Les agences de notation financières réagissent à la censure du gouvernement. La première est l'agence Moody's qui déclare que la censure "contribue à l'augmentation des primes de risque". Explication avec l'éditorialiste Pierre Kupferman.
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00:00Alors parmi les grandes agences de notation financière, la première à réagir à l'adoption de la motion censure et la démission de Michel Barnier, ça a été Moody's.
00:08Oui, et alors pas pour dire qu'elle allait immédiatement dégrader la note de la France, non, mais pour expliquer aux investisseurs, qui d'ailleurs la payent pour ça,
00:15à la fois l'imbroglio politique dans lequel se retrouve la France, et puis les conséquences pour sa crédibilité comme emprunteur sur les marchés financiers.
00:24Je rappelle quand même que la France est le pays de la zone euro qui emprunte le plus à 285 milliards d'euros. Cette année, on parlait de plus de 300 milliards l'année prochaine.
00:32Dans sa note, Moody's écrit donc que cette censure réduit la probabilité d'un assainissement des finances publiques et contribue à l'augmentation des primes de risque et à un coût plus élevé de la dette.
00:46Ça sent pas bon ça, ça veut dire quoi précisément, augmentation de la prime de risque ?
00:50Ça veut dire, plus simplement, que ceux qui nous prêtent ces milliards d'euros, ce sont des fonds de pension étrangers, des banques, des assureurs, ils vont continuer à nous prêter.
00:59Mais pour ça, ils vont exiger que nous payions plus cher que les États dont la gestion des finances publiques est jugée plus sûre. Dans la zone euro, on le sait, le pays qui rassure le plus les marchés, c'est l'Allemagne.
01:11C'est pour ça d'ailleurs qu'on regarde en permanence la différence entre les taux auxquels on prête à la première puissance économique européenne et ceux auxquels on prête à la France.
01:20Vous voyez à l'écran les taux à 10 ans qui servent de référence.
01:23Bon, il y a 3 mois, exactement 3 mois, quand le décret de nomination de Michel Barnier est paru, la différence était 0,71 points de pourcentage et là, on est à 0,81 points de pourcentage.
01:36Mais en même temps, si on regarde bien votre petit graphique, les taux pour la France, eux, ils n'ont pas augmenté, ils sont restés plus ou moins les mêmes.
01:42C'est vrai. En fait, on est, pour le dire autrement, le seul pays important de la zone euro qui n'a pas vraiment profité de la baisse des taux initiée par la Banque centrale européenne.
01:54Si vous prenez les pays du sud de la zone euro qui ont été, ces dernières années, on le sait, pointés du doigt pour leurs déficits, leurs dettes, je pense à l'Espagne, à la Grèce, à l'Italie,
02:04on voit que sur les 3 derniers mois, ces 3 pays ont vu leur taux baisser de façon beaucoup plus significative que cette toute petite baisse dont a bénéficié la France.
02:15Et vous voyez aussi à l'écran qu'il y a 3 mois, on empruntait moins cher que 2 d'entre eux et que désormais, il n'y a plus que l'Italie qui paye plus cher pour financer ses déficits.
02:29Donc l'incertitude politique, la difficulté à voter un budget le moins déséquilibré possible, tout ça, ça a des conséquences négatives sur l'image de la France auprès des investisseurs.
02:40Et on le voit immédiatement. Merci beaucoup Pierre Satellico.