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Dans son édito du 04/12/2024, Paul Sugy revient sur la présence d'Emmanuel Macron depuis l'instabilité politique. 

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Transcription
00:00Hier soir, Michel Barnier a pris la parole.
00:02Paul Sujit, on va y revenir avec vous.
00:05Il s'est adressé aux Français dans les JT de 20 heures.
00:08Il vous a paru bien seul, Paul Sujit, Michel Barnier.
00:11Oui, seul, évidemment, à l'écran face aux deux journalistes.
00:13Seul aussi, politiquement, Michel Barnier l'est de plus en plus.
00:16Rares sont les ministres qui montent courageusement au front,
00:18comme Bruno Retailleau va le faire ce matin pour le défendre.
00:21Cette solitude, évidemment, n'est pas sans dignité.
00:23Le Premier ministre a insisté au tout début de l'entretien sur le mot d'honneur.
00:27De fait, il y a de l'honneur, il y a de la droiture dans cette veillée d'armes,
00:30dans cette façon un peu stoïque de se préparer à affronter la tempête qui vient,
00:33dans ce refus aussi de céder à toutes les concessions ou tous les chantages
00:37de ceux-là même qui peuvent actionner à tout instant le coup près de la guillotine.
00:41Alors, si la parenthèse Michel Barnier se referme ce soir,
00:45ce qui est le plus probable, cette parenthèse aura du moins,
00:47je crois, fait du bien à la politique.
00:49D'abord parce que les chantiers qui ont été entamés,
00:51quoi qu'on en dise, étaient les bons.
00:52Et parce qu'eux aussi, la hauteur de vue,
00:54le refus de céder aux caprices et aux modes de passage,
00:57le sens de l'intérêt national qui prime sur l'intérêt partisan ou l'intérêt électoral,
01:02font de Michel Barnier le modèle d'un homme d'État
01:04comme on en avait peu vu ces dernières années.
01:06Mais sa solitude, on le sait bien, n'est pas de son fait.
01:08C'est une solitude politique qu'il hérite au moment où il rentre à Matignon.
01:12Une solitude politique sans précédent d'ailleurs.
01:15Ses amis se sont entredévorés pour s'attribuer à la place les mérites de sa politique
01:18et ses ennemis rêvent de le décapiter en réalité pour se venger
01:21de n'avoir pas pu faire tomber la tête du roi
01:24puisque c'est bien à Emmanuel Macron que toute l'animosité politique du moment renvoie.
01:28Oui, c'est ça. C'est à Emmanuel Macron que les oppositions en veulent
01:31plus qu'à Michel Barnier lui-même.
01:33Oui, sans doute. Et comme Louis XVI avait jadis essayé de partir à Varennes,
01:36le chef de l'État, lui, est en Arabie Saoudite
01:38où il fuit méthodiquement, rapportent les journalistes sur place.
01:41Il va revenir ce soir.
01:43Il va revenir ce soir, mais d'ici là, il fait attention
01:45à surtout ne pas faire trop d'interventions médiatiques.
01:47Tout au plus, égraine-t-il quelques considérations un petit peu confuses
01:52sur la situation politique du moment dans lesquelles il essaye de faire croire
01:55que pour lui, la censure n'est pas encore jouée
01:57et que ce n'est pas encore le scénario le plus probable ?
01:59Que pense-t-il ? Que propose-t-il ?
02:01C'est comme si, au fond, il avait pris de la distance par rapport à cette crise politique.
02:04Il fait des pronostics, au fond, sur la tête de Michel Barnier
02:08comme on parie sur les courses au PMU.
02:10Pourtant, la situation politique est bloquée depuis qu'Emmanuel Macron
02:13a perdu les élections législatives.
02:16Et plutôt que de le reconnaître, il a dit à chaque opposition
02:19« vous n'avez pas gagné », provoquant ainsi une crise
02:22qui n'a depuis pas su trouver son terme.
02:24Il y a quelque chose un peu de l'empereur Néron qui, selon la légende,
02:27contemplait en jouant de la lyre la ville de Rome qu'il avait lui-même incendiée
02:30dans cet Emmanuel Macron qui se tient à bonne distance
02:32de la crise politique qu'il a provoquée lui-même.
02:35Alors, de plus en plus de personnalités appellent à la démission d'Emmanuel Macron.
02:40On les a entendus.
02:41Lui dit qu'il va rester, quoi qu'il arrive, jusqu'à la dernière seconde
02:44pour reprendre ses termes.
02:46C'est désormais la seule issue à cette crise, selon vous,
02:48la démission du président de la République ?
02:50En tout cas, c'est la solution logique dans l'esprit gaulliste
02:53dans lequel les institutions de la Ve République ont été construites.
02:57Quand le président de la République perd un référendum
03:00ou lorsqu'il perd des élections législatives,
03:02s'il n'est pas en mesure de retrouver la majorité qu'il a perdue,
03:05il doit démissionner.
03:07Et de fait, le président de la République a été désavoué cet été
03:09lors des élections législatives.
03:11Alors, il lui restait une autre solution qui aurait été d'élargir sa majorité,
03:15soit en intégrant à la fois les Républicains et le Parti socialiste.
03:19Michel Barnier, à lui seul, sans les socialistes,
03:21ne pouvait pas offrir cette majorité qui manquait au chef de l'État.
03:24Soit en concluant un pacte avec le Rassemblement national
03:27pour éviter la censure, ce qui n'a évidemment pas été fait.
03:30Alors, bien entendu, et c'est son droit le plus strict,
03:33Emmanuel Macron peut décider de ne pas travestir sa politique
03:36en faisant des alliances qui lui paraissent contre nature
03:38avec des oppositions sur lesquelles il ne partage pas ses vues.
03:41Mais dans ces cas-là, et s'il est incapable de trouver,
03:43avec le Rassemblement national en particulier,
03:45une attitude qui ne soit pas perçue par Marine Le Pen
03:48et par ses députés comme une forme d'humiliation,
03:50c'est-à-dire de les maintenir à bonne distance du pouvoir
03:53comme on écarte des pestiférés,
03:55alors on voit difficilement comment, jusqu'à la prochaine élection,
03:57peut-être jusqu'à une prochaine dissolution,
03:59le président de la République pourrait se maintenir politiquement.
04:01Mais Paul, dans l'esprit du gaullisme,
04:03le président ne démissionne pas quand il perd les législatives.
04:07Il a perdu les élections suite à une dissolution
04:10qu'il avait provoquée lui-même, qui a été...
04:12Justement, protégé par la cinquième.
04:15Protégé par la cinquième, il n'a pas à démissionner.
04:17En tout cas, les institutions ne l'obligent pas à démissionner.
04:20C'est l'esprit dans lequel le général de Gaulle, lui-même,
04:23pensait les institutions qui voulaient dire
04:25si finalement il y a un référendum pour ou contre moi,
04:28ce qui était exactement le geste d'Emmanuel Macron cet été,
04:31de dire il y a une animosité politique qui monte contre moi,
04:34alors à ce moment-là, il va falloir choisir.
04:35Est-ce que vous continuez à me faire confiance ou pas ?
04:37Les Français ont répondu non et le chef de l'État
04:40a simplement essayé de comprendre le sens de ces élections en disant
04:43oui, mais il ne désigne pas une opposition claire contre moi,
04:45donc je peux rester.
04:47C'est une interprétation licencieuse.

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