Avec Mathieu Lours, historien, auteur de deux livres "au temps des cathédrales" (Cerf) et "rebâtir Notre-Dame de Paris" (Tallandier)
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
______________________________________
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
______________________________________
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##C_EST_A_LA_UNE-2024-12-06##
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
______________________________________
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
______________________________________
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##C_EST_A_LA_UNE-2024-12-06##
Category
🗞
NewsTranscription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Je suis heureux d'accueillir sur Sud Radio Mathieu Lours. Bonjour.
00:09— Bonjour. — Merci d'être avec nous. Vous êtes historien, auteur de 2 livres qui sortent au temps des cathédrales, aux éditions du Serre,
00:16et « Rebâtir Notre-Dame de Paris » chez Talandier. « Rebâtir Notre-Dame de Paris », c'est un ouvrage coédité avec l'établissement public
00:26chargé du chantier. Et vous, dans cet ouvrage, 200 photos qui témoignent des avancées jour après jour du chantier, un défi qui est architectural,
00:36patrimonial, mais qui est aussi une odyssée humaine absolument extraordinaire. Souvenons-nous du 15 avril 2019, Mathieu Lours.
00:46Vous étiez dans le RER de retour d'un cours à Créteil quand un ami vous appelle pour vous dire qu'une fumée s'échappe de Notre-Dame.
00:54Et là, vous vous arrêtez à la station Châtelet. Ensuite, que voyez-vous, Mathieu Lours ?
01:00— Eh bien je sors de Châtelet et je vois une sorte de panache de fumée qui domine dans le ciel de Paris. Et suivant ce panache de fumée,
01:08j'arrive sur les quais de la Seine. Et là, je vois la flèche comme une torche embrasée. J'arrive dans l'île Saint-Louis. Et là, j'assiste
01:15pendant 1h30 au désastre, à l'effondrement de la flèche, au noircissement du ciel, à cette espèce de contrejour spectral.
01:22Là, c'était absolument sidérant au sens propre du terme. Voilà. On pouvait pas se détacher le regard de ce qu'on voyait.
01:28— Des hommes, des femmes, agenouillés, qui priaient ?
01:32— Voilà. On était dans une espèce de temps suspendu. On savait plus si on était en 2019, au Moyen Âge, dans un film.
01:39Pour un historien, c'est très déstabilisant, parce qu'on voyait notre objet d'étude, là, sous les yeux. On pensait que c'était que dans les livres,
01:46dans ceux qu'on écrivait, éventuellement. Et puis là, d'un seul coup, le passé s'écrivait au présent. Et puis on a assisté comme ça
01:52une cathédrale en ruine, un chantier de cathédrales. Qui aurait dit ça, ne serait-ce que quelques heures avant ?
01:58— Vous, un amoureux des cathédrales. Tout à coup, vous avez pensé à la cathédrale de Chartres, qui a brûlé au XIIe siècle, ou à Reims en 1914.
02:10Dites-moi, Mathieu Lours, il y a eu ensuite ce chantier exceptionnel, 5 ans et demi, pour rebâtir, pour rebâtir... Vous parlez d'odyssée humaine.
02:22Oui. Une odyssée humaine. — Oui. Ça a commencé dès le moment où les premiers acteurs de la cathédrale ont commencé à mettre à l'abri les œuvres,
02:33où les pompiers sont arrivés, où il y a eu cette décision d'aller attaquer les flammes dans le Beffroi-Nord. Enfin ça a été vraiment une histoire.
02:41On s'est rendu compte que toutes ces œuvres, elles sont pas le fruit seulement de l'esprit. Elles sont le fruit aussi des mains, du courage, des actions.
02:48Enfin voilà. Tout ça, c'est pétri de la force de ceux qui veulent que ça arrive. — Avec un respect immense pour la cathédrale en elle-même,
02:58pour ce qu'elle représentait, pour ce qu'elle était. Les cathédrales, chaque cathédrale a son identité. Les premières cathédrales datent de quand ?
03:09— Alors les premières cathédrales, elles datent du moment où le christianisme a finalement été autorisé dans l'Empire romain, c'est-à-dire 313,
03:15le moment où Constantin dit « Bon, maintenant, on autorise le christianisme, on arrête de persécuter », et où lui-même devient chrétien,
03:21il se fera baptiser sur son lit de mort. Et à partir de ce moment-là, dans l'île de la Cité, on a une cathédrale. C'est-à-dire que ça fait 17 siècles
03:27qu'à cet endroit-là, on a un évêque qui publiquement célèbre la messe dans une église qui est la plus grande du diocèse, c'est-à-dire du territoire
03:36qu'il contrôle, c'est-à-dire Paris et puis toutes les campagnes environnantes. — Oui. La cathédrale de Paris a été édifiée sous le règne de l'empereur Constantin.
03:45— On suppose, effectivement. Et c'était une des plus grandes cathédrales... — Pendant la première rétige du IVe siècle.
03:49— C'est ça. Peut-être. En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'elle existe à la fin de ce siècle-là et que c'est une des plus grandes de France, de la Gaule, en fait, à l'époque.
03:56— De la Gaule à l'époque. D'autres cathédrales gauloises, si je puis dire, ont été érigées.
04:04— Il y en a une par cité gallo-romaine. C'est-à-dire que dans chaque ville gallo-romaine... En fait, ça suit l'administration de l'Empire.
04:11Dès qu'il y a une cité principale, il y avait un préfet. Eh ben on va avoir un évêque à côté de ce préfet.
04:16Le catholicisme, c'est la dernière institution de l'Empire romain à exister encore. Ça a été la religion officielle de l'Empire jusqu'à sa chute en 476.
04:26Donc finalement, ce qu'on a, c'est la dernière forme de la religion de l'Empire romain.
04:32— Mathieu Lours, la cathédrale Notre-Dame a été embellie au fil du temps, j'imagine.
04:38— Elle a même été complètement reconstruite. C'est-à-dire que c'est cette vénérable basilique qui avait presque 8 siècles d'existence.
04:45En 1163, l'évêque dit maintenant que c'est terminé. On la rase. Et on a reconstruit une sorte de version implémentée qui sera la plus grande cathédrale de France,
04:54la plus haute. C'est Notre-Dame telle qu'on la connaît. Et en fait, elle a été battue parce que c'est pas restée la plus haute et la plus grande.
05:01Mais quand elle est construite, c'est pour ça qu'elle l'est.
05:04— Vous avez visité la cathédrale, là ? La cathédrale terminée, enfin pratiquement terminée.
05:12— Ah oui, terminée, oui, oui. Oui, je l'ai visitée à toutes les étapes de son destin. C'est-à-dire que j'y suis rentré une semaine après l'incendie.
05:19Et puis j'y suis allé quand elle était terminée. Enfin c'est un itinéraire... On a connu finalement la métamorphose à l'état de ruines,
05:28la métamorphose à l'état de chantier, la métamorphose à l'état de cathédrale rénovée. Donc en 5 ans, elle a connu 4 états, si on rajoute celui avant l'incendie.
05:36Et c'est vraiment un choc esthétique à chaque fois. Et là, quand on rentre à l'intérieur, c'est vraiment impressionnant.
05:44— Qu'est-ce qui vous impressionne le plus, là, avec cette nouvelle... Enfin nouvelle cathédrale ? Est-ce d'ailleurs une nouvelle cathédrale ?
05:52— C'est la cathédrale de toujours, mais enfin propre. Je vous rends des comptes, ça faisait 160 ans sans même... Non, 180 ans qu'on n'avait pas nettoyé l'intérieur.
06:01Donc on rentre dedans et on découvre la lumière et on découvre les lignes. Parce que quand on rentrait dedans, ce qu'on voyait, c'était des vitraux quasiment à contre-jour
06:09et puis des murs noircis. Et là, on se rend compte que c'est des lignes de force. — Oui, c'était sombre !
06:13— Mais oui, c'était une des plus sombres. Parce que vous imaginez, fermer Notre-Dame-de-Paris, c'était quand même une décision complexe.
06:21Donc il y avait des projets de restauration. C'était pas un édifice à l'abandon. D'ailleurs, le feu est intervenu pendant un chantier.
06:28Mais on n'avait pas, finalement, cet effet de clarté. On disait « Dieu et lumière », le gothique, c'est « Dieu et lumière ».
06:34Et puis on emmenait des jeunes à Notre-Dame-de-Paris qui disaient « Dieu et lumière », oui, d'accord, du côté des vitraux, mais enfin les murs.
06:39Et là, maintenant, ça y est. L'idée colle avec la chose. — L'idée colle avec la chose. C'est beau, Mathieu Lours. Émotion ? Demain, j'imagine. Hein, Mathieu ?
06:50— Oui. Oui, oui. Grande émotion de savoir qu'on va enfin pouvoir rentrer librement dans la cathédrale à partir du dimanche,
06:58qu'il va y avoir ces grandes cérémonies superbes qui vont renouer avec toutes les grandes cérémonies qu'a connues Notre-Dame
07:04et où la France, finalement, dans son aspect politique et puis dans son aspect sacré, arrive à produire de grandes choses.
07:12— Oui, parce que c'est un monument sacré, mais c'est aussi un monument tellement public et qui devient politique. Regardez.
07:21Regardez. Donald Trump se précipite pour venir à Paris. Le pape, lui, ne vient pas. Beaucoup le regrettent. Vous le regrettez, Mathieu Lours ?
07:32— Alors moi, j'ai pas regretté ou à pas regretté que le pape soit pas là. Le pape a fait ses choix. Bon. Et c'est vrai qu'imaginer le pape assis dans l'assemblée
07:43avec 50 chefs d'État, c'est un petit peu bizarre. Et le pape qui célébrerait pour la réouverture de Notre-Dame, ça n'est pas une nécessité.
07:54Notre-Dame, elle appartient à l'État français. Elle est affectée au recteur. L'archevêque y a son siège. Donc la présence du pape est pas nécessaire.
08:03Et le pape, s'il vient à Notre-Dame, c'est plus en visite pastorale, c'est-à-dire en visite en tant que chef religieux plutôt que chef d'État.
08:11Et je pense que le pape viendra à Notre-Dame de Paris. Mais qu'il y soit là demain n'enlève rien à la sacralité de l'événement.
08:20Même pour les catholiques, c'est aussi sacré avec le pape que sans le pape.
08:24— Merci beaucoup Mathieu Lours, historien. Deux livres, vos deux livres qui sortent vraiment. Achetez-les au temps des cathédrales et rebâtir Notre-Dame de Paris.
08:35Chez Talandier, n'hésitez pas parce qu'il faut revivre cette épopée. J'emploie le mot. C'est une épopée, cette reconstruction. Il est 7h21.
08:45Et tout à l'heure, je serai avec Mgr Bustillot, qui est le cardinal d'Ajaccio. Lui recevra le pape le 15 décembre prochain, le dimanche 15 décembre.