Grégory Doucet, maire Les Écologistes de Lyon et Véronique Pouzadoux maire DVD de Gannat (Allier), sont les invités de BFMTV-RMC ce mardi. Ils ont notamment évoqué la baisse du budget des collectivités territoriales et les conséquences pour leur commune.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Apolline de Malherbe.
00:02Il est 8h32 sur RMC et BFM TV.
00:05Ce n'est pas un face-à-face ce matin, mais je dirais un côte-à-côte de maire.
00:09Bonjour à tous les deux.
00:10Des villes de taille très différente, des familles politiques concurrentes,
00:14mais une même préoccupation, j'oserais même dire une même colère.
00:17Vous êtes tous les deux maires et je vous ai invité ce matin
00:19pour mieux comprendre votre situation, votre métier,
00:23parce qu'il faut bien dire que c'est devenu aussi un métier,
00:26des tensions également, le nombre d'heures de travail.
00:29Mais le mieux, c'est peut-être que vous commenciez chacun par vous présenter
00:32plutôt que moi, je vous présente, parce que vous avez chacun
00:36nom, profession, heure travaillée et puis votre ville, bien sûr.
00:40D'abord, vous, Véronique Pouzadou, bonjour.
00:42Bonjour, Apolline.
00:43Vous êtes donc maire, maire de Ghana.
00:45Dites-nous.
00:46Maire de Ghana dans l'Allier, 5600 habitants, présidente d'une Comcom rurale,
00:5035 000 habitants pour 60 communes.
00:52Donc, on voit le maillage territorial qui est fait avec beaucoup de plaisir.
00:57J'exerce ces fonctions depuis 10 ans maintenant.
00:59Et puis, à deux heures et demie de route, il y a Lyon.
01:02Bonjour, Grégory Doucet.
01:04Bonjour, Apolline.
01:04Vous êtes donc le maire, maire les écolos de Lyon.
01:07Combien d'habitants ?
01:08Maire les écologistes de Lyon, 520 000 habitants dans une métropole de Lyon
01:11d'un million et demi, à peu près.
01:13Effectivement, voisin finalement de l'Allier
01:16et avec les mêmes préoccupations que Véronique.
01:19La préoccupation numéro un, c'est quoi aujourd'hui ?
01:21Aujourd'hui, et à l'occasion du Congrès des maires, bien sûr, c'est nos budgets.
01:25C'est nos budgets, vous savez, les communes, qu'elles soient
01:29de gauche, de droite, écologistes ou autres, en France, elles sont bien gérées.
01:33Il faut le redire à vos auditeurs et à vos auditrices.
01:36D'abord, vous n'avez pas le choix.
01:37Elles doivent être bien gérées, c'est votre règle budgétaire.
01:39Absolument, c'est ce qu'on appelle la règle d'or.
01:41C'est-à-dire qu'on ne peut pas, nous, emprunter pour pouvoir financer notre fonctionnement.
01:45Donc, ça veut dire que nos recettes de fonctionnement sont nécessairement
01:48au moins égales à nos dépenses de fonctionnement.
01:50Donc, il n'y a pas de, j'allais dire, de mauvais déficit quand on emprunte.
01:54Et ça nous arrive, bien évidemment.
01:56C'est pour de l'investissement.
01:57Ce sont pour des écoles.
01:59C'est pour un nouveau poste de police municipale.
02:01C'est pour travailler sur la voirie.
02:03Donc, en fait, ce sont des investissements qui servent aux habitantes et aux habitants.
02:07Alors, Véronique, vous êtes où quand on entend immédiatement cette question des sous ?
02:10C'est la première, quand même, que je vais vous poser.
02:12Il y a 5 milliards qui vont vous être demandés globalement aux collectivités territoriales.
02:17Et ça a d'ailleurs été confirmé ce matin par la ministre des Territoires,
02:20qui a dit de toute façon, on ne les a pas ces sous.
02:21Il va bien falloir qu'on les trouve quelque part.
02:23Et ça tombe sur vous, sur vous, justement.
02:25Les maires qui dites souvent ce que vous venez de dire, Grégory Doucet,
02:28c'est-à-dire un sentiment aussi d'injustice au-delà de la difficulté
02:32à laquelle vous allez devoir faire face parce que précisément,
02:35vous gérez au mieux vos communes.
02:38Véronique Pouzadou, des sous en moins, ça veut dire quoi concrètement ?
02:41Ça veut dire à quoi allez-vous devoir renoncer ?
02:43C'est forcément injuste parce que c'est des sous en moins.
02:45Pour fonctionner, on dit 5 milliards.
02:47Quand on fait les calculs, on est plus proche d'être 9 milliards
02:49parce que c'est aussi l'argent qu'on n'aura pas dans les instances et hautes de Pareto.
02:54Donc l'effort, il est trop gros.
02:55L'effort, il est trop gros parce que cet argent, c'est le nôtre.
02:58C'est bien ce que dire. C'est ça qu'il faut dire.
03:00Ce n'est pas l'argent qui nous donne de l'argent pour travailler,
03:03mais c'est au fil des réformes fiscales qu'on nous a ponctionné.
03:06Et là, on va ponctionner notre propre argent.
03:08C'est l'impôt qu'on ne lève plus en gros.
03:10Donc qu'est-ce que ça veut dire ?
03:11Ça veut dire que de toute façon, ce n'est pas parce qu'on met les collectivités
03:14à la diète que ça va réformer le surpoids de l'État.
03:17Ça, on a déjà essayé. Ça fait 10 ans qu'on essaye.
03:20On a déjà contribué à l'effort fiscal.
03:22Ça n'a pas fonctionné.
03:23Donc déjà, on va dire qu'on va...
03:25Les mêmes causes produisent les mêmes erreurs.
03:27Et en plus de ça, comme on a déjà été ponctionné sur les dix dernières années,
03:30moi, je le dis très franchement,
03:326 milliards de dotations qu'on m'a enlevées à la ville de Ghana.
03:346 millions, pardon. 6 millions qu'on m'a enlevées à la dotation de la ville de Ghana.
03:376 millions, c'est ma dette.
03:38Donc, vous voyez, tous les...
03:39On vous l'a enlevée, ce que j'aurais pu, n'avez pas pu renoncer.
03:42Et j'ai quand même fait des projets, sauf qu'aujourd'hui, on n'a plus le luxe.
03:46On a déjà fait nos réformes.
03:47On s'est déjà transformé.
03:49On a déjà fait les mutualisations.
03:50Donc aujourd'hui, on est à l'os.
03:52Pardon, quand vous dites qu'on est à l'os,
03:54ça veut dire quoi, Véronique Pouzadou ?
03:56Ça veut dire que vous allez renoncer à quoi ?
03:57Ça veut dire très simplement que dans une petite commune rurale
03:59qui mêle quand même la France,
04:01on ne va pas faire, on ne va pas boucher le trou.
04:03Ce n'est pas qu'on ne voit pas le trou dans la rue.
04:06C'est simplement qu'on n'aura pas l'argent de le faire.
04:07Ça veut aussi dire que l'on ne va pas réparer une classe pour les enfants.
04:11Donc, on ne va pas investir dans les tableaux numériques.
04:13On va peut-être mettre un petit peu moins de vidéoprotection
04:15parce qu'on ne pourra pas faire le fonctionnement.
04:18Et après, on va nous dire qu'il y a de l'insécurité, Madame le maire.
04:21Les enfants, vous savez, ils ne sont pas aux normes.
04:22Pour les tableaux numériques, ce n'est pas top, Madame le maire.
04:25Donc, c'est toute cette action, ce pôle de stabilité,
04:27cette action concrète, parce que ce n'est pas pour nous
04:29qu'on réclame l'argent, les maires.
04:30Les maires, ils sont là pour faire une action citoyenne,
04:33pour que les citoyens, ils se sentent tous Français
04:35et fiers d'être Français, chacun avec nos programmes politiques.
04:38Mais c'est pour ça qu'on est là.
04:39Et d'ailleurs, on va revenir sur la question des sous,
04:41parce qu'il y a les sous pour la commune, il y a les sous pour vous,
04:43et vous ne comptez pas vos heures.
04:45Ça fait un ratio d'heures travaillées assez hallucinant.
04:50Mais Grégory Doucet, même question, pour une ville comme Lyon,
04:53à quoi allez-vous devoir renoncer ?
04:55Qu'est-ce que ça veut dire concrètement dans la vie des Français,
04:57ces 5 milliards en moins ?
04:59Deux choses pour rebondir sur ce que disait Véronique et très juste,
05:01bien évidemment, c'est que ces ponctions,
05:04cette réduction des budgets des collectivités locales qui est demandée,
05:07ça va affecter à la fois nos fonctionnements et nos investissements.
05:11Nos fonctionnements, c'est le personnel qu'on met dans les crèches,
05:15c'est le nombre de policiers municipales,
05:17c'est effectivement l'entretien, la maintenance des bâtiments publics.
05:20Et puis l'investissement, c'est quoi ?
05:22C'est la rénovation thermique d'une école qu'on ne va pas pouvoir faire,
05:24c'est la solarisation des toitures des bâtiments publics
05:27qu'on ne va pas pouvoir réaliser.
05:28C'est tout ça, donc c'est à la fois du service public, du quotidien,
05:31maintenant, tout de suite, pour les habitantes et les habitants.
05:34Ça, ça va être affecté.
05:35Et puis, c'est aussi des investissements pour préparer l'avenir.
05:37On a besoin, aujourd'hui, on le sait, de transformer nos villes.
05:40C'est vrai dans une petite commune, c'est vrai dans une grande agglomération.
05:43Et c'est ça, aujourd'hui, qui est remis en question.
05:46Alors que, comme le disait Véronique tout à l'heure,
05:49les communes aujourd'hui, ce ne sont pas elles qui pèsent sur la dette de l'État.
05:55Vous savez, en 30 ans, les communes sont passées de 9,2% à 8,9% du PIB en dette.
06:04Quand l'État est passé, écoutez bien, de 33,7% à 90% du PIB en dette.
06:11Ça veut dire que proportionnellement, vous avez été beaucoup moins gourmand
06:14que l'État ne l'a été de l'argent public.
06:17Ça veut dire que ce ne sont pas les communes qui créent de la dette dans ce pays,
06:18c'est l'État. Et donc, ce qu'il faut réformer, c'est l'État.
06:21Je rebondis quand même sur un point que vous avez évoqué à l'instant.
06:23Vous avez parlé du personnel des crèches ou des policiers municipaux.
06:27C'est des emplois, ça.
06:29Est-ce que ça veut dire que vous allez vous retrouver ?
06:31Et là, je vous pose la question à tous les deux.
06:33Peut-être, Véronique Pouzadou, vous pouvez commencer par répondre.
06:36Vous êtes aussi employeur.
06:37Une commune, c'est des emplois municipaux.
06:40Dans un contexte où on le sent bien, l'emploi redevient une des préoccupations
06:43des Français, est-ce que vous allez devoir vous séparer d'un certain
06:46nombre d'agents potentiellement, ou en tout cas, ne pas renouveler
06:49ceux qui partent à la retraite, par exemple ?
06:50On est des chefs d'entreprise et on ne gère pas à la petite semaine.
06:53On ne gère pas au mois. Donc, on se doit...
06:56On est employeur, donc on se doit d'apporter une stabilité à notre personnel.
07:00Donc, évidemment, on va travailler avec notre personnel.
07:03Et il ne faut pas croire qu'on attend qu'il y ait un coût financier
07:07pour ne pas se restructurer.
07:08À chaque fois, on mutualise, on transforme, on fait les quotas.
07:11Donc, évidemment, on va continuer à faire cet accompagnement.
07:14Mais aussi, on est employeur en direct et on est employeur aussi
07:17pour nos entreprises, parce qu'on fait de la commande publique.
07:19Et c'est toutes les petites entreprises qui sont dans nos territoires
07:22où les gens travaillent dans nos territoires, vivent dans nos territoires
07:25et on ne doit pas les abandonner.
07:26Donc, c'est des problèmes en cascade ?
07:28Donc, en fait, on ne veut pas cette récession qui est annoncée.
07:30Grégory Doucet.
07:32On est employeur, on est opérateur économique.
07:35La ville de Lyon, c'est 200 millions de commandes publiques par an.
07:39Donc, des entreprises du bâtiment, des travaux publics,
07:42mais aussi tout le bassin agricole autour de Lyon.
07:45Vous savez, aujourd'hui, moi, dans les crèches,
07:47non seulement les enfants mangent 100% bio,
07:49mais 80% de ce qu'ils ont dans leur assiette vient du bassin agricole lyonnais local.
07:54Je ne sais pas si on va si loin que l'allier, mais en tout cas,
07:56ce sont des agricultrices et des agriculteurs qui travaillent autour de Lyon
08:00ce que nous faisons travailler.
08:01Donc, ça pourrait avoir un impact sur ces agriculteurs
08:04qui nous disent déjà, avec leur colère, ce matin encore,
08:08qu'ils sont extrêmement impactés.
08:10Moi, qu'est-ce que je dis ?
08:11Qu'est-ce que je dis à Gauthier Mazet, qui est agriculteur à la ferme du Val-Fleury,
08:16qui, tous les jours, apporte des yaourts et des crèmes-desserts
08:20dans les cantines scolaires de la ville de Lyon ?
08:21Je lui dis quoi ?
08:22Ben écoute, on va acheter maintenant du low cost parce que j'ai plus de quoi
08:26te payer tes yaourts ?
08:26Ben non, ce n'est pas ce que je veux pour les enfants de ma ville.
08:29Moi, je veux pouvoir investir dans des produits de qualité
08:32qui sont produits localement.
08:34Et bien, pour ça, si l'État vous donne moins de trous,
08:36est-ce que vous allez augmenter le prix de la cantine ?
08:38Eh bien, ce n'est pas mon souhait parce que je veux que ma cantine,
08:40elle reste accessible à tout le monde.
08:41Il y a bien un moment où, en fait, vous dites je ne vais pas
08:44je ne vais pas renoncer aux yaourts de qualité.
08:47Je ne vais pas pour autant faire augmenter le prix de la cantine.
08:50Qu'est-ce qui va augmenter ?
08:51Mais vous savez, Apolline, si avec Véronique, on est là aujourd'hui sur votre plateau
08:54et si tout à l'heure, on va être au Congrès des maires pour aller
08:57discuter avec les ministres, avec, je l'espère, Michel Barnier.
09:01C'est pour lui dire il faut revenir sur votre projet mortifère
09:04parce qu'aujourd'hui, aujourd'hui, les collectivités locales, nos villes,
09:08elles sont responsables d'un quart de l'investissement public dans ce pays.
09:11Donc, nous sommes des opérateurs économiques très efficaces.
09:14Vous l'avez dit tout à l'heure, nous l'avons dit.
09:15Nous sommes des employeurs qui faisons attention à chaque euro dépensé.
09:20Encore une fois, les villes dépensent correctement, ce sont de bons gestionnaires.
09:24C'est entendu par Michel Barnier.
09:26Je rappelle que Gérard Larcher a tenté le coup déjà la semaine dernière
09:30en disant qu'il espérait réduire de moitié la facture
09:33de ce qui allait vous être demandé ou en tout cas moins donné.
09:37Il espérait que l'effort ne serait que de 2 milliards.
09:40Mais je le confirme donc, Catherine Vautrin a l'instant dit
09:44qu'il faudra bien tenir ces 5 milliards.
09:46Elle dit si on ne prend pas 5 milliards aux collectivités territoriales,
09:50on les trouvera où ? Véronique Pouzadou, je vous repose la question.
09:54Vous, par exemple, est-ce que vous allez devoir augmenter, par exemple,
09:56le prix de la cantine ?
09:57Non, on ne va pas augmenter le prix de la cantine
09:59parce que je l'augmente tous les deux ans, malheureusement.
10:01Et donc, ce n'est pas l'année où il faut.
10:03Et il faut tenir ses engagements et les promesses
10:04que j'ai fait aux ganatois et aux ganatoises.
10:06Donc, ils savent la règle du jeu.
10:08Et moi, je ne veux pas changer la règle du jeu.
10:09Néanmoins, on ralentira peut-être sur les investissements.
10:13Ça veut dire qu'au lieu de faire deux classes, je n'en ferai qu'une cette année.
10:16Donc, on va lisser les choses.
10:18Mais en tout cas, toutes les promesses engagées vis-à-vis des ganatois,
10:20je veux les tenir.
10:22On a parlé à l'instant de la colère des agriculteurs.
10:24Vous êtes en première ligne, l'un comme l'autre.
10:26Même une ligne comme Lyon, qui est effectivement une ville, une métropole.
10:29Vous avez bien sûr aussi ce lien avec le bassin agricole derrière.
10:33Vous l'aviez vu venir, cette colère qui n'a pas finalement
10:36vraiment désempli depuis l'an dernier.
10:39Grégory, d'où c'est ?
10:39Bien sûr. Alors, vous savez, quand on est capital de la gastronomie,
10:42on sait ce que l'on doit à son bassin agricole.
10:45Je veux dire, Lyon est une grande ville de la gastronomie.
10:48Ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre.
10:50Forcément, c'est grâce à nos producteurs et à nos productrices
10:53qu'on peut toujours l'être.
10:54Je redisais hier que les bistrots de France,
10:57et on pense évidemment à vos bistrots, à vous, à Lyon,
11:00allaient peut-être rentrer au patrimoine immatériel de l'UNESCO.
11:03On le souhaite en tout cas.
11:04Donc, vous êtes évidemment en première ligne.
11:06Et puis, je vous pose aussi la question à vous, Véronique Pouzadoup,
11:08est-ce que vous êtes dans ce monde rural ?
11:10J'imagine qu'une part aussi de vos administrés sont eux-mêmes
11:13agriculteurs ou agriculteurs retraités.
11:16Qu'est-ce que vous avez vu venir de cette colère ?
11:18Et qu'est-ce que vous répondriez si vous étiez au gouvernement ?
11:21Parfois, je me dis qu'on devrait faire un gouvernement de maire.
11:23Mais l'agriculture, évidemment, moi, c'est toutes mes racines.
11:25Et ce sont les copains qui sont sur les tracteurs ce matin,
11:28qui manifestent parce que c'est toute notre vie dans une commune comme Gana.
11:32Moi, au gouvernement, je leur poserai la question.
11:33Il y en a la même lutte que les agriculteurs.
11:35Est-ce que vous voulez encore des agriculteurs et des maires
11:38pour mailler le territoire ?
11:39Je crois que ça, c'est important à dire.
11:41Je n'ai pas d'autre que nos ministres qui vont répondre oui, on veut de vous.
11:44Donc, j'ai envie de leur dire, faites-nous confiance,
11:46travaillez avec nous.
11:48Faites pas de procès d'intention.
11:49Aidez-nous à restructurer l'État.
11:51On a les solutions simplifiées, moins de normes, moins de contrôles.
11:55Faites confiance.
11:56Le monde agricole, c'est ce qu'il demande.
11:57Moins de normes, moins de pas de prasse.
11:59Les élus, c'est ce qu'ils demandent. Moins de normes, moins de pas de prasse.
12:02Il faut dégrossir le mammouth.
12:03Il y en a des solutions à proposer.
12:05Et vous l'avez dit, vous aviez des solutions, vous, les agriculteurs.
12:09Et je voudrais aussi qu'on essaie de se projeter dans vos vies.
12:13Il est 8h44.
12:15Habituellement, à 8h44, vous faites quoi ?
12:18Vous en êtes où, Véronique Pouzadou, vos journées de type d'un maire de France ?
12:228h44, moi, je suis au bureau, soit à la mairie,
12:25soit en déplacement au conseil départemental ou à la Comcom.
12:29Mais j'ai déjà commencé la communauté de communes.
12:32C'est le rassemblement de toutes mes communes.
12:34Donc, en gros, moi, à 8h44, en général,
12:37les rendez-vous ont commencé depuis une demi-heure.
12:40Et vous, Grégory Doucet ?
12:41Vous savez, vous disiez tout à l'heure à Pauline,
12:44c'est un métier où c'est devenu un métier.
12:45Bon, il faut quand même rappeler que maire, c'est d'abord une fonction.
12:48Nous sommes élus.
12:49Donc, forcément, c'est un engagement.
12:50Bah oui, on compte pas nos heures.
12:52Les week-ends sont pris parce qu'il faut aller à la rencontre
12:55des habitantes et des habitants.
12:57Il y a beaucoup d'animation.
12:59Alors moi, j'ai la chance d'être dans une ville où il se passe
13:02toujours quelque chose, que ce soit dans le domaine sportif,
13:04dans le domaine culturel, dans le domaine social.
13:06Donc, mes heures, bien sûr, je ne les compte pas.
13:08Mais honnêtement, c'est aussi d'abord un plaisir d'être maire
13:11parce qu'on est engagé, parce qu'on porte des valeurs.
13:13Franchement, c'est beau de l'entendre.
13:14Et je vois aussi votre sourire, d'ailleurs, à Véronique Pouzadou,
13:17parce qu'on parle beaucoup de votre colère, mais on sait quand même,
13:20et on le voit à nouveau avec vous deux,
13:23à quel point c'est un engagement que vous faites par passion quand même.
13:25Mais on est au service.
13:26Mais on est au service.
13:27On fait partie de ces Français qui ont de la chance de se lever
13:29pour faire ce qu'ils aiment.
13:30Ce n'est pas le cas de tous les Français et les Françaises.
13:32Donc, malgré la difficulté que l'on porte, on le sait,
13:35on est heureux et on est fiers.
13:37On peut avoir le même ressenti.
13:38Absolument.
13:39Et c'est très frappant de voir qu'effectivement, dans des villes
13:42quand même si différentes, vous avez ce même ressenti.
13:44Et je le dis aussi parce qu'il y a ceux qui nous écoutent à la radio,
13:48presque cette passion dans les yeux.
13:50Quand on entend, malgré tout, un grand nombre de vos confrères
13:55qui disent qu'ils sont découragés, qu'ils disent qu'ils vont abandonner,
13:59qu'ils seraient même tentés d'abandonner à mi-mandat,
14:02de ne pas aller jusqu'au bout.
14:03Est-ce que vous l'entendez?
14:05Est-ce que vous comprenez cela, Véronique Pouzadou?
14:07Oui, moi, je le vis.
14:07Je suis présidente des maires de l'Allier.
14:09Donc, je vais visiter les 317 maires du département.
14:14Eh bien oui, parce qu'un maire dans une commune rurale, il est seul.
14:17Il n'a pas de service.
14:18Il a une secrétaire à mi-temps ou à trois quarts de temps.
14:21Et tous les jours, il a des injonctions contradictoires
14:23qui tombent par mail, qui tombent par SMS.
14:25Et moi, je comprends qu'à un moment donné,
14:27il se sente dépossédé de son mandat de maire.
14:29Pourquoi il a été fait?
14:30C'est-à-dire rendre service aux gens.
14:32Là, il fait des papiers.
14:33Et des fois, la responsabilité qui pèse sur lui est trop lourde
14:36et l'ingénierie, l'accompagnement n'est pas suffisant.
14:38Donc, on les comprend.
14:39On essaye d'être là, mais ça ne fait pas tout.
14:40Grégory Lucey.
14:41C'est pour ça qu'on est en colère ce matin et qu'on va le dire
14:44à Michel Barnier et qu'on va continuer le combat.
14:46Parce que ce qui nous est proposé avec ces 5 milliards d'économies,
14:51ce n'est rien de moins que de nous mettre en situation d'impuissance politique.
14:55Alors que, comme vient de le dire Véronique,
14:57eh bien, on est au contact quotidien avec les habitantes et les habitants
15:02qui nous demandent de manière très légitime ceci, cela,
15:06de régler tel problème dans l'école, sur la voirie.
15:09C'est normal.
15:10On a été élu parce qu'on s'est engagé au service des autres.
15:12Quand on fait le constat qu'on ne peut plus,
15:16qu'on ne peut plus se mettre au service des autres.
15:18Mais il n'y a rien de plus frustrant.
15:20Et en plus, dans la situation actuelle, on l'a dit tout à l'heure,
15:22là, on nous demande clairement de faire pénitence
15:25pour les erreurs commises par d'autres. Ce n'est pas possible.
15:27En fait, vous payez, vous payez pour les fautes de l'État, des ministres.
15:32J'étais très frappée, Véronique Pouzadou,
15:35par les mots que vous avez eu récemment à l'encontre même de Bruno Le Maire
15:40en disant mais en fait, ils se sont quand même,
15:42c'est eux qui ont géré ce budget.
15:44Pourquoi c'est à nous de payer?
15:46Oui, moi, je trouve que les mots de Bruno Le Maire,
15:47c'est un vrai mépris pour l'action quotidienne que l'on fait.
15:50Et c'est une vraie méconnaissance de l'action que l'on fait.
15:52Et je crois qu'entre temps, on a été sept ans ministre de l'Intérieur,
15:54de ministre des Finances. On n'a pas le droit.
15:57Bruno Le Maire qui, lorsqu'il était ministre
16:00de l'économie début septembre avec Thomas Cazenave,
16:03qui était lui, ministre du budget, avait estimé, je cite,
16:07que c'était les collectivités locales qui avaient fait déraper
16:11une partie du déficit public.
16:13Vous l'avez pris quasiment personnellement.
16:14Moi, j'ai pris personnellement.
16:15Vous savez, je suis maire depuis dix ans.
16:16Quand je suis arrivée maire, j'étais en zone d'alerte rouge.
16:19Les banques sont venues me voir en me disant Madame le maire,
16:22vous ne pourrez pas emprunter pour continuer votre projet.
16:24Je n'ai d'être élue.
16:25En confiance avec les ganatoises et les ganatois à 60 %,
16:29ils voulaient un changement, ils voulaient une autre dynamique.
16:31Et bien, quand on vous dit ça, qu'on vous dit
16:32la première chose à faire, Madame le maire, c'est que vous ne ferez rien.
16:34Ce n'est pas ce qui s'est passé, parce que je me suis retroussé
16:36mes manches, mon budget, je l'ai fait toute seule.
16:38Toutes mes lignes, je les connais.
16:39Et ça, c'est les trois quarts des maires de France qui font ça.
16:41Et donc, Bruno Le Maire, qui dit que je suis responsable,
16:44moi qui, depuis dix ans, m'ajuste, qui vis les crises,
16:47la crise économique, la crise énergétique, la crise du Covid.
16:51On fait de l'action citoyenne.
16:52On fait de l'action.
16:53Il n'avait pas le droit de dire ça.
16:54Il n'avait pas le droit de dire ça.
16:55Vous l'avez vécu pareil, Grégory Doucet ?
16:57Totalement.
16:58Je vais vous dire une chose.
17:00Pour les grandes communes, nous, on doit avoir une notation
17:03par une grande agence.
17:05Et on a reçu notre notation à Lyon très récemment.
17:08Et on a la note maximale qui peut être donnée à une commune.
17:11Et l'agence de notation, DBS Morningstar, nous a dit
17:13on ne peut pas vous donner une meilleure note
17:15parce qu'en fait, on est plafonné par la note de l'État.
17:17Mais votre dette, elle est maîtrisée, elle est saine, elle est bien structurée.
17:23Ce n'est pas la tête de mon parti qui le dit.
17:27C'est une agence de notation qui dit clairement
17:30entre les lignes, vous êtes mieux géré que l'État.
17:32Et ils sont rarement tendres.
17:33Exactement.
17:34Grégory Doucet, on le voit bien, vous avez tous les deux
17:36des étiquettes politiques différentes.
17:37Je le rappelle, Grégory Doucet, maire écologiste de Lyon.
17:41Et vous, Véronique Pouzadou, vous êtes maire d'Hiver droite de Ghana.
17:46Une question également sur, vous dites
17:48moi, je les vois tous les jours, mes administrés.
17:50On a tendance à dire que le maire, c'est celui qui est à portée de baffe.
17:54Est-ce que, alors on en sourit là.
17:57Mais il y en a qui les ont vraiment reçus, les baffes.
17:59Est-ce que cette menace physique, est-ce que cette montée d'une forme
18:03de violence à l'encontre de ceux qui incarnent l'État au plus proche de chez eux.
18:08Est-ce que vous l'avez d'abord déjà ressenti?
18:10Est-ce que des confrères à vous l'ont ressenti?
18:13Est-ce que ça vous inquiète?
18:14C'est intolérable, c'est inexcusable, c'est impardonnable.
18:18En tant que présidente des maires de l'Allier, nous, on supporte
18:20partie civile auprès de chaque maire, grande commune, petite commune
18:24qui subissent des violences, que ce soit des menaces de mort,
18:27que ce soit des violences physiques, que ce soit des violences autres.
18:30On est là, même dans le département de l'Allier cette année.
18:32Quatre fois, on s'est porté partie civile, alors qu'on peut dire
18:35c'est un département rural.
18:37Donc ça, on ne peut pas laisser passer.
18:39Je comprends les maires qui sont agacés.
18:40Je comprends les maires qui, ça désabuse.
18:43Mais moi, je dis qu'il faut être debout.
18:45On doit faire respecter l'ordre.
18:46On doit être là et on doit respecter les élus que nous sommes.
18:48Cet engagement.
18:49Grégory Doucet?
18:50Oui, bien sûr.
18:51Enfin, je partage ce que je viens de dire.
18:52Véronique, tout à fait.
18:55Moi, je pense qu'on a globalement tous aussi et là,
18:58je m'adresse bien évidemment pas qu'aux élus locaux,
19:00mais plus généralement à toutes les personnalités publiques engagées
19:02en politique.
19:03On a aussi une responsabilité au choix de nos maux.
19:08Éviter de tomber dans l'outrance, éviter d'agiter les conflits.
19:12Il y a une part de responsabilité de la part des politiques.
19:15Oui, il faut aussi le dire.
19:16Il faut le reconnaître.
19:17Les outrances systématiques qui peuvent d'ailleurs parfois être
19:20au plus haut niveau de l'État.
19:23Vous pensez à quoi? Arrêtez de tourner autour de vous.
19:24Non, mais on tombe dans la caricature.
19:26Mais regardez, il y a un instant, on parlait de Bruno Le Maire.
19:30Quand Bruno Le Maire va aller pointer du doigt les élus locaux
19:33comme si nous-mêmes, on avait cramé la caisse.
19:35Mais c'est intolérable.
19:37D'abord, parce que c'est une contre-vérité.
19:39Je vous ai donné les chiffres tout à l'heure.
19:40C'est un mensonge.
19:42Quand on est au plus haut sommet de l'État, on pratique le mensonge.
19:45Forcément, on effrite la confiance.
19:48On encourage l'outrance.
19:49On n'est pas dans une saine conflictualité.
19:51Moi, je suis pour qu'on débatte.
19:53Je suis pour qu'on ne soit pas d'accord.
19:54Je suis sûr qu'avec Véronique, sur des tas de sujets, on ne serait pas d'accord.
19:57Mais voyez qu'on arrive aussi à être d'accord, à être autour d'une table
19:59et à parler d'une même voix.
20:01Mais oui, posons la conflictualité de manière apaisée.
20:06On va dans le fond du débat et arrêtons les outrances.
20:08Pour moi, c'est déjà un premier pas.
20:10Et on le sent bien là-dessus.
20:11Vous êtes effectivement côte à côte et vous irez ensemble
20:13donc dans quelques minutes à l'ouverture du congrès des maires de France.
20:18Et on l'entend bien.
20:19Vous comptez bien alerter, interpeller le Premier ministre.
20:23Espérez peut-être qu'il fera baisser la charge qu'il va faire peser contre vous.
20:27Merci à tous les deux.
20:28Véronique Pouzadou, maire de Ghana.
20:31Grégory Doucet, maire de Lyon.
20:33Passionnant échange avec vous deux ce matin.
20:35Il est 8h53 sur RMC-BFM TV.