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NewsTranscription
00:00Jean-Noël Borreau, vous êtes aussi le ministre de l'Europe, bien sûr, et la colère est vive de nos agriculteurs.
00:06On a vu hier des scènes de tensions, de blocages, d'incendies devant des agences de l'État à Agen,
00:11dans le viseur notamment le Mercosur.
00:13Alors, le gouvernement français a annoncé qu'il y aura un débat au Parlement suivi d'un vote.
00:17Mise à part une belle image d'unité à l'Assemblée, qui est assez rare, il faut le dire, à quoi ça sert ?
00:21Je crois que c'est très utile, que c'est très sain, d'associer le Parlement, les forces politiques du pays, à de telles discussions.
00:29Parce qu'au fond, le problème...
00:32C'est ça, sur le plan démocratique, mais sur le plan concret, qu'est-ce que ça va rapporter ?
00:35Eh bien, ça permettra de démontrer l'unanimité des forces politiques françaises...
00:41Et à la fin, c'est la Commission européenne qui décide.
00:43Sur une idée simple, nous avons besoin d'accords de commerce avec les pays d'Amérique du Sud,
00:50parce que nous avons besoin que nos agriculteurs, nos industriels, nos entreprises puissent exporter là-bas.
00:55Mais nous ne voulons pas de cet accord, parce qu'il est injuste,
00:58parce qu'il n'impose pas aux producteurs là-bas les exigences environnementales que nous imposons aux nôtres.
01:04Et donc, nous demandons à ce que la Commission européenne revoie sa copie.
01:08Et nous progressons.
01:09Alors, parlons de ces progrès, puisque Emmanuel Macron a affirmé hier,
01:12Jean-Noël Barraud, avoir des alliés pour assurer cette fameuse minorité de blocage.
01:15Est-ce que vous pouvez nous dire clairement, ce matin,
01:17quels sont les pays avec la France qui seraient en mesure de bloquer la signature de cet accord ?
01:22D'abord, il faut rappeler que si cet accord n'a pas encore été signé,
01:25c'est parce que le Président de la République, Emmanuel Macron, a mis tout son poids dans la balance.
01:30Monsieur le ministre, ça fait des mois, des années qu'il est en cours de négociation.
01:34Vous aurez pu le bloquer depuis belle durête.
01:36La Commission européenne avait évoqué son souhait d'avancer avec une signature,
01:41et c'est grâce à la résistance du Président de la République que ça n'a pas été fait.
01:45Ensuite, le gouvernement est pleinement mobilisé.
01:48Le Premier ministre, lui-même, est allé jeudi dernier à Bruxelles
01:51pour réaffirmer une opposition à la Président de la Commission européenne.
01:54En lui demandant instamment de ne pas signer cet accord.
01:57Moi-même, j'étais lundi et mardi avec mes homologues,
02:00et ce que je constate, c'est qu'un certain nombre de grands pays,
02:03qui, comme nous, ne souhaitent pas sacrifier leurs agriculteurs,
02:06commencent à exprimer des réserves, commencent à relever leurs exigences.
02:10J'ai rencontré mon collègue italien, mon collègue polonais,
02:13qui m'ont fait part de leur inquiétude, ce qui est une bonne nouvelle.
02:18Je m'en félicite, parce qu'il n'est hors de question
02:21que nous faisions de nos agriculteurs,
02:24qui ont déjà, au-delà du Mercosur et en parallèle du Mercosur,
02:28un grand nombre de difficultés à affronter,
02:31que nous en faisions la variable d'ajustement de nos relations.
02:35Mais si la Commission européenne, comme elle en prend le chemin,
02:38scinde l'accord en deux, et qu'il est signé début décembre,
02:41ce serait un terrible symbole de notre impuissance.
02:43Ça fait des années, vraiment, que cet accord est sur la table.
02:47Est-ce que nous avons perdu définitivement notre souveraineté ?
02:50Vous rentrez dans les détails et vous avez raison.
02:52Moi, je ne souhaite pas que la Commission scinde cet accord,
02:54puisque le mandat qui lui avait été donné,
02:56c'est celui d'un accord d'association.
02:58Vous pouvez l'expliquer à nos auditeurs, à nos téléspectateurs,
03:00pourquoi s'il est scindé, ce serait une défaite pour nous ?
03:03Ce qui avait été demandé à la Commission par les États membres de l'Union européenne,
03:06c'est un accord d'association, qui englobe la dimension commerciale,
03:09les droits de douane, etc., mais aussi la dimension politique.
03:12Un accord d'association, c'est un accord exigeant
03:15qui suppose l'unanimité des États membres
03:18et qui va ensuite être ratifié dans tous les parlements nationaux.
03:21Si l'on scinde cet accord dans sa partie commerciale et sa partie politique,
03:25et que la Commission présente uniquement l'accord commercial,
03:28alors, pour obtenir l'assentiment,
03:31il lui suffit de réunir la majorité qualifiée des États membres.
03:36C'est beaucoup plus facile à obtenir que l'unanimité, évidemment.
03:39Et pour nous y opposer,
03:41nous travaillons avec un certain nombre de pays européens
03:44dans ce qu'on appelle une minorité de blocage,
03:46pour que, si la Commission a décidé de scinder cet accord
03:49et de ne proposer que le volet commercial,
03:51nous soyons en mesure, s'il ne nous satisfait pas, de le bloquer.
03:54C'est important, votre précision est bienvenue,
03:56parce que c'est vraiment un enjeu fondamental.
03:59S'il y a scission de cet accord, quelles seraient les mesures de rétorsion ?
04:02De quoi encore la France est-elle capable ?
04:04Est-ce que vous êtes pour la politique de la chaise vide ?
04:07Est-ce que vous pourriez remettre en cause d'autres accords, le CETA par exemple ?
04:10Elle est capable de réunir autour d'elle suffisamment de pays
04:13pour que le vote, le moment venu, soit défavorable.
04:16Mais s'il intervient ce vote, qu'est-ce qu'il se passera après ?
04:18Vous n'excluez pas ce scénario, malheureusement, monsieur le ministre.
04:20Je ne me place pas dans ce scénario, parce que je constate
04:23que les réserves exprimées par la France
04:25sont aujourd'hui partagées par un certain nombre d'autres Etats membres,
04:29et je veux saluer d'ailleurs la mobilisation de tous.
04:32Le gouvernement, bien sûr, je l'ai dit, le président de la République aussi.
04:35Mais c'est le cas des parlementaires qui se sont beaucoup mobilisés,
04:37c'est le cas des agriculteurs,
04:39qui ont constitué avec les syndicats européens,
04:42une force qui finit par être entendue, et c'est une bonne chose.
04:45D'ailleurs, vous les soutenez sans condition,
04:47malgré ce qu'on a vu hier comme image,
04:49et ces points de tension notamment à l'agence ?
04:51J'entends la détresse et les difficultés
04:55auxquelles les agriculteurs au quotidien sont confrontés.
04:57Je veux redire qu'aucun gouvernement n'a fait autant
05:01pour le monde agricole que celui de Gabriel Attal
05:03et que celui de Michel Barnier.
05:05Il y a une liste de promesses non tenues.
05:07Non, ça avance, ça progresse.
05:08Mais pourquoi sont-ils dans la rue ?
05:10Parce qu'ils attendent, d'une part,
05:14que les engagements qui n'ont pas encore été tenus le soient,
05:18et ça progresse.
05:19On aura une loi d'orientation agricole
05:21qui sera discutée en début d'année.
05:22Ils attendent aussi de faire entendre,
05:24non seulement à la France, mais dans le reste de l'Europe,
05:27leur opposition au Mercosur.
05:28Et je veux leur dire qu'il y a une unanimité des Français
05:31pour les soutenir sur le point du Mercosur,
05:33et je les invite évidemment à ne pas paralyser le pays.