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"Je savais que j'allais beaucoup souffrir. En fin de compte, tous les êtres humains grandissent grâce aux souffrances qu'ils éprouvent."

Dans "Emilia Perez" de Jacques Audiard, elle incarne un chef de gang mexicain qui décide de changer de genre. Pour sa performance, elle est devenue la première actrice transgenre récompensée d'un prix d'interprétation à Cannes. On a rencontré Karla Sofía Gascón.

Le film de Jacques Audiard "Emilia Perez" sort en salle ce mercredi 21 août.
Transcription
00:00J'habitais dans une société où si tu portais simplement un jersey rosé,
00:04tu tombais sur tous les endroits.
00:07Si tu t'en souviens, si tu te mettais une veste,
00:10tu tombais sur tous les endroits.
00:12Je suis sincère, et je ne l'ai pas dit à personne,
00:15dans ma carpette, d'un côté, il y avait des photos de Sylvester Stallone avec John Rambo,
00:19et de l'autre côté, il y avait Samantha Fox.
00:21Carla Sofía Gascón naît à Sini Garzón en Espagne en 1972
00:25et démarre sa carrière d'actrice dans des télénovellas au début des années 2010.
00:29Je ne suis pas une personne croyante.
00:32Je ne crois pas à aucune religion, ni à rien du genre,
00:35mais je crois que, je ne sais pas, il y a des choses bizarres qui se passent.
00:39Je crois que je savais parfaitement à quoi je devais m'engager.
00:44Je savais que je souffrirais beaucoup pour ça.
00:47Je savais aussi ce que je devais faire avec ma vie,
00:50et que je souffrirais aussi beaucoup.
00:53Parfois, ton esprit sait ce qu'il doit faire,
00:58et je pense que c'est beaucoup plus intéressant de laisser qu'il le fasse,
01:04en savant ce chemin si dur pour lequel il va passer.
01:10Parce que je crois que c'est le développement réel d'un être humain.
01:13Je ne connais pas d'autres êtres humains qui ont évolué
01:15dans la fête ou dans le hi-hi-ha-ha.
01:19Je m'explique.
01:20Tous les êtres humains, au bout d'un moment, nous évoluons
01:23à la base des souffrances que nous expérimentons,
01:26à la base des difficultés que nous rencontrons dans notre chemin,
01:31et de cette héritière d'illusion et de la volonté de nous dépasser.
01:35Et je crois que c'est le meilleur que nous avons les êtres humains,
01:38que nous voulons évoluer.
01:39En mai 2024, elle remporte le prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes
01:44pour son rôle dans le film de Jacques Audillard, Emilia Perez.
01:48Elle y incarne un chef de gang mexicain, Manitas,
01:51qui décide de changer de genre pour devenir Emilia Perez.
01:54J'étais au Mexique et j'ai reçu un appel de l'équipe de Pierre-Marie Drew.
02:03Ils m'ont dit qu'ils cherchaient une actrice pour ce personnage.
02:10Ils m'ont demandé s'il m'intéressait de préparer 5 chansons pour demain et de les chanter.
02:13J'ai répondu oui, bien sûr.
02:15Ils m'ont aussi dit qu'ils voulaient une tortille friandise
02:20et qu'on construisait une maison, des choses comme ça.
02:24Et finalement, vous y êtes.
02:26Et finalement, nous y sommes.
02:27Nous y sommes après avoir construit la maison et fait la tortille.
02:32C'est exactement ça.
02:34C'était un travail très long, très vaste.
02:39Il m'a fallu deux ans et demi d'études,
02:46de travail sur les mouvements, de travail sur la voix en deux versions différentes.
02:55Pour moi, interpréter Manitas a été beaucoup plus amusant qu'interpréter Emilia.
03:01Pourquoi ?
03:02Tout d'abord, parce de la liberté que me donnait le personnage.
03:07C'était un personnage qui avait une complète liberté de créer,
03:13une complète créativité.
03:16Et aussi, la liberté de mouvement,
03:19la liberté de faire ce que je veux.
03:23Ce qui, avec Emilia, je crois qu'elle a toujours été un peu plus constrainée.
03:29Elle a toujours été un personnage beaucoup plus fixe, beaucoup plus statique.
03:35Je crois qu'il y a beaucoup à voir aussi dans cet aspect
03:39que la femme, dans la société réelle, doit toujours être parfaite et bien réglée.
03:45Et les hommes peuvent être comme ils veulent,
03:49se plonger sur le sol, que rien ne se passe.
03:52Et je crois que je l'ai ressenti en faisant les deux personnages.
03:55Quand j'étais avec Emilia, je me sentais toujours comme si elle devait être parfaite,
04:00comme si elle devait être super belle,
04:02comme si elle devait être au maximum.
04:07Toujours recte, toujours en parlant avec propriété.
04:10Et en revanche, avec Manitas, c'était comme, je peux faire ce que je veux.
04:14Je crois que cette dualité entre l'homme et la femme,
04:22entre le masculin et le féminin,
04:24se voit dans les deux personnages d'une manière très claire.
04:28Et la conclusion finale que j'ai reçue, c'est que les hommes sont beaucoup plus libres physiquement,
04:34mais beaucoup plus fermés mentalement.
04:36Et les femmes sont beaucoup plus libres mentalement
04:40et beaucoup plus enslaves physiquement.
04:46Est-ce que ce film, ce rôle, vous a changé en tant que personne ?
04:50Oui, peut-être qu'il m'a libéré de beaucoup de choses.
04:54C'était la dernière fois, comme dit la chanson de mon fils,
05:03la dernière fois.
05:05Donc, je crois que c'était très beau,
05:08parce que c'est la dernière fois que je vais utiliser
05:14un certain type d'expériences personnelles pour faire un personnage similaire.

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