lis que les meilleurs passages. Notre actionnaire, et en particulier Antoine Arnault,
00:21:17est très impliqué dans ce nouveau projet. Donc, le groupe LVMH, Antoine Arnault, qui a comme immense
00:21:23talent d'être le fils d'eux, qui est à la tête d'un des groupes les plus pollueurs au monde,
00:21:30est très impliqué dans ce projet. Mais qui crée beaucoup d'emplois. Qu'est-ce que ça t'inspire, ce nouveau média et ce traitement de l'écologie ?
00:21:40J'ai envie de dire que c'est à la fois en quelque sorte positif, mais en même temps surtout très inquiétant.
00:21:45Mais c'est assez paradoxal quand même de voir émerger un nouveau média qui est 2050 Now, au moment où on a eu des émissions historiques
00:21:58sur les questions écologiques qui ont été menacées d'être supprimées, comme la Terre au carré. Il y a Verre d'orage qui a été supprimé
00:22:04sur France Télévisions. Il y a énormément d'émissions qui sont sur les luttes sociales et écologiques, qui sont aussi parties de Radio France.
00:22:11Donc c'est quand même assez paradoxal de se dire que le service public délaisse quand même un peu ces sujets-là. Pas totalement, mais un peu.
00:22:19Et que de l'autre côté, on a des médias privés qui vont aller sur l'écologie. Je pense qu'il ne faut pas non plus être totalement naïf sur ce qui est en train de se passer.
00:22:28C'est-à-dire que moi j'ai regardé un petit peu. Déjà, il y a très peu de contenu pour le moment. C'est des articles très courts, un peu start-up nation, sympa, etc.
00:22:38C'est un peu de dire, voilà, l'écologie c'est cool, nous on va vous parler de solutions. Et ils reprennent en fait aussi tous les termes qu'on utilise nous depuis des années
00:22:46sur justement l'importance de parler du journalisme de solutions, qui est un journalisme qui est très sérieux en fait, qui n'est pas juste un journalisme bisounours.
00:22:52C'est de traiter les solutions à des problèmes systémiques comme des enquêtes en fait, comme un journaliste d'investigation.
00:22:58Eux vont reprendre ces termes-là pour essayer de se les réapproprier et dire on va vous montrer les solutions face à la crise écologique.
00:23:04Pour le moment déjà ça marche pas trop. Moi j'ai regardé sur YouTube, la plupart de leurs vidéos font 1000 vues.
00:23:08C'est pas grave, ils veulent vendre du conseil, ils s'en foutent de faire des vues.
00:23:12Et c'est des vidéos sur les pandas qui disparaissent, etc. Donc en fait on va jamais aller aux racines du problème, on va jamais parler des problèmes systémiques
00:23:20et du fait que c'est notre système capitaliste aujourd'hui qui est quand même à l'origine de la catastrophe écologique en cours, la nécessité de repenser en fait les inégalités sociales, etc.
00:23:30Donc en fait les rapports de domination et de force dans notre société pour justement faire face à ce problème-là.
00:23:35Et ce n'est pas que moi qui le dis, c'est vraiment écrit noir sur blanc, c'est la partie qu'on lit moins, mais dans les rapports du GEC,
00:23:41il est écrit qu'en fait on ne peut pas faire face à l'urgence écologique sans plus de démocratie, sans combattre les inégalités, sans combattre les discriminations, la précarité, etc.
00:23:48Donc ils ne parlent absolument pas de tout ça et ensuite ils ont aussi créé donc une petite maison de conseil à côté qui en fait est je pense un peu l'essentiel de l'activité de ce média caché.
00:23:58Et comme par hasard dans les membres fondateurs, on retrouve BNP Paribas qu'ils ont enlevé du site, LVMH, Veolia, enfin voilà tout ce qu'on veut.
00:24:06Il y a plein de gens engagés pour l'écologie.
00:24:09Et non mais en même temps je trouve ça très inquiétant parce que ça raconte quelque chose qu'on est en train de vivre en ce moment,
00:24:14qui est vraiment en fait une sorte d'hypocrisie totale sur les questions écologiques où en fait la plupart des boîtes,
00:24:20certains médias se rendent compte qu'ils ne peuvent pas ne pas en parler du tout parce qu'il y a de plus en plus de personnes qui sont inquiètes en fait.
00:24:26Et qui donc en fait sont juste en train de se repeindre en vert de façon complètement ridicule et de aussi se réapproprier ces questions en disant en fait voilà la technologie va nous sauver.
00:24:35Et le but c'est quoi ? C'est de dire en fait on va pousser nos solutions à nous dans l'espace public pour faire en sorte que ça ne dérange pas nos intérêts.
00:24:42Donc en fait on va pourquoi pas faire des articles sur la géo-ingénierie parce que nous on trouverait ça super pour nos entreprises.
00:24:48On aurait juste des gros aspirateurs à CO2 pour compenser nos émissions et hop tout ira bien.
00:24:52Et en fait quand on regarde aussi les discours qui sont véhiculés, en fait c'est des discours qui leur permettent d'une certaine manière de s'accaparer en fait celle toute là et de se dire en fait on a créé le problème maintenant on va être la solution.
00:25:04Et c'est ce qui est dit presque texto en fait dans les textes.
00:25:06Et c'est deux fois rentable. D'abord on gagne de l'argent en polluant et après on gagne de l'argent en dépolluant.
00:25:11Non mais en fait tout le paradoxe est là c'est à dire que le groupe de Bernard Arnault crée un média sur l'écologie c'est paradoxal.
00:25:21Et en fait l'urgence climatique nous le met en plein dans la figure c'est à dire qu'effectivement se dire qu'il y a un grand patron d'une multinationale qui est une des plus polluantes au monde qui lance un média sur l'écologie.
00:25:35Il y a un paradoxe qui est plus tenable en fait.
00:25:37Qui a en fait été épinglé plein de fois pour son jet privé.
00:25:39Exactement voilà enfin je veux dire donc en fait il n'y a pas de cohérence et ce défaut de cohérence je pense que c'est plus acceptable si on a un peu de respect pour le lectorat ou le spectateur, la spectatrice.
00:25:52Et donc c'est problématique et c'est doublement problématique et là ça fait le lien avec la concentration et la raison pour laquelle ces milliardaires détiennent des médias.
00:25:59Mais récemment Bernard Arnault a, c'est la lettre A qui l'a révélé, placé sur liste noire tout un tas de médias dont Mediapart mais aussi l'Informer donc fondé par son gendre Xavier Niel.
00:26:10Tout ça est cocasse mais a donc écrit un mail à l'ensemble de ses salariés pour dire qu'en fait on ne répondait plus à toute une liste de médias sous peine d'avoir des soucis en fait.
00:26:21Donc je veux dire c'est ça sa conception du journalisme, de l'information, du contradictoire, de la liberté de la presse.
00:26:28En fait voilà, encore une fois si c'était pas grave ce serait drôle quoi.
00:26:34Mais pour finir sur ce sujet de la censure, on est très souvent confronté à des gens qui refusent de nous répondre mais surtout qui ont consigne de la part de leur hiérarchie de ne pas nous répondre.
00:26:45Je sais qu'à un moment Street Press, la préfecture de police avait donné consigne à son service communication de ne pas nous répondre.
00:26:53C'est quand même nos impôts, un pouvoir public, on a un droit de regard et d'inventaire sur ces sujets là.
00:26:58Le rassemblement national, il y a pas mal d'années, une campagne présidentielle, on s'est retrouvé tous les deux sur la même liste de gens qui n'avaient pas le droit de rentrer aux événements du rassemblement national.
00:27:11Et à cette époque, beaucoup de médias s'étaient levés en disant si ces médias là n'ont pas le droit de rentrer, nous ne viendrons pas.
00:27:20Le monde n'était pas venu, un certain nombre de médias n'étaient pas venus.
00:27:23Aujourd'hui, des médias qui n'ont pas accès à des événements du rassemblement national, il y en a toujours, mais il n'y a plus aucun média en dehors des médias indépendants pour se lever et dire nous ne couvrirons pas si eux ne peuvent pas rentrer.
00:27:34Donc il y a eu quand même une banalisation de cette censure.
00:27:37Moi je dirais qu'il y a une banalisation de l'extrême droite en fait.
00:27:44Et je trouve que ça devient vraiment difficile parce que je ne comprends pas non plus la neutralité, l'objectivité, ce sont des mots qui n'ont pas grand sens à mes yeux en tant que journaliste.
00:27:53Je crois à la déontologie, à l'honnêteté intellectuelle, mais je pense que c'est compatible avec le fait de dire que le rassemblement national n'est pas un parti comme un autre.
00:28:03Et à ce titre, doit faire l'objet d'un traitement journalistique particulièrement rigoureux.
00:28:10Aujourd'hui, ces cadres, ces élus ont plateau et micro ouverts absolument partout, sont interrogés avec une forme de bonhomie qui quand même laisse pantois.
00:28:23On a quand même eu pendant quasiment deux mois un procès majeur, le procès des assistants parlementaires du rassemblement national.
00:28:29Ça n'a fait les gros titres et ça n'a alimenté le débat médiatique que lorsqu'ils se sont plaints d'avoir des réquisitions qui étaient en leur défaveur.
00:28:38On a eu quand même des personnes du rassemblement national, enfin plein de politiques du rassemblement national dont Jordan Bardella qui ont fait des tonnes de plateaux
00:28:44à qui on n'a jamais posé les questions qui dérangent quoi.
00:28:47C'est ça, donc c'est là où c'est problématique. Et enfin, et là il faut reconnaître que BFM TV a fait le taf à un moment en tout cas précis,
00:28:55c'est-à-dire quand Jordan Bardella est venu en plateau interrogé par Benjamin Duhamel, la séquence elle a fait le tour, il a posé les questions, il l'a mis face à des documents.
00:29:02Le moment n'était pas évitable pour Jordan Bardella et il a montré qu'il n'était pas vraiment en mesure de se justifier correctement.
00:29:11Mais ça, ça aurait dû être tous les matins, dans toutes les matinales, dans toutes les télévisions.
00:29:16C'est ce qui est fou, c'est qu'on a été presque étonnés en fait. Benjamin Duhamel a été hyper courageux, il a bien fait son travail et on l'en remercie sincèrement.
00:29:24Voilà, comme quoi on peut faire du bon journaliste partout, c'est pas le sujet, mais il y a quand même une lame de fond structurelle qui fait que c'est compliqué je trouve de,
00:29:35pas de résister, mais on se sent un peu seul dans le désert parfois.
00:29:39Aujourd'hui il y a un écosystème de médias indépendants qui s'est structuré, des médias qui portent un discours différent sur les questions antiracistes,
00:29:48sur l'histoire coloniale, sur les questions écologiques, sur les questions sociales, sur les questions économiques, sur l'extrême droite,
00:29:54où la plupart des enquêtes quand même sont venues des médias indépendants.
00:29:59Après, on est dans une bataille inégale, ils ont des milliards derrière eux, nous on ne l'a pas.
00:30:08Il y a quand même besoin de payer nos salaires, de payer les micros, les lumières pour enregistrer une émission comme celle-là.
00:30:18Histoire Crépue, pour exister vous avez dû faire une campagne de financement, vous vous y financez comment ?
00:30:25Alors c'était complexe, nous on est vraiment des petits nouveaux par rapport à vous tous et toutes,
00:30:31vous avez vraiment des structures qui durent depuis longtemps avec un vrai savoir-faire et une organisation qui date de longtemps.
00:30:37Nous on est vraiment la génération des réseaux sociaux où quand moi je lance la chaîne Histoire Crépue il y a 4 ans,
00:30:44je fais juste des vidéos sur Insta et sur Youtube, donc il n'y a pas du tout de pensée d'un modèle économique et d'une structure journalistique.
00:30:50Et tu te payes comment à ce moment-là ?
00:30:51Et je ne me paye pas.
00:30:52Tu me payes comment ?
00:30:53Je me paye en vide.
00:30:56Il y a 4 ans de travail sans être payé.
00:30:58Exactement, 4 ans de travail non rémunéré et aussi, pas que moi, parce qu'il y a Réa qui est à la production avec moi,
00:31:05et il y a d'autres personnes qui nous aident sur plein de projets, alors parfois on arrive à obtenir quelques financements,
00:31:09il y a notamment le CNC Talent qui fait un gros travail pour soutenir des nouvelles initiatives sur les réseaux sociaux,
00:31:14donc on a pu avoir des subventions du CNC Talent, c'était notre principal entrée d'argent pendant les 4 ans et ça fait un tout petit budget pour fonctionner,
00:31:21et avec cet argent on a pu payer des personnes qui ont travaillé avec nous au cadrage, ou bien payer des lieux, etc.
00:31:27Mais nous on a travaillé bénévolement pendant la majorité des 4 ans, on s'est un tout petit peu rémunéré à des moments ponctuels,
00:31:34mais ce qu'on a fait c'était produire de l'information, du contenu et des outils gratuitement pour les gens,
00:31:42en plus sur des plateformes, ça c'est un autre problème encore, les plateformes et leur économie, bref.
00:31:46Ouais, parce que vous êtes sur Twitch, Amazon aussi.
00:31:49Twitch, Amazon, Insta, c'est Meta, Youtube et Google, donc voilà, on a produit ces contenus de manière gratuite et bénévole en se disant
00:31:57bon bah à un moment donné on sera assez solide et assez bien connu et on aura assez de crédibilité pour que les gens qui consomment nos contenus gratuitement
00:32:06acceptent de nous soutenir, et aujourd'hui donc on a cette levée de fonds qui est cool, mais c'est quand même très en dessous de ce qu'on peut réellement,
00:32:12enfin c'est quand même très insuffisant de ce qu'il faudrait pour être un média qui se développe de manière un peu plus solide.
00:32:17Vous avez levé combien ?
00:32:18Là c'est 20 000 euros par mois, ce qui est déjà très cool, mais pour tenir un média c'est...
00:32:25Moi je pense qu'il faut expliquer aux gens combien ça coûte, cette émission là, on est sur ce plateau, on est 4 journalistes autour de la table,
00:32:32on doit payer nos salaires, alors c'est pas Streetpress qui pète tout le monde, chacun a son emploi, c'est que mon salaire.
00:32:40Mais derrière il y a 3 caméras, avec 3 personnes qui tiennent ces caméras, il y a du matériel, de l'éclairage, il y a Thibaut qui fait du montage là-bas en direct,
00:32:49derrière il y a de la post-production, du motion design, en réalité sur une émission comme celle-là, qui va durer je sais pas une heure sur YouTube,
00:32:57il y a 6 ou 7 personnes qui ont travaillé, et pour certains pendant plusieurs jours, donc ça coûte cher à produire.
00:33:02Blast vous êtes combien aujourd'hui pour faire, vous faites un contenu par jour à peu près ?
00:33:07Ouais, une à deux vidéos par jour, sachant qu'on a aussi des formats qui vont en gros de 15 minutes à une heure, même plus d'une heure,
00:33:17donc c'est aussi beaucoup de montage, en gros en temps plein, en équivalent temps plein, on est à peu près une quarantaine,
00:33:24mais en fait on a beaucoup d'intermittents qui travaillent avec nous, parce que tous les monteurs et les monteuses sont des intermittents,
00:33:28et disons que par semaine on a au moins, je sais pas, 6 monteurs, monteuses qui travaillent en même temps,
00:33:34parce qu'en fait ils roulent d'une vidéo à l'autre, et en général c'est 2 jours de montage pour une vidéo en moyenne,
00:33:41et ensuite il y a aussi toutes les personnes qui travaillent en pige pour nous, qui sont en indépendant, et qui collaborent régulièrement avec Blast.
00:33:49Donc oui, ça fait un gros groupe de fonctionnement, sachant que nous quand on fait une émission c'est pareil,
00:33:59on a un ingé son, on fait du mixage son sur chacune de nos vidéos, il y a toutes les personnes qui gèrent les réseaux sociaux,
00:34:06donc simplement sur une vidéo Blast, il va y avoir au moins presque 10 personnes qui vont être mobilisées à un moment ou à l'autre du processus,
00:34:15et moi ce que j'aime beaucoup d'ailleurs avec les gens qui soutiennent Blast, c'est que souvent ils sont très conscients de ça,
00:34:20et ils disent pas merci à la journaliste ou au journaliste, ils disent souvent merci à l'équipe,
00:34:26et je pense qu'il ne faut pas oublier que c'est une équipe, et à Blast on a des visages qui apparaissent plus que d'autres,
00:34:33et qui sont devant la caméra plutôt que derrière, mais en fait c'est un travail collectif et il ne faut pas l'oublier.
00:34:38Et je ne sais pas si tu as en tête à peu près combien c'est une année de Blast en termes de chiffre d'affaires, de revenus ?
00:34:45Alors Mathias le directeur des programmes me disait que là sur les derniers mois on était plutôt à 200 000 euros par mois un peu plus,
00:34:52mais c'est aussi parce qu'on est en train de préparer notre déménagement, est-ce qu'on change complètement le loco,
00:34:56parce que nos locaux sont trop petits pour accueillir toutes les personnes là, et qu'on a besoin d'avoir deux studios différents,
00:35:02mais là en fait on est en campagne depuis le mois de septembre, tous les ans on est en campagne depuis notre lancement,
00:35:09qui était d'ailleurs en 2021 donc tu vois on n'est plus jeunes que toi, mais bon après on était beaucoup plus nombreux à l'origine,
00:35:15c'est aussi ça la différence, et on a fait un financement participatif.
00:35:18Et puis vous aviez un background, vous aviez des connaissances, parce que là ce que tu dis je trouve ça important aussi à rappeler pour les gens qui comme moi viennent plutôt pas des espaces de journalisme,
00:35:28c'est que moi je faisais tout seul genre community management, montage, écriture, et après j'ai compris à quel point c'est des jobs séparés,
00:35:36et en fait on se rend compte quand on est dans l'économie des réseaux, des petits réseaux, c'est qu'on fait le taf de 10 personnes en permanence en fait, production tout.
00:35:44Mais moi j'ai aussi, ça m'arrive de le faire à Blast, et je l'ai aussi beaucoup fait dans d'autres médias qui avaient moins de moyens avant,
00:35:49où je tournais, je montais, j'écrivais, mais en même temps je pense que aussi c'est hyper important de savoir un petit peu faire chacune de ces tâches
00:35:56pour se rendre compte de ce que ça signifie en fait, et du travail que c'est, et respecter le travail des autres.
00:36:00Valentine, à Mediapart, vous êtes combien à peu près ?
00:36:03Même à Mediapart où on est les gros autour de cette table, on fait plein de trucs différents et je suis d'accord, ça aide à bien comprendre.
00:36:10Alors nous on est à peu près 130 salariés, dont une soixantaine de journalistes, donc temps plein, CDI,
00:36:18plus un réseau de pigistes, donc de journalistes indépendants qui fournissent des articles ou des contenus qu'on paye à la tâche, d'une certaine manière,
00:36:27et puis quelques intermittents aussi pour toute la partie vidéo, donc avec du montage, des personnes qui sont en régie pour nos émissions.
00:36:34Voilà, donc ouais c'est ça, une soixantaine de journalistes, ce qui peut paraître gros pour une rédaction,
00:36:39mais en comparaison du monde où ils sont à 500 cartes de presse, on est tout petits.
00:36:45Et après, pour payer tout ça, à Street Press, on est à peu près 20 permanents,
00:36:51on compte l'an prochain, ça va être grosso modo un tout petit peu moins de 100 000 euros par mois qu'il faut sortir.
00:36:59Alors nous comme Blast et comme Histoire Crépue, on se base principalement sur les dons,
00:37:04donc ça demande beaucoup d'énergie aussi parce qu'il faut convaincre les gens.
00:37:07Il faut faire vivre une communauté.
00:37:09Il faut convaincre les gens de nous faire les dons.
00:37:12Mediapart, vous avez fait le choix de l'abonnement, il faut aussi convaincre les gens de s'abonner et de rester.
00:37:17Et puis on voit Mediapart comme une success story, c'en est une, mais je sais que ça n'a pas toujours été facile.
00:37:23Qu'est-ce qui a fait que vous avez un peu cassé le plafond de verre ?
00:37:27Est-ce qu'il y a eu une enquête qui a fait exploser ? Est-ce qu'il y a eu un moment ?
00:37:30Alors j'espère pas dire de bêtises parce que je n'ai pas été là tout au long de l'histoire de Mediapart,
00:37:34mais je crois que l'affaire Cahuzac qui intervient au début de 2013 a été vraiment un moment de bascule en fait.
00:37:42Rappelons ce que c'est en deux phrases l'affaire Cahuzac.
00:37:44L'affaire Cahuzac, c'est l'affaire incroyable du ministre du budget sous François Hollande, socialiste,
00:37:49qui en fait a un compte en Suisse non déclaré.
00:37:51Et qui en parle alors que son téléphone est dans sa poche et qu'il laisse un message à une source.
00:37:57Et ça devient une affaire d'Etat parce qu'il ment devant la représentation nationale
00:38:03avec cette fameuse formule « je n'ai, je n'ai jamais eu et je n'aurai de compte en Suisse ».
00:38:08Les yeux dans les yeux.
00:38:09Les yeux dans les yeux, en bloc et en détail. Donc je n'y en bloc et en détail.
00:38:12Donc voilà et en fait bon ben ça a été un moment je crois très difficile pour Mediapart
00:38:16parce qu'il y a eu toute la phase où on réclamait des preuves, des preuves, des preuves
00:38:20et où la profession même ne croyait pas à Mediapart.
00:38:24Donc il y avait tout un vent contraire pour venir à la rescousse du ministre du budget
00:38:30jusqu'à ce que les choses finissent par être implacables.
00:38:35Ouais et à la fin quand même une révélation, une affaire d'Etat.
00:38:39Alors après avec Mediapart vous en sortez une tous les six mois d'affaires d'Etat.
00:38:42On se lasse.
00:38:46Quand on parle de nos différents médias indépendants,
00:38:48on nous demande souvent « mais pourquoi vous ne travaillez pas plus ensemble ? ».
00:38:52Il n'y a pas un événement organisé par Streetpress, je pense que c'est pareil pour vous,
00:38:56où on nous dit « mais pourquoi vous ne faites pas des choses les uns avec les autres ?
00:38:59Mais alors pourquoi on ne travaille pas plus ensemble ? »
00:39:01On fait du mieux qu'on peut, je pense.
00:39:03Après on vient de l'expliquer, on reste des toutes petites équipes, plus ou moins grosses.
00:39:08Je ne sais pas, moi je ne crois pas qu'il y ait de soucis,
00:39:12je pense juste qu'il faut qu'on continue, qu'on le fasse.
00:39:14D'ailleurs on le fait, voilà c'est ça.
00:39:16Et quand il y a eu la dissolution au début de l'été et qu'on a organisé,
00:39:22je pense qu'on était tous autour de la table,
00:39:25on a tous participé aux événements Place de la République.
00:39:28Donc on a pu montrer qu'à des moments très critiques,
00:39:31on était capables de se mettre ensemble et de façon hyper rapide et très nombreux.
00:39:36Il faudrait faire perdurer ça.
00:39:38On a diffusé sur tous nos médias aussi en même temps, les débats, les concerts, etc.
00:39:41Et je pense qu'on l'a aussi fait chacun à notre manière.
00:39:44Donc c'est ça qui était intéressant aussi, c'est que chacun a eu sa valeur ajoutée.
00:39:48Moi je pense qu'il faut déjà rappeler quand même qu'on est hyper complémentaires.
00:39:52C'est ça, on n'est pas tous pareils.
00:39:54Voilà, exactement, qu'on est hyper complémentaires.
00:39:56Et à mon avis, il y a énormément de gens qui en fait lisent Mediapart
00:40:00et qui vont aussi regarder des vidéos Blast
00:40:01et qui parfois vont lire des articles street press
00:40:03ou regarder des vidéos d'Histoire crépue.
00:40:05En fait, chacun va chercher un peu à l'endroit où il veut ses informations
00:40:11et on est complémentaires aussi dans notre manière de travailler.
00:40:14C'est-à-dire que nous, Blast, il y a évidemment un pôle enquête, etc.
00:40:17Pour le moment, ce n'est pas forcément la chose sur laquelle on est le plus connu.
00:40:19Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui vont sur Blast
00:40:21pour par exemple comprendre l'actualité ou comprendre des sujets en profondeur
00:40:25et se dire en fait, typiquement, voilà, cette affaire,
00:40:28enfin pas forcément une affaire,
00:40:30mais typiquement les élections américaines,
00:40:32je n'ai pas très bien compris les enjeux, je n'ai pas compris ce qui se passe,
00:40:34je sais qu'en une vidéo de 35 minutes,
00:40:36je vais avoir les gros extraits de ce qui s'est passé,
00:40:38je vais avoir des analyses,
00:40:39je vais en fait avoir des extraits de plein d'articles
00:40:42qui sont sortis et qui permettent de mieux comprendre les choses.
00:40:45Donc nous, il y a aussi vraiment un truc de permettre de mieux comprendre l'actualité,
00:40:49par exemple, c'est un des arguments de vente.
00:40:51Mais en fait, après, on va se dire,
00:40:52ah oui, mais moi, j'ai quand même envie de creuser cette affaire-là,
00:40:55donc je vais aller sur Mediapart pour avoir une autre analyse.
00:40:57Et surtout, enfin, moi, je sais que, par exemple,
00:40:59nous, on cite beaucoup les médias indépendanciers dans nos vidéos,
00:41:02à chaque fois quand, voilà, on va citer un article de Mediapart,
00:41:05on va mettre, on va afficher l'article sur l'écran,
00:41:07on va le faire avec Street Press,
00:41:08on le fait avec Reporters, avec Vert, avec d'autres médias indépendants.
00:41:11Donc c'est important aussi de montrer à quel point tout ça est lié.
00:41:16Après, je pense qu'il y a aussi un côté de,
00:41:18en tout cas, je ne sais pas pour vous,
00:41:19mais moi, j'ai l'impression que je n'ai jamais vraiment de temps
00:41:22et donc c'est ça le problème,
00:41:23c'est qu'en fait, on est tout le temps dans l'urgence
00:41:25et penser une collaboration,
00:41:26je pense que ça demande aussi de prendre un petit peu de recul,
00:41:29d'avoir du temps, de se dire, OK, qu'est-ce qu'on fait ?
00:41:31Et en fait, le problème, c'est que souvent,
00:41:33on essaie de s'organiser, de prendre des cafés pour en parler
00:41:35et on n'a pas le temps, on n'a pas le temps
00:41:36et on n'a pas l'espace mental pour être créatif.
00:41:38On a plein de projets et on n'arrive pas toujours à les aboutir.
00:41:41Et puis, il y a aussi un truc qui, pour moi, est important,
00:41:43c'est qu'on est copains, on partage des valeurs communes,
00:41:46mais on ne dit pas la même chose sur tout,
00:41:48on n'est pas toujours d'accord sur tout.
00:41:50Et si on crée un média unique, il y a un moment,
00:41:53il ne faut pas qu'on devienne la nouvelle Pravda,
00:41:55la nouvelle pensée unique qui serait la pensée unique
00:41:59de gauche, progressiste, je ne sais pas.
00:42:01La diversité de nos médias, de nos opinions,
00:42:04les désaccords aussi qui existent,
00:42:06il y a aussi des médias indépendants
00:42:07qui écrivent des enquêtes sur d'autres médias indépendants
00:42:09qui eux-mêmes ne sont pas contents de ces enquêtes-là,
00:42:11c'est le jeu, c'est la vie et c'est le jeu de la pluralité démocratique
00:42:15et elle est importante.
00:42:16Et à côté de ça, on fait plein de projets en commun.
00:42:19Moi, j'écris des articles en commun avec Mediapart.
00:42:22Tout à fait.
00:42:23J'ai fait des projets en commun,
00:42:25on a fait les Drahiliks avec Blast et Reflet.info
00:42:29où on a publié, et ça dit deux choses d'ailleurs,
00:42:32ce projet que j'ai adoré faire, c'était, pour rappeler,
00:42:35Patrick Drahi, mania des médias, des télécoms,
00:42:38puisqu'il était propriétaire de SFR, de BFMTV à ce moment-là,
00:42:41se fait hacker par des hackers russes,
00:42:441 million de pages de documents qui atterraissent quelque part sur le dark web,
00:42:48Reflet.info récupère ces documents,
00:42:52attaque, procès Bayon,
00:42:53parce qu'on en a parlé, il y a quand même ce sujet-là,
00:42:55où on dit, secret des affaires, il faudrait cacher ça
00:42:58parce que sinon, ça risquerait de nuire au business de Patrick Drahi.
00:43:02Patrick Drahi, oui, le pauvre business de cette évadé fiscale en Suisse,
00:43:07on va pleurer.
00:43:08Secret défense avec Ariane Lavrieux d'ailleurs en ce moment.
00:43:10Exactement, c'est utiliser l'armada juridique
00:43:13pour tenter de faire taire et puis après on fait ces enquêtes,
00:43:15tout le monde nous dit, oui, mais c'est de l'économie,
00:43:18les français s'en foutent.
00:43:19On a fait des audiences de dingue sur Streetpress,
00:43:22on a fait plus d'un million et demi de vues par série d'enquêtes,
00:43:27à chaque fois qu'on sortait une série,
00:43:28on faisait un million et demi de vues sur Streetpress,
00:43:30c'est titanesque.
00:43:31Sur des enquêtes, sur des montages financiers,
00:43:34c'était incroyable.
00:43:36Bref, tout ça pour dire que des fois, on bosse ensemble,
00:43:40je perds le fil de...
00:43:42Je vais peut-être rebondir sur tout ça.
00:43:44Nous, par exemple, avec Histoire Crépue aussi,
00:43:46la complexité, c'est de se dire comment est-ce qu'on se structure
00:43:49et on arrive à être le reflet de diverses pensées antiracistes
00:43:57pour gonfler aussi avec cet angle-là précis
00:44:00et ensuite être plus solide pour collaborer avec d'autres médias.
00:44:03Parce que souvent, ce qui se passe,
00:44:04c'est qu'on peut avoir des journalistes
00:44:06ou même des personnes qui prennent la parole,
00:44:08que ce soit dans les espaces médiatiques
00:44:09ou dans les espaces militants,
00:44:11qui vont, quand on est trop isolé,
00:44:13trop peu nombreux de personnes racisées
00:44:15qui travaillent sur ces sujets,
00:44:16vite se faire écraser, pas dans le sens négatif,
00:44:19mais vite perdre beaucoup d'énergie
00:44:22dans la façon dont on va déployer notre discours
00:44:25et puis se retrouver à s'allier,
00:44:26genre les trois personnes noires du groupe
00:44:28vont se retrouver à s'allier face au reste
00:44:31pour faire entendre une idée.
00:44:32Alors qu'en réalité, on a des idées diverses.
00:44:34Et du coup, notre objectif avec Histoire Crépue,
00:44:36c'est d'être cet endroit
00:44:38où les diverses voix antiracistes peuvent s'exprimer
00:44:41pour ensuite être plus à l'aise,
00:44:43pour collaborer plus facilement
00:44:45avec tous les autres médias
00:44:46qui sont déjà beaucoup plus implantés que nous.
00:44:49On vient de le dire, les médias indépendants,
00:44:52on a des différences,
00:44:54on a aussi des valeurs communes.
00:44:56En face, je dis en face, à côté pour certains,
00:44:59il y a des médias qui sont moins indépendants,
00:45:01ou en tout cas qui appartiennent à des milliardaires.
00:45:03Et dans l'eau, il y a Bolloré.
00:45:06Bolloré, c'est quand même un nouvel animal.
00:45:09Quelqu'un qui est arrivé et qui a dit
00:45:11« Moi, j'ai un projet politique, je l'assume.
00:45:14Ce projet politique, c'est de mettre au pouvoir l'extrême droite. »
00:45:17Alors il s'est dit « Zemmour, c'est pas mal.
00:45:19Marine Le Pen, si elle arrive à se mettre d'accord avec Ciotti,
00:45:21parce que je voudrais quand même qu'on reste bien libéral,
00:45:23qu'on soit vraiment sûrs.
00:45:25C'est mon projet. »
00:45:26Et il défend ça.
00:45:29Et derrière, on assiste à une extrême droitisation
00:45:32des autres médias.
00:45:33Je ne sais pas si vous partagez ce constat.
00:45:34Est-ce que, comme moi, vous voyez un glissement de médias
00:45:37qui étaient libéraux sans être d'extrême droite,
00:45:40qui aujourd'hui laissent de plus en plus de place
00:45:43aux pensées réactionnaires ?
00:45:45Oui, et peut-être que le truc, c'est que
00:45:51comme le système médiatique,
00:45:53là, je parle de l'audiovisuel notamment,
00:45:55est entre les mains de milliardaires
00:45:57et qu'il y a une course à l'audience,
00:45:58qu'en fait, on fonctionne avec des pages de...
00:46:01Le mode de financement, c'est lié à la publicité,
00:46:05donc à l'audience.
00:46:05En fait, il y a une façon de se tirer la bourre
00:46:07entre ces news qui dépassent BFM.
00:46:09Enfin, en fait, la ligne éditoriale, du coup,
00:46:12est fixée en fonction du concurrent, quoi.
00:46:16Donc, c'est là où, en fait, c'est diabolique.
00:46:20Et c'est là où le fait d'être détenu par un milliardaire
00:46:23qui a des intérêts privés, voire politiques,
00:46:26c'est le cas de Bolloré.
00:46:27Mais je pense qu'en réalité, c'est le cas de tous les autres.
00:46:30Enfin, Bernard Arnault, il n'a pas acheté des médias
00:46:33comme il l'a prétendu au Sénat par pure philanthropie.
00:46:37Enfin, personne n'y croit, en vérité, c'est...
00:46:39— Patrick Drayne, il a dit que c'était pour faire plaisir à ses parents.
00:46:40— Voilà. Tout ça, c'est une belle blague.
00:46:42En vérité, tout ça, c'est s'acheter de l'influence.
00:46:45Donc, c'est là où, pour moi, il y a un problème.
00:46:47C'est que ça se fait...
00:46:48Là, il se trouve que c'est avec un dessin idéologique
00:46:52favorable à l'extrême droite,
00:46:53mais c'est pas plus acceptable non plus
00:46:56quand il s'agit de la doxa libérale, etc.
00:46:59Donc, en fait, voilà, c'est là, pour moi,
00:47:01la définition d'un média indépendant.
00:47:03C'est un média qui ne sert que l'intérêt public,
00:47:06les informations d'intérêt public,
00:47:07et qui n'est pas possédé par des personnes
00:47:09qui ont un intérêt privé.
00:47:10Et donc là, c'est le contraire, en fait.
00:47:12Que ça soit Bernard Arnault, Patrick Drayne,
00:47:14en son temps, Xavier Niel, Dassault, Bolloré, Pierre-Edouard Steyrin.
00:47:19Enfin, voilà, tout ça, ce sont des personnages qui...
00:47:22Là, ça a des...
00:47:23Certains nous inquiètent plus
00:47:25parce que l'extrême droite a un projet néfaste
00:47:29pour la démocratie, et pire.
00:47:31Mais en fait, c'est le cas de tous.
00:47:33Non, mais ce qui est terrible aussi,
00:47:34c'est que je trouve qu'en fait,
00:47:35on a du mal à réaliser à quel point c'est insidieux.
00:47:39Mais je pense que même il y a cinq ans,
00:47:41on regardait la teneur, en fait,
00:47:42de ce qui se disait dans les chaînes d'information en continu.
00:47:44Et aujourd'hui, on serait choqués de voir la différence,
00:47:47de voir ce qui est acceptable ou pas.
00:47:48Et typiquement, sur ce que tu disais,
00:47:50sur le fait qu'en gros, CNews et BFM
00:47:52se talonnent sur le fait d'être
00:47:54la chaîne d'information en continu la plus regardée en France.
00:47:56Maintenant, ça fait quand même plusieurs mois
00:47:57que CNews est clairement au-dessus.
00:47:59Qu'est-ce que fait BFM TV à la rentrée ?
00:48:01Ils se disent qu'en fait, on va recruter des chroniqueurs
00:48:04qui sont plutôt très à droite
00:48:07ou carrément classés à l'extrême droite.
00:48:09La fenêtre d'Overton.
00:48:11Voilà, la fenêtre d'Overton.
00:48:12Et en fait, tout ça crée une sorte d'effet boule de neige
00:48:14qui fait qu'en fait, même dans le service public,
00:48:16on voit que voilà, par exemple,
00:48:18assez ce soir, ils ont recruté un chroniqueur du Figaro
00:48:21parce qu'on les avait critiqués,
00:48:24parce qu'ils étaient considérés comme trop à gauche.
00:48:26Et en fait, ils essaient à chaque fois d'avoir un quota
00:48:29d'invités considérés comme conservateurs.
00:48:32Mais en fait, dans conservateur,
00:48:34on peut mettre tout et n'importe quoi.
00:48:35Et c'est exactement la même chose aussi sur France Inter
00:48:37ou sur la radio publique.
00:48:39Et en fait, on voit de plus en plus
00:48:40qu'il y a quand même une petite musique qui monte
00:48:42et qui va plus loin, justement, que la doxa libérale
00:48:44qui en fait, va aussi dans un racisme
00:48:47de plus en plus important,
00:48:49des positions anti-écologiques très assumées.
00:48:52Oui, et des positions aussi extrêmement libérales
00:48:55en permanence.
00:48:56Et en fait, du coup, on baigne dans ça en permanence.
00:48:59Et quand, en plus, on se balade dans la rue
00:49:01et qu'on passe devant des kiosques de journaux
00:49:03et qu'on voit, par exemple, le nouveau magazine
00:49:05Frontières, ancien livre noir,
00:49:06qui s'est lancé et qu'on voit en énorme
00:49:08Bardella et Marine Le Pen avec écrit 2027.
00:49:11En fait, c'est assez terrifiant
00:49:13parce que c'est absolument partout
00:49:16et qu'on ne se rend même plus compte
00:49:17de ce qui devrait nous choquer, en fait,
00:49:20et ce qui aurait pu nous choquer
00:49:21il y a dix ans si on nous avait juste montré ça
00:49:23sorti de son contexte.
00:49:24Et je pense que c'est là aussi
00:49:26qu'il y a une importance, en fait,
00:49:27d'avoir des médias indépendants
00:49:29qui vont à la fois permettre
00:49:30d'avoir du recul sur ça,
00:49:31de comprendre, en fait, les logiques
00:49:32qui sont derrière et les intérêts aussi
00:49:34qui sont servis par cette ouverture
00:49:37de la fenêtre d'Overton à l'extrême droite
00:49:39et aussi de pouvoir remettre, en fait,
00:49:41les faits sur la table
00:49:42et de permettre aux personnes
00:49:44de réfléchir par elles-mêmes
00:49:46et de ne pas être en permanence
00:49:47en train de pointer, par exemple,
00:49:48l'immigration comme le seul problème
00:49:50que la France aurait, quoi.
00:49:51Bolloré a décalé à l'extrême droite
00:49:54très loin de ce qui est acceptable.
00:49:56Enfin, on a parlé des événements
00:49:57de République, donc on a organisé
00:49:59conjointement les médias indépendants,
00:50:01des organisations de la société civile.
00:50:04Deux grands rassemblements
00:50:05placent de la République.
00:50:06Il y a eu des dizaines de milliers
00:50:07de personnes qui sont venues
00:50:08et à un moment il y a un groupuscule
00:50:09d'extrême droite qui s'appelle Némésis,
00:50:11qui est un groupuscule identitaire,
00:50:12qui est un groupuscule raciste,
00:50:14qui est venu interrompre cet événement
00:50:17qui était un événement festif pacifique
00:50:19avec des pancartes.
00:50:21Elles ont...
00:50:22Moi j'ai eu très peur,
00:50:23j'étais sur un coin de la scène
00:50:24à ce moment-là.
00:50:24C'est un collectif qui se dit féministe,
00:50:27je précise.
00:50:27Oui, voilà, c'est un collectif...
00:50:29Mais qui ne relève en fait
00:50:31les violences faites aux femmes
00:50:32que quand elles sont commises
00:50:34par des étrangers, donc voilà.
00:50:35Et à ce moment-là,
00:50:37j'ai eu peur que la foule les lynche,
00:50:38vraiment, j'ai été paniqué.
00:50:40Heureusement, ça s'est bien passé
00:50:41et ça s'est bien passé.
00:50:42Elles ont été exfiltrées
00:50:44un peu de manière musclée,
00:50:46mais il n'y a pas eu de coups sur elles
00:50:47qui ont été portés.
00:50:48Et le lendemain,
00:50:49il y a la machine Bolloré
00:50:50qui s'est mise en place.
00:50:51On a vu Alice Cordier,
00:50:54qui est la leader de Nemesis,
00:50:55qui est allée chez Cyril Hanouna.
00:50:58On les a vus...
00:50:59Tous les médias bollorés
00:51:00se sont mis à en parler
00:51:02pour créer un contre-discours.
00:51:03Quand on invite des gens
00:51:04qui sont des militants
00:51:05d'un groupuscule extrême droite,
00:51:07à droite du Front National
00:51:08ou du Rassemblement National,
00:51:11à côté de ça, les Républicains,
00:51:13c'est un groupe de centre-gauche,
00:51:15quoi, quasiment.
00:51:16Donc tout le paysage médiatique
00:51:18se déplace.
00:51:19Et la question qui se pose,
00:51:20c'est est-ce que nous,
00:51:21on doit encore aller sur ces plateaux ?
00:51:23Est-ce que toi,
00:51:23tu irais sur le plateau de BFMTV,
00:51:26par exemple ?
00:51:26Ouais, grosse question.
00:51:28Je ne sais pas.
00:51:28Je dois avouer que
00:51:29je ne sais pas du tout.
00:51:31Je n'ai jamais...
00:51:32On ne m'a jamais proposé ça.
00:51:33Moi, je l'ai fait.
00:51:34Je ne sais pas.
00:51:36Ça dépend vachement, en fait,
00:51:38de l'angle ou de l'affaire
00:51:40sur laquelle on m'inviterait,
00:51:41tu vois.
00:51:41Et moi, ce que j'essaie de faire
00:51:42tout le temps,
00:51:43c'est d'en profiter
00:51:44pour redéployer du contexte
00:51:48autour de ce qu'on est en train de faire
00:51:49et de ce qui est en train de se passer
00:51:50comme actualité,
00:51:51donc ce contexte colonial.
00:51:52Donc si ça peut me permettre
00:51:53de déployer ça,
00:51:55j'irais.
00:51:55Mais si je vois que c'est
00:51:56pour autre chose,
00:51:57je n'irais pas.
00:51:57Mais juste, j'en profite
00:51:58pour rebondir sur Bolloré.
00:51:59En parlant de contexte colonial,
00:52:01ce que je trouve intéressant,
00:52:02c'est qu'à la fois,
00:52:03il a la main mise
00:52:04sur plein de médias
00:52:05qui ont une grosse influence
00:52:06ici en France.
00:52:07Mais il ne faut pas oublier
00:52:08qu'en partie,
00:52:08sa fortune s'est construite
00:52:10sur Bolloré Logistique,
00:52:11qui est en fait le fait
00:52:12qu'il ait racheté des entreprises
00:52:14d'import-export colonial.
00:52:15Donc à l'époque coloniale,
00:52:17la France avait installé
00:52:18des infrastructures
00:52:19qui permettaient d'exporter
00:52:20les matières premières d'Afrique
00:52:21jusqu'en Europe
00:52:22avec des chemins de fer
00:52:23et des ports
00:52:24et ensuite des compagnies maritimes,
00:52:26notamment la Delmas Viellejeux
00:52:27qui est basée à La Rochelle.
00:52:28Et donc cette compagnie maritime
00:52:30transportait les ressources
00:52:32jusque en France
00:52:33ou dans le reste du monde.
00:52:34Bolloré a racheté ça
00:52:35quelques années après
00:52:36la fin de la colonisation,
00:52:38intégré au groupe Bolloré Logistique.
00:52:39Ça fait partie des choses
00:52:40qui l'ont enrichi.
00:52:41Mais aujourd'hui,
00:52:43Canal+,
00:52:44et l'influence de Bolloré
00:52:45sur le continent africain
00:52:46restent très fortes aussi.
00:52:48Ça, c'est un truc
00:52:48qui est assez impressionnant.
00:52:49Au-delà de la métropole,
00:52:51Canal+,
00:52:52dans les anciennes colonies françaises,
00:52:53reste un des principaux
00:52:56canals par lequel
00:52:57les gens reçoivent les informations,
00:52:59que ce soit CNews ou autre.
00:53:00Et du coup, il y a une influence
00:53:01qui est à la fois
00:53:02sur la population métropolitaine
00:53:04de France
00:53:05et à la fois dans les anciennes colonies
00:53:06dans lesquelles il a eu des intérêts,
00:53:08même si aujourd'hui,
00:53:09il a revendu ses activités.
00:53:11En tout cas, ses activités portuaires.
00:53:12Mais voilà, il y a tout ça
00:53:13qui est connecté
00:53:14et qui place vraiment Bolloré
00:53:16comme un des acteurs
00:53:16de ce qu'on appelle le néocolonialisme
00:53:18et de cette connexion.
00:53:20Et donc, le fait qu'il monte
00:53:21la population française
00:53:23contre les immigrés, les étrangers,
00:53:25contre cet extérieur,
00:53:26alors qu'en même temps,
00:53:27c'est ce qui a permis de l'enrichir.
00:53:29On est vraiment dans la machine,
00:53:30la rhétorique
00:53:31et le fonctionnement
00:53:32du colonialisme français.
00:53:34Et donc, rien que pour ça,
00:53:35c'est un personnage ultra intéressant
00:53:36à observer
00:53:37et son déploiement médiatique l'est aussi.
00:53:39Lui, Bolloré,
00:53:40son projet pour 2027,
00:53:42il est clair,
00:53:42c'est Marine Le Pen.
00:53:44Et nous, médias indépendants,
00:53:46qu'est-ce qu'on fait
00:53:47pour se préparer à 2027
00:53:49ou avant d'ailleurs ?
00:53:50Parce que...
00:53:512026, 2025,
00:53:53je ne sais pas.
00:53:54En tout cas,
00:53:55je pense que plus que jamais,
00:53:58le journalisme est utile,
00:53:59même si on l'a vu avec l'élection,
00:54:02la dernière présidentielle américaine
00:54:04où Trump a donc été élu
00:54:06pour un second mandat.
00:54:08Et il a été élu
00:54:09en disant absolument n'importe quoi.
00:54:10En fait, c'est possible
00:54:12d'être élu
00:54:13en disant n'importe quoi,
00:54:15donc des choses fausses,
00:54:17en ayant des propos racistes,
00:54:18en ayant des propos misogynes.
00:54:20Et en fait,
00:54:20je pense qu'il faut regarder ça en face.
00:54:22C'est-à-dire qu'il ne faut pas se dire
00:54:23ah ben c'est n'importe quoi,
00:54:24c'est fou, les gens, tout ça.
00:54:25Non.
00:54:27Et de dire qu'il n'y a pas de projet politique.
00:54:28En fait, c'est un projet politique
00:54:30que de dire n'importe quoi,
00:54:32des choses racistes
00:54:32et des choses misogynes.
00:54:34Et il y a un électorat pour ça.
00:54:36Et donc,
00:54:37il faut prendre au sérieux ce projet politique
00:54:38et pas tomber des nues tous les matins
00:54:40quand on entend,
00:54:42quand on lit son dernier tweet, etc.
00:54:44Et donc, ce que je veux dire par là,
00:54:46c'est qu'on a devant nous
00:54:48une grande responsabilité
00:54:49en tant que journaliste.
00:54:50Nous, à Mediapart,
00:54:51on a basé notre travail
00:54:53sur l'investigation,
00:54:54les faits
00:54:55et la capacité de leur donner
00:54:58un contexte,
00:54:59une perspective
00:55:00et de les analyser.
00:55:01Et du coup,
00:55:02les faits me semblent être
00:55:04une base
00:55:05assez importante
00:55:06pour écrire des choses.
00:55:08Ça paraît basique,
00:55:08dit comme ça,
00:55:09mais en fait,
00:55:11quand on parle de médias
00:55:12comme Frontières ou d'autres,
00:55:14il y a quand même tout un tas de médias
00:55:15qui racontent n'importe quoi
00:55:16sur tout.
00:55:18Donc voilà,
00:55:19je trouve que
00:55:20c'est un peu une bonne base.
00:55:21Et je voudrais juste rebondir sur
00:55:23aller à BFM ou pas
00:55:24et jusqu'où on va, etc.
00:55:26Il peut y avoir des lignes rouges,
00:55:28mais je trouve que c'est un débat
00:55:30qui pour moi n'est jamais fermé
00:55:32que de savoir à qui on parle
00:55:34et pour leur dire quoi.
00:55:36Avoir un rond de serviette sur BFM
00:55:38pour aller commenter l'actualité
00:55:41sans avoir aucune expertise sur rien,
00:55:43c'est non.
00:55:44Y aller pour
00:55:46expliquer une enquête
00:55:47qu'on a pu faire
00:55:48ou amener une autre façon
00:55:50de présenter des faits,
00:55:52je trouve que ça peut être intéressant,
00:55:53mais ça se discute à chaque fois.
00:55:55De toute façon, il faut qu'il y ait
00:55:56une présence médiatique
00:55:58des voix qu'on peut représenter
00:56:00parce qu'on est aussi
00:56:01surtout des intermédiaires.
00:56:03Il ne faut pas oublier,
00:56:03notre métier de journaliste,
00:56:04c'est de donner la parole à des gens,
00:56:06de porter des regards différents,
00:56:09de faire des pas de côté,
00:56:10de mettre en lumière
00:56:11ce qu'on n'entend pas ailleurs.
00:56:14C'est aussi de révéler
00:56:15ce qu'on nous cache.
00:56:15C'est tout le modèle de l'enquête.
00:56:17C'est de remettre en contexte aussi
00:56:19tous les événements d'actualité.
00:56:21Et pour ça, il faut porter cette parole
00:56:23sur ces médias.
00:56:23Il faut aussi que nos médias grandissent
00:56:25parce que voilà,
00:56:27on a des médias compris de la force.
00:56:29On fait des vues,
00:56:29on fait de l'audience.
00:56:30On est beaucoup plus puissant
00:56:32que nous ne l'étions il y a dix ans.
00:56:34Et ça, c'est une force.
00:56:34Et c'est quelque chose
00:56:36qui pourra jouer d'ici à 2027.
00:56:38On l'a vu au moment des législatives.
00:56:40Les enquêtes de Mediapart,
00:56:43les enquêtes de Streetpress,
00:56:45l'écho donné par nos différents médias,
00:56:48par Blast, par Histoire Crépue
00:56:49à ce moment-là,
00:56:50sur tout ça,
00:56:51a peut-être contribué à faire basculer
00:56:53en partie,
00:56:54au moins certaines circonscriptions
00:56:56au moment des législatives.
00:56:57Donc les médias indépendants
00:56:58sont importants.
00:56:59Donc abonnez-vous.
00:57:00Donc faites des dons.
00:57:01C'est la page publicitaire.
00:57:02Vous m'avez vu arriver.
00:57:03Mais c'est important.
00:57:04On a besoin de ça pour exister.
00:57:07Et c'est vraiment un enjeu fort.
00:57:08Et il faut que les gens comprennent ça,
00:57:10je pense.
00:57:11Parce qu'aujourd'hui,
00:57:13on est des structures
00:57:15petites, moyennes,
00:57:16un peu grosses,
00:57:17mais bien moindres.
00:57:18On l'a dit,
00:57:19que l'armée de journalistes...
00:57:23Je ne sais pas où je vais avec l'armée.
00:57:25Pas sûr.
00:57:27Quand même, je critique,
00:57:28mais je ne vous considère
00:57:29quand même pas comme une armée.
00:57:31Mais en tout cas,
00:57:32il y a besoin de cette force-là.
00:57:33Donc soutenez tous ces médias
00:57:36indépendants,
00:57:37Streetpress et les autres.
00:57:41Pardon, désolé,
00:57:41je te coupe dans ton envolée.
00:57:43Mais je voulais juste dire,
00:57:44en fait, justement,
00:57:45moi, ce que j'ai trouvé
00:57:45très intéressant
00:57:46avec la période législative,
00:57:47c'est que ça a montré,
00:57:48en fait, à quel point
00:57:49c'était essentiel
00:57:49qu'il y ait des médias indépendants
00:57:51pour justement revenir aux faits.
00:57:52Parce qu'on entendait
00:57:54tout et n'importe quoi.
00:57:55Il y a énormément de gens,
00:57:56par exemple,
00:57:56qui, quand Macron
00:57:58a dissous l'Assemblée,
00:58:00ne comprenaient pas
00:58:01ce qui s'était passé,
00:58:02ne savaient pas
00:58:02qu'il y avait eu
00:58:03des élections européennes.
00:58:03Il ne faut pas oublier
00:58:04qu'il y a énormément de personnes
00:58:05qui ne votent pas
00:58:06dans ce pays, etc.
00:58:07Et en fait,
00:58:08d'avoir des médias
00:58:09qui permettent de comprendre,
00:58:10de remettre en contexte,
00:58:11justement, ce que ne font
00:58:12franchement pas beaucoup,
00:58:13malheureusement,
00:58:14de grands médias,
00:58:15à part, évidemment,
00:58:16voilà, les plus connus
00:58:17et de permettre de comprendre
00:58:19la complexité de l'actualité.
00:58:20Moi, je sais qu'il y a
00:58:21beaucoup de gens
00:58:21à ce moment-là
00:58:22qui nous ont dit que,
00:58:23enfin, voilà,
00:58:24ils avaient vécu
00:58:24sous assistance respiratoire
00:58:26grâce à Blast
00:58:26au moment de cette période,
00:58:31avec une multiplication
00:58:32des actes racistes,
00:58:34des violences,
00:58:34des insultes, etc.
00:58:35Donc, pour moi,
00:58:37on doit continuer aussi à,
00:58:38voilà, être cette assistance
00:58:39respiratoire,
00:58:40mais peut-être un peu plus que ça,
00:58:41parce qu'on n'a pas non plus envie
00:58:42que la plupart des citoyens
00:58:44sont maintenus
00:58:44sous assistance respiratoire
00:58:46et que pour ça,
00:58:47en effet,
00:58:48il va falloir
00:58:49qu'on soit beaucoup plus puissant
00:58:51et on sous-estime notre puissance.
00:58:52Et je pense qu'on l'a comprise aussi
00:58:53au moment des législatives,
00:58:55notamment dans ce qui s'est passé
00:58:56à République.
00:58:57C'était hallucinant, en fait,
00:58:58de voir la place de la République
00:59:00noire de monde
00:59:01en se disant que tout ça
00:59:02n'a été organisé
00:59:03que par des médias indépendants.
00:59:05Et c'est notamment ce que disent
00:59:07Maxime Massé et Pierre Plotut
00:59:08dans leur livre Pop Fascisme,
00:59:09où ils parlent de comment l'extrême-droite
00:59:11a gagné la bataille culturelle
00:59:12sur Internet.
00:59:12Ils précisent bien
00:59:13qu'elle a gagné la bataille culturelle,
00:59:14mais qu'elle n'a pas gagné la guerre.
00:59:16Et en fait,
00:59:16qu'aujourd'hui,
00:59:17il y a une fachosphère qui existe,
00:59:19tu la connaîtras bien, Mathieu,
00:59:21mais il y a aussi, en fait,
00:59:22une progressosphère,
00:59:23on va dire, en quelque sorte,
00:59:25qui existe, mais qui s'ignore
00:59:26et qui, en fait,
00:59:27est beaucoup plus puissante.
00:59:29Avec Blast, pendant les législatives,
00:59:31en même pas deux semaines,
00:59:32on a fait 25 millions de vues
00:59:33en cumulé.
00:59:34Enfin, c'est quand même beaucoup
00:59:36pour un média qui n'existe
00:59:37que depuis trois ans.
00:59:38Je ne dis pas ça pour me jeter des fleurs,
00:59:39je ne dis pas ça pour me jeter des fleurs,
00:59:40mais j'ai juste ça pour...
00:59:41En fait, ça raconte quelque chose.
00:59:42Et je pense que ça,
00:59:45il faut qu'on soit plus puissant
00:59:47et donc il faut qu'il y ait
00:59:47un maximum de personnes
00:59:48qui nous soutiennent,
00:59:49mais aussi qui en parlent autour d'elles.
00:59:50C'est-à-dire qu'en fait,
00:59:51on brise aussi certains plafonds de verre
00:59:53que ce soit plus considéré
00:59:56comme, je ne sais pas,
00:59:58qu'un truc de militant,
00:59:59par exemple, de regarder Blast.
01:00:00Je sais que ce n'est déjà plus le cas,
01:00:01parce que je vois la diversité
01:00:02des personnes qui viennent me parler
01:00:03ou qui sont nos abonnés.
01:00:05Et après, la dernière chose,
01:00:06et ça, moi, je n'ai pas encore la solution,
01:00:08mais je pense qu'il y a
01:00:09une vraie fatigue informationnelle,
01:00:10qu'elle a été très accentuée
01:00:12par ce qui s'est passé
01:00:12à la rentrée, en fait,
01:00:14avec la nomination de Michel Bernier
01:00:15et qu'il y a beaucoup de gens,
01:00:16en fait, qui ne veulent plus
01:00:17suivre l'actualité.
01:00:18Il y a une sorte de passion
01:00:19pour la politique
01:00:20au monde législatif
01:00:21et que là, en fait,
01:00:22il y a énormément de personnes
01:00:23qui en ont marre.
01:00:23Nous, on le voit même
01:00:24dans nos audiences
01:00:25sur certains sujets
01:00:25qui vraiment baissent
01:00:27par rapport à d'habitude.
01:00:28Moi, je le vois singulièrement
01:00:29sur l'écologie.
01:00:29On est à un moment où il n'y a
01:00:30presque jamais eu autant
01:00:31de propos climato-sceptiques
01:00:32tenus sur ces news.
01:00:33Et à côté de ça,
01:00:34c'est plus difficile
01:00:35d'intéresser sur l'action écologique,
01:00:36parce qu'elle n'est tout simplement
01:00:37pas dans le débat public.
01:00:39Et je pense que, justement,
01:00:40un des enjeux
01:00:41auxquels on peut essayer
01:00:42de répondre en tant que médias,
01:00:43c'est, comme vous le faites
01:00:44avec Mediapart sur des enquêtes,
01:00:45mais en fait aussi sur d'autres choses,
01:00:46c'est dire, comment est-ce qu'on va
01:00:47imposer certains sujets
01:00:48dans le débat public
01:00:49et on va arrêter de laisser,
01:00:51en fait, dicter le débat
01:00:52par des médias privés
01:00:54qui, en fait, veulent qu'on perde
01:00:55d'immigration et de sécurité
01:00:56toute la journée ?
01:00:56Comment est-ce qu'on va parler
01:00:57des vrais sujets, des besoins
01:00:58des Françaises et des Français
01:00:59et faire en sorte
01:01:01qu'on ait des conversations,
01:01:02justement, démocratiques
01:01:03sur tout ça, quoi ?
01:01:04Et puis, je pense qu'il y a
01:01:05tout un tas de gens
01:01:06qui n'adhèrent pas au projet
01:01:08du Rassemblement National.
01:01:10Il y a une survisibilisation,
01:01:11aussi, des propos racistes,
01:01:14des propos haineux.
01:01:15Mais je vois, à Streetpress,
01:01:16et je pense que vous tous,
01:01:17c'est pareil, on reçoit
01:01:18des dizaines, des centaines
01:01:19de messages de soutien,
01:01:20des messages positifs
01:01:21qui font vraiment plaisir.
01:01:23On voit aussi que des sujets
01:01:25qui sont refusés
01:01:27par les médias
01:01:28un peu plus classiques
01:01:29chez nous font
01:01:29des excellentes audiences,
01:01:31intéressent les gens.
01:01:32Des formats, on entend partout
01:01:35qu'il faut faire court,
01:01:36il faut faire vite,
01:01:37il faut faire du zapping.
01:01:38Et en fait, on a des formats longs
01:01:39qui marchent très, très bien,
01:01:41des formats où on va au fond des choses,
01:01:43où on explique des enquêtes
01:01:44qui sont très fouillées.
01:01:46Et ça marche,
01:01:47et ça intéresse les gens.
01:01:47Donc il faut, comme tu dis,
01:01:49porter ces sujets-là,
01:01:50les défendre.
01:01:51Et je pense qu'il y a des gens
01:01:52qui sont intéressés par ça.
01:01:54Merci à vous.
01:01:55Merci à eux.
01:01:55On arrive à la fin de cette émission.
01:01:57Tu peux y rajouter un truc sur 2027 ?
01:01:59Vas-y, dis, rajoute.
01:02:00Je voulais ajouter un truc sur 2027.
01:02:01Tu es candidat.
01:02:03Non, mais c'était parce que
01:02:05un des thèmes principaux
01:02:06sur lesquels tout le discours
01:02:07médiatique va tourner,
01:02:08ça va être le racisme.
01:02:09En fait, à la fois,
01:02:11il va y avoir plein de propositions
01:02:12racistes du côté de l'extrême droite,
01:02:14et à la fois, les médias de gauche
01:02:15ou même du centre
01:02:16vont essayer de se positionner
01:02:17contre ce racisme.
01:02:18Et c'est souvent ce qu'on a vu
01:02:19pendant toutes les élections
01:02:21présidentielles récentes.
01:02:22C'est toujours ce truc,
01:02:23l'extrême droite raciste vs les autres.
01:02:25Et en fait, nous,
01:02:26en tout cas dans les camps antiracistes
01:02:28de personnes racisées,
01:02:29on a l'impression,
01:02:30on a le sentiment que
01:02:31cette question de l'antiracisme
01:02:32est maltraitée par tout
01:02:34le spectre médiatique,
01:02:35y compris à gauche,
01:02:36même si dans vos médias,
01:02:37par exemple,
01:02:38c'est peut-être vous qui faites
01:02:39le meilleur travail sur ces sujets.
01:02:40Mais dans les médias qui sont,
01:02:42en général, plus,
01:02:44on va dire,
01:02:45enfin, pas d'extrême droite,
01:02:46le travail est quand même
01:02:47pas très bien fait.
01:02:48Et du coup, nous,
01:02:49l'ambition avec Histoire crépue,
01:02:50c'est vraiment
01:02:51de pouvoir aborder ce sujet
01:02:53et d'avoir des personnes concernées
01:02:54qui donnent aussi leur point de vue
01:02:56et leur lecture et leur regard
01:02:57sur ces questions de racisme
01:02:59qui vont être au cœur de la campagne.
01:03:00Et on a l'impression
01:03:01que c'est indispensable.
01:03:02Et après, on espère que ce soit
01:03:03des personnes
01:03:04qui peut-être font un plateau chez nous,
01:03:06mais qui derrière deviennent
01:03:07chroniqueurs ou chroniqueuses
01:03:08dans vos différents médias,
01:03:09parce que vous avez plus d'audience.
01:03:10Mais en tout cas, cette idée
01:03:11d'apporter à des gens
01:03:14qui savent parler de ces sujets
01:03:15et qui sont concernés.
01:03:17C'est important.
01:03:17Il faut que dans tous nos médias,
01:03:19on laisse cet espace-là.
01:03:20Et c'est un vrai enjeu
01:03:22qu'on essaye de se poser.
01:03:23Peut-être pas assez encore,
01:03:25y compris à Street Press.
01:03:27Merci pour cette conversation.
01:03:28J'ai trouvé ça super.
01:03:29Merci à toi.
01:03:30Merci.
01:03:31J'espère que ça vous a plu.
01:03:32Dites-le nous dans les commentaires.
01:03:33C'était la première émission,
01:03:35le premier podcast vidéo
01:03:36de Street Press.
01:03:37Je ne sais pas si on va le refaire.
01:03:39Ça dépendra un peu de vous.
01:03:41Grosse pression.
01:03:41Non mais dites-nous en commentaire
01:03:43si vous avez aimé ou pas,
01:03:44s'il y a des sujets
01:03:45que vous voudriez voir abordés.
01:03:47Et puis, faites un don,
01:03:48des abonnements
01:03:49aux médias indépendants.
01:03:50Les liens sont en commentaire
01:03:52et en description de cette vidéo.
01:03:53Merci à tous.

Recommandations