• l’année dernière
🇨🇮 "Ils nous ont chassés comme des animaux."

Myriam, 24 ans, a vu sa maison être détruite sous ses yeux, lors d’une opération de déguerpissement en février dernier, dans le quartier Gesco à Yopougon, une commune d’Abidjan. Pour les autorités, il s'agissait de moderniser la ville, mais pour les habitants comme Myriam, c'est toute une vie qui se retrouve démolie. Pour Brut, elle raconte comment cet événement tragique l'a impactée. Elle et ses proches.

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Transcription
00:00Avant, ici, c'était ma maison, mais elle a été déguerpie.
00:04Ici, c'était quatre chambres-salon.
00:06Il y avait deux douches, un grand salon.
00:09Sur ce côté, c'était la cuisine.
00:11Et les trois chambres étaient sur l'autre côté.
00:13Bonjour, je m'appelle Dioumode Miriam Fassim Hari.
00:17J'ai 24 ans.
00:18Je suis en train de faire la laissée avec ma petite soeur.
00:31Du coup, on a vu des hommes rentrer dans le quartier,
00:33ils disent non que de sortir, qu'ils allaient casser
00:36les maisons qui étaient là.
00:38Bon, dans le début, on n'avait pas cru.
00:39On s'est dit non, ce n'est pas possible.
00:41Quand ils viennent nous dire comme ça de sortir,
00:43nous ne sommes pas des animaux.
00:45Nous sommes des humains, nous sommes des hommes.
00:47On voit une machine venir vers nous.
00:49On était tellement paniqués qu'on était obligés
00:52de faire sortir nos affaires à la force.
00:55Tout était mélangé.
01:00Je suis née ici, j'ai grandi ici, j'ai fait toute mon enfance.
01:05Jusqu'à ce stage-là, j'ai vécu à la GESCO.
01:08J'ai un sentiment de désespoir envers les autorités.
01:12Je suis dessus, quoi.
01:14Quand je vois la cour comme ça,
01:16ça me rappelle des souvenirs, de bons souvenirs.
01:19Et puis, du jour au lendemain, tu viens voir ta maison,
01:22une maison où tu es née, où tu as grandi.
01:25C'est pas possible, non, tu as déménagé,
01:26mais qui a été démolie en moins de cinq minutes.
01:32Ça fait vraiment, vraiment, vraiment mal.
01:35Venir un coup comme ça, venir faire sortir vos affaires,
01:38casser leur maison.
01:40Nos parents ont vécu ici 30 à 40 ans.
01:43Et du coup, venir démolir ça.
01:45Mais vous voyez, ils ont cassé.
01:46Qu'est-ce qu'ils en font aujourd'hui?
01:49Nous ont chassés comme des animaux.
01:51Ils n'ont pas pensé où est-ce qu'on peut aller vivre.
01:55Or, à l'école, ils nous ont appris qu'un citoyen a droit à la sécurité,
01:59à la santé, à l'éducation.
02:02Mais où est sa sécurité aujourd'hui?
02:04Plusieurs personnes, après les déguépissements,
02:06sont dehors, dorment dehors avec leurs bagages.
02:09Ils n'ont nulle part où aller.
02:10D'autres, même, sont à leur village.
02:12Il y a des élèves, même, qui ont arrêté, même,
02:14carrément, d'aller à l'école.
02:20Bon, l'État nous a promis de nous remettre une somme de 250 000 francs.
02:24Plus intérêt de 100 mètres carrés avec la somme de 1 million.
02:28Mais actuellement, c'est la somme de 250 000 francs qu'on a reçue.
02:32Les politiciens, aujourd'hui, ils font des efforts pour baisser
02:36pour pouvoir obtenir ce qu'ils veulent.
02:39Donc, j'espère qu'ils seront dans leurs paroles.
02:52Au début, on n'avait nulle part où aller.
02:55On réfléchissait où on allait vivre.
02:58C'est là que j'ai pensé à la soeur de ma maman, que j'ai appelée.
03:03Elle nous a hébergées, elle a accepté de nous héberger.
03:06Actuellement, comme elle est commerçante,
03:07c'est elle qui s'occupe de nous, la nourriture, un peu tout.
03:12Mais c'est un peu difficile.
03:13Tu n'arrives même plus à te concentrer face à certaines choses.
03:19J'ai pensé à aller au village, mais je ne veux pas que mes frères et sœurs
03:23se limitent à ce niveau de chute-là.
03:26Je veux qu'ils aillent plus loin.
03:27Je compte me battre pour que ça puisse aller.

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