• le mois dernier
Xerfi Canal a reçu Marie-Josée Bernard, professeure en Management – Leadership - Développement humain à l’emLyon business school, pour parler du syndrome du scarabée à la stratégie du dauphin.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour Marie-Josée Bernard. Bonjour Jean-Philippe. Professeur à EMION Business School de développement
00:15humain, management et leadership. J'ai inversé vos thématiques. Oui, ça me fait plaisir parce
00:21que c'est effectivement un peu dans ce sens-là que ça marche. Spécialiste de résilience
00:26entrepreneuriale, papier dans HBR France, dans Carvart Business Review France, à lire absolument,
00:31il suffit de taper sur Google et on tombe dessus. Du syndrome du scarabée à la stratégie du dauphin.
00:37Alors, qu'est-ce que ce syndrome du scarabée et cette stratégie du dauphin et je ne parle pas de
00:45tous les autres que l'on croise dans votre article, le requin, etc. Là, on va focaliser sur les deux
00:51le scarabée et le dauphin. Alors, j'ai trouvé ça intéressant parce que, en fait, c'est un
00:58phénomène que tout le monde connaît, mais il y a des gens qui l'ont étudié au départ, ce sont des
01:04gens qui étudient les insectes, qui sont partis d'une observation très précise sur une certaine
01:09typologie de scarabée et se sont aperçus que ces scarabées avaient un talent fou pour éliminer
01:15les autres espèces et leurs descendances. Donc, j'ai trouvé ça intéressant parce que,
01:21par analogie, c'est aussi dans la pensée organisationnelle, puisqu'il y a des chercheurs
01:30qui se sont intéressés, qui ont fait l'analogie entre cette recherche menée par des scientifiques,
01:34spécialistes des insectes et des scarabées en particulier, et l'organisation. Et effectivement,
01:39c'est tous ces phénomènes clanniques au dernier degré que l'on peut rencontrer.
01:45Résocratique, dirait Alain Cotta.
01:47Voilà, résocratique absolue, c'est-à-dire que forcément, on cherche son double dans son
01:56organisation et on va faire du favoritisme, peut-être même du clientélisme, pour favoriser
02:02une sorte de village caste quelque part, qui fait qu'on a le sentiment qu'on est plus fort,
02:09qu'au moins on est sur une forme de pensée qu'on peut dominer plus facilement. Alors,
02:14avec l'avantage, c'est qu'on a une espèce de force de frappe, on pourrait dire, puisqu'on a
02:21des paramétrages cognitifs en commun, mais en même temps, on reproduit à l'infini le même,
02:29où est l'ouverture, avec le danger qu'à la force de se reproduire entre soi-même,
02:34on frise et on frôle, voire même on aboutit à la consanguinité à tous les niveaux.
02:40Alors, le dauphin, il est mignon déjà, le dauphin.
02:46Alors, il est mignon le dauphin, mais attention, parce que c'est un vrai combattant aussi,
02:50le dauphin. Alors, je voulais réhabiliter un bouquin que j'avais beaucoup aimé. Vous savez,
02:55le bouquin qui était dans les années 90, qui a été très à la mode, la stratégie du dauphin,
03:01avec Dudley Lynch et puis son collègue, je ne me souviens plus, Paul Cordis. Ils avaient
03:07travaillé sur ce sujet et à l'époque, il y avait quand même cette volonté d'ouvrir un peu les
03:15chakras managériaux, en disant, il faut penser l'organisation autrement et il faut penser les
03:21comportements organisationnels aussi différemment. Donc, j'aimais bien leur métaphore avec la carpe,
03:28le requin et le dauphin. Donc, la carpe, qui est souvent très prudente et qui a une espèce de
03:35sagesse bien de chez nous, il ne faut pas faire de vagues. Donc, on glisse, on voit comment les
03:41choses se passent et surtout, on est très discret dans son parcours professionnel et on ne va pas
03:48chercher à remettre en cause les choses. Et puis, effectivement, le requin, qui est lui,
03:54alors lui, il a un côté, le requin a un côté très scarabée et il est très fort. Il a une capacité
04:03aussi à la cohésion, une facilité au combat, mais quelque part, il a beaucoup de mal à renouveler
04:11ses stratégies et c'est sa faiblesse. Et le dauphin a la spécificité à la fois d'être un combattant,
04:18parce que c'est un des rares à pouvoir combattre un requin. Il a aussi la capacité d'affiliation.
04:24Alors, c'est vrai que c'est beau, c'est souvent souriant, mais attention, ils sont très bagarreurs
04:30et peuvent être aussi très, très féroces et aller jusqu'au bout. Et dans cette idée du dauphin,
04:36c'est cette attitude qui consiste finalement à se permettre d'avoir des comportements inattendus,
04:43d'accepter l'incertitude. Donc ça, je trouve intéressant, parce qu'ils ont très tôt ouvert
04:50la porte là-dessus. Maintenant, on parle beaucoup de ça, mais on parle toujours dans l'innovation,
04:54on parle rarement des comportements d'innovation. Et avec la capacité, par exemple, à un moment
05:00donné, contrairement à ce que peuvent faire les requins, qui vont s'acharner jusqu'au bout du bout
05:04du bout, c'est aussi le fait de dire mais on peut faire le pas de côté, on peut regarder différemment.
05:11Donc, on peut combattre, on peut être totalement incolore, inodore et sans saveur, mais on peut
05:18aussi regarder et se retirer momentanément pour avoir une autre approche de comment arriver,
05:24comment faire, comment, face à une difficulté, l'affronter, sans forcément être dans la
05:30frontalité. Et ça, c'est quelque chose que je trouve intéressant. Donc, il y a ce côté à la
05:34fois joueurs, parce qu'on parle souvent des dauphins comme étant des joueurs, amicaux,
05:42parce qu'ils vont chercher cette capacité à aller chercher d'autres alliances, d'autres combinaisons
05:48possibles. Je trouve ça intéressant de développer cette flexibilité et en même temps garder sa
05:57forte identité. C'est ça qui est extraordinaire, parce qu'il y a encore plein de mystères chez les
06:02dauphins et d'ailleurs aussi chez les requins, parce qu'ils ont une richesse de langage, une
06:08richesse de leur monde qu'on n'a pas encore réussi, heureusement, totalement à découvrir. Donc,
06:14c'est cette idée de dire tout n'est pas présent, tout n'est pas tout n'est pas joué et donc il
06:21faut trouver. Merci à vous Marie-Josée Bernard.

Recommandations