Grégory Doucet, maire Les Écologistes de Lyon et Véronique Pouzadoux maire DVD de Gannat (Allier), sont les invités de BFMTV-RMC ce mardi. Ils ont notamment évoqué la baisse du budget des collectivités territoriales et les conséquences pour leur commune.
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00:00Quand on fait le constat qu'on ne peut plus se mettre au service des autres,
00:05mais il n'y a rien de plus frustrant, et en plus dans la situation actuelle,
00:09on l'a dit tout à l'heure, là on nous demande clairement de faire pénitence
00:13pour les erreurs commises par d'autres. Ce n'est pas possible.
00:15En fait, vous payez pour les fautes de l'État, des ministres.
00:20J'étais très frappée, Véronique Couzadou, par les mots que vous avez eus récemment
00:26à l'encontre même de Bruno Le Maire, en disant
00:28mais en fait, c'est eux qui ont géré ce budget, pourquoi c'est à nous de payer ?
00:33Oui, je trouve que les mots de Bruno Le Maire, c'est un vrai mépris
00:36pour l'action quotidienne que l'on fait, et c'est une vraie méconnaissance
00:39de l'action que l'on fait, et je crois qu'en tant qu'on a été
00:41sept ans de ministre des Finances, on n'a pas le droit.
00:45Bruno Le Maire, lorsqu'il était ministre de l'économie début septembre,
00:50avec Thomas Cazenave qui était lui ministre du budget, avait estimé,
00:54je cite, que c'était les collectivités locales qui avaient fait déraper
00:59une partie du déficit public. Vous l'avez pris quasiment personnellement ?
01:02Moi, j'ai pris personnellement. Vous savez, je suis maire depuis dix ans.
01:04Quand je suis arrivée maire, j'étais en zone d'alerte rouge.
01:07Les banques sont venues me voir en me disant, Madame Le Maire,
01:10vous ne pourrez pas emprunter pour continuer votre projet.
01:12Je n'ai d'être élue. En confiance avec les ganatoises et les ganatois à 60%,
01:17ils voulaient un changement, ils voulaient une autre dynamique.
01:19Et bien, quand on vous dit ça, qu'on vous dit, la première chose à faire,
01:21Madame Le Maire, c'est que vous ne ferez rien.
01:22Ce n'est pas ce qui s'est passé parce que je me suis retroussée mes manches.
01:25Mon budget, je l'ai fait toute seule. Toutes mes lignes, je les connais.
01:27Et ça, c'est les trois quarts des maires de France qui font ça.
01:29Et donc, Bruno Le Maire qui dit que je suis responsable,
01:32moi qui, depuis dix ans, m'ajuste, qui vis les crises,
01:35la crise économique, la crise énergétique, la crise du Covid,
01:39on fait de l'action citoyenne, on fait de l'action.
01:41Il n'avait pas le droit de dire ça.
01:42Il n'avait pas le droit de dire ça. Vous l'avez vécu pareil, Grégory Doucet ?
01:45Totalement. Je vais vous dire une chose.
01:48Pour les grandes communes, nous, on doit avoir une notation
01:51par une grande agence.
01:53On a reçu notre notation à Lyon très récemment
01:56et on a la note maximale qui peut être donnée à une commune.
01:59Et l'agence de notation, DBS Morningstar, nous a dit
02:01qu'on ne peut pas vous donner une meilleure note
02:03parce qu'en fait, on est plafonné par la note de l'État.
02:05Mais votre dette, elle est maîtrisée, elle est saine, elle est bien structurée.
02:10Ce n'est pas la tête de mon parti qui le dit.
02:15C'est une agence de notation qui dit clairement,
02:18entre les lignes, vous êtes mieux géré que l'État.
02:20Et ils sont rares à m'entendre.
02:22Grégory Doucet, on le voit bien, vous avez tous les deux
02:24des étiquettes politiques différentes.
02:25Je le rappelle, Grégory Doucet, maire écologiste de Lyon.
02:29Et vous, Véronique Pouzadou, vous êtes maire d'hiver droite de Ghana.
02:33Une question également sur...
02:35Vous dites, moi, je les vois tous les jours, mes administrés.
02:38On a tendance à dire que le maire, c'est celui qui est à portée de BAF.
02:42Est-ce que... Alors, on en sourit là,
02:44mais il y en a qui les ont vraiment reçus, les BAF.
02:47Est-ce que cette menace physique,
02:50est-ce que cette montée d'une forme de violence
02:52à l'encontre de ceux qui incarnent l'État au plus proche de chez eux,
02:56est-ce que vous l'avez d'abord déjà ressenti ?
02:58Est-ce que des confrères à vous l'ont ressenti ?
03:01Est-ce que ça vous inquiète ?
03:02C'est intolérable, c'est inexcusable, c'est impardonnable.
03:06Donc, en tant que présidente des maires de l'Allier,
03:07nous, on supporte partie civile auprès de chaque maire,
03:10grande commune, petite commune, qui subissent des violences.
03:14Que ce soit des menaces de mort, que ce soit des violences physiques,
03:16que ce soit des violences autres, on est là.
03:19Même dans le département de l'Allier cette année,
03:20quatre fois, on s'est porté partie civile,
03:23alors qu'on peut dire que c'est un département rural.
03:25Donc ça, on ne peut pas laisser passer.
03:27Je comprends les maires qui sont agacés,
03:28je comprends les maires qui... ça désabuse.
03:31Mais moi, je dis qu'il faut être debout.
03:33On doit faire respecter l'ordre, on doit être là,
03:35et on doit respecter les élus que nous sommes, cet engagement.
03:37Grégory Doucet ?
03:38Oui, bien sûr, je partage ce que vient de dire Véronique, tout à fait.
03:42Moi, je pense qu'on a globalement tous aussi,
03:45et là, je ne m'adresse bien évidemment pas qu'aux élus locaux,
03:48mais plus généralement à toutes les personnalités publiques,
03:50engagées en politique.
03:51On a aussi une responsabilité au choix de nos mots.
03:56Éviter de tomber dans l'outrance, éviter d'agiter les conflits.
04:00Il y a une clart de responsabilité de la part des politiques.
04:03Oui, il faut aussi le dire, il faut le reconnaître.
04:05Les outrances systématiques qui peuvent d'ailleurs,
04:07parfois, être au plus haut niveau de l'État.
04:10Vous pensez à quoi ? Arrêtez de tourner autour de vous.
04:12Non, mais on tombe dans la caricature.
04:15Regardez, il y a un instant, on parlait de Bruno Le Maire.
04:18Quand Bruno Le Maire va aller pointer du doigt les élus locaux,
04:21comme si nous-mêmes, on avait cramé la caisse.
04:23Mais c'est intolérable.
04:25D'abord, parce que c'est une contre-vérité.
04:27Je vous ai donné les chiffres tout à l'heure.
04:28C'est un mensonge.
04:30Quand on est au plus haut sommet de l'État, on pratique le mensonge.
04:33Forcément, on est fris de la confiance.