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L’ADEME assure, sur demande de l’Etat, la conduite des travaux de mise en sécurité des sites et sols pollués à responsable défaillant. Cette vidéo retrace l’implication historique de l’ADEME, depuis 1998, pour la mise en sécurité de la carrière d’amiante de Canari, site emblématique de l’action de l’ADEME sur les sites à responsables défaillants et la projection sur les travaux d’envergure de démolition programmés à partir de septembre 2025.

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Transcription
00:00L'amiante est un matériau naturel fibreux. Résistant au feu, isolant, élastique, filable
00:18et de faible coût, l'amiante a été largement utilisée, notamment dans le bâtiment, avant
00:23d'être interdite car classée cancérogène. L'amiante est naturellement présente dans
00:28les sols de Haute-Corse et notamment à Canary. L'exploitation de la carrière de Canary
00:33a débuté en 1924 de manière artisanale. De 1948 à 1965, le site a été exploité
00:41industriellement par la Société minière de l'amiante, ou SMA, dont Eternit était
00:46l'actionnaire majoritaire. Les employés travaillaient alors sans équipement de protection
00:51des voies respiratoires. En 1964, le site s'étendait sur une trentaine
00:57d'hectares. C'était la principale carrière d'amiante de France. La production s'organisait
01:02autour d'une carrière d'extraction comportant deux puits taillés en gradins, d'une galerie
01:08de roulage pour l'acheminement du minérait brut, de bâtiments avec différents équipements
01:13industriels permettant de séparer l'amiante et de zones de déversement des rebuts de
01:17production. Mais le gisement s'avère peu rentable. La roche contient moins de 3% d'amiante,
01:23les fibres d'amiante sont de mauvaise qualité et les contraintes d'exploitation sont lourdes.
01:27Son exploitation est arrêtée en 1965 en respectant les dispositions sociales et environnementales
01:33alors en vigueur. En 27 ans d'exploitation, 12 millions de tonnes de minerais bruts ont
01:38été extraits et broyés pour produire 250 000 tonnes d'amiante. Les 11,75 millions
01:44de tonnes restantes sont autant de rebuts, majoritairement rejetés à la mer. Les impacts
01:49sur l'environnement sont principalement liés à l'émission de poussière contenant
01:53des fibres d'amiante ou au déversement des rebuts de production à la mer. L'accumulation
01:58des rebuts a provoqué une avancée du trait de côte sur plus de 4 km de littoral, principalement
02:04au sud du site d'extraction. Après sa fermeture en 1965, le site est laissé à l'abandon
02:10pendant 30 ans. En 1995, deux états des lieux sont commandés par l'État. Un rapport sur
02:16la mise en sécurité du site comprenant des campagnes de mesure de l'amiante dans l'environnement
02:21et un rapport sur les rejets en mer et l'évolution du trait de côte. En 1998, dans le cadre
02:27de la gestion des sites à responsables défaillants, l'État missionne l'ADEME pour proposer
02:31des mesures de gestion, puis réaliser les travaux de sécurisation. Stabiliser mécaniquement
02:36les terrains d'emprise du site, démolir les bâtiments et assurer la surveillance
02:40et la maintenance du site.
02:42Stabilisation mécanique des terrains
02:44L'objectif ? Empêcher les mouvements de terrain conduisant à des transports de matériaux
02:51amiantifères sur la RT80 et vers la mer. Les conditions météorologiques et la topographie
02:57du site favorisent les glissements de terrain. Épisodes pluvieux intenses, vents violents,
03:02pentes supérieures à 35 %. En 1998 sont réalisées des études préalables, notamment
03:08de stabilité des matériaux amiantifères. En 2000 est programmée la sécurisation sanitaire
03:14des travaux et la consultation des entreprises. En 2005, le programme des travaux est calé
03:20et adapté aux évolutions réglementaires sur l'amiante. Et de 2009 à 2022, les travaux
03:25sont menés. Ces travaux comprennent des enrochements pour sécuriser la RT80 sur le voie de dessert
03:32du nord du Cap-Corse. Le dispositif s'avère très efficace en cas de pluie.
03:36La construction d'une piste d'accès délimitant quatre bassins versants en vue de réduire
03:44l'aléa érosif, avec un caniveau pour collecter l'eau de ruissellement et un système de
03:49pulvérisation d'eau pour abattre les poussières lors des travaux de terrassement, la construction
03:54de trois exutoires de rejet des eaux de ruissellement pour réduire l'érosion, la purge du stock
04:00de minerais concassés en amont de l'usine, l'installation des crans par bloc pour éviter
04:07la chute de rochers sur la RT80, la pose d'un filet de protection sur la façade de l'usine
04:14et la consolidation du talus d'un réservoir d'eau d'abattage de poussière afin de supporter
04:19son remplissage à pleine capacité, ce qui a nécessité la réalisation d'une paroi
04:23clouée de trois rangées de 21 clous de 6 à 8 mètres de longueur.
04:28À chaque étape des travaux, le risque ambiante doit être géré.
04:31Pour réduire et surveiller l'émission de fibres dans l'environnement pendant tout
04:35le chantier, de l'eau est pulvérisée pour abattre les poussières d'ambiante, des capteurs
04:40surveillent la présence de fibres sur les opérateurs, sur le chantier et dans les zones
04:44habitées environnantes.
04:45Pour protéger les travailleurs, n'interviennent sur le chantier que des entreprises certifiées
04:51ambiantes et des salariés formés au risque ambiante et protégés par des EPI, des équipements
04:57de protection individuelle, en complément des moyens de protection collective.
05:01La pénibilité de ces conditions de travail impose d'adapter les durées des postes en
05:07fonction notamment de la température extérieure.
05:09Démolition des bâtiments
05:12Quatre contraintes majeures sont à prendre en compte.
05:16La proximité immédiate de la RT-80, la topographie à forte pente, la grande hauteur et le délabrement
05:23des bâtiments, la présence généralisée d'amiants.
05:26C'est d'ailleurs poser la question de savoir s'il fallait consolider ou démolir
05:30ces bâtiments.
05:31Un scénario de confortement a donc été étudié, la dégradation des bâtiments le
05:35rendait irréaliste tant techniquement que financièrement, d'où la décision de démolir
05:40les trois bâtiments industriels, l'usine de séparation de l'amiante de sa roche-mer
05:45et de préparation du produit fini, le concasseur et le local électrique.
05:49Les déchets de démolition resteront sur place et seront recouverts par des matériaux
05:53de stabilisation.
05:54L'étude des conséquences de la démolition de l'usine avait été réalisée dès 1998.
06:00Le 8 septembre 2022, un arrêté préfectoral autorise la démolition.
06:05Les années 2022-2023 sont consacrées aux études préliminaires.
06:09En 2023-2024, les entreprises sont consultées selon le principe de conception-réalisation,
06:15c'est-à-dire que le maître d'ouvrage définit des objectifs à de fermetures permanentes
06:20de la RT80, respect de la valeur limite de 5 fibres par litre dans l'environnement
06:24et les candidats proposent des moyens et des méthodes pour les atteindre.
06:28En 2024 sont choisis les prestataires.
06:31De janvier à septembre 2025 seront menées les études préalables des accès, des aménagements
06:36pour le chantier, de la logistique, des réseaux d'inspection.
06:39La démolition proprement dite est programmée d'octobre 2025 à juin 2026.
06:44Surveillance et maintenance
06:47L'empoussièrement est suivi de près.
06:50Pendant les travaux de stabilisation mécanique des terrains et de maintenance, les mesures
06:54réalisées, y compris lors des phases d'importants terrassements, ont confirmé l'efficacité
07:00des dispositifs mis en place, comme la pulvérisation d'eau par exemple.
07:03Durant la démolition des trois bâtiments, le dispositif de suivi sera renforcé.
07:08Des mesures plus fréquentes seront pratiquées, y compris sur les zones habitées les plus
07:13proches, avec obligation de mesures correctives en cas de hausse des niveaux.
07:17Enfin, l'empoussièrement sera suivi avant et après les travaux de démolition des trois
07:22bâtiments afin de valider que la nouvelle configuration du site ne soit pas plus émissive
07:27qu'avant démolition, avec un point zéro de contamination en zone habitée sur un an
07:32avant travaux et un point final de comparaison en zone habitée sur un an après travaux.
07:37Les mouvements de terrain sont également suivis via 39 cibles disposées sur des points
07:42sensibles.
07:43L'extension du couvert végétal est suivie tous les deux ans, par drone.
07:46Entre 2019 et 2021, le taux de végétalisation du site est passé de 21 à 25 %.
07:53Régulièrement, les ouvrages sont curés et les éventuels désordres repris.
07:58Après 2026, le site restera sous surveillance et entretien de l'ADN.
08:03Il sera toujours un site dangereux, non accessible au public.

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