"On ne peut pas dire que le Pape n'aime pas la France !" lance le Cardinal François-Xavier Bustillo

Sud Radio

il y a 4 jours

Avec le Cardinal François-Xavier Bustillo

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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Il est 7h42. Très heureux d'accueillir le cardinal Bustillot. En direct, François-Xavier Bustillot, bonjour.

00:11Bonjour. Merci de l'invitation.

00:14Merci. Vous savez ce que je vais faire ? Je vais vous appeler François-Xavier parce qu'entre chrétiens, on s'appelle par son prénom.

00:20C'est vrai, hein ?

00:21Oui, tout à fait. C'est le prénom de mon baptême.

00:23Exactement.

00:24Après, je suis franciscain, donc il y a le côté aussi François d'Assise.

00:28François d'Assise.

00:29Donc je prends les deux.

00:31François-Xavier. Le 15 décembre, le pape François. François sera chez vous à Ajaccio.

00:39J'imagine que vous vous réjouissez. Il arrivera à 9h. Il repartira peu après 18h. Il prononcera deux discours,

00:45présidera une messe dans l'après-midi au Théâtre de Verdure et puis s'entretiendra aussi avec le président de la République, Emmanuel Macron.

00:54C'est un événement. Mais que vient-il faire à Ajaccio ?

00:59Écoutez, il vient, comme il le fait souvent, le pape, il vient connaître une réalité, encourager une réalité et relancer une réalité ecclésiale.

01:11Vous savez, on vit, comme vous l'avez dit à l'antenne, on vit des moments compliqués, difficiles, d'instabilité, d'incertitude.

01:18On a besoin d'écouter des paroles autres. La mission du pape, c'est de porter sa parole et d'encourager une réalité locale, la Corse,

01:28pour qu'elle puisse vivre dans l'espérance, avec courage, et qu'elle puisse aller de l'avant.

01:33Le pape, quand il se déplace, c'est pour justement dire, écoutez, je découvre un peu votre vie, vos forces, vos failles.

01:41Je vous encourage à vivre, à continuer, à aller de l'avant.

01:44Autrement, vous voyez, avec tout ce qu'on entend, c'est la logique de la tension, de la crispation, de la démission.

01:50Et dans les incertitudes, dans les situations complexes et difficiles, il faut aller de l'avant. Il faut tenir et il faut rêver.

01:58— Il faut rêver. François-Xavier, le pape, le pape vient aussi à Ajaccio, en Corse, pas d'abord parce qu'il aime la Méditerranée.

02:07C'est le pape de la Méditerranée, si je puis dire. Il s'est beaucoup exprimé. Il vient en Corse parce que c'est une île de la Méditerranée.

02:16On pense à tous ses discours passés. On pense à sa présence à Lampedusa. On pense... Il vient délivrer quel message ?

02:25Au-delà du message de paix classique et du message de rassemblement.

02:34Écoutez, vous savez, on a vécu une année complexe et difficile d'un point de vue social. Et on continue à vivre une année complexe et difficile.

02:42Le pape vient à la fin de l'année du jour avant Noël pour un message d'espérance, pour un message d'humanité pour notre société.

02:52Vous l'avez dit, pendant longtemps, le pape, il a parlé de la Méditerranée. Il essaie d'humaniser notre civilisation.

03:01Il a besoin de retrouver ses valeurs, sa colonne vertébrale valoriale pour aller de l'avant.

03:07Donc le message du pape, il va être très simple, c'est vivre dans l'espérance, vivre dans la joie et vivre dans la responsabilité.

03:16Parce qu'on a besoin de retrouver le sens de la responsabilité dans la société. Chacun a sa place.

03:22Ici en Corse, vous le savez, nous avons la chance ou le privilège d'avoir de très bons liens.

03:28On est en train de préparer la venue du pape avec la préfecture, avec la mairie d'Ajaccio, avec la collectivité des Corses,

03:36avec les associations sportives, culturelles et autres. On parle, on discute, on se prépare.

03:41Donc il y a une belle collaboration. On fédère quand même les forces.

03:45Et je pense que dans des situations, des crises et des difficultés, on a besoin de fédérer et pas de diviser.

03:51— Ça me fait plaisir, le sens de la responsabilité, François-Xavier, parce que je trouve que dans notre société aujourd'hui, on oublie le sens des responsabilités.

03:59Dites-moi, François-Xavier, le diocèse d'Ajaccio a besoin de la générosité des catholiques et pas que des catholiques pour cette visite.

04:08— Vous savez, on est un régime de laïcité. Donc nous, les catholiques, quand on veut vivre quelque chose de ponctuel et d'exceptionnel, qu'est-ce qu'on fait ?

04:19On frappe à la porte de ceux qui font partie de la famille. Alors pour la venue du pape, le diocèse des Corses n'est pas riche.

04:26Mais moi, je compte sur la générosité des Corses et sur la générosité des amis de la Corse.

04:33Alors on a frappé à la porte. Nous, on n'impose pas aux personnes, on ne culpabilise pas aux personnes les personnes pour qu'ils donnent de l'argent.

04:42Mais on dit écoutez, le pape vient. Il vient pour tous. Alors on frappe à la porte des catholiques. Soyez généreux. Aidez-nous librement, volontairement, chacun comme il peut.

04:52— François-Xavier, j'ai deux questions qui fâchent. Le pape ne sera pas à Notre-Dame. Est-ce qu'il vous a expliqué pourquoi ?

05:00— Non, il ne m'a pas expliqué pourquoi. Vous savez, vous connaissez le pape. Moi aussi. Il est très libre.

05:06— Non, je le connais pas. Moi, vous connaissez, vous. — Le pape, c'est un homme libre. Donc moi, je n'ai pas lancé une opération de séduction pour dire écoutez, n'allez pas à Paris, venez en Corse.

05:18On vit deux événements exceptionnels. Et souvent, en France, on a cette capacité ou ce charisme négatif, je dirais, d'opposer les choses.

05:28Alors ça, ça m'agace parce qu'à la fin, on dit... Et voilà, on oppose. On fait un match entre l'île de beauté contre l'île de France.

05:36Macron et le pape. Et finalement, au lieu d'opposer dans une société déjà fragile, nous devons avoir la capacité de nous réjouir de ce qui est bon et bien.

05:47Le pape va à Paris pour Notre-Dame. Réjouissons-nous pour Paris, pour la France, pour le monde. Le pape vient en Corse. C'est la périphérie.

05:56Réjouissons-nous. Voilà, les chrétiens de Corse et des Alentours vont être contents. Moi, je vois qu'il y a quelque chose d'amer ou d'aigri

06:03dans notre société, hélas. Et je pense que nous devons retrouver le sens de l'espérance et le sens de la simplicité et de la liberté.

06:11On est tout le temps en tension et tout le temps coupés. C'est dommage. — Oui, c'est vrai. C'est vrai. Mais François-Xavier, j'ai lu des catholiques dire

06:21que le pape n'aime pas la France, le pape ne vient pas, on le regrette, sa charité est orientée. — Non, non, non.

06:32— Si, j'ai vu ça ! Il y a Philippe de Villiers, par exemple, qui dit ça. — Oui, oui, il le dit. OK. Beaucoup de gens le disent. Alors mais est-ce que le pape

06:40est allé en Espagne, en Allemagne ? Est-ce qu'il est allé en Pologne ? Il n'est pas allé partout. Dans son pontificate, il a privilégié les périphéries.

06:50Donc des réalités où les catholiques ne sont pas très forts. Et donc la politique, si j'ose dire, du pape est une politique de visite,

07:01d'encouragement des réalités, petites réalités qui ont besoin de force et de courage. Donc voilà. On dit qu'il n'aimait pas la France. Mais rappelez-vous,

07:10quand il a parlé de la culture au mois de juillet, son discours sur la culture, il n'a cité que des Français. Dans le dernier encyclique,

07:17sur la spiritualité du cœur, il a cité la spiritualité française. Donc il est très filo-français d'un point de vue culturel. Après, la Corse n'est pas en Australie.

07:27Voilà. Donc il vient en Corse. Donc voilà. Donc on ne peut pas dire d'une manière rapide qu'il n'aimait pas la France.

07:37— Bien. Merci beaucoup, cardinal François-Xavier Bustillot. Merci d'être avec nous. — Merci à vous. Et bonne journée.

07:43— Et bonne visite. Et bonne journée. Merci. Il est 7 h. — Merci.