Geneviève Darrieusecq, ministre de la Santé, était l'invité du Live Switek, ce mercredi 4 décembre.
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00:00Bonjour Madame la Ministre, merci d'être avec nous, merci Neyla. Pardon, je vous passe devant Neyla, Ministre de la Santé et de l'accès aux soins.
00:06On va vous interroger avec Neyla, avec Margot Trouville. Bonjour Margot, notre spécialiste santé. Vous vous préparez à tomber, cet après-midi ?
00:15Non, je me prépare à tomber. Je me prépare à vivre une situation qui est une situation difficile pour le pays,
00:26où je crois qu'il y a un manque de responsabilité collective, alors je sais que le mot aujourd'hui ne veut plus rien dire pour personne,
00:34mais moi j'aime mon pays, j'ai une grande idée de mon pays et je pense que les auteurs du chaos sont totalement irresponsables
00:46et surtout ne pensent pas en définitive ni à la France ni aux Français.
00:50On va reparler de ceux que vous appelez les auteurs du chaos, mais vous dites je ne me prépare pas à tomber.
00:53Ça veut dire que vous pensez, comme le laissent entendre hier soir Michel Barnier et Emmanuel Macron ces dernières heures,
00:59que certains vont flancher, notamment du côté de la gauche, et n'oseront pas aller jusqu'à la censure ?
01:05Je ne peux pas préempter ce que feront les uns et les autres. Ce que je constate, c'est que j'ai le sentiment que chacun a des agendas politiques
01:14qui ne sont pas du tout en relation avec la France. Ce sont des agendas politiques personnels qui mettent le pays dans une situation très difficile.
01:25Moi je vais sur le terrain, je vois mes concitoyens, je vais dans mon beau département des Landes régulièrement,
01:33ce qu'ils me disent c'est bon, mais c'est quoi ? C'est l'incompréhension, il y a une fracture importante entre les agendas politiques des uns et des autres.
01:43Je parle de la gauche, je parle du Rassemblement National, et la volonté des Français d'avoir un petit peu de calme et de pouvoir se projeter dans un avenir.
01:51Parce qu'aujourd'hui, qu'est-ce qu'on dit aux Français ? On leur dit non, en définitive, vous nous importez peu, votre sujet n'est pas très important,
02:00on va faire tomber les gouvernements les uns après les autres, et en définitive, vous en paierez les peaux cassées, mais nous on a notre propre agenda.
02:13Moi je veux dire, ce n'est pas entendable.
02:15– Mais quels arguments vous avez pour convaincre plusieurs dizaines de députés cet après-midi de ne pas voter la censure ?
02:23Est-ce que votre seul argument ce matin, d'une certaine manière, c'est de faire peur ?
02:28– Moi je ne veux pas faire peur.
02:30Ce que je sais aujourd'hui, c'est que par exemple, dans le budget qui est en cause, dans cette motion de censure,
02:39le budget qui est en cause, c'est le budget de la Sécurité Sociale.
02:43Moi ce que je sais aujourd'hui, c'est que dans ce budget qui n'était pas parfait, rien n'est jamais parfait,
02:49qui a été difficile parce que les circonstances de notre pays sont complexes sur le plan économique et budgétaire aujourd'hui,
02:57il y avait quand même 9 milliards de plus pour l'assurance-maladie, dont 3 milliards pour les hôpitaux.
03:043 milliards, c'est 3 000 millions, ce n'est pas rien.
03:08Et qu'aujourd'hui, les hôpitaux, ils sont en difficulté déjà sur le plan budgétaire, ils sont très inquiets.
03:15– Mais pardon, je vous disais faire peur Mme Darriosec, parce qu'il y a des inquiétudes,
03:20il y a peut-être aussi beaucoup de fantasmes autour de ce qui pourrait se passer s'il n'y a pas de budget,
03:24s'il n'y a pas de gouvernement, s'il n'y a pas de budget pour l'instant de la Sécurité Sociale.
03:27Vous avez vous-même déclaré, les retraites vont être payées,
03:31elles ne seront pas forcément augmentées du taux de l'inflation.
03:34En réalité, c'est tout le contraire qui va se passer.
03:36C'est ce que vous avez dit, en réalité c'est tout le contraire qui va se passer.
03:39C'est-à-dire que sans budget, les retraites précisément vont être augmentées au niveau de l'inflation.
03:45– Alors sans budget voté, effectivement ça va se poursuivre comme en 2024.
03:52Mais vous n'aurez pas 9 milliards de plus pour l'assurance maladie,
03:57vous n'aurez pas donc 3 milliards de plus pour les hôpitaux,
04:00vous n'aurez pas d'augmentation, ce qui était prévu dans le budget de la Sécurité Sociale par exemple.
04:05– Non mais j'entends ça, et sur les retraites, pourquoi avoir dit
04:07elles ne seront pas forcément augmentées du taux de l'inflation ?
04:10– Non mais parce que, pourquoi avoir dit ?
04:14C'était avant, c'était pendant que nous construisions ce budget.
04:18Aujourd'hui, les retraites elles vont être payées.
04:21– Oui bien sûr.
04:21– C'est ça que j'ai voulu dire à tout le monde, les retraites seront payées.
04:25Dans le budget, il était question de ne pas augmenter du taux de l'inflation au 1er janvier.
04:31Ce qu'avaient compris certains de nos compatriotes, c'est qu'on ne paierait plus les retraites.
04:35C'est ce qui moi m'avait été dit, donc je leur disais, je les rassurais en leur disant
04:39non, les retraites seront payées.
04:40– Mais vous pouvez rassurer tout le monde aussi, même sans budget,
04:43là en l'occurrence, les retraites seront au niveau de l'inflation,
04:46seront rehaussées du niveau de l'inflation au 1er janvier.
04:49– Aujourd'hui oui.
04:49– Aujourd'hui oui.
04:50– Sans le budget, aujourd'hui oui.
04:52– Et avec le budget que vous défendiez, ça aurait été non ?
04:54– Ça aurait été la moitié de l'inflation, et l'autre moitié pour les plus faibles retraites
05:00au mois de juillet, c'est ce qui était prévu.
05:02– Ça aurait demandé un effort de 3 milliards aux Français,
05:06les 3 milliards sur les retraités, si le risque est aussi énorme que le dit le gouvernement.
05:12Le risque de basculer vers le chaos ou je ne sais quoi.
05:17Pourquoi ne pas avoir cédé sur ces 3 milliards-là ?
05:193 milliards de plus, après 3 milliards de dettes,
05:23pourquoi ne pas avoir cédé ces 3 milliards-là ?
05:24– Cédé à qui ?
05:26– Notamment à Marine Le Pen.
05:28– Écoutez, moi je veux bien qu'on arrive avec une liste de courses,
05:34et qu'on les graine au fur et à mesure, et qu'on raye,
05:37et qu'on coche les choses au fur et à mesure.
05:40Je pense que ce n'est pas comme ça que ça doit se passer.
05:44Moi, ce que je constate avec un petit peu de recul aujourd'hui,
05:48c'est qu'il y a eu une incapacité, une incapacité au niveau par exemple du Parlement,
05:55de immédiatement se mettre autour de la table et de dire
05:58quels sont les grands thèmes que l'on peut porter ensemble,
06:04qui représenteraient un socle pour le pays.
06:09Ça n'a pas été fait.
06:10Donc en définitive, il a été préparé Michel Barnier,
06:15et nous au gouvernement avons préparé des budgets en faisant des propositions,
06:20et ensuite chacun est venu pour ça.
06:22Et je pense que les limites de l'exercice ont été là montrées.
06:27Et nous ne sommes pas un pays avec des élus
06:30qui ne sont pas dans la co-construction et la coalition.
06:33On ne sait pas faire ça.
06:35C'est toujours des rapports de force,
06:37et quand on a une coalition ou qu'on veut discuter quelque chose,
06:41il y a des choses qui passent, des choses qui ne passent pas,
06:43et vous essayez de trouver le curseur
06:46qui fait que chacun peut s'accorder sur des mesures.
06:50Ça n'a pas été fait dans ce sens.
06:51Dans une seconde, on verra avec Margot ce qui ne se produira pas d'une certaine manière,
06:56vu que le budget tombe et que le gouvernement tombera vraisemblablement cet après-midi.
06:59La première question de Naïla Latrousse.
07:00Madame la ministre, sur la question des retraites précisément,
07:03le futur Premier ministre ou la future Première ministre,
07:07si Michel Barnier devait chuter aujourd'hui,
07:10sera de toute façon soumis à la même pression du Rassemblement national sur cette question.
07:13Il devra de toute façon faire un budget où,
07:16sauf à reprendre exactement le même chemin qui est celui de la censure,
07:19il devra renoncer à ses 3 milliards.
07:21Quand vous dites qu'au final,
07:23tout converge pour que cette réindexation des retraites sur l'inflation
07:27soit sur la table en janvier dans un projet de loi de finances rectificatif de la sécurité sociale,
07:32est-ce que vous ne dites pas quand même,
07:34le prochain le fera et il va rester,
07:38et nous aurions pu le faire et nous aurions pu partir ?
07:41Non, moi je ne raisonne pas comme ça.
07:44Moi, aujourd'hui,
07:46beaucoup de dépenses supplémentaires que nous faisons,
07:50elles se font en définitive à crédit.
07:53Excusez-moi,
07:54mais est-ce que ça va durer indéfiniment ?
07:57Parce que les alertes que portait et que porte toujours Michel Barnier,
08:01elles sont justes et elles sont des alertes qui sont quand même
08:05agitées par, pas que Michel Barnier, beaucoup de responsables politiques.
08:09Nous ne pouvons pas continuer à aller dans le mur et à vivre au-dessus de nos moyens.
08:16Mais vous voyez bien que ce ne sont pas les termes du débat aujourd'hui,
08:16les termes du débat c'est le crédit ou la stabilité.
08:18Écoutez, moi vous me parlez de madame Le Pen sans arrêt,
08:22mais la responsabilité ou l'irresponsabilité,
08:25elle vient aussi d'une partie de la gauche.
08:28Excusez-moi,
08:30mais l'EPS est un parti de gouvernement.
08:33Moi je ne comprends pas
08:34que monsieur Hollande, ancien président de la République,
08:38soit un des premiers à déclarer qu'il fallait faire tomber le gouvernement Barnier
08:43et qu'il allait voter la censure.
08:45Moi je pense que c'est avec ces personnes-là
08:47qui sont normalement dans l'arc républicain, qui sont responsables,
08:51qui ont eu des responsabilités,
08:53qui sont des personnes d'État,
08:54que les choses pourraient se construire.
08:56Vous pourriez gouverner par exemple avec l'EPS
09:00ou au moins avoir une espèce d'accord,
09:02c'est par exemple ce que dit Yannick Jadot ce matin, l'écologiste,
09:04qui dit il faudrait qu'il y ait une espèce de pacte transitoire
09:07entre les partis de l'arc républicain.
09:10Un pacte pour ne pas se censurer les uns les autres.
09:12C'est bien ce que je vous disais précédemment.
09:15C'est-à-dire qu'il faut que nous ayons pour objectif
09:20de pouvoir réaliser une coalition
09:23qui, sur 4 ou 5 thèmes forts pour les Français,
09:29se met d'accord pour qu'il n'y ait pas pour avancer
09:32et pour faire progresser notre pays.
09:34Ne laissons pas tomber les Français.
09:36Alors bien sûr qu'on ne va pas être dans un chaos immédiat.
09:39Moi je ne suis pas dans la théorie du chaos.
09:42Mais les choses elles se font progressivement sur la durée.
09:46Et c'est les plus faibles qui vont payer tout ça.
09:49Et moi je suis dans mon mouvement politique,
09:54je veux vraiment protéger les plus faibles.
09:59Et aujourd'hui ce n'est pas ce qui se passe,
10:01parce que ce que dit Mme Le Pen,
10:03c'est qu'elle parle beaucoup des plus faibles,
10:05des gens dans la ruralité qui n'ont rien, etc.
10:07Mais ce qu'elle fait là, ça ne fait que prolonger les difficultés.
10:11Ça ne les résout pas.
10:13Margot ?
10:13Il y a beaucoup de fausses informations qui circulent
10:15sur les conséquences de l'absence de budget,
10:17notamment sur la carte vitale qui pourrait s'arrêter de fonctionner
10:20au 1er janvier 2025.
10:21Il faut rassurer, elle va continuer à fonctionner.
10:24L'assurance maladie va pouvoir emprunter
10:25pour rembourser les prestations, pour boucler ses fins de mois.
10:28Ecoutez, la carte vitale continuera de fonctionner.
10:31Enfin surtout, ce n'est pas la carte vitale qui continuera de fonctionner,
10:35c'est que ceux qui sont malades pourront se faire soigner.
10:38C'est ça qui est important.
10:39Bon, mais la carte vitale continuera de fonctionner.
10:41Margot ?
10:41Pour limiter les dépenses de l'assurance maladie,
10:43vous aviez proposé de baisser de 5 points
10:45le taux de remboursement des médicaments.
10:47Michel Barnier y avait renoncé par la suite.
10:50Vous le regrettez ?
10:52Pas du tout.
10:52Moi, je me suis battue pour ne pas envisager
10:56le ticket modérateur à 10 points pour la consultation médicale,
11:00et donc à trouver un chemin entre 5 points pour la consultation médicale
11:03et 5 points pour le médicament.
11:05De toute façon, ça c'est réglementaire.
11:06Le ticket modérateur, c'est-à-dire c'est ce que nous payons nous.
11:08Oui, ce que payent les mutuelles aussi pour 95% des Français.
11:14Bon, c'est réglementaire, ça ne passe pas par la loi.
11:19Donc tout ça a le temps d'être discuté après
11:23et de voir quels sont les équilibres ensuite.
11:25Donc ça, ce n'est pas le plus inquiétant.
11:29Le plus inquiétant serait, ça représente 350 millions d'euros,
11:34ce dont vous me parlez, de supprimer les 5% sur les médicaments.
11:42Ça représente 350 millions d'euros qui étaient transférés aux mutuelles.
11:47Si ces 350 millions d'euros ne sont pas,
11:50ça alourdit encore le déficit de l'assurance-maladie.
11:54L'autre mesure en suspense, c'est que le gouvernement avait inclus
11:57les praticiens hospitaliers dans les personnels de la fonction publique
12:00concernés par l'augmentation des jours de carence.
12:02Beaucoup de professionnels de santé nous ont écrit pour s'étonner
12:04de votre silence à ce sujet et sur le risque que ça affecte
12:08l'attractivité à l'hôpital.
12:10Non, moi, je n'ai pas de silence sur ce sujet.
12:12Sur ce sujet, je pense que quand l'on cherche l'équité
12:15entre le secteur privé et le secteur public
12:19dans le nombre de jours de carence, ça ne me choque pas.
12:22Ce qui m'ennuie davantage, c'est qu'en fait, il n'y a pas d'équité
12:25entre le privé et le public dans les conséquences,
12:29c'est-à-dire que dans le privé,
12:31il y a bien souvent une prise en charge par l'employeur
12:35de ces jours de carence ou par une prévoyance,
12:37et pas forcément dans le public.
12:40Donc, c'est ça que j'aurais aimé.
12:41Il faut de la discussion syndicale et des partenaires sociaux
12:47pour arriver à avancer sur ce sujet.
12:49Par contre, je pense que les soignants travaillent beaucoup
12:56et que ce n'est pas du tout une remise en cause de leur engagement
12:59dans leur travail que de parler de cela.
13:01Mais c'est quelque chose qu'il faudra travailler
13:03avec les organisations syndicales,
13:05parce que je ne suis pas satisfaite effectivement
13:07de l'équilibre après des conséquences
13:10entre le public et le privé.
13:11– Merci beaucoup Margot, merci Madame la Ministre.
13:13Juste une question, François Bayrou, futur Premier ministre ?
13:17C'est votre parti, c'est le patron de votre premier parti.
13:18– Écoutez, pour l'instant, Michel Barnier est Premier ministre.
13:21– Mais François Bayrou ferait un bon Premier ministre ?
13:24– François Bayrou est un homme d'État, de qualité,
13:28que je respecte beaucoup et je suis avec lui depuis mon engagement en politique,
13:33donc je ne vais pas vous dire du mal de lui.