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Alors qu'Emmanuel Macron poursuit ses consultations en vue de la nomination d'un nouveau Premier ministre et d'un gouvernement, Boris Vallaud, député des Landes, président du groupe Socialistes et apparentés à l'Assemblée nationale, est l'invité de 7h50. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-lundi-09-decembre-2024-7749375

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00:00Sonia Devillers, votre invitée est députée des Landes et président du groupe socialiste
00:05à l'Assemblée Nationale.
00:07Aura-t-on un gouvernement cette semaine après la trêve de Notre-Dame et les mois qu'a
00:12suscité hier la chute du régime Assad en Syrie ? La politique française reprend ses
00:16droits.
00:17Tout à l'heure sont reçus à l'Élysée les écologistes, les communistes, le groupe
00:20Lyott.
00:21Les Insoumis, eux, refusent de s'y rendre aujourd'hui.
00:23Les socialistes, qui avec leurs 66 députés se trouvent en position d'arbitre en cas
00:27de nouvelle censure, et l'ont été lors de la précédente censure, ont été entendus
00:32par Emmanuel Macron dès vendredi après-midi.
00:34Bonjour Boris Vallaud.
00:35Bonjour.
00:36Alors avant d'en venir au gouvernement, je vais m'adresser aux députés des Landes
00:39que vous êtes, le seul député de la région à avoir voté la motion de censure.
00:43Hier soir, votre permanence de Saint-Séver a été attaquée par des agriculteurs.
00:47Le local a été bâché, muré, tagué, mis en scène macabre.
00:51Et cette inscription « Par ambition, personnel, politique, tu tues nos exploitations » est
00:57aussi bancale que ce mur.
01:00Est-ce que vous comprenez ces réactions de la part de paysans qui attendent des mesures
01:03depuis des mois, Boris Vallaud ?
01:05Bien sûr.
01:06Et la façon dont s'est déroulée cette opération, dont j'avais été informé…
01:11Ah bon ? Vous saviez que ça allait y avoir lieu ?
01:13Je le savais.
01:14Ça ne s'est pas déroulé dans le climat de tensions, ça a été au fond assez respectueux.
01:20Et ce que je veux dire, c'est que je comprends évidemment les inquiétudes.
01:24Vous savez, dès le lendemain matin de la motion de censure, j'ai téléphoné aux
01:27organisations syndicales agricoles pour leur proposer rendez-vous et nous nous voyons dans
01:31quelques jours.
01:32C'est bien que j'avais tout cela en tête.
01:35Parce que les deux principaux syndicats ont quand même publié un communiqué en dénonçant
01:39les calculs politiques qui ont mené à la censure et qui mettent en pause, je les cite,
01:44les 400 millions d'euros d'aides prévues pour l'agriculture française dans le projet
01:47de loi de finances 2025.
01:48Bien sûr, et je me préoccupe des agriculteurs parce que je suis dans un territoire très
01:52agricole comme toujours.
01:53Il y a eu la grippe aviaire, il y a eu la fièvre catarale et bien d'autres maladies.
01:57Il y a eu des récoltes qui ont été très mauvaises et évidemment nous serons les garants
02:01que les avancées en faveur de l'agriculture seront confortées.
02:04Mais je pense aussi à l'hôpital public pour lequel il manque 3 milliards, aux infirmières,
02:08aux aides-soignantes.
02:09Je pense à la situation des EHPAD qui sont pour la quasi-totalité d'entre eux en déficit
02:13alors que les finances des collectivités locales vont être siphonnées par le projet
02:17qui était celui de Michel Barnier.
02:18Je pense aux enseignants et aux 4000 suppressions de postes.
02:21Vous voyez, je ne joue pas les uns contre les autres, je joue le maximum de solidarité
02:24nationale pour permettre de faire fonctionner les services publics autant qu'on le prévoit.
02:27Une question quand même encore sur l'agriculture.
02:28C'est Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, qui a annoncé
02:30vendredi triomphalement avoir trouvé l'accord de libre-échange et l'avoir signé avec
02:34le Mercosur, avec le Brésil, l'Argentine, les autres pays qui en font partie.
02:38Cette annonce, elle intervient deux jours après la censure du gouvernement.
02:42Elle est honteuse.
02:43Elle est honteuse.
02:44Elle est inadmissible.
02:45Elle est incapacifiable.
02:46La représentation nationale avait dit son désaccord il y a quelques jours.
02:50Les socialistes, que ce soit au Parlement…
02:51Mais ça veut dire qu'Ursula von der Leyen, elle a profité de la faiblesse politique française ?
02:55Non, elle a profité de la faiblesse politique d'une manière générale, d'un président
02:58de la République qui, en réalité, a perdu son arat depuis bien longtemps à Bruxelles.
03:03Pour ce qui concerne les socialistes, que ce soit au Parlement européen ou à l'Assemblée
03:08nationale, voilà de longs mois, de longues années, que nous avons dit notre désaccord
03:12à l'endroit du Mercosur et de ce type d'accord de libre-échange.
03:16Elle ne doit pas être terminée.
03:17On ne peut pas…
03:18Parce qu'il faudra encore le valider, cet accord.
03:19Exactement.
03:20On ne peut pas accepter de mettre en difficulté de façon structurelle notre agriculture en
03:24la mettant en face d'une mondialisation qui est une mondialisation sans règle, une
03:28mondialisation déloyale.
03:29Et donc vous allez soutenir Emmanuel Macron s'il va jusqu'en justice ?
03:30Parce qu'il y a une possibilité d'aller jusqu'en justice.
03:31Oui, il faut aller au maximum pour empêcher cet accord.
03:34Revenons aux tractations françaises, Boris Vallaud.
03:37Le président de la République semble sur le point de choisir un nouveau Premier ministre
03:40aujourd'hui ou demain.
03:42Il n'a pas mâché ses mots à l'égard du Parti Socialiste, il n'a pas mâché ses
03:46critiques.
03:47Vous avez néanmoins pu dialoguer sereinement avec lui, vendredi après-midi ?
03:52Écoutez, il nous a reçus et ce qu'il nous a entendu, difficile de le dire.
03:55Qu'est-ce que nous avons dit au président de la République ? Nous lui avons d'abord
03:58donné le sens de notre motion de censure.
04:00C'est une motion de censure, je n'y reviens pas parce que c'est un mauvais budget.
04:03C'est une motion de censure parce que c'était une mauvaise méthode.
04:06Michel Barnier n'a en réalité jamais fait de compromis.
04:09Quand j'étais allé le voir avec Patrick Cannaire, il avait eu cette formule qui est
04:14assez signifiante.
04:15Il avait dit « je connais vos propositions, certaines sont intéressantes, mais je ne
04:17peux pas y satisfaire sans prendre le risque de fracturer mon bloc central ».
04:21Et pour l'avenir, vous lui avez demandé des choses au président de la République ?
04:24Absolument.
04:25On a d'abord demandé qu'il soit un Premier ministre de gauche.
04:27Vous voyez, si on veut un nouveau Premier ministre, c'est aussi pour avoir une nouvelle
04:31politique.
04:32Pour que les électeurs qui ont voté après la dissolution, dont on n'a toujours pas
04:35compris le sens.
04:36Même si Emmanuel Macron a essayé, dans son bureau, de nous en expliquer les tenants
04:41et les aboutissants.
04:42Mais ça, vous y croyez Boris Vallaud ? Vous y croyez encore à un Premier ministre de
04:47gauche ?
04:48Je veux y croire parce que je crois que c'est un des points de sortie d'une crise institutionnelle,
04:53politique majeure.
04:54Un Premier ministre de gauche qui fera des compromis, qui instaure une nouvelle façon
04:59de travailler.
05:00Celle que Michel Barnier a été incapable de faire et qui dit aussi, c'était là aussi
05:03le sens de la motion de censure, qui dit à ceux qui ont bénéficié du front républicain
05:08« Réveillez-vous ! Est-ce que vous préférez des négociations exigeantes, difficiles avec
05:14la gauche ou au fond être tenu dans la dépendance du Rassemblement National qui vous fait sauter
05:20à la corde ? »
05:21Si ce n'est pas un Premier ministre de gauche, qu'est-ce que vous allez faire ?
05:22Aujourd'hui, je ne me place pas dans cette hypothèse.
05:24Je me place dans l'hypothèse où c'est un Premier ministre de gauche.
05:27Et si c'est François Bayrou, par exemple, président du Modem ?
05:30Je vais vous dire, si ça n'est pas un Premier ministre de gauche, d'abord, nous ne participerons
05:33pas à ce gouvernement.
05:34C'est-à-dire, pas de participation ? Ça veut dire pas de ministre ?
05:37Pas de ministre.
05:38Ça veut dire qu'il faut bien être clair.
05:39Nous ne sommes pas en train de chercher une coalition, nous ne sommes pas en train de
05:42construire un programme commun avec le Bloc Central, nous sommes en train de nous poser
05:46la question de savoir comment être utile aux Françaises et aux Français tout de suite.
05:49Parce que les urgences, elles ne vont pas attendre 30 mois.
05:52Si c'est un Premier ministre issu du Bloc Central, si c'est un Premier ministre issu
05:57de la droite, il n'y aura pas de ministre socialiste ?
05:59Il n'y aura pas de participation au gouvernement.
06:01Est-ce que ça veut dire que nous ne rentrons pas dans des négociations qui seront exigeantes,
06:04difficiles, parce que nous voulons que la vie des Françaises et des Français change,
06:07parce que les inquiétudes dont vous vous êtes fait l'écho sont réelles, qu'on
06:11me l'a dit encore ce week-end, que ces urgences, elles ne peuvent pas être différées.
06:14Les urgences sociales, les urgences économiques, les urgences environnementales.
06:17C'est maintenant.
06:18Donc vous allez négocier, néanmoins ?
06:20Mais nous allons, en effet, négocier âprement.
06:23Je pense que nous avons besoin d'être un Parlement adulte, de jouer le jeu du parlementarisme.
06:27Et apporter une promesse de non-censure ?
06:28C'est une méthode nouvelle que nous proposons.
06:31Est-ce que nous y parviendrons ?
06:32Ça suppose que ce Bloc central soit capable de se dire, à la différence de ce qu'il
06:37a fait dans l'hémicycle ces deux derniers mois, qu'il ne peut pas être dans la défense
06:41du bilan, tout le bilan, rien que le bilan d'Emmanuel Macron.
06:46Vous avez compris ?
06:47Être des parlementaires adultes, ramener des victoires à la maison pour les Françaises
06:49et les Français.
06:50C'est ce que nous essayons de faire.
06:51Est-ce qu'il s'agit de compromis pourris ?
06:52La formule et de Jean-Luc Mélenchon, elle date.
06:55Hier soir, sur sa note de blog, le PS a la censure honteuse.
06:59Je le cite.
07:00« Ces rendez-vous élyséens de parade décident des compromis pourris ». Il qualifie le comportement
07:04du PS de « déloyale et mortifère ». Il a donné deux interviews à la presse espagnole
07:09et italienne.
07:10Il dénonce, je le cite encore, « la méthode extrêmement brutale d'Olivier Faure, le
07:16patron du PS, et personnelle ».
07:18Si vous vouliez avoir les commentaires de Jean-Luc Mélenchon, il fallait inviter Jean-Luc Mélenchon ce matin.
07:23Moi, j'ai le sentiment que le Parti Socialiste n'est pas isolé.
07:25J'ai lu le communiqué de presse des écologistes, j'ai lu l'interview de Fabien Roussel.
07:31Ils nous montrent à l'Élysée aujourd'hui soucieux de quoi, d'abord ? Des Françaises
07:35et des Français.
07:36De sortir de cet espace politique et institutionnel, de défendre les idées pour lesquelles nous
07:40avons été élus.
07:41Et je préfère des avancées, même modestes, dans le sens de la gauche que des grands reculs
07:45dans le sens de l'extrême droite.
07:46Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ce sont les insoumis qui s'isolent ?
07:50Aujourd'hui, c'est le sentiment que j'ai.
07:53Nous ne trahissons pas ce pour quoi nous avons été élus.
07:56Nous essayons de le défendre, nous voulons le défendre et obtenir des avancées.
08:00Maintenant, parce que les urgences sont maintenant.
08:02Voilà, je n'ai pas d'autre chose à dire.
08:03Et est-ce que c'est la fin du nouveau front populaire ?
08:05Mais ce n'est pas la fin du nouveau front populaire.
08:06Je ne change pas d'alliance.
08:07Mélenchon est très clair.
08:08Je ne cherche pas une coalition.
08:09Je cherche à défendre le projet sur lequel j'ai été élu.
08:12Si le Parti Socialiste, il l'a dit hier soir dans la presse étrangère, si le Parti Socialiste
08:16discute avec les macronistes, on continuera le nouveau front populaire sans eux.
08:20Mais Madame, le nouveau front populaire, ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon.
08:23Nous ne sommes pas moins le nouveau front populaire que lui.
08:27Les écologistes ne sont pas moins le nouveau front populaire que lui.
08:30Les communistes ne sont pas moins que lui le nouveau front populaire.
08:32Et je crois moi à la nécessité de l'union de la gauche.
08:35Mais je crois qu'il vaut mieux des avancées, même modestes dans le sens de la gauche,
08:41plutôt que des grands programmes qui demeurent impuissants ou pire encore la trahison de
08:46ce front républicain pour lequel nous avons été élus aussi.
08:49Une dernière question sur ce sujet.
08:50Un accord de non-censure.
08:51Est-ce qu'il y aura des lignes rouges ?
08:52Bien sûr qu'il y a des choses qui ne seront pas négociables et que nous reverrons probablement
08:58à 2027.
08:59Ce sera vrai dans notre cas.
09:00Une nouvelle loi de migration ?
09:02Ça fait partie évidemment des choses auxquelles nous opposons à toute force.
09:05Mais pardonnez-moi, il y a des discussions, il y en aura je l'espère, autour d'un
09:10Premier ministre ou d'une Première Ministre.
09:11Une loi de migration, c'est une ligne rouge ?
09:12On en a voté 29 en 40 ans, vous voyez ce que je veux dire ?
09:18Et la dernière a été très mauvaise, ça a été au fond une énorme débâcle non seulement
09:22politique mais moral pour beaucoup de ceux qui l'ont votée.
09:25Merci Boris Véran.
09:26Merci à vous.
09:27Et merci Sonia Devillers.

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