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Xerfi Canal a reçu Caroline Mattelin-Pierrard, Institut de Recherche en Gestion et Economie (Irege), Université Savoie Mont Blanc, Annecy-le-Vieux, France, pour parler de l'entreprise libérée.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00Bonjour Caroline Matelin-Pierrard ! Bonjour Jean-Philippe ! Caroline, vous êtes à Annecy,
00:15à l'Irège. Tout à fait ! Article publié dans la revue Management, Management arobas, à ne pas
00:21confondre avec Management sans arobas, qui est la revue professionnelle, là on parle de la revue
00:26scientifique. Libérez l'entreprise en lâchant les grappes, joli titre, vers une double cohérence
00:31du processus d'adoption des pratiques managériales. Article co-écrit avec Mathieu Battistelli,
00:37Irège, Université Savoie Montblanc, comme vous, et avec Anne-Sophie Dubé, IQUB-CRG,
00:42École Polytechnique. L'entreprise libérée, est-ce que l'entreprise libérée, voilà,
00:50aujourd'hui on en est où ? J'ai envie de vous dire quoi de neuf, parce que certains continuent
00:55à la promouvoir, là où d'autres la contestent et disent en fait, c'est la pire des servitudes,
01:00l'entreprise libérée. Alors, l'entreprise, on en est où ? C'est intéressant de se poser la
01:05question aujourd'hui, puisqu'on est dix ans après le documentaire qui s'appelle « Le bonheur au
01:10travail », qui avait été diffusé sur Arte, et qui avait contribué quand même à populariser
01:14assez fortement l'entreprise libérée en France. Donc, il y avait eu le premier livre d'Isaac Getz,
01:20avec Brian Carnet, qui avait commencé à faire connaître l'entreprise libérée, mais ce
01:25documentaire avait été vraiment un coup d'accélérateur, et c'est l'un des documentaires
01:29les plus vus d'ailleurs d'Arte. Donc, où on en est ? Eh bien, on commence à pouvoir tirer des leçons,
01:37déjà, de ce qui s'est passé, et on parle d'ailleurs maintenant d'une deuxième génération
01:42d'entreprises libérées. On voit donc celles qui n'ont pas duré dans le temps, et au contraire,
01:49celles qui ont réussi à se pérenniser. Donc, toujours très débattue cette entreprise libérée,
01:58très débattue, pourquoi ? Parce qu'on peut se dire qu'effectivement, c'est peut-être un bon
02:03modèle, quelque part, face aux enjeux actuels d'agilité, d'adaptabilité, de recrutement aussi,
02:12puisqu'on a des difficultés aussi pour attirer les talents, donc proposer des nouvelles choses,
02:17plus d'autonomie au travail, ça peut faire partie des attendus. Effectivement, le pendant,
02:24c'est qu'il peut y avoir une certaine idéologie qui s'impose à tous dans ces organisations,
02:30et une idéologie, et donc, est-ce que vraiment les salariés sont si bien que ça dans les
02:37entreprises libérées ? On commence à avoir certaines réponses, mais pas toutes encore.
02:41Le paradoxe, pour comprendre, c'est que l'entreprise, par définition,
02:46de la coordination, de la mise en ordre, de la hiérarchie, libérée à l'intérieur d'une
02:52entreprise qui se veut hiérarchique, c'est forcément compliqué, c'est forcément source
02:56de tension, et il y a toujours cette suspicion que ce soit une autre manière de encore mieux
03:01contrôler, finalement. De mieux contrôler, mais pas que, parce qu'au départ, quand on libérait
03:07les entreprises, on se dit qu'on va enlever tous les managers, notamment les managers
03:11intermédiaires. En fait, on s'est rendu compte, justement, sur ces deuxièmes générations
03:15d'entreprises libérées, que les managers pouvaient servir à quelque chose, malgré tout,
03:20mais juste, il fallait repenser leur rôle, et donc, on n'était plus sur un rôle où on allait
03:26donner des ordres et contrôler le travail qui était fait, mais plutôt animer, coordonner le
03:31travail. Donc, peut-être l'une des principales leçons qui a été tirée ces dernières années,
03:37c'est que, oui, le manager sert à quelque chose. Donc, c'est quand même une bonne nouvelle pour
03:44nous, chercheurs en management. Deuxième leçon, peut-être, c'est que « libérer », ça ne veut
03:51peut-être pas dire, finalement, arrêter toute formalisation, et c'est notamment ce qu'a développé
03:58Anne-Sophie Dubé dans sa thèse. On a besoin de formalisation, d'un cadre. Quand on pense,
04:06par exemple, à de la prise de décision participative, on ne fait pas ça n'importe
04:11comment, et donc, on a besoin de processus qui nous permettent, au final, de prendre des décisions et
04:16de prendre les meilleures décisions possibles. On peut penser, par exemple, à des entreprises qui
04:21vont proposer de l'autodétermination des salaires, mais ça ne s'improvise pas, l'autodétermination
04:26des salaires, on doit penser à la manière dont on va organiser ça aussi dans l'entreprise.
04:30Merci à vous.
04:31Merci.

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