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Nicolas Daragon, ministre délégué chargé de la Sécurité du quotidien, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la délinquance du quotidien, de l'exécution des OQTF, de l'excuse de minorité, de la protection des policiers ainsi que sur la cyberdélinquance.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Sonia Mabrouk" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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Transcription
00:00Bonjour Nicolas Daragon, et bienvenue à la grande interview sur CNE, vous êtes le ministre délégué en charge de la sécurité du quotidien des Français.
00:09La sécurité du quotidien c'est faire en sorte notamment qu'un médecin en France puisse exercer ses fonctions sans être intimidé, agressé, comme ce fut le cas à Drancy,
00:18avec un médecin généraliste violemment frappé.
00:21Il a fermé M. le ministre son cabinet, il a scotché un portrait de lui, le visage tuméfié, comment vous qualifiez un tel déchaînement de violence ?
00:30C'est le recul de l'autorité partout, dans tous les pans de notre société.
00:33Un recul qu'on constate depuis une vingtaine d'années, où à l'école il faut qu'on tutoie son prof, il ne peut plus être sur une estrade,
00:39où le médecin on exige un comportement de lui, on exige un rendez-vous, on exige que ce soit un homme ou que ce soit une femme.
00:46On a à la fois basculé dans une société de consommation sans limite et une société où tous les repères d'autorité ont été levés, quelle que soit l'activité qu'on exerce.
00:55Évidemment, les professions médicales, tous les personnels en tenue et les forces de sécurité intérieure, tout est bafoué et donc il faut ce retour de l'autorité dans notre pays.
01:03C'est ce que nous défendons avec Bruno Retailleau.
01:05Un choc d'autorité, vous venez de parler de l'école Nicolas Daragon, ultra-violence et ultra-rageonnissement également,
01:11comme ce qui s'est passé à Valence avec une adolescente violemment agressée à la sortie du collège par un groupe de 5 et 6 filles de 15 ans,
01:18certaines d'entre elles déscolarisées, elles l'ont également menacée de mort, terrorisée, elle ne veut plus retourner à l'école.
01:25L'autorité parentale, où est-elle dans ce cas-là ?
01:28D'abord, je voudrais avoir un mot de soutien pour cette famille que je recevrai puisque ce sont des Valentinois et je suis toujours le maire de Valence.
01:36Le sujet, c'est qui est responsable ?
01:38Et pour moi, c'est très clair, ce sont les parents.
01:40Les parents qui sont responsables de l'autorité sur leurs enfants.
01:43Lorsqu'on a des enfants, on assure leur éducation, leur encadrement, on se demande où ils sont, on se demande ce qu'ils font.
01:48Et si ce sont des mineurs qui ont 15 ans, elles devraient être à l'école.
01:53J'ai voté, moi, en 2020, au conseil municipal, dans ma ville, la suppression des aides aux familles de mineurs délinquants qui n'assument pas l'éducation de leurs enfants.
02:01Évidemment que j'appliquerai.
02:02Au même titre que chaque fois qu'il y a une condamnation, nous nous intéressons au mode d'hébergement des familles.
02:07Si ces familles sont logées par un bailleur public, donc s'ils bénéficient de la solidarité de la commune, nous résilierons le bail.
02:14Ça veut dire qu'à chaque devoir qui est bafoué, nous devons rappeler que nous sommes au rendez-vous et que l'autorité est appliquée.
02:21J'espère, évidemment, que la justice va sévir avec lourdeur.
02:24Alors, justement, il y a votre volontarisme et puis il y a le volet judiciaire.
02:28Est-ce que la suppression ou du moins la révision de l'excuse de minorité est nécessaire et urgente dans ces cas-là ?
02:33Bien entendu, on voit le rajeunissement des auteurs.
02:36On voit aussi le rajeunissement des victimes, malheureusement.
02:38Donc, nous devons réviser l'excuse de minorité, la baisser, forcément.
02:43On doit se conformer aux conventions internationales qui nous contraignent.
02:47Mais à la fois, on doit être là pour rappeler l'autorité, pour appliquer des sanctions et on doit cesser de se voiler la face.
02:54Les mineurs sont de plus en plus jeunes, de plus en plus délinquants, de plus en plus criminels, des meurtriers.
02:59Ils doivent être incarcérés, des mesures doivent être prises.
03:02Bruno Rotailleau, à juste titre, a même parlé d'encadrement militaire et je pense qu'il a totalement raison.
03:06Au premier délit, il doit y avoir une mise de côté, un encadrement militaire, un rappel des règles, pour l'enfant, mais pour la famille aussi, pour les parents.
03:15Vous êtes justement particulièrement investi avec Bruno Rotailleau, le ministre de l'Intérieur, dans la lutte contre la délinquance du quotidien.
03:20Vous avez donné des instructions avec lui au préfet pour élaborer des plans d'action départementaux de restauration de la sécurité du quotidien.
03:27Qui ciblez-vous en priorité et qu'allez-vous apprendre que vous ne sachiez déjà ?
03:32On a demandé au préfet, au commandant de groupement de gendarmerie, au directeur départemental de la sécurité publique,
03:38d'établir des plans précis, très ciblés, criblés véritablement, avec l'appui des élus locaux.
03:44Chaque élu local, chaque maire connaît chaque rue, chaque porche d'immeuble dans lequel il a des enfants, des parents, des familles à difficulté.
03:52C'est ceux qui gâchent la vie de nos concitoyens au quotidien que nous visons.
03:56Mais ce sont ceux également qui dealent au pied des immeubles, ce sont ceux qui dégradent les voitures, ce sont ceux qui font du tapage nocturne,
04:02ce sont ceux qui font de la mendicité agressive.
04:05Tous ces gens-là qui nous empêchent de vivre normalement au quotidien.
04:08Nous les ciblons tous. Du petit consommateur de drogue au grand criminel, nous voulons des plans détaillés qui nous permettent d'engager des moyens fortement.
04:16Une cartographie de la criminalité, de la délinquance française.
04:18Exactement. Aujourd'hui, on a ça de façon un peu disparate.
04:21On veut avoir un plan précis par département pour allouer des ressources massivement.
04:26Pour protéger les citoyens et parfois il faut aussi protéger, M. le ministre, les policiers.
04:31À Saint-Etienne, un vent de panique a soufflé dans le centre-ville il y a quelques jours.
04:35À une heure très fréquentée, un homme muni de plusieurs couteaux a menacé des passants.
04:39Il s'en est pris à une vieille dame et c'est un policier municipal qui est intervenu, armé.
04:44Il a donc neutralisé, comme on dit, il a abattu cet individu.
04:47Est-ce qu'il n'est pas temps de généraliser l'armement des policiers municipaux ?
04:51Vous le savez très bien, vous êtes un maire que ces policiers le demandent.
04:54Certaines villes sont encore récalcitrantes. Que dites-vous à ces maires aujourd'hui qui refusent cet armement ?
04:59D'abord je félicite les policiers municipaux qui interviennent chaque jour sur le terrain pour protéger nos concitoyens.
05:04C'est véritablement une troisième force qui s'est installée dans notre pays.
05:08Nous avons augmenté les effectifs de 40% sur ces dix dernières années.
05:11Il y a 27 000 policiers municipaux et il y en aura près de 40 000 dans une dizaine d'années.
05:16Je suis extrêmement favorable à l'armement des policiers municipaux
05:19et particulièrement à chaque fois qu'on se trouve dans une métropole, une grande ville ou en périurbain
05:23parce qu'un policier municipal qui n'est pas armé dans ce contexte a littéralement une cible dans le dos.
05:29Il est important qu'il se sente protégé puis qu'il puisse protéger nos concitoyens.
05:33Le malfrat, lui, il ne fait pas de différence entre deux uniformes.
05:36Donc j'y suis favorable mais je redis, c'est la libre administration des collectivités locales.
05:40Le maire décide de créer une police municipale ou non, de l'armer ou non et peut-être de lui donner encore d'autres pouvoirs demain.
05:45C'est ce à quoi nous travaillons dans le Beauvau des polices municipales.
05:48Il y a l'armement létal, il y a aussi l'armement psychologique.
05:51La question est de savoir, Nicolas Daragon, si ce qui arrive à un policier qui fait usage de son arme,
05:56les policiers hésitent, vous le savez très bien, parfois à sortir leur arme car ils deviennent automatiquement suspects.
06:01On a vu ce qui s'est passé dans l'affaire Nael.
06:03Est-ce que vous êtes favorable à la présomption de légitime défense pour les policiers ?
06:06Je précise que certains policiers qui y sont favorables estiment même que ça peut être un gadget
06:11mais malgré tout, ils préfèrent avoir cette présomption pour ne pas être considérés comme suspects quand ils font usage de leur arme.
06:16Oui, mille fois oui. Est-ce que les malfrats hésitent une seule seconde à leur tirer dessus ?
06:20Est-ce qu'ils hésitent à tirer sur nos concitoyens ?
06:23Je n'ai aucun doute sur le fait que nos policiers sont formés et utiliseront les armes adaptées,
06:29parce qu'ils ont des armes intermédiaires, si c'est nécessaire.
06:32Et évidemment que je sais très bien que nos policiers hésiteront, se questionneront, ont les bons réflexes pour sortir une arme au bon moment.
06:40En une fraction de seconde.
06:41En une fraction de seconde, mais ils sont formés pour ça.
06:43Ce ne sont pas monsieur et madame Tout-le-Monde qui se baladent avec une arme.
06:46Ce sont des gens qui sont formés pour ça.
06:47Et donc, il faut à la fois leur montrer...
06:49Vous savez, c'est en effet symbolique, mais c'est aussi un soutien que nous réaffirmons à nos forces de sécurité intérieure,
06:54au moment où ce discours qui agresse nos forces de sécurité intérieure en permanence,
07:00c'est porté par l'extrême-gauche, par LFI.
07:03Il faut que nous, nous soyons là pour dire à nos forces de sécurité que nous les soutenons,
07:08et que nous le prouvons en accordant cette présomption de légitime défense,
07:12qu'ils se sentent, pardon de le dire, à l'aise dans l'exercice de leur métier.
07:17Et leur métier, c'est de nous protéger.
07:18Il faut qu'ils soient armés, et il faut qu'ils sachent qu'ils ont la palette qui est à leur disposition
07:23pour intervenir quand nos concitoyens sont en danger ou eux-mêmes sont exposés.
07:27Nicolas Targon, ce matin sur CNews Europa, nous avons parlé de ces violences.
07:30Certains les appellent violences gratuites du quotidien.
07:32On nous plie souvent d'évoquer, je voudrais le faire ce matin avec vous, la délinquance sur Internet.
07:37La cyberdélinquance avec des cyberattaques de particuliers,
07:40parce que souvent nous avons des remontées de téléspectateurs ou d'auditeurs qui nous en parlent.
07:44Là encore, quel réarmement ?
07:46Alors, il y a à peu près 300 000 personnes qui déposent plainte par an
07:50sur des sujets de cyberharcèlement ou de hameçonnage,
07:53et 90 % de nos concitoyens qui disposent d'un compte Internet
07:57ont déjà été perturbés par de l'hameçonnage ou par des tentatives.
08:0155 collectivités qui ont été piratées,
08:03donc Conseil départemental de l'Ardèche l'an dernier, ça avait fait la une de l'actualité.
08:07Donc nous avons décidé de mettre en place une plateforme unique
08:10sur laquelle ils vont pouvoir déclarer, déposer plainte,
08:13entrer en contact direct avec un gendarme ou un policier.
08:16Ça s'appelle 17Cyber.
08:19C'est gratuit, c'est 7 jours sur 7, c'est 24 heures sur 24.
08:23On déclare, on peut être en contact direct, un chat en direct,
08:26comme ça existe sur d'autres sites Internet,
08:28et on va pouvoir avoir des réponses.
08:30Le sujet de 17Cyber, c'est qu'aujourd'hui, quand on dépose plainte,
08:33c'est tellement complexe qu'on a rarement des réponses.
08:36Ça sera mis en place dans les prochains...
08:38Le 17 décembre, la valeur symbolique est importante.
08:4117Cyber le 17 décembre.
08:42Et puis aussi, parce qu'on est juste avant la période de Noël,
08:44on utilise beaucoup sa carte bleue, j'espère dans les commerces de proximité,
08:48mais parfois aussi sur Internet.
08:50Un rapport de la Cour des Comptes, Monsieur le Ministre,
08:52dévoilait avant-hier l'insuffisance de la lutte contre les narcotrafiques,
08:55alors que cette gangrène touche près de 79% des communes françaises.
08:59D'ailleurs, quelles que soient les communes, centres urbains et campagnes,
09:03avec souvent l'emploi de mineurs hyper violents, totalement désinhibés,
09:06comme le rappelait hier à votre place, lors de cette grande interview,
09:09la magistrate Béatrice Brugère.
09:11Alors, il est vrai que ce rapport portait sur, je vais dire,
09:14l'ancien gouvernement et la politique avant vous.
09:17Malgré tout, est-ce que ce que vous avez proposé avec Bruno Rotailleau
09:20peut être suffisant face à cette pieuvre et ces tentacules aujourd'hui ?
09:24Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il faut totalement réorienter notre action,
09:26au même titre qu'on a été capable de le faire sur la lutte antiterroriste en 2015,
09:30et qui a porté ses fruits.
09:31Ça veut dire qu'il n'y a plus de tueries de masse,
09:33évidemment, des actes isolés.
09:34Cela, c'est beaucoup plus difficile.
09:36Et donc, le programme qui a été présenté par Bruno Rotailleau
09:39et le garde des Sceaux permet à la fois, un, d'évaluer la menace,
09:43ce qu'on n'a jamais fait avec réalisme.
09:45Et la menace, elle est extrêmement importante.
09:47Ce qu'on n'a jamais fait avec réalisme.
09:48Mais non, bien sûr.
09:49Maintenant qu'on se rend compte de la menace des narcotrafics.
09:52Le rapport sénatorial, le rapport qui a été établi par la République,
09:56ces rapports sont excellents et identifient l'ennemi.
09:59Quand on veut lutter, il faut identifier l'ennemi.
10:01Peut-être qu'on n'en a pas pris la mesure,
10:02on en a pris la mesure localement, partout.
10:04Mais ces plans départementaux,
10:05ils vont aussi nous permettre de faire remonter l'information.
10:07Le deuxième sujet, c'est quel est l'arsenal qu'on met en face.
10:10Le renforcement des moyens à low fast,
10:12la création d'apparqués spécialisés,
10:14ça va permettre d'avoir des gens qui ne font que ça.
10:17Et donc, qui peuvent remonter des filières interdépartementales,
10:19alors que parfois, on est trop cloisonné.
10:21Et puis, le dernier point,
10:22c'est de dire qu'on va attaquer tout le spectre du consommateur.
10:26La consommation festive, ça n'existe pas.
10:28Ça nuit à la santé mentale des adolescents.
10:31Il faut le rappeler.
10:32On a des gens qui veulent dépénaliser,
10:33mais sont-ils lucides ?
10:35Ça démultiplie la mortalité dans les accidents de la route.
10:38De quoi parle-t-on ?
10:39Donc, axer notre action sur les consommateurs.
10:42Pas de consommateurs, pas d'offres.
10:44Et aller jusqu'au haut du spectre
10:45pour les démunir totalement de leur patrimoine, systématiquement.
10:49Pour comprendre, sur un autre plan,
10:51pourquoi la France a tant de mal à éloigner les clandestins sur son sol,
10:54un rapport parlementaire, là encore excellent,
10:56de la députée Brigitte Klinkert,
10:58nous éclaire, Nicolas Daragon,
10:59sur la mécanique de l'impuissance publique.
11:02Un tiers des étrangers, dit-elle, visés par une OQTF,
11:05sont originaires du Maghreb.
11:07Qu'est-ce qui a changé depuis, par exemple,
11:09le voyage présidentiel au Maroc ?
11:11Est-ce que l'exécutif a pu obtenir,
11:13dans un contexte très particulier, en plus,
11:15avec l'arrestation de Boalem Sansel en Algérie,
11:17quelque chose de ces pays du Maghreb ?
11:19Le sujet est beaucoup plus général.
11:21D'abord, il faut qu'à l'échelle de la France,
11:23on modifie les dispositions.
11:24Il y a déjà eu une première circulaire, fin octobre,
11:26du ministre Tayot, pour rappeler au préfet,
11:28qu'il fallait agir systématiquement contre les étrangers.
11:31Ce qui est incroyable, c'est qu'on rappelle, en fait, la loi.
11:34On rappelle la loi, mais on avait aussi la circulaire Valls,
11:36qui posait des conditions un peu plus souples,
11:38et donc il faut durcir le ton,
11:39parce qu'on voit bien que ça ne fonctionne pas.
11:41À l'échelle européenne, la circulaire d'éloignement,
11:44la circulaire retour, elle porte très mal son nom,
11:46puisqu'elle ne permet pas de raccompagner.
11:48On a vu que des pays sociodémocrates,
11:50comme l'Allemagne, comme le Danemark,
11:51sont en train de durcir le ton.
11:52Il faut qu'on soit dans la même trajectoire,
11:54et ça tombe bien, tous les ministres de l'Intérieur sont d'accord.
11:56Et puis, il y a le dernier sujet, c'est le plus important.
11:59La plupart des OQTF qui ne sont pas réalisés,
12:01c'est parce que nous n'obtenons pas de laissé-passer consulaire.
12:04Il faut donc durcir le ton, et il faut être au rendez-vous
12:07de mesures, parfois de réponse, à ceux qui ne jouent pas le jeu.
12:10Encore faut-il avoir les moyens de se bras de fer,
12:12dans le détail du rapport.
12:13Les obstacles sont d'abord les pays sources,
12:15Algérie, Maroc, Tunisie, essentiellement,
12:17qui ne délivrent pas, comme vous l'avez dit,
12:18qui ne délivrent pas de laissé-passer consulaire,
12:21mais aussi, comme obstacle, ce qui est incroyable,
12:23M. le ministre, il y a des annulations judiciaires passives,
12:26et les refus d'embarquer qui explosent.
12:28C'est-à-dire qu'il y a l'OQTF, il y a le laissé-passer consulaire,
12:31mais on ne peut pas embarquer, parce qu'il ne veut pas embarquer,
12:34peut-être aussi que le commandant de bord,
12:36pour des raisons de sécurité, ne l'autorise pas.
12:38Est-ce qu'on ne se dit pas qu'on marche sur la tête, quand même ?
12:41650 annulations judiciaires par mois environ,
12:44150 refus d'embarquer par mois environ, ça fait 900,
12:48ça veut dire l'équivalent de ce que nous réussissons à expulser par an.
12:51On doublerait.
12:52On doublerait, alors les raisons judiciaires,
12:54on ne peut pas les commenter ici,
12:55parce que c'est une par une qu'il faudrait les analyser,
12:57mais les refus d'embarquer, c'est l'État de droit
12:59dont parle Bruno Retailleau.
13:00Parce qu'il faut des vols dédiés, charter ?
13:02C'est qu'aujourd'hui, on protège...
13:03Spécialement pour ces OQTF ?
13:04Non, notre droit, on protège les auteurs.
13:06En notre droit, on protège les auteurs ?
13:08Mais oui, bien sûr, on protège plus les auteurs que les victimes,
13:10quand on voit l'amoncellement de droits qu'on accorde.
13:13Évidemment qu'on est un État de droit
13:15et qu'on ne doit pas être dans un pays
13:17qui se transforme en dictature,
13:19mais je crois qu'on en a trop mis,
13:21et qu'aujourd'hui, celui dont on a prononcé l'expulsion,
13:23il sait qu'en montant dans l'avion,
13:25s'il se cogne la tête contre la cloison
13:27ou s'il dit qu'il ne veut pas embarquer,
13:28il va rester dans le pays,
13:29alors qu'il y a une décision judiciaire ou administrative.
13:32C'est pour ça que vous aviez dit
13:33l'étranger agresseur dehors,
13:34l'étranger qui viole dehors,
13:35ou l'étranger islamiste dehors.
13:37On entend encore une fois, je le dis,
13:38votre volontarisme ce matin sur CNews Europe 1.
13:40Encore faut-il que vous puissiez
13:42mener à bout votre action,
13:44alors que le rassemblement national Nicolas Daragon
13:46s'achemine vers la motion de censure.
13:48Est-ce que vous demandez ce matin,
13:49comme l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin
13:51et Michel Barnier, des concessions,
13:53des compromis pour pouvoir, justement,
13:55poursuivre votre action ?
13:56D'abord, je crois que le Premier ministre
13:58a fait montre d'une volonté de concertation
14:00depuis son installation.
14:02Ce n'est pas le cas selon Marine Le Pen.
14:03Il a encore reçu Marine Le Pen il y a 48 heures.
14:05Mais pour discuter de quoi ?
14:06Quel compromis ?
14:07Il a évoqué la proportionnelle
14:08dans son discours sur les médias.
14:10Il a évoqué le sujet de l'énergie
14:12sur lequel il est prêt à avancer.
14:14Mais, en vérité, je crois qu'aujourd'hui,
14:16on a une association, une véritable alliance
14:18objective entre les extrêmes.
14:19Vous savez, il y a des pays où,
14:20quand on vote une motion de censure,
14:22elle est constructive.
14:23On propose quelque chose ensuite,
14:24en Allemagne ou en Espagne.
14:25Aujourd'hui, elle est destructrice.
14:27On ne sait pas vers quoi on va ensuite.
14:29Vous dites aussi la chienlit, le chaos,
14:31la crise financière, la crise économique.
14:32Je dis que nous nous mettons en danger.
14:34Les marchés financiers l'ont montré hier,
14:35puisque notre taux d'emprunt a dépassé celui de la Grèce.
14:37Et donc, on voit bien que ce n'est pas juste
14:39pour faire peur.
14:40On ne crie pas au loup.
14:41On est en train de dire, attention,
14:42nous sommes en difficulté.
14:43Ce n'est pas un mur qu'on va abattre.
14:45C'est une digue qu'on va ouvrir.
14:46Et on ne sait pas jusqu'à quel moment
14:48nous allons garder la tête en dehors de l'eau.
14:50Les marchés financiers sont en train de s'exciter.
14:53On voit bien que l'économie commence à ralentir.
14:55Les signaux sont mauvais.
14:56Il faut donc être raisonnable.
14:58Il faut être responsable.
15:00Dernière question, puisque vous parlez
15:01de maintenir la tête hors de l'eau.
15:03La tête, symboliquement, du président de la République,
15:05est-elle aussi en jeu ?
15:06Parce que certains se demandent,
15:07est-ce qu'il pourrait y avoir une présidentielle
15:09anticipée dans ce cas-là ?
15:10Puisque c'est l'inconnu.
15:11Je suis ministre d'un gouvernement,
15:13donc je suis respectueux des institutions françaises.
15:15J'ai une loyauté vis-à-vis de la République
15:17qui est intangible.
15:18Ça veut dire que le président de la République,
15:20il décide de son destin.
15:21Nous, nous sommes au travail
15:23pour les Françaises et les Français.
15:25C'est ce qui nous occupe,
15:26c'est tenter d'apporter des solutions
15:27dans un moment de crise exacerbée.
15:29Et vous l'êtes au ministère
15:31et également en tant que maire de votre ville.
15:33Merci, Nicolas Daragon.
15:34C'était votre grande interview.
15:35Bonne journée à bientôt.
15:36Merci, Nicolas Daragon.
15:37Merci, Sonia Mavrouk.

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