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🇬🇳 "Il y a une forme de lâcheté dans le silence que les dirigeants africains adoptent face à tous ces drames."

Boubacar Sanso Barry, directeur de publication du site ledjely.com, dénonce dans un édito le silence des dirigeants africains sur la crise migratoire.

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Transcription
00:00Les dirigeants africains ne se sentent pas concernés parce qu'on ne peut pas être à la tête d'un pays et avoir ses compatriotes se faire tuer par dizaines dans la mer méditerranée,
00:17se traquer, se faire traquer comme des bêtes en Tunisie, en Algérie ou même se vendre en Libye et dormir tranquillement sur soi, je trouve que ce n'est pas responsable ça.
00:35Coucou, c'est Mouba Karsan Sobari, éditorialiste, directeur de publication du site lejelly.com.
00:41Aujourd'hui, je suis sur Brut pour parler du silence des dirigeants africains par rapport à la crise migratoire auquel les Africains sont confrontés, notamment en Tunisie.
00:51J'ai écrit ce télétour à la suite de ce que les migrants subsahariens ont subi et continuent de subir, notamment à Sfax.
01:00Et après avoir réfléchi à la question, j'ai estimé qu'il y a un aspect qui n'est pas toujours abordé, c'est la responsabilité des pays africains à travers notamment leurs dirigeants par rapport à la crise migratoire dans son ensemble, que ce soit ce qui se passe en Tunisie.
01:19Quelquefois, dans la Mer Méditerranée, avec les multiples drames, on interpelle souvent la conscience morale des pays occidentaux, on interpelle, on pointe du doigt le racisme des pays maghrébins, mais très souvent, on ne parle pas souvent de la responsabilité des pays africains.
01:43Et en particulier, les dirigeants africains eux-mêmes s'abstiennent souvent de se prononcer sur cette question.
01:50Pour moi, il y a une forme de lâcheté qui s'incarne dans le silence que les dirigeants africains adoptent face à tous ces drames.
02:02Ils n'osent pas se prononcer sur la question parce que probablement, ils ont conscience que poser ce débat ouvrirait une boîte à Pandore et qu'eux-mêmes risquent de se retrouver dans le débat.
02:18Parce qu'au fond, la crise migratoire à laquelle nous sommes confrontés résulte d'un certain nombre de problèmes que nous rencontrons dans les pays africains.
02:28Principalement, nous en avons trois, le déficit démocratique, le chômage des jeunes et puis les conflits.
02:39Ce n'est pas une tribune qui dédouane la Tunisie, les Tunisiens de la Laurentia, mais le président en particulier dont on se rappelle les propos peu responsables qu'il a tenus en février dernier.
02:52Mais la tribune, cette fois-ci, au-delà de la responsabilité des Tunisiens et peut-être même au-delà de la responsabilité des autres parties prenantes,
03:02cherche à interpeller, à faire réagir les dirigeants africains, peut-être à travers les opinions publiques, à travers la société civile.
03:14Parce que, encore une fois, si en Afrique les questions migratoires ne font pas l'objet de débats, ne donnent pas lieu peut-être à des politiques publiques volontaristes, conscientes,
03:30on aura beau parler de cette crise migratoire, on n'en viendra pas à bout.
03:35J'imagine que s'il y avait moins de chômage sur le continent africain, il y aurait moins de candidats à la migration.
03:43J'imagine que si notre pays était un peu plus stable au niveau politique, il y aurait moins de candidats à la migration.
03:52Et j'imagine que si l'expression était suffisamment libre, que vous ne risquiez pas toujours d'aller en détention,
04:01vous ne risquiez pas toujours de vous faire tuer dans le cadre des manifestations, il y aurait moins de candidats.
04:07Malheureusement, voyez-vous, nous le voyons tous, on est davantage préoccupés par comment accéder au pouvoir, comment se maintenir au pouvoir.
04:21Le débat, on va dire, plus de 50% des débats dans nos pays sont focalisés autour de la conquête et de la gestion du pouvoir.
04:31On doit notamment se poser la question de savoir pourquoi ce ne sont pas nécessairement nos pays qui attirent des Européens, des Américains, des Asiatiques.
04:46Pourquoi, généralement, c'est nous qui allons vers l'Europe, c'est nous qui allons vers l'Asie, c'est nous qui allons vers les États-Unis ?
04:58Encore une fois, je ne dénie à personne le droit de voyager, mais je dis, nous devrions faire en sorte que la courbe s'inverse.

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