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Le député socialiste de l'Essonne Jérôme Guedj était l'invité de franceinfo soir, lundi 2 décembre 2024.

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00:00Bonsoir Jérôme Gaëtge. Bonsoir Agathe Lambret. Vous êtes député socialiste de l'Essonne, porte-parole du Parti Socialiste.
00:06Le Premier ministre a déclenché le 49.3 cet après-midi, conséquence que le Nouveau Front Populaire
00:11a déposé une motion de censure qui devrait être examinée mercredi ou jeudi.
00:15Vous, vous voterez cette censure sans état d'âme Jérôme Gaëtge ?
00:19Oui parce que c'est l'échec
00:22de la méthode Barnier
00:24et oui parce que c'est un mauvais budget de la sécurité sociale. Il ne faut jamais oublier qu'une motion de censure suite à un
00:3049.3, la première conséquence, avant même d'entraîner la chute du gouvernement, c'est le rejet du texte en question.
00:37Et pourquoi nous souhaitons le rejet de ce texte ? C'est parce qu'il porte atteinte à des droits fondamentaux pour l'ensemble des assurés
00:44sociaux. Et c'est la raison pour laquelle on a essayé de proposer jusqu'au bout. Et là c'est l'échec de la méthode Barnier,
00:50ce qui n'est pas un gros mot dans la politique, à savoir le compromis. Le compromis ça aurait consisté pour
00:56Michel Barnier à accepter de débattre et de discuter avec l'ensemble des groupes représentés à l'Assemblée nationale
01:01et pas uniquement comme il l'a fait dans un premier temps avec son propre socle commun, le mal nommé socle commun, où il y avait déjà
01:08beaucoup en son sein qui lui
01:10tirait dans les pattes, pardonnez-moi l'expression, mais quand Gabriel Attal dit hors de question de revenir sur le bilan
01:15de ce qu'a fait Emmanuel Macron, notamment sur les exonérations de cotisations patronales,
01:20il met Michel Barnier en difficulté. Donc il a passé un temps fou à négocier avec eux.
01:24Et vous, vous vous êtes senti ignoré les socialistes ?
01:26Totalement. Moi je peux vous le certifier, depuis le premier jour à la première minute à la tribune de l'Assemblée nationale, au tout début de l'examen du budget de la Sécu,
01:35j'ai dit au nom du groupe socialiste,
01:36nous sommes prêts à chercher une solution qui agrée à tout le monde. Et jusqu'à mercredi dernier, en commission mixte paritaire,
01:44je suis venu dans cette réunion en disant
01:47voilà les nouvelles propositions que nous vous faisons. Et nous avons fait des efforts, je vais l'illustrer par un seul exemple,
01:52dans le débat à l'Assemblée, nous avions créé environ 18 à 20 milliards de recettes supplémentaires. On nous disait c'est beaucoup trop, c'est insupportable,
01:59pour financer les priorités que nous avions pour la Sécu, c'est-à-dire des moyens supplémentaires
02:03pour l'hôpital, pour les EHPAD, ne pas dérembourser les consultations médicales et ne pas geler les pensions de tous les retraités.
02:10On nous avait dit c'est trop. Et bien en CMP, preuve de l'effort,
02:14en commission mixte paritaire, on est venu avec une proposition en disant ok, à 8 milliards d'euros de dépenses préservées,
02:21on a mis de l'eau dans notre bain, exactement, et en face.
02:23Il a reculé sur le déremboursement des médicaments en 2025, aujourd'hui, alors qu'il avait prévu de baisser 5% le taux de remboursement.
02:31C'était un point auquel le Parti Socialiste était attaché. C'était un des points que nous défendions, mais pas isolé, pas
02:38pour solde de tout compte. C'est une mesure qui est injuste, en effet, d'augmenter
02:43la participation des usagers pour l'achat des médicaments. Mais il y a la même chose pour les consultations médicales.
02:48Mais reste, subsiste dans ce budget, c'est pour ça qu'il est mauvais, le gel des pensions de retraite pour tous les retraités.
02:54Et surtout, ce budget ne donne pas assez de moyens pour l'hôpital public qui est à l'os aujourd'hui, pour les EHPAD,
03:00dont 85% sont en déficit, avec insuffisamment de personnel pour accompagner de manière satisfaisante les personnes âgées. Bref, c'est pas un bon budget de la Sécurité Sociale.
03:08Il n'a parlé qu'avec Marine Le Pen.
03:10Il n'a parlé qu'avec Marine Le Pen et le communiqué de ce matin
03:12est vraiment un bras d'honneur, pardonnez-moi l'expression, au front républicain qui a été le dernier vote des Français.
03:19Puisque, dans ce communiqué, il dit « Allez, j'ai parlé ce matin à Marine Le Pen et je viens quémander sa bienveillance en lui proposant cette mesurette et en espérant qu'elle ne me censurera pas. »
03:30Il a organisé un dialogue bilatéral avec Marine Le Pen, tournant le dos à ce qu'il avait promis.
03:37Quand il est arrivé, il nous a dit « Mon budget est perfectible, je n'ai eu que 15 jours pour le préparer et il faut qu'on puisse l'améliorer ensemble. »
03:45Et, je le redis, il a ignoré totalement les propositions, encore une fois, responsables, constructives, que nous avons mises sur la table.
03:52Et le paradoxe, Jérôme Guette, vous reprochez à Michel Barnier de ne s'être adressé qu'à Marine Le Pen, mais cette censure, vous la voterez avec le Rassemblement National.
03:58Alors, cette question, elle revient à chaque fois.
04:03Alors que vous, les socialistes, vous pourriez décider, en responsabilité, de vous retirer de ce processus, de ne pas voter, ni avec le RN, ni avec la France Insoumise.
04:09Vous êtes faiseur de droit, vous avez 66 députés, si vous ne votez pas cette censure, il n'y a pas de censure et il n'y a pas les conséquences, hausse des taux d'intérêt, pas d'impôts pour les Français,
04:20c'est-à-dire que le barème de l'impôt ne sera pas réévalué, ça veut dire que 400 000 foyers modestes vont rentrer dans le barème de l'impôt.
04:25Prenons les choses dans l'ordre, là on parle du budget de la Sécu, ce dont vous me parlez, c'est le budget de l'État, ça c'est la semaine prochaine.
04:30Mais si le gouvernement est renversé, Jérôme Guest, ça aura des conséquences.
04:34Il faudra en effet qu'il y ait la préparation d'un nouveau budget.
04:38Mais je vous redis ce que je vous ai dit tout à l'heure, si, je me mets dans la logique que vous décrivez, il ne faut pas censurer le gouvernement.
04:45Ça veut donc dire qu'on avalise ce mauvais budget de la Sécurité Sociale, je le redis, problématique pour l'ensemble des Français et surtout qu'on avalise la méthode de Michel Barnier
04:55qui est de dire, écoutez, à chaque fois j'imposerai mes décisions, il aurait pu procéder autrement.
05:00Il est arrivé en nous disant mon budget est perfectible et à aucun moment il n'a cherché à travailler avec l'ensemble...
05:05Et ça on vous entend, mais qu'est-ce que vous faites ensuite Jérôme Guest ?
05:08Je pense qu'à gauche vous êtes tous d'accord pour faire tomber le gouvernement, mais il n'y a aucun scénario consensuel et sérieux qui se dégage
05:15alors qu'à l'instant, je disais, vous êtes prêts potentiellement à plonger la France dans le chaos, dans une crise financière.
05:21Beaucoup de voix alertent en ce sens, qu'est-ce que vous proposez ensuite ?
05:23D'abord une crise pour l'ensemble des Français. Vous êtes en train de dire, pour préserver les marchés financiers,
05:28alors il faut que la grande masse de nos concitoyens accepte que les pensions de retraite soient gelées,
05:34il faut accepter les déremboursements, il faut accepter de continuer à attendre des heures et des heures dans les urgences des hôpitaux.
05:39Moi je vous parle du quotidien de l'ensemble des Français.
05:41Et donc, si Michel Barnier nous disait c'est le cataclysme absolu, pourquoi est-ce qu'il ne fait pas l'effort, encore une fois je dis, raisonnable.
05:49Je vous ai parlé du 8 milliards d'euros, vous pouvez dire, mais ils sont fous ces socialistes, ils valent 8 milliards d'euros sur un budget de 600 milliards d'euros.
05:55Il peut encore faire l'effort d'ici mercredi ou pas ?
05:56Sur un budget de 662 milliards d'euros, c'est-à-dire on lui demandait de bouger de 1,2% son budget.
06:02Il peut encore corriger le tir d'ici mercredi, mais c'est trop tard.
06:04Il le peut en fait, dans le texte du 49.3, qu'on va découvrir dans quelques heures.
06:10Il peut l'amender ?
06:11Il peut, dans le texte du 49.3, modifier totalement l'équilibre du budget de la Sécurité Sociale.
06:18Il pourrait, dans un sursaut de lucidité, dire, écoutez, s'il pourrait y mettre, je vais être très clair, au risque d'être provocateur,
06:27si dans son 49.3, mais ça n'arrivera pas, c'est un raisonnement par l'absurde, il ne gèle pas les pensions de retraite,
06:35il dégage 3 milliards d'euros pour les hôpitaux et les EHPAD, il ne dérembourse pas tous les médicaments,
06:40on aura la même position que celle qu'on avait auparavant, c'est-à-dire de ne pas s'opposer à ce PLFSS,
06:45et donc de ne pas censurer le gouvernement, mais ce n'est qu'un raisonnement théorique, il veut s'en débaisser, il s'en tête aujourd'hui.
06:51Il faut qu'on avance, donc si le gouvernement tombe, qu'est-ce que vous proposez derrière vous, à gauche ?
06:56Eh bien de respecter la plus belle chose au monde, qui est le suffrage universel, le sens de ce qui s'est passé le 7 juillet.
07:03Le 7 juillet, la gauche est arrivée en tête, elle n'a pas gagné.
07:07Donc moi, je ne suis pas de ceux qui fanfaronnent en disant, le programme, tout le programme, rien que le programme,
07:12ça c'est possible quand on a la majorité pour appliquer son programme.
07:16Ce n'est pas le cas, mais il faut entendre le message.
07:18Les Français ont donné une préférence à la gauche.
07:21Donc c'est-à-dire qu'il faut un Premier ministre de gauche ?
07:22Il faut un Premier ministre issu de la gauche, mais il y a eu un deuxième tour qui a révélé ou confirmé le front républicain
07:30qui a empêché Jordan Bardella de devenir Premier ministre, et il faut donc aussi respecter ce front républicain.
07:35Donc il faut un Premier ministre issu de la gauche qui, texte par texte, est capable de construire des majorités dans un accord global.
07:44On a appelé un accord de non-censure.
07:46C'est la proposition de Boris Vallaud, le patron des députés socialistes.
07:49C'est la proposition de Boris Vallaud, mais elle avait déjà été faite dès l'été.
07:51On était plusieurs à la défendre dès l'été dernier, je pense à mon collègue Philippe Brun, moi-même je l'avais soutenu,
07:55qui est de dire, entendons le résultat de ces élections, et texte par texte, dans un accord de non-censure,
08:03c'est-à-dire les autres groupes disent, ok, on ne va pas censurer le gouvernement.
08:06En contrepartie, le gouvernement s'engage à ne pas faire ce que fait Michel Barnier aujourd'hui,
08:10à savoir utiliser le 49.3 pour museler le Parlement.
08:13Bref, donner les clés du camion, pardonnez-moi l'expression, au Parlement.
08:16Mais ce serait une sorte de coalition jusqu'au macroniste ?
08:18Ce serait, dans le gouvernement, un gouvernement issu de la gauche, et à l'Assemblée Nationale,
08:23un front populaire, si vous voulez, au gouvernement, et un front républicain à l'Assemblée Nationale.
08:30Mais au gouvernement, que des gens de gauche ?
08:32Je vais vous dire, je ne vais pas faire le casting, je ne vais pas répondre à qui,
08:37je vais répondre surtout à quels sont les sujets sur lesquels on est capable de se mettre d'accord.
08:41Et dans la méthode, ça veut dire que chacun renonce à sa position de départ.
08:45Par exemple, Monsieur Attal, le groupe Ensemble pour la République,
08:48ne peut pas dire qu'on ne touche pas au bilan d'Emmanuel Macron, à sa politique économique,
08:53notamment la politique de l'offre, qui ne marche pas ou qui ne marche plus.
08:56Et de la même manière, en face, on ne peut pas dire qu'on prend la totalité du programme de la gauche.
09:01C'est d'ailleurs ce qui avait été dit depuis le début, il y aura forcément des compromis à construire,
09:06il faut le faire sincèrement.
09:08Et vous ne voulez pas plutôt ouvrir le gouvernement ? Pourquoi ce serait un gouvernement uniquement de gauche ?
09:11Mais en tous les cas, il faudra que le Premier ministre soit issu de la gauche.
09:14La composition de ce gouvernement, elle est construite sur la base du programme que portera ce gouvernement.
09:20Moi, je n'ai pas d'oucase, je n'ai pas d'interdit sur la composition de ce gouvernement,
09:24à la condition qu'il puisse porter l'ensemble de ses compromis.
09:29Vous, Jérôme Gage, vous pourriez être ce Premier ministre à gauche ?
09:32Non, mais on est plusieurs à pouvoir sincèrement jouer ce rôle.
09:36Moi, l'état d'esprit, qui est celui que j'ai porté dans ce budget de la Sécurité sociale,
09:40qui est plus important que le budget de l'État, c'était justement de construire des compromis.
09:44Et on a réussi parfois à faire voter des propositions avec les démocrates, avec le MoDem,
09:48on a fait voter des propositions sur la fiscalité comportementale,
09:51donc on est capable, projet par projet, là en l'occurrence au nom de la santé publique
09:55et de la préservation de la santé de nos concitoyens, de mettre en place des mesures ensemble.
09:59Mais il faut que chacun sorte de son couloir, il faut se sublimer, il faut se transcender,
10:03c'est trop important le moment.
10:04Mais les discussions, elles ont déjà débuté ou pas ? Ces discussions-là, elles existent ?
10:06Non, alors c'est la bonne question que vous posez.
10:08Le drame absolu, je vais vous dire depuis le mois de juillet,
10:10c'est que ce qui a ruisselé, c'est un peu la bêtise collective.
10:14Il n'y a pas eu ces tentatives d'essayer de construire ces compromis
10:18et de définir ceux des textes sur lesquels on pourrait travailler en bonne intelligence,
10:24à plus tard les sujets qui fâchent.
10:25Il y a une élection présidentielle en 2027, ce sera elle qui devra trancher des questions
10:30qui demeurent en suspens, mais il faut un budget pour le pays.
10:32Mais vous avez essayé, vous avez pris contact avec les macronistes,
10:34avec les républicains pour leur dire pardon ?
10:36Ce qui se passe, c'est que dans la période, ceux que vous mentionnez,
10:39d'abord il faut qu'ils aient un peu l'humilité de considérer qu'ils n'ont pas gagné l'élection,
10:43que c'est un peu par un hold-up que Michel Barnier s'est retrouvé Premier ministre.
10:47Donc ce discours de responsabilité pourra avoir lieu si les uns et les autres
10:51acceptent la règle du jeu responsable que je mets sur la table.
10:54Mais ça suppose, encore une fois je le redis, que chacun fasse l'effort
10:58de préserver un mode de fonctionnement pour le pays.
11:02Moi, ce que vous disiez, il n'y aura pas de budget.
11:04Fort heureusement, les mécanismes, il ne faut pas dramatiser, je vous en supplie.
11:07Ne dites pas, j'entendais tout à l'heure à la tribune, le rapporteur général qui disait
11:11si le budget de la sécu n'est pas adopté, les cartes vitales vont s'arrêter de fonctionner le 1er janvier.
11:15Vraiment, c'est indécent d'utiliser ce genre d'argument.
11:20Il y aura une continuité de l'ensemble des politiques.
11:23Simplement, on devra décaler dans le temps le moment où on choisira le budget pour la France.
11:28De plus en plus de voix évoquent une démission du Président.
11:30Est-ce que ça pourrait être une solution à la crise ?
11:33Nous, ce qui est clair, et vous me demandiez ce que je faisais avec la motion de censure.
11:36Moi, cette motion de censure, je ne lui donne pas les interprétations que certains veulent lui donner.
11:40Je ne fais pas une motion de censure pour ajouter du chaos institutionnel à la situation délicate
11:46que Michel Barnier a lui-même créée.
11:48Donc, ceux qui ont une lecture en disant que la suite logique de tout ça, c'est la destitution
11:52ou la démission du Président de la République, ça ne me paraît pas être à la hauteur de l'enjeu.
11:56Il y a, dans un monde normal, un chemin à trouver qui est celui de faire discuter ensemble
12:02des parlementaires de sensibilité différente dans l'intérêt du pays, mais sans prenu des convictions.
12:07C'est Jean-Luc Mélenchon qui se trompe quand il anticipe une destitution du Président.
12:11On a bien compris, je ne suis pas là pour commenter les plans sur la comète que peut faire Jean-Luc Mélenchon.
12:16Mais l'idée de l'accélération d'un calendrier de l'élection présidentielle...
12:20C'est un plan sur la comète ?
12:22C'est peut-être le désir profond de Jean-Luc Mélenchon, mais ça n'a fait que reprovoquer une crise institutionnelle.
12:30Vous ne croyez pas qu'il y aurait plus de désastre sur les marchés financiers
12:33s'il y a une démission du Président de la République ?
12:37Je souhaite à nouveau, en responsabilité, que le sens de cette motion de censure,
12:42c'est de dire que ce n'est pas un bon budget pour la sécurité sociale.
12:45Et il faut cette fois-ci, sérieusement, qu'on construise des compromis
12:49en respectant la préférence que les Français ont donnée à la gauche.
12:52Partir des problématiques des services publics, du pouvoir d'achat, de l'école...
12:56Tout ça a été un peu effacé parce qu'on va se retrouver avec un budget qui n'est pas bon, d'où la censure.
13:01On vous a entendu, on a entendu aussi que vous ne dites pas non quand je vous demande si vous,
13:05vous seriez potentiellement un profil adéquat pour m'assigner.
13:08C'est le jeu auquel personne ne doit se livrer, c'est pas le qui qui importe.
13:11On est disponibles les uns et les autres dans l'intérêt du pays,
13:14dans l'intérêt des mesures pour l'ensemble des Français,
13:17et après chacun prendra sa responsabilité.

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