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"Pédale, tantouze, baltringue, tapette… les injures se succédaient avec les coups, et mon silence, toujours."

Hier, l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité la loi mémorielle visant à offrir réparation aux personnes condamnées pour homosexualité entre 1945 et 1982. Voici les mots du député LR Maxime Minot.

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Transcription
00:00Dans le couloir, le grand aux cheveux roux et le petit au dos voûté criaient.
00:06Les injures se succédaient avec les coups et mon silence toujours.
00:11Pédale, pédé, tantouse, enculé, tarlouze, pédale douce, baltringue, tapette, fiotte,
00:22tafiole, tanche, faulasse, grosse tante, tata, l'homosexuel, le gay.
00:29Certaines fois, nous nous croisions dans l'escalier bondé d'élèves.
00:33Ou autre part, au milieu de la cour.
00:36Il ne pouvait pas me frapper au vu de tous, il n'était pas si stupide.
00:40Il aurait pu être renvoyé.
00:42Il se contentait d'une injure, juste pédé.
00:46Personne n'y prenait garde autour, mais tout le monde l'entendait.
00:50Je pense que tout le monde l'entendait puisque je me souviens des sourires de satisfaction
00:54qui apparaissaient sur le visage d'autres, dans la cour ou dans le couloir,
00:58comme le plaisir de voir et d'entendre le grand aux cheveux roués, le petit au dos voûté,
01:03rendre justice, dire ce que tout le monde pensait tout bas,
01:07et chuchoter sur mon passage que j'entendais, regarde ces belles gueules, la pédale.
01:12Avant de m'assumer, de m'affirmer tel que je suis, moi, Maxime Minot, gay,
01:17j'ai dû subir également remarques et colibés.
01:21Encore récemment, avec ce tag homophobe, à mon égard, près de mon domicile.
01:27Alors oui, à titre personnel, je n'ose à peine imaginer le parcours
01:31de ces dizaines de milliers de personnes condamnées, souvent de la prison,
01:35à une époque où l'homosexualité était un délit.
01:38Coupables, mais de quelle coupabilité parlons-nous ?
01:42Celle d'aimer ? Oui, d'aimer un individu du même sexe.
01:47La violence des mots, ces jurons, ces insultes, ces pédés lancés à la volée
01:51venaient à s'ajouter à la crainte, à la menace des coups,
01:54à ces corps jetés dans les paniers à salade.
01:57Existait-il d'autres alternatives que de cacher, se cacher,
02:02de mentir, se mentir à soi-même ?
02:05La peur, la frayeur, la panique, la terreur d'être listé, catalogué,
02:10inscrit sur ces fichiers des pédérastes, et de voir sa vie bouleversée,
02:14chamboulée alors qu'elle débutait à peine.
02:17Être traqué dans son intimité, dénoncé par des voisins, par des connaissances,
02:22oui, difficile d'imaginer pareil traitement dans notre pays.
02:26Ce texte vise à reconnaître la responsabilité de la République française
02:31dans l'application des dispositions pénales qui ont constitué une discrimination fondée
02:35sur l'orientation sexuelle des personnes.
02:38Le texte reconnaît que ces dispositions ont été source de souffrance
02:41et de traumatisme pour les personnes condamnées,
02:44qui devaient, je le rappelle, se cacher pour mener leur vie privée
02:48et ont parfois eu à affronter des conséquences familiales et professionnelles
02:53de ces arrestations et condamnations.
02:55Au total, entre 10 000 et 60 000 personnes ont été condamnées en France entre 45 et 82.
03:01Souvenons-nous, et n'oublions pas que l'homosexualité faisait encore partie
03:05des maladies mentales en France jusqu'en 1992.
03:09Ainsi, il s'agit aujourd'hui de réparer la discrimination introduite par la loi de la République
03:14entre les personnes hétérosexuelles et les personnes homosexuelles.

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